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Poster (France) ~ 25 novembre 1998

Walt Disney Animation Studios
Mulan

Mulan sort en salle le 19 juin 1998 au Québec puis le 25 novembre 1998 en France où il va être rudement concurrencé par Le Prince d'Égypte. Le long métrage est proposé dans deux doublages francophones de qualité, mais dont les interprétations sont sensiblement différentes.

L'intrigue

Mulan est une belle jeune fille pleine de fougue, profondément dévouée à sa famille. Et bien qu'elle aspire à lui faire honneur, son tempérament aventureux, son mépris des conventions l'éloignent des rôles dévolus aux jeunes filles de son temps. Quand son pays, envahi par les Huns, est forcé d'entrer en guerre, Mulan, n'écoutant que son coeur et son courage, s'engage à la place de son père dans le but de lui sauver la vie. Déguisée en homme et avec pour seuls compagnons Mushu et Cri-kee, Mulan va s'efforcer de devenir un bon soldat, mais ce n'est pas chose facile...

Analyse de l'oeuvre

Beaucoup de lecteurs vont trouver à redire sur ce que je m'apprête à écrire mais, à mon humble avis, Mulan marque le début de la fin de l'âge d'or des années 1990 pour le studio d'animation historique Disney. Les plus téméraires me rétorqueront que l'apothéose et le déclin remontent à 1994 avec Le Roi Lion. Ce qui n'est pas faux, puisqu'on peut raisonnablement considérer que c'est vraiment le tout dernier film d'animation Disney de la décennie qui a réussi à faire l'unanimité. Ce n'est pas vraiment le cas des films suivants qui ont divisé les spectateurs, à commencer par Pocahontas, une légende indienne, le blockbuster estival espéré par Disney dont le résultat fut finalement plutôt en demi-teinte, sans pour autant être un échec. L'année d'après, Le bossu de Notre-Dame et son univers sombre, tout comme très sulfureux, choque l'américain moyen pudibond malgré sa qualité technique éclatante jamais encore égalée depuis lors. Même chose en France où l'on honnit la trahison du roman de Victor Hugo. Hercule ne fait guère mieux, même s'il trouve son public, de part le sabordage de la mythologie du personnage et le graphisme très éloigné des standards de Disney de l'époque. Mulan arrive heureusement ensuite pour remettre à peu près tout le monde d'accord sur la qualité d'un long métrage animé de Disney, sauf en Chine où l'on déplore la spoliation et l'américanisation de leur plus célèbre héroïne. Toutefois, si je place le déclin de Disney à partir de ce film c'est parce que, cette année-là, le paysage avait changé.

En 1998, la concurrence s'est réveillée et part à l'assaut de la chasse gardée jusque-là de Disney. Un an auparavant, Don Bluth et 20th Century Fox plaçait Anastasia qui fit un triomphe inattendu, au point de faire de son héroïne une vrai-fausse Princesse Disney, qu'elle ne fut pourtant jamais, du moins jusqu'au rachat du studio qui a pratiquement sanctifiée son statut aux yeux du public depuis. Mais l'année de la sortie de Mulan, Disney fait surtout face à un concurrent des plus féroces : Dreamworks Animation. Jeffrey Katzenberg sort en effet l'artillerie lourde, avec des campagnes de communications extrêmement agressives, qui vont faire vaciller l'empire Disney. A celà s'ajoutent les longs métrages "miroirs", dont les trames principales furent piquées par Jeffrey Katzenberg lors de son départ fracassant, qui ajoutaient une énorme source de confusion auprès du public. Cette année là, Mulan n'a pas été totalement épargnée, puisque le terrain de prédilection de Disney pour l'animation 2D fut ouvertement concurrencé quelque mois plus tard par un certain Le Prince d'Égypte qui parvenait à prouver, à lui tout seul, que d'autres studios pouvaient imiter le style Disney tout en lui apportant un vent nouveau, malgré les houleuses polémiques qui ont accompagné sa sortie. Bref, après Mulan, plus rien n'a jamais été comme avant ! D'où mon choix de marquer la transition des deux époques à partir de là.

Pour en revenir à Mulan, il reste encore aujourd'hui un long métrage de très grande qualité. Quasiment rien ne lui fait défaut. Mieux, les studios Disney soignent leur oeuvre en y insufflant, à tous les niveaux, de très nombreux moments à fortes teneurs symboliques, alternant même les moments légers et les moments de tensions, à l'image de la philosophie chinoise relative au Yin et au Yang. Les réalisateurs Barry Cook et Tony Bancroft réussissent à construire une intrigue qui apporte joie et gaieté, tout comme elle peut parfois se révéler très brutale, voire très choquante. Si vous y prêtez vraiment attention, vous remarquerez d'ailleurs que chaque scène du film trouve - systématiquement - un éloquent contrepoint dont l'ambiance est radicalement différente dans la scène qui suit. La mise en scène de Mulan joue sur le même principe que le balancier à bascule que l'on trouve dans la plupart des jardins d'enfant. D'un bout à l'autre, Mulan cherche à trouver le point d'équilibre, chaque scène tirant l'autre vers le haut et inversement, avec une minutie digne d'un horloger, rendant l'ensemble de l'oeuvre très haletante.

Pour mieux expliquer le principe, prenons l'un des moments les plus emblématiques du film : lorsque les soldats entonnent une joyeuse chanson autour de leur future belle amoureuse. Durant une grande partie de l'entraînement précédent, puis tout au long de la chanson, tous les personnages sont désinvoltes comme s'ils s'amusaient dans un camp de vacances. Soudain, abruptement, la chanson s'interrompt au beau milieu d'une phrase. Les soldats, tout comme les spectateurs, découvrent alors un véritable champ de bataille jonché de cadavres. Aucun film d'animation Disney n'était allé aussi loin jusque-là. La scène est violente, choquante, ramenant tout le monde dans la réalité du conflit qui les attend. Au bout du chemin, ce n'est pas la gloire et une belle femme à aimer qui vont les attendre, mais la mort, froide et brutale. Barry Cook et Tony Bancroft jouent constamment à ce jeu tout au long du film. Mushu fait l'imbécile, puis on abat froidement un éclaireur chinois, dans le dos qui plus est. Mulan parvient à devenir un soldat émérite dans une mise en scène très positive, quand tout de suite après, Shan-Yu s'apprête à rendre sa poupée à une enfant dont on imagine sans mal le destin funeste. On enchaîne une chanson très rigolote, puis c'est la consternation générale. Même la scène iconique de la montagne, qui constitue le summum de Mulan, n'y échappe pas. Malgré tous ses efforts, Mulan n'annule pas pour autant la menace qui pèse sur l'Empereur. Pire, même si le film le passe sous silence, elle décime une partie de ses propres camarades au passage ! Glauque.

L'une des autres grandes forces du long métrage est d'avoir proposé à l'écran un personnage des plus marquants : Mulan elle-même. Tout comme son rôle l'amène à être ambivalente, c'est toute la caractérisation voulue par l'équipe Disney qui l'est également. De manière assez surprenante, Mulan n'épouse quasiment aucun des codes Disney aperçus jusqu'alors. Mulan n'est ni totalement un homme, ni totalement une femme, ni même un entre-deux. Elle est juste Mulan, jeune personne en conflit avec son époque qui cherche simplement à se faire une place dans un monde régit par des codes d'honneur extrêmement complexes et stricts. A aucun moment elle ne cherche à s'imposer, ni à renverser les idées reçues de son époque. Elle trouve simplement, à chaque fois, une façon détournée de mettre en pratique ses convictions de manière constructive et réfléchie. On retrouve encore en elle à nouveau ce balancier à bascule que j'avais déjà évoqué plus haut. Tantôt douce, tantôt brusque, tantôt effacée, tantôt courageuse, Mulan passe par toute une palette d'émotions. Et, par son abnégation, elle réussit le tour de force de se faire respecter par ses pairs alors même que son engagement initial n'était pas seulement pour sauver son père, mais aussi un acte purement égoïste. Elle y voyait aussi l'opportunité de changer de vie, sans réaliser les horreurs de la guerre. Tout du moins, jusqu'à ce que le rideau de fumée ne s'évapore et que son identité véritable ne soit révélée à tous, et que le beau reflet ne se brise. On imagine, non sans mal, le tourment que cela provoque en elle et, surtout, en Shang, partagé entre la trahison, voire l'humiliation, et la reconnaissance qu'il avait pour ce frère d'arme qui a accompli un si grand exploit. Il n'est d'ailleurs pas vraiment question de romance dans Mulan, je trouve d'ailleurs dommage que le film tombe un peu dans ce schéma à la toute fin du film. Cette petite scène de retrouvaille, tout comme la remarque précédente de l'Empereur, n'était pas franchement nécessaire. C'est mon seul bémol autour du film.

La bande originale joue également un grand rôle dans Mulan. Les chansons de David Zippel et Matthew Wilder, comme certaines musiques sous la direction de Jerry Goldsmith, apportent souvent de la légèreté là où les propos du film sont souvent pesants ou, au contraire, accentuent les moments dramatiques après un moment burlesque. Je retiens particulièrement le morceau "Mulan's Decision" que je trouve d'une puissance inégalée dans un film d'animation Disney, bien au-dessus de "Réflexion" du même film qui le précède quelques minutes plus tôt. Je sais qu'actuellement, cette longue scène où Mulan se travestit en homme est désormais parfois mal perçue, particulièrement ce moment où elle se coupe les cheveux, qui n'a pas de sens dans la réalité de l'époque où la plupart des hommes chinois avaient les cheveux longs. Pourtant, il y a ici bien plus qu'une femme se déguisant en homme. On voit surtout une femme qui décide de composer un personnage masculin qui s'avère crédible, consciente d'y sacrifier une part d'elle même, camoufflant tout ce qui pourrait la trahir et condamner sa famille si on venait à le découvrir. Exactement l'inverse d'Elsa en somme, puisque Mulan doit étouffer son être, là où la première se libère. Cette longue scène dans son entier bénéficie d'un traitement exemplaire, entre l'orage qui gronde, la pluie qui nettoie les larmes de Mulan, la décision qu'elle prend, sa complète métamorphose physique, c'est d'une fluidité remarquable. On compte plusieurs grands autres moments musicaux de cet acabit à de multiples reprises dans le film. Les chansons, peut-être un peu plus en deçà des musiques, sont entêtantes et agréables à entendre, tout en ayant pour principale fonction de dédramatiser les moments les plus difficiles du film. Là encore, tel le Yin et le Yang, toute la bande originale du long métrage forment un tout qui fait la force du récit.

Au-delà de ça, le long métrage reste particulièrement remarquable dans sa construction et dans ses choix narratifs. Il bénéficie également de plusieurs personnages très bien écrits, y compris le très exubérant Mushu dont la mauvaise foie compulsive apporte une touche de fantaisie vraiment bienvenue, alors qu'il n'est, comme Cri-kee, qu'un acolyte sans consistance aucune, si ce n'est dans l'intérêt d'en faire un jouet pour enfants. Mais ses multiples interventions sont si bien incluses (et souvent cocasses) dans l'intrigue qu'on apprécie chacune de ses apparitions, à tel point qu'il a longtemps dépassé son rôle de simple figurant de film pour devenir hôte dans l'attraction, désormais fermée, Art of Disney Animation à Disneyland Paris notamment. Seul Stitch lui ravira la place de coeur, tout en l'éclipsant, quelques années plus tard. Hormis Shang, plutôt effacé dans l'oeuvre puisqu'il reste cantonné en chef de troupe la majorité du temps, on retient évidemment surtout le trio Yao, Ling et Chien Po. Voyant d'un très mauvais oeil ce nouveau venu dans leur rang, qu'ils n'hésitent pas à martyriser, ils finissent petit à petit par considérer Mulan comme leur égal. Même si la découverte de sa véritable identité va être un choc, tous les trois vont cependant garder l'esprit ouvert et prendre très vite en considération les mises en garde de Mulan, là où Shang mettra plus de temps à en prendre conscience.

Avec le temps, j'aurai tendance à dire que Mulan s'est bonifié. Il était déjà bon à l'époque, il est désormais très bon. Très librement adaptée de la véritable légende chinoise autour de Hua Mulan, Disney réussit à proposer une version moderne de qualité dont la profondeur a rarement été atteinte dans les films d'animation précédent du groupe. Mulan, tout comme son acolyte Mushu, sont des personnages très attachants, au destin hors norme, dont on s'amourache immédiatement. A la fois jovial et brutal, le long métrage emmène les spectateurs dans un grand huit émotionnel, tout en réussissant à donner du baume au coeur lorsqu'il s'achève.

Olivier J.H. Kosinski - 17 mars 2023

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Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 1998)

Mulan : Céline Furi (Dialogues)

Mulan : Martine Chevrier (Chant)

Shang : Daniel Picard (Dialogues)

Shang : Robert Marien (Chant)

Mushu : Anthony Kavanagh

Chien-Po : Michel Charette

Fa Li : Hélène Mondoux (Dialogues)

Fa Li : Dominique Faure (Chant)

Ling : Joël Legendre (Dialogues)

Ling : Alain Couture (Chant)

Yao : André Montmorency

Chi Fu : Sébastien Dhavernas

Marieuse : Madeleine Arsenault

Grand-mère Fa : Louise Turcot (Dialogues)

Grand-mère Fa : Catherine Léveillé (Chant)

Général Li : Serge Turgeon

Premier ancêtre : Ronald France

Shan-Yu : Guy Nadon

L'empereur : Aubert Pallascio

Fa Zhou : Jean Brousseau

Doublage (France - 1998)

Mulan : Valérie Karsenti (Dialogues)

Mulan : Marie Galey (Chant)

Shang : Renaud Marx (Dialogues)

Shang : Patrick Fiori (Chant)

Mushu : José Garcia

Yao : Christian Pélissier (Dialogues)

Yao : Michel Vigné (Chant)

Shan-Yu : Richard Darbois

Ling : Pierre-François Pistorio

Chen-Po : Thierry Ragueneau

Fa Zhou : Michel Ruhl

Fa Li : Rosine Cadoret

Grand-mère Fa : Lily Baron (Dialogues)

Grand-mère Fa : Marie-Thérèse Orain (Chant)

L'Empereur : Bernard Dheran

Grand ancêtre : Jean Davy

Chi-Fu : Michel Prud'homme

Marieuse : Liliane Gaudet

General Li : Denis Savignat

Khan : Frank Welker

Un Ancêtre : Pierre Baton

Une Ancêtre : Claude Chantal

Une Ancêtre : Claude Chantal

Employée de Marieuse : Patrice Dozier

Guerrier Hun : Patrice Dozier

Une Ancêtre : Anna Gaylor

Un guerrier Hun : Michel Barbey

Un guerrier Hun : Régis Reuilhac

Sources :
Doublage au Québec
Planète Jeunesse

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