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Poster (France) ~ 28 mars 2001

Walt Disney Animation Studios
Kuzco, l'empereur mégalo

Un empereur nouveau genre

Un empereur nouveau genre sort en salle au Québec le 31 décembre 2000 au Québec, puis le 28 mars 2001 en France sous le titre Kuzco, l'empereur mégalo. En France, il est le premier film d'animation Disney qui va briser une règle de principe où chaque nouveau film Disney animé sortait entre les vacances de la Toussaint et celle de Noël. Une tradition de longue date instaurée depuis Cendrillon en 1950 et qui expliquait, surtout durant les années 1990, le très fort décalage (parfois jusqu'à un an) entre la sortie américaine et française de leurs films d'animation. Le long métrage dispose de deux doublages francophones.

L'intrigue

A la tête d'un royaume mythique se trouve Kuzco, un jeune empereur aussi capricieux que méprisant. Secondé par la perfide Yzma qui rêve de lui ravir le trône, il projette de bâtir une somptueuse résidence d'été sur une des plus jolies collines de l'empire. Il fait d'ailleurs venir le chef du village, l'imposant Pacha, pour le prévenir qu'il aura le grand honneur de voir sa maison détruite et en profite pour congédier Yzma. Folle de rage, elle élabore alors, en compagnie de son sbire Kronk, un plan machiavélique destiné à faire passer l'empereur de vie à trépas...

Analyse de l'oeuvre

Il est notoirement connu, dans le milieu des fans en tout cas, que Kuzco, l'empereur mégalo est le résultat d'un énorme crash de production. La plupart des artistes ayant contribué à l'aventure ne sont pas passés loin d'un burn out et d'une dépression nerveuse, les clash internes et les crises de nerfs étant alors monnaie courante. Le documentaire The Sweatbox, aujourd'hui retiré du circuit car devenu trop gênant, retrace d'ailleurs la genèse chaotique de cette production. Car, à ses origines, Kuzco, l'empereur mégalo, c'était tout autre chose. Un film d'animation musical dans la droite lignée de ses plus illustres prédécesseurs intitulé Le Royaume du Soleil. Mais cela a vite tourné au vinaigre. Une décision radicale a alors été prise, repartir entièrement à zéro en ne gardant que les thématiques générales : le peuple inca, un empereur, un paysan, une vieille foldingue et une transformation en lama. De ce changement radical est né le premier ovni animé du catalogue Disney. Un film d'animation exotique, complètement barré, sans queue ni tête, bref un bon joyeux bordel excentrique qui détonne parmi ses grands frères. Kuzco, l'empereur mégalo n'avait absolument aucun équivalent parmi ses prédécesseurs lors de sa sortie. Encore aujourd'hui, il n'a pas eu de vrai successeur digne de ce nom non plus. Il faut dire que tout le long métrage ne s'inscrit pas du tout dans l'ADN du catalogue de Walt Disney Animation Studios. Dans l'esprit, il est plus enclin à piocher son excentricité auprès de la concurrence du début du siècle dernier, Tex Avery, Hanna Barbera, voire même le frère ennemi Warner Bros et ses Looney Tunes. Je n'ai jamais vraiment compris comment Disney avait réussi à nous pondre cette pépite. Je reste cependant convaincu que si Kuzco, l'empereur mégalo est aussi mémorable, fun et drôle, c'est parce que toute l'équipe créative a voulu exorciser les démons de Le Royaume du Soleil.

Kuzco, l'empereur mégalo apporte une importante innovation dans la filmographie animée de Disney. Son personnage principal est un pur anti-héros. Pire que ça, il est égocentrique, imbu de lui-même, habité par une méchanceté maladive et n'a pas l'once de considération pour son peuple. Au mieux ce sont de simples insectes, au pire il se considère tel un Dieu vivant. Un travers de personnalité qu'il partage d'ailleurs avec Yzma, qui l'a élevé d'après ses dires, ce qui explique que l'élève a surpassé le maître dans le jeu de pire mauvaise foi. Mais revenons sur Kuzco. Typiquement, l'empereur déglingué partage tous les travers habituellement réservés aux méchants Disney et à leurs acolytes. Sauf que lui s'avère sympathique, ce qui paraît forcément paradoxal. On adore le détester parce que, au-delà de son antipathie innée, toutes les aventures extravagantes qu'il va subir, de par sa propre faute, sont délicieusement jubilatoires. On prend un plaisir certain à le voir subir plusieurs retours de flamme. Sans compter qu'en dehors de sa mauvaise foi, il a la langue bien pendue. Il nous assène de répliques cinglantes absolument mémorables. Kuzco est également le premier personnage de long métrage animé Disney à briser le quatrième mur. Dès la scène d'ouverture, il joue de connivence avec le spectateur, qui n'est pas vraiment dupe et comprend assez vite sa personnalité, et tente même parfois de reprendre le contrôle de la narration, sans y parvenir évidemment.

Son adversaire ? La preuve vivante que les dinosaures ont foulé cette terre : Yzma. C'est Kuzco puissance mille. Là encore, Yzma est un personnage animé Disney radicalement différent de ceux qu'on a l'habitude de découvrir : elle est une anti-méchante. Elle est plus proche du français Iznogoud qui rêve lui aussi de ravir la place du souverain, mais son excentricité est telle qu'on l'adore elle aussi. Elle est l'archétype de la diva superficielle et égocentrique, à la différence que ses attraits physiques sont totalement inexistants. Elle a pourtant quelques atouts cachés vu qu'elle a à ses côtés un grand benêt qui semble très heureux de lui tenir compagnie. Si l'on a une Yzma aussi brillante, brillante, brillante, c'est par l'incarnation fabuleuse du personnage par Eartha Kitt, sorte de prolongement excentrique d'elle-même, qu'elle a d'ailleurs repris avec délice dans la série dérivée qui a suivie. Dans les versions francophones, Élisabeth Wiener et Sophie Faucher ont toutes deux parfaitement su retranscrire cet état d'esprit insufflé par Eartha Kitt de future reine foldingue qu'aucun de ses échecs ne remet en cause. Dans les très grandes lignes, Yzma emprunte sa personnalité aux cartoons, plus précisément à Vil Coyote, obnubilé par la finalité de ses actions de manière maladive sans pourtant jamais renoncer. Yzma n'en est que d'autant plus savoureuse car, derrière ses grands airs grandiloquents, elle subit comme Kuzco tout un florilège de situations mémorables dont elle est l'unique cause principale. Elle fournit également au public tout un lot de répliques mémorables qui en font une antagoniste terriblement attachante.

Pour appuyer d'autant plus leurs personnalités extravagantes, Kuzco et Yzma se voit flanquer des acolytes dont le seul but est de les mettre d'autant plus en valeur. L'un, c'est Pacha, le gentil paysan qui vit sa vie en toute tranquillité sans rien demander à personne, mais qui finit par se rebiffer. Mais pas trop fort, tel le papa aimant qu'il est déjà, il ne peut s'empêcher d'avoir une forte empathie pour le jeune empereur qu'il décide de prendre sous son aile, malgré ses griefs, tout en essayant de l'amadouer pour lui faire renoncer à son projet. Pourtant, plus le film avance, plus on se rend compte que même Pacha est un excentrique lui aussi. Sa rencontre avec Kuzco va lui ouvrir un nouveau champ de possibilités, plus large que sa simple vie de paysan. On se rend assez vite compte que Pacha prend un énorme plaisir à crapahuter dans la jungle. Il se découvre un étonnant côté aventureux dont il prend vite goût. Dans l'équipe adverse, on a le grand musclé sans cervelle Kronk dont tout le monde se demande ce qu'il peut bien trouver à Yzma. Peut-être le personnage le plus lisse de l'oeuvre mais qui, pourtant et progressivement, trouve sa voie, une conscience et son libre arbitre. D'un cas comme dans l'autre, les quatre personnages de Kuzco, l'empereur mégalo suivent exactement le même cheminement émotionnel, à des degrés très divers, pour former un quatuor inébranlable dont il n'y a au final ni faux gentil, ni vrai méchant. Ils sont tous les quatre totalement indissociables à un point tel qu'on a l'impression de voir quatre amis jouer du vaudeville sur une scène de théâtre avec la complicité de leur public.

Kuzco, l'empereur mégalo joue constamment sur les codes de la comédie burlesque sans queue ni tête. Tout y est absolument invraisemblable et anachronique ! Pour autant, les studios Disney ne mentent à aucun moment à leur public. On sait tous, très rapidement, dans quoi on s'embarque en suivant l'histoire. Le long métrage va multiplier les situations abracadabrantes, enchaîner les quiproquos, servir des scènes savoureuses sur un plateau d'argent, dans le seul et unique objectif de faire rire. Et cela fonctionne, au delà de toute espérance pour qui est sensible à ce genre de comédie burlesque bien entendu. Il faut dire que les quatres personnages, et les comédiens qui les doublent, s'amusent avec un plaisir non dissimulé et qui est fortement communicatif, ceci en version anglaise comme francophones. On se laisse pleinement prendre au jeu de l'absurdité des évènements qui se déroulent sous nos yeux, dont certains sont d'ailleurs si énormes que le film en joue et continue son bonhomme chemin sans chercher à se montrer logique. De toute façon, à ce stade, on est déjà tellement absorbé par les péripéties de cet improbable quatuor qu'on laisse tout couler en acceptant ce que le film propose. Kuzco, l'empereur mégalo, c'est typiquement le genre de long métrage qui donne la pêche et redonne le sourire si on a un coup de déprime ou juste envie de rire. Même en connaissant le film par coeur, on l'apprécie autant à chaque fois.

D'un point de vue technique, émettons un bémol. Kuzco, l'empereur mégalo est bon, excellent même, au point d'en faire un coup de coeur. Il n'empêche, pour qui prend le temps d'analyser le film au delà de son délire, on remarque assez vite, entre les péripéties chaotiques de sa conception et le calendrier de production visiblement trop court, que le film n'a pas totalement bénéficié du même soin que les autres films d'animation du studio Disney. Il y a un très fort contraste entre les décors et les personnages. De très nombreux arrière-plans du film sont très vides, tandis qu'il est très rare de voir beaucoup d'éléments de second plan, hormis la scène de foule au tout début du film. Notez que c'est à la fois une force et une faiblesse. L'équipe Disney a visiblement pleinement conscience de ce problème, qu'elle compense de manière très habile par les prestations et pitreries remarquables du quatuor de personnages dont tout repose intégralement sur leurs épaules. En vrai, ça fonctionne parce que, justement, Kuzco, Yzma, Pacha et Kronk sont irrésistibles. Il en est de même de la plupart des personnages périphériques de l'intrigue, notamment l'étonnante famille de Pacha et les petits vieux qui jouent aux échecs. Rares sont les films Disney a offrir autant de scènes inconiques. Concernant sa bande originale, il ne fait aucun doute que Sting l'a eu mauvaise, puisque ses compositions pour Le Royaume du Soleil ont toutes été sabordées, car il n'en reste plus rien dans Kuzco, l'empereur mégalo. En même temps, ça ne convenait plus à l'esprit adopté par le film. Du coup, il ne reste plus qu'une nouvelle chanson inaugurale, qui sert à décrire la personnalité de Kuzco, et la chanson du générique de fin. Pour le reste, Sting et David Hartley proposent des compositions burlesques et efficaces dont certaines restent longtemps en tête, tout en donnant un joli cachet auditif au long métrage.

Cela fait déjà plus de 20 ans que Kuzco, l'empereur mégalo a déboulé sur le Grand Écran et, preuve en est, que rares sont ceux qui ne louent pas ses qualités depuis. Et pourtant ! Le long métrage est très loin d'avoir fait l'unanimité à sa sortie. Non seulement Disney ne croyait absolument pas en son potentiel, négligeant fortement le budget publicitaire, mais en plus le bouche-à-oreille et les retours critiques ne furent pas aussi élogieux qu'on veut bien le croire. Sans être non plus un gros flop au box office, Disney l'a rapidement rangé dans la catégorie des films mineurs non rentables, finissant, presque, par l'oublier. Il faut dire que durant le début des années 2000, Disney était dans la tourmente. Noyé dans la masse des suites de piètres qualité et en raison de son registre décalé jouant en sa défaveur, Kuzco, l'empereur mégalo avait peu d'échanges de briller face à une désormais rude concurrence. Ce n'est finalement qu'après ses premières diffusions télévisées aux Etats-Unis que le film gagne enfin ses lettres de noblesse. Devenu soudain populaire aux yeux de Disney, il est finalement décidé d'en prolonger l'héritage dans un second opus, pas très bon et directement en vidéo, puis dans une série télévisée, d'excellente qualité cette fois. Depuis, avec le temps, l'eau a coulé sous les ponts, Kuzco, l'empereur mégalo est finalement entré au panthéon des grands classiques du cinéma d'animation Disney. Et tout ce qui faisait au départ ses faiblesses s'est depuis transformé en force. Il le mérite bien !

Olivier J.H. Kosinski - 01 avril 2022

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Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 2000)

Kuzco : Marc-André Coallier

Yzma : Sophie Faucher

Pacha : Yves Corbeil

Kronk : Benoît Rousseau

Chicha : Isabelle Leyrolles

Chaca : Stéfanie Dolan

Tipo : Julien Nguyen

Soliste : René Simard

Doublage (France - 2001)

Kuzco : Didier Gustin

Yzma : Elisabeth Wiener

Pacha : Jacques Frantz

Kronk : Emmanuel Curtil

Chicha : Frédérique Tirmont

Chaca : Marie Sambourg

Tipo : Mathias Mella

Chaca : Camille Donda

Vieil homme : Georges Aubert

Garde : Patrick Guillemin

Serviteur : Jean-Loup Horwitz

Serveuse : Laurence Badie

Chef cuistot : Michel Modo

Joueur d'échecs : Henri Labussière

Joueur d'échecs : Michel Barbey

Vendeur de trampoline : Thierry Wermuth

Garde transformé en vache : Renaud Marx

Soliste : Olivier Constantin

Voix additionnelles :

- Bertrand Arnaud

- Denis Boileau

- Gilles Grouary

- Michel Melki

- Michel Muller

- Philippe Peythieu

- Jean-Jacques Nervest

- Sophie Tellier

Sources :
Doublage au Québec
Planète Jeunesse

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