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Universal Studios
Casper

Casper sort en salle le 26 mai 1995 au Québec, puis le 4 octobre 1995 en France. Le film ne dispose que d'une version française, car Amblin Entertainment, la société fondée par Steven Spielberg, Kathleen Kennedy et Frank Marshall en 1981, s'est longtemps opposée à la réalisation de doublages spécifiques à la province québécoise. Les effets spéciaux du film ont été réalisés par Industrial Light & Magic, plus connu sous le nom de ILM, la société américaine fondée en 1975 par George Lucas. Elle appartient depuis 2012 à la compagnie Disney !

Le saviez-vous ? Jusqu'en 1995, personne ne savait si Casper était le fantôme d'un jeune enfant ou bien d'un adulte décédé. De la même manière, il n'avait pas non plus de nom de famille. Ces deux éléments ont donc été révélés pour la première fois dans ce film.

L'intrigue

Carrigan Crittendon, une acariâtre légataire, a embauché le Docteur thérapeute James Harvey pour exorciser le vieux Manoir Whipstaff des fantômes qui l'occupent. Si ses plans marchent, Carrigan Crittendon et Dibs, son associé, pourront mettre la main sur le fabuleux trésor dissimulé dans le manoir décrépit. Malheureusement, un trio fantomatique va tout mettre en oeuvre pour chasser les humains du manoir, car ils ne tolèrent aucun vivant chez eux. Cependant, parmi eux se trouve un jeune fantôme amical mais solitaire nommé Casper qui va tenter de se lier d'amitié avec Kat, la fille du Docteur Harvey...

Analyse de l'oeuvre

Je vais être franc avec vous, si j'ai choisi de dédier une fiche à Casper, c'est parce que j'ai toujours eu un vrai coup de coeur pour ce long métrage depuis que je l'ai vu au cinéma. Si je n'en avais jamais parlé jusque là, c'est à défaut de pouvoir lui trouver une place sur le site puisqu'on y parlait que des films d'animation Disney jusqu'en 2012. Année après année, souhaitant élargir la ligne éditoriale vers de plus vastes domaines tout en gardant toujours une connexion étroite avec l'animation, j'ai fini par dédier un mois entier aux Adaptations Live en août 2014. Une fois ce mois spécial terminé, je suis ensuite passé à autre chose. Pourtant, malgré l'enthousiasme des lecteurs rencontré par cette thématique, j'ai honteusement négligé Casper. Il restait encore tant de films d'animation à analyser ! Arrivant au terme des objectifs que je m'étais fixé dans l'analyse des longs métrages, il m'a heureusement fallu réfléchir à la suite que je souhaitais donner au site. Dès lors, Casper m'est naturellement revenu en tête dès le mois de mai 2015, pour une parution en ligne aux alentours d'Halloween. Je voulais faire de ce film le premier de la nouvelle période d'analyses gardant toujours ce lien spécial avec l'animation. Sauf que, bien sûr, un imprévu m'empêcha de le faire dans les délais prévus, manquant au passage la commémoration du vingtième anniversaire du film ! Cette fois-ci, il était hors de question de passer à côté de cet hommage, même s'il arrive avec un an de retard !!

Vous allez peut-être me dire qu'avec Casper, je m'éloigne considérablement de la ligne éditoriale de mon site. Pourtant, j'aimerai beaucoup vous démontrer le contraire ! En considérant Peter et Elliott le dragon comme l'arrière grand-père du personnage animé inclus dans un film avec acteurs, puis Popeye comme le grand-père populaire des adaptations en chair et en os, Casper peut raisonnablement être considéré aujourd'hui comme le père numérique de toutes les adaptations modernes mélangeant les deux styles à l'écran où le personnage principal de l'intrigue est exclusivement un être numérique. Une révolution que l'on doit principalement à ILM pour Jurassic Park, sorti en 1993, qui aura donné l'impulsion nécessaire à toute une génération de réalisateurs, leur prouvant que désormais la technologie numérique était au point, et qui donna également une abondante descendance de longs métrages du même genre : Scooby-Doo, Garfield, Yogi l'ours, Les Schtroumpfs... et tant d'autres mettant en scène les héros de l'enfance. Aucun d'entre eux n'aurait réellement pu voir le jour sans l'incontournable Casper. En 1995, il s'agissait en effet du premier véritable long métrage américain dont le principal protagoniste était un être exclusivement numérique, cohabitant avec de vrais acteurs dans de vrais décors. Une prouesse qui a également métamorphosée le métier de comédien en Amérique, puisqu'il devait désormais apprendre à jouer naturellement face... au vide !

A l'origine Casper naît en 1939 sous l'impulsion de Seymour Reit and Joe Oriolo qui veulent en faire un héros dans une série de livres pour enfants. L'idée est pourtant abandonnée car Seymour Reit est mobilisé pour la Seconde Guerre Mondiale. Joe Oriolo cède alors les droits du contenu du seul livre paru à Famous Studios, le studio d'animation né des cendres des Fleischer Studios, racheté en 1941 par la Paramount après avoir viré les deux frères Fleisher. Il faut cependant attendre 1945 pour que la Paramount fasse pour la première fois vivre le personnage dans son tout premier cartoon, The Friendly Ghost, dans lequel apparaît sa principale caractéristique. Contrairement à sa nombreuse famille de fantômes, qui cherche à effrayer le plus d'humains possibles, Casper préfère s'en faire des amis, sans jamais y parvenir. Il est d'ailleurs tellement déprimé par cette situation, qu'il tente de se jeter sous un train, oubliant au passage qu'il ne peut mourir à nouveau (une scène que les comités de censures actuels auraient bien du mal à trouver acceptable !). Sa tentative ayant échouée, il fait finalement la rencontre de deux enfants qui vont l'accepter comme tel, au contraire de leur mère qui tente de le chasser sans remords. Cependant, en faisant fuir le collecteur de taxe, celle-ci fera vite volte-face devant l'intérêt pécuniaire que représente Casper à ses côtés. Moralité douteuse de ce premier cartoon : tu peux te faire des amis à condition qu'il trouve un intérêt en toi !

Trois ans plus tard, en 1948, Casper réapparaît dans un cimetière dans un second court métrage There's Good Boos To-Night dont la structure narrative est pratiquement identique : Casper quitte le foyer, rencontre des animaux, pleure et se fait un ami. Cependant, cette fois, le court métrage s'avère plus violent que le précédent, puisque son nouvel ami va perdre la vie de façon assez brutale. Moralité de ce second court métrage : on ne peut être amis que dans la mort. Glauque ! Casper revient finalement une dernière fois dans un court métrage indépendant en 1949 A Haunting We Will Go, où on tente de lui inculquer les bonnes manières d'effrayer à l'école. Ce troisième court métrage va reprendre exactement la même structure narrative que les deux autres à la différence que, cette fois, Casper va s'affirmer et aller sauver son nouvel ami ! Cette fois la morale est sauve puisqu'elle nous dit plus ou moins qu'il faut toujours aider ses amis. Dès l'année suivante, Casper obtient finalement une série à son nom qui va être produite durant neuf ans, jusqu'en 1959, dans laquelle le design définitif du personnage apparaît ainsi que sa célèbre chanson. C'est également au sein de cette série animée que va naître le trio d'oncles infernaux, dont la première apparition se fait dans Fright from Wrong, en 1956. Dans celui-ci, et au contraire du long métrage de 1995 où Casper ne s'en prend jamais frontalement à eux, la tentative du Trio de rendre Casper monstrueux va se retourner diaboliquement contre eux !

On retrouve l'intégralité de ces éléments fondateurs dans Casper réalisé par Brad Silberling en 1995. En premier lieu, de manière récurrente au fil des années, le personnage se lie d'amitié systématiquement avec des enfants, avant de convaincre les adultes de sa bonne foi. C'est donc auprès de Kathleen Harvey (Christina Ricci) que Casper va tenter la première approche, avant d'essayer de faire de même avec son père, le Docteur James Harvey (Bill Pullman), qui prendra évidemment ses jambes à son coup. En second lieu, Casper va s'avérer une comédie noire, où les personnages vont être littéralement mis à mort pour servir l'intrigue ! James Harvey et Carrigan Crittenden (Cathy Moriarty) n'y échapperont pas, malgré le burlesque de la mise en scène de leur trépas. En troisième lieu, le Trio va tout mettre en oeuvre pour obliger Casper a être un méchant fantôme. Tout va être bon pour faire fuir ces humains qui tentent de les amadouer, plus particulièrement le Docteur Harvey qui veut les inciter à passer dans l'autre monde. En quatrième lieu enfin, l'importance de l'ambiance musicale est également fortement respectée par James Horner qui signe une bande originale très soignée pour le long métrage de 1995. Bref, côté hommage, Casper assume totalement ses origines, même s'il doit les bousculer un peu afin de rentrer dans un unique long métrage d'une heure trente.

Casper est une comédie familiale débridée et assumée comme telle par le réalisateur Brad Silberling mais également par l'ensemble des comédiens jouant dans le film. Une véritable bonne humeur générale transparaît au delà de l'écran, prouvant que chacun d'entre eux s'amusent comme des petits fous à jouer les hurluberlus. Christina Ricci prouve avec ce film que son jeune talent est loin de se cantonner à un seul registre, ceci même si elle a révélée au grand public dans le rôle morbide de Mercredi pour les deux volets cinématographiques de La famille Addams. Elle parvient à rendre ses scènes crédibles face à un Casper numérique qui n'existait pas au moment du tournage. Un excellente performance dans la mesure où la jeune actrice a tourné la majorité de ses scènes toute seule. Tandis que la relation se noue entre Kat et Casper, le Docteur Harvey doit pendant ce temps s'accommoder de trois fantômes envahissant. Là encore, Bill Pullman s'amuse à faire le pitre dans la bonne humeur, réussissant à rendre la plupart de ses scènes vraiment cocasses. C'est sans compter l'excellent duo de "méchants débiles", Carrigan / Dibbs (Eric Idle), tout droit échappés des antagonistes improbables des meilleurs cartoons ! Casper a connu son heure de gloire au travers d'une série de cartoons délicieusement stupides, il était donc forcément naturel que le film qui en découle le soit tout autant !

L'une des grandes forces de Casper est sans équivoque possible le manoir Whipstaff. Bien que sa localisation soit située dans la ville, réelle, de Friendship dans le Maine au nord-est des Etats-Unis, cette demeure ancestrale est une complète invention commandée par Brad Silberling à son équipe créative. Celle-ci s'est attelée à réaliser quelque chose d'unique, qui soit à la fois dérangeant, chaleureux et organique. Pour y parvenir, les artistes ont puisées leurs idées dans le modernisme catalan, plus précisément dans les innombrables réalisations architecturales d'Antoni Gaudí que l'on peut découvrir principalement à Barcelone à l'image de la célèbre basilique Sagrada Família. Il résulte de ce choix un style visuel absolument unique qui sied à merveille à l'univers de Casper pour ce long métrage. Cela permet d'offrir au film une identité qui lui est propre, amenant même certains spectateurs (dont moi-même) à vouloir arpenter les recoins les plus insolites de ce manoir hanté, alors que ce n'est malheureusement pas possible. C'est bien dommage, n'est-ce pas ? Entre vous et moi, à l'époque de la sortie du film, j'avais même cru que le manoir était inspiré de Phantom Manor tant l'attraction de Disneyland m'avait marquée quand j'y étais allé en 1993, alors qu'il n'y a aucun rapport entre les deux malgré les innombrables références à Disney faites dans le film.

L'autre grande force de Casper, hormis la belle prouesse technologique qui fait apparaître des personnages transparents à l'écran, on la doit à la bande originale. James Horner offre aux spectateurs des musiques à forte tendance émotionnelle, parfois même nostalgique (comme c'est le cas du très beau thème au piano « One Last Wish » où Casper révèle son histoire). James Horner s'aventure aussi dans le remake instrumental réussi de « Casper friendly ghost », premier morceau majeur que l'on entend à l'ouverture du film. Sans que cela soit évident au premier abord, James Horner dévoile dans cette version réorchestrée un élément crucial du scénario qui n'arrive pourtant que bien plus tard. Il ajoute en effet dans cette version réactualisée une chorale mais, surtout, des clochettes qui font penser au traîneau du Père-Noël. Par rebond on pense alors inévitablement à l'hiver, une saison qui a scellée à jamais le destin de Casper dans le film. Chapeau l'artiste ! Pour le reste de la bande originale, James Horner choisit principalement des instruments à cuivre ou les violons, des instruments qui s'accordent bien quand il s'agit de créer une atmosphère baignée de mystère.

Vingt et un an plus tard Casper brille encore par la pertinence de son propos, car il réussit à jouer le parfait équilibriste entre la comédie déjantée qui ne se prend jamais au sérieux et le côté émotionnel exacerbé que renferme l'intrigue. Certes, les fantômes ont désormais prit un léger coup de vieux, mais ce défaut est contrebalancé par leur design irréaliste volontairement proche des cartoons. On les accepte donc pour ce qu'ils sont, tout en reconnaissant que leur interactivité avec les comédiens et les décors est toujours une belle réussite artistique. Brad Silberling nous livre donc pas loin d'un chef d'oeuvre, au moins un très grand classique du cinéma américain, qui a ouvert la porte à toute une ribambelle de films du même genre. Ce qui est malheureusement aussi le cas de Casper, qui s'est vu offrir trois longs métrages dérivés (deux téléfilms et un long métrage animé en 3D), dont l'intérêt et la qualité sont fortement discutables, sans compter que leurs scénarios sont totalement incohérents avec le film de 1995. Ce qui les rangent dans la catégorie des purs navets à oublier. Tout le contraire de ce formidable Casper, à savourer sans aucune modération !

Olivier J.H. Kosinski - 28 septembre 2016

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (France 1995)

Casper McFadden : Alain Reignoux

Kathleen 'Kat' Harvey : Alexandra Garijo

Dr. James Harvey : Renaud Marx

Teigneux : Daniel Lafourcade

Crado : Gilbert Levy

Bouffi : Michel Tugot-Doris

Carrigan Crittenden : Frédérique Tirmont

Paul 'Dibbs' Plutzker : Philippe Peythieu

Amelia Harvey : Francine Laffineuse

Maître Rugg :  Jacques Ciron

Dr. Raymond Stantz (S.O.S. Fantômes) : Richard Darbois

Père Guido Sarducci : Patrick Laplace

Rodney Dangerfield : Michel Tugot

Journaliste 1 : Jean-Pierre Leroux

Journaliste 2 : Françoise Cadol

Journaliste 3 : Vincent Violette

Garçon effrayé 1 : Donald Reignoux

Garçon effrayé 2 : Damien Dandre

Sources :
Forum Doublage France

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