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Il était une fois... un conte prenant vie !

Retenez cette information, je n'ai jamais été réellement fan de Once Upon A Time ! Je n'hésiterai d'ailleurs jamais à écorner régulièrement le mythe à travers ce dossier. Il n'empêche, c'est assez paradoxal de le dire, j'ai quand même suivi la série dans son intégralité. Une incohérence manifeste puisqu'il semble flagrant que je semble rejeter la série. Pourquoi un tel paradoxe ? Qu'on le veuille ou non, Once Upon A Time a un réel potentiel, certes mainte fois gâché par les diverses directions artistiques, par ces petits riens qui font systématiquement espérer que le prochain épisode sera mieux construit que le précédent. Or, c'est justement là que Once Upon A Time sort son épingle du jeu. Un épisode, parfois deux, rarement trois, arrivent soudain à se révéler captivants, que ce soit de part la mise en scène, par l'interaction des personnages, ou simplement parce que l'épisode arrive à se rendre touchant. Durant un bref instant, Once Upon A Time se met à briller le temps d'un unique épisode parfaitement maîtrisé. Puis, patatrac, c'est le drame ! La série s'enlise à nouveau dans des considérations nébuleuses faisant éclater le peu de maîtrise artistique de ses auteurs. Episode mauvais, médiocre, moyen, potable, génial, excellent, et le cycle recommence, inlassablement.

Dès lors il devient absolument impossible de faire une analyse classique, d'épisode en épisode ou saison par saison. Once Upon A Time ne peut s'apprécier que comme un ensemble d'épisodes, mis en cohérence les uns envers les autres, ce qui permet d'équilibrer les côtés bons et mauvais de la série. De plus, cela renforce aussi l'idée que la série a été pensée et découpée, de façon relativement équilibrée, afin de former plusieurs grandes histoires : quatre époques pour être tout à fait exact. Ayant longtemps volontairement renoncé à parler de Once Upon A Time sur le site, car il me paraissait illusoire de n'apprécier la série qu'à sa seule couverture, j'ai patiemment attendu que la série s'achève, au bout de sept longues années (qui aurait cru à une telle longévité ?), il est à présent possible de revenir en arrière, faire le point et apprécier les différentes époques Once Upon A Time, plus comme un grand ensemble clairsemé qu'une grande série unique, car elle s'est malheureusement rarement montrée très cohérente. C'est dans ce but que ce dossier en cinq parties a été élaboré.

Il y avait une fois, un concept comme un air de déjà vu...

Pour reprendre une formule aperçue uniquement en 1938 lors de la toute première projection française d'un certain Blanche-Neige et le sept nains qui servira de base à la construction d'une longue lignée de mythes cinématographiques, il y avait une fois une série télévisée qui ambitionnait de transposer les personnages des contes de notre enfance dans notre monde réel. Là, ils y restent piégés par une affreuse malédiction qui leur a complètement effacé la mémoire. Ainsi naît la série télévisée américaine Once Upon A Time le 23 octobre 2011, créée par Edward Kitsis et Adam Horowitz, notamment scénaristes sur Lost, les disparus, pour la chaîne américaine ABC. Etrange coïncidence, alors qu'elle vient tout juste d'arriver à l'écran, Once Upon A Time doit affronter la toute nouvelle série au concept basiquement assez similaire, Grimm qui naît une semaine après sur la chaîne concurrente NBC. Mais les deux séries prendront finalement des directions artistiques radicalement différentes et n'auront jamais vraiment pu souffrir de la moindre comparaison entre elles.

Pour autant, quoi que puissent prétendre Edward Kitsis et Adam Horowitz, qui disent avoir imaginés le concept de leur série aux alentours de l'année 2002, Once Upon A Time et Grimm partagent tout de même un tronc commun. En l'an 2000, deux années avant la prétendue idée originale des deux scénaristes, un concept strictement identique fut déjà proposé sur la petite lucarne. Les plus grands d'entre vous s'en souviennent sans nul doute, il s'agit de la mini-série magique Le Dixième Royaume, imaginée par Simon Moore et proposée sur NBC en cinq épisodes d'une heure et demi. Pour rappel, dans celle-ci, nous suivons les aventures de Virginia Lewis, une jeune new-yorkaise qui apprenait que les contes de fées étaient réels, finissait par y être projetée pour y vivre de drôles d'aventures et, finalement, découvrir ses étonnantes origines. L'histoire de Le Dixième Royaume se plaçait comme suite directe des contes, quelque temps après le traditionnel "Ils vécurent heureux...", et mêlait habilement de nombreux contes et légendes. On y croisait pêle-mêle une héroïne qui succombait aux charmes d'un méchant, une version revisitée de Raiponce, des haricots magiques, des sortilèges, une pomme empoisonnée, des ogres, le Roi Midas, Blanche-Neige, un miroir magique, Cendrillon, un loup-garou et bien évidemment une affreuse méchante Reine mais qui ne l'était peut-être pas tout à fait en fin de compte ! Vous ne ressentez pas soudain cet étrange sentiment de déjà-vu ?

En 2000 donc, Le Dixième Royaume prouve que le concept répliqué sans véritable imagination par Once Upon A Time fonctionne déjà dans le fond comme dans la forme. Si l'histoire globale se boucle finalement au terme de son cinquième et dernier épisode, la mini-série ne franchit malheureusement pas le cap d'une nouvelle saison alors que la dernière scène laissait pourtant une porte entrouverte à une suite. Le Dixième Royaume est sans nul doute né trop tôt, à une période où les contes de fées ne faisaient plus vraiment recette. Qu'est-ce qui pouvait donc faire croire que, onze années plus tard, l'avènement d'une nouvelle série intitulée Once Upon A Time et de son faussement nouveau concept n'allait tout bonnement pas se casser la figure au niveau des audiences ? Edward Kitsis et Adam Horowitz apportaient tout simplement quelque chose qui n'avait véritablement jamais osé être fait auparavant !

Qui compte heureusement un atout dans sa manche...

Là où des dizaines d'oeuvres littéraires, cinématographiques et télévisuelles, aux concepts relativement proches (adapter les contes de fées), avaient finalement terminées par toutes se ressembler (les interprétations et réappropriations ont leurs limites), Once Upon A Time tire son épingle du jeu via une idée succulente qui marquera indéniablement l'histoire télévisée : piocher ses idées non pas dans les seuls véritables contes originels, mais également dans les mythologies propres aux adaptations Disney. Certes, à ses débuts tout du moins, Once Upon A Time n'avait pas vraiment pour ambition d'offrir une suite en chair et en os aux personnages les plus populaires de l'univers Disney. Il n'empêche, Once Upon A Time a clairement été vendue, vantée, promulguée comme telle : une série télévisée qui allait incarner pour la première fois des personnages Disney sur le petit écran. De nombreux spectateurs y ont donc succombés, moi y compris, poussés par la plus naturelle des curiosités sur ce qu'allaient bien pouvoir tirer Edward Kitsis et Adam Horowitz comme idée dans un univers aussi cloisonné que celui de Disney. Astucieusement, épisode après épisode, Once Upon A Time va ainsi s'échiner d'introduire chacun des héros Disney dans un grand ensemble qui se veut, au premier abord, uniforme, logique et censé. Aux cours de ses sept années, Once Upon A Time y est plus ou moins parvenu, jouant adroitement sur la corde nostalgique, respectant globalement les personnalités de chacun des héros connus, tout en les nuançant suffisamment pour rendre crédible leur apparition dans la série.

Pour parvenir à rendre cohérente la cohabitation de personnages provenant d'univers différents, Once Upon A Time reprend le principe des deux chronologies parallèles repiquées, plus ou moins, à Lost, les disparus ainsi qu'à son prédécesseur Alias. Chaque épisode fonde systématiquement son propos sur une tranche de vie du passé du principal protagoniste de l'épisode, se déroulant généralement dans la Forêt Enchanté, afin de clarifier ou justifier l'action dans la situation présente. De fait, Once Upon A Time propose systématiquement une narration non linéaire. Si la formule est globalement efficace afin de justifier pleinement l'intrusion des personnages disneyens, elle entraîne dans son sillage un effet assez pervers. Elle contribue à désacraliser certaines situations, voire à éventer les effets des twists, car le spectateur est totalement de connivence avec les scénaristes. En ayant systématiquement accès à des faits antérieurs, le spectateur est rarement dupe sur la tournure que prennent les évènements narrés dans le présent. Autre problème foncièrement majeur de la série, avec le temps, Once Upon A Time a démontré à de multiples reprises sa totale incapacité à respecter la moindre forme d'internalisme.

En d'autres termes Edward Kitsis et Adam Horowitz n'ont jamais été capables de respecter une profonde cohésion des évènements racontés dans les innombrables flashbacks que compte la série. A de nombreuses reprises, la série a créé d'innombrables paradoxes envers elle-même, oubliant des évènement essentiels ou, carrément, en les réécrivant aux forceps afin de justifier la nouvelle direction narrative proposée sur l'instant. De leur côté, les fans, désabusés, sont laissés pour compte dans leur propre considération, les forçant à trouver la meilleure façon de justifier les énormes incohérences que compte la série à son actif. Mais qu'à cela ne tienne, les premières saisons de Once Upon A Time dissimulent assez bien ce problème de fond car la série parvient à dépoussiérer les personnages Disney, leur offrant pratiquement à chacun un grand épisode dédié. Une chose est sûre, la formule marche, quand bien même la répartition des rôles ne s'avère pas vraiment des plus équitables entre chaque protagoniste, tout comme le traitement malhabile apportés aux nombreux personnages que compte la série.

Toutefois ringardisé par des décors en toc !

Parmi les autres griefs que compte Once Upon A Time, citons sans détour celui qui fait le plus jaser : ses effets spéciaux ! Rare auront été les séries télévisées, bénéficiant d'un budget conséquent qui plus est, a avoir eu droit à des effets spéciaux au mieux grotesques, au pire burlesques, dans tous les cas vraiment ratés. De très nombreuses séries fantastiques qui l'avaient précédés, comme Charmed ou Buffy contre les vampires pour ne citer qu'elles, s'étaient efforcées d'éviter au maximum tout effet numérique superflus même si, elles aussi, ne pouvait échapper aux monstres ou dragons en CGI de piètre qualité. Pour conceptualiser des environnements féériques propres à tout bon conte de fées qui se respecte, Once Upon A Time tombe dans le piège de nombreuses séries télévisées du milieu des années 2000 en multipliant, à l'outrance, des effets numériques à tout bout de champ. Pire encore, Once Upon A Time privilégie bien trop régulièrement le tournage quasi-exclusivement sur fond vert, emboitant le pas à d'autres séries contemporaines comme Sanctuary qui en a même fait son principal argument publicitaire, ou encore le remake V qui proposait ainsi l'intérieur des vaisseaux des envahisseurs. Sauf qu'à la différence de ces deux dernières, qui mettaient un soin évident à rendre l'univers cohérent et authentique, Once Upon A Time a systématiquement proposé des effets irréalistes, pour ne pas dire carrément moches.

Il suffit par exemple de regarder la toute première célèbre scène où la Méchante Reine s'invite au mariage royal de Blanche-Neige pour se convaincre de l'effet visuel complètement raté montré à l'écran. Dans cette scène, montrée à de multiples reprises durant les sept années de la série, Lana Parilla traverse de manière très théâtrale la salle du couronnement. Le plan, tourné volontairement en plongée (perspective de la scène vue du haut) sur fond vert, est incrusté dans un décors volontairement fantaisiste. Si vous prêtez attention au sol et à la foulée de Lana Parilla, vous remarquerez alors toute l'étendue du problème. La Méchante Reine faisant ainsi des enjambées proprement inhumaines, vu la vitesse de défilement de sa démarche par rapport au sol. Certains diront que c'est un effet volontaire, pour accentuer l'aspect caricatural de la scène. Sauf que non, ce problème se retrouve aussi sur la célèbre route de brique jaune du monde d'Oz et, poussé à son pire paroxysme, à la fois au Pays des Merveilles vu dans la série mère, ainsi que dans sa série dérivée Once Upon A Time in Wonderland ! Bref, Once Upon A Time compte un nombre incalculable de plans numériques foireux, que ce soit en terme de créatures (Singes volants, Dragons, Spectre, Méduse, Chernabog...) qu'en terme de décors (Camelot, les Enfers, le Pays des Merveilles, Arendelle...).

Plus gênant encore, Once Upon A Time réemploi presque toujours les mêmes décors conçus sur plateau, comme les vues extérieures en forêt. J'appelle ça l'effet Stargate, car c'est cette franchise qui m'a fait réaliser à quel point chaque série doit rivaliser d'ingéniosité pour économiser au maximum et respecter son budget. Pour être plus clair, lorsqu'en 2003, lorsque la MGM a donné son accord à Brad Wright et Robert C. Cooper pour réaliser la série Stargate Atlantis, un concession a été nécessaire pour garantir à cette dernière, et sa soeur aînée, de continuer à vivre en parallèle. D'abord Stargate SG-1 a ainsi été écourté de deux épisodes par saison et, ensuite, le nombre de nouveaux décors a été réduit à peau de chagrin. Dès lors, les deux séries vont recycler et abuser des mêmes lieux de tournages (combien de fois avons-nous vu ce village de bouseux ?) et multiplier les histoires en huit clos (l'équipe SG-1 ne sortant quasiment plus de Cheyenne Mountain, l'équipe Atlantis se recentrant exclusivement sur la cité elle-même au détriment de l'exploration).

Once Upon A Time va faire exactement la même chose durant six années, la saison 7 permet heureusement de s'affranchir de cette routine et offrir enfin un second souffle visuel à la série. Combien de fois verront-nous le décors de l'auberge, magiquement déplacée d'un lieu à un autre selon les besoins de l'intrigue, ou simplement déguisée pour nous faire croire qu'il ne s'agit pas de la même ? Combien de fois devons-nous subir la boutique de Gold puis son arrière-boutique ? Plus amusant, l'appartement de Mary Margaret voit son étage apparaitre et disparaitre, tout comme l'escalier y menant, tout au long de la première saison y compris quand Emma s'y installe. Plus étonnant encore, certains décors bien pratiques pour accueillir une foule, comme la salle du conseil municipal très présente pendant les 2 premières saisons, finissent finalement par totalement disparaître de l'écran. Au lieu de cela, Once Upon A Time va régulièrement préférer se la jouer Soap voire Sitcom, en réutilisant à outrance toujours les mêmes lieux. On finit par croire que la série tente continuellement d'économiser au maximum ! Car, malgré les divers artifices pour tenter de camoufler le subterfuge, on repère à des kilomètres le manque flagrant d'imagination des réalisateurs. Par exemple, la même crique sert à la fois pour le Pays Imaginaire (plan d'ensemble), le Pays des merveilles (en rajoutant juste 2 gros champignons pour les besoins de la série dérivée), le Royaume de DunBroch (lorsque Mérida retrouve le casque de son père) ou encore un coin reculé de la Forêt Enchanté (Aladdin et Jasmine) ! Même chose concernant le petit bout de terre qui accueille la fontaine de Nyx dans la série dérivée, aussi bien que le Saint Graal dans la série principale.

Paradoxalement, c'est quand Once Upon A Time s'affranchit des décors répétitifs et de la CGI souvent dégueulasse, qu'elle réussit le mieux à se révéler merveilleuse. La première fois que l'on arpente le Pays Imaginaire est incontestablement une heureuse surprise. D'abord, la série casse complètement ses codes visuels au profit d'un environnement tropical très lugubre. Et là, malgré une taille de décors assez limitée, on ne s'y trompe pas, l'ambiance générale respire un peu plus l'authenticité qu'auparavant. Ce sont en effet de véritables plantes, non des reproductions factices, qui enrichissent l'espace autour des comédiens. Plus généralement, la petite localité de Steveston en Colombie Britanique apporte elle aussi un indéniable cachet fantastique à Once Upon A Time même si les artistes oublient parfois de retirer certains détails, comme des panneaux, trahissant les véritables origines canadienne de la ville fictive de Storybrooke. Au fil des saisons, Storybrooke finit par devenir un personnage à part entière, ce qui ne manque pas de déconcerter le spectateur durant la saison 7 où l'action est délocalisée ailleurs (et avec beaucoup moins de charme, il faut l'admettre).

Des héros terriblement creux...

D'après Simon de Bignicourt, "Qui veut vivre heureux ne doit être connu que de peu". Un adage qui n'a pas vraiment été adopté par Edward Kitsis et Adam Horowitz. Once Upon A Time a toujours montré un attachement sincère à une certaine forme d'optimisme. Malheureusement poussée à l'extrême, car la série s'est continuellement bornée à quasiment toujours vouloir proposer une fin heureuse à tous les protagonistes. Problème, que ce soit dans la fiction ou bien dans la presse à scandale, les gens heureux, tout comme ceux qui sont présentés parfaits et sans faille, sont irrémédiablement assommants, creux et sans le moindre intérêt ! L'adage le dit bien, la perfection n'étant pas de ce monde, il est inconcevable de suivre des personnages irréprochables sous tout rapport. Once Upon A Time nous balance d'ailleurs dès l'épisode d'ouverture le mythique couple composé de Blanche-Neige et de son Prince Charmant, tout en nous les plaçant immédiatement sur un piédestal qu'il est ensuite presque impossible, sauf exception, d'ébranler tout au long de la série, malgré les innombrables trouvailles de background, limites grotesques, pour réussir régulièrement à les séparer afin de faire avancer l'intrigue. Bref, l'histoire de Blanche-Neige sert de pierre d'achoppement à l'ensemble, tentaculaire, des ramifications scénaristiques que va compter la série durant ses nombreuses années. Mais cela se fera au détriment de leurs différents protagonistes.

Là encore, Edward Kitsis et Adam Horowitz prouvent à de multiples reprises qu'ils sont incapables d'écrire des histoires convenables dès qu'il est question de "gentils". Il faut dire aussi que les erreurs de casting sont trop fréquentes sur ces personnages, tout comme leur qualité d'écriture laisse franchement à désirer. Tout ceci contribue à créer une importante dissonance entre ce que Once Upon A Time souhaite apporter et ce qui est réellement visible à l'écran. Par exemple, David Nolan/Charmant, joué par Joshua Dallas, est une véritable catastrophe ambulante. Toute la première saison de la série va brosser une personnalité antipathique au possible, qui s'octroie des mérites héroïques qu'il n'obtient pourtant que par une sacré chance, qui joue les anguilles à travers les situations complexes en profitant de l'occasion pour faire comme bon lui semble, qui retourne même sans cesse sa veste à la moindre occasion et qui choisi systématiquement la voie la plus facile s'il n'était pas temporisé par Blanche-Neige. Il a également la gâchette facile, n'hésitant pas à occire plutôt qu'à désarmer ses adversaires (Particulièrement à Camelot). Si la suite de Once Upon A Time tentera, vaille que vaille, de réhabiliter le Prince Charmant à son auditoire, jamais une seule fois David Nolan n'aura réussi à se débarrasser de son étiquette de loser opportuniste qui aura marqué, à jamais, l'aura entière du personnage.

Ginnifer Goodwin s'en sort un peu mieux autour de Blanche-Neige, mais c'est surtout dans son impressionnant talent de comique que celle-ci tirera réellement son épingle du jeu. Elle est également très habile pour faire passer toute une palette d'émotions à travers son personnage qui peut tour à tour être drôle, attristée, déterminée, voire charmante. Mais en dissociant l'actrice de son rôle, il ne faut pas se leurrer, en terme d'écriture la transformation de Blanche-Neige, La-Princesse-Potiche en une Blanche-Neige, La-Guerrière-de-la-Forêt-Enchanté frôle le ridicule ! Une partie de l'intrigue de son personnage, la plus intéressante sur le papier, passera même définitivement à la trappe (la noirceur de son coeur pur), alors qu'elle aurait permis un arc narratif plus percutant. Paradoxalement, son histoire entremêlée à celle de Regina est véritablement le principal moteur des premières saisons de Once Upon A Time. Ses nombreux affrontements face à la Méchante Reine sont parfaitement maitrisés, les deux comédiennes excellent réellement dans toutes leurs scènes communes. Plus largement, Ginnifer Goodwin réussit juste à se révéler touchante. Mais au delà des premières saisons, Blanche-Neige et Charmant deviennent affreusement redondants au point de faire de leur célèbre réplique "Je te retrouverai toujours" l'un des pires gags de répétition de la série.

Dans un premier temps présenté comme l'héroïne principale de Once Upon A Time, Jennifer Morrison est choisie pour interpréter Emma Swan. Problème, alors que de nombreux spectateurs vont légitimement s'attacher à elle, Edward Kitsis et Adam Horowitz vont petit à petit dévoiler que son existence n'est finalement qu'un instrument pour écrire celle d'un autre protagoniste. Dès la fin de la saison 1, il est plus ou moins révélé que Emma Swan n'était rien de plus qu'un accessoire pour un grand dessein qui l'a dépasse. Bref, elle n'a dès lors plus de réelle consistance puisque la malédiction, pour laquelle elle a finalement été créée, fini par être brisée. Dès lors, Emma Swan perd petit à petit toute substance, obligeant les scénaristes à inventer sans cesse de nouvelles intrigues justifiant son implication (notamment pour le début de la saison 4 et la saison 5). Il faut en effet véritablement attendre la saison 6 pour à nouveau justifier, en partie, l'envergure de son rôle qui ne cesse d'être là pour combler et justifier l'avancement de l'intrigue. A tel point d'ailleurs que son absence de la saison 7 n'est jamais une seule fois handicapante. Qu'on se le dise, Emma Swan n'aura réellement eu son heure de gloire qu'au tout début de la série, le personnage ronronnant sur ses lauriers tout le reste du temps.

Enfin, en tant que dernier membre des personnages principaux originaux, le jeune Jared Gilmore joue le rôle de Henry Mills. C'est l'électron libre de Once Upon A Time, celui-là même qui déclenche, par effet domino, absolument tous les évènements des sept saisons que compte la série. Mais encore une fois, Jared Gilmore frôle l'erreur monumentale de casting ! Le jeune homme, malgré sa bonne bougne, est absolument incapable de jouer correctement la moindre de ses scènes. Pire, passé sa virée à la recherche de sa mère biologique dès le premier épisode, Henry Mills ne sert ensuite absolument plus à rien dans le déroulement des évènements. Ne cessant constamment que de gindre, tel un enfant gâté qui n'espère que vivre dans un fabuleux conte de fée plein de merveilles, Jared Gilmore n'est tout simplement pas capable de jouer l'enfant renfermé et étouffé par une mère limite sociopathe. Plus gênant encore, Henry Mills passe son temps à faire d'innombrables caprices, réprimant tous ceux qu'ils jugent indigne de rentrer dans le moule idéalisé qu'il a imaginé pour chacun d'eux. Bref, il faut véritablement attendre la saison 3 pour que Henry Mills serve enfin à quelque chose. Mais c'est évidemment de courte durée, obligeant les scénaristes à concevoir une histoire ridicule d'auteur en saison 5 afin de justifier sa présence à l'écran. Sauf que le Henry Mills de Edward Kitsis et Adam Horowitz est loin d'égaler le superbe traitement apporté à Dawn Summers notamment. N'est pas Joss Whedon qui veut !

Ces cinq personnages constituent le socle de base des héros principaux de la série. Je laisse volontairement de côté certains rôles récurrents (à l'image de Belle), ceux qui ont en cours de route changé de camp, ceux qui n'apparaissent que dans Once Upon A Time in Wonderland ainsi que ceux exclusivement présents dans la septième saison. Chacun d'eux fera l'objet d'un traitement individuel, selon son importance dans les périodes de la série concernées dans les autres parties de ce dossier.

Croisent la route de seconds rôles vraiment fascinants...

Si Once Upon A Time a décidément bien du mal à définir convenablement des personnages dans le camp des gentils, il faut tout de même admettre que la série compte une belle brochette de comédiens secondaires, hélas, bien trop mis en retrait qu'il ne le mérite. Quelle que soit la saison à laquelle on pense, Storybrooke, tout comme la Forêt Enchantée, sont peuplées de seconds rôles franchement fascinants. Ainsi la première saison en compte trois particulièrement emblématiques, l'inspecteur Graham, interprété par Jamie Dornan, Scarlett, interprétée par Meghan Ory et August, interprété par Eion Bailey.

L'inspecteur Graham n'est rien de plus que l'alter-égo du célèbre chasseur chargé de mettre fin à la vie de Blanche-Neige. Respectant quasiment à la lettre l'ambivalence propre au personnage du conte, Once Upon A Time livre un personnage complexe dans sa toute première saison. Coincé entre son code d'honneur et sa soumission à la Méchante Reine, l'inspecteur Graham est un personnage constamment tiraillé entre les deux camps. Recherchant sans cesse où doit être sa place, l'inspecteur se rend peu à peu compte que sa vie est dépourvue d'émotions. L'arrivée d'Emma à Storybrooke lui fait entrevoir une nouvelle possibilité qui, enfin, lui permet de s'affranchir de sa condition. Mais en faisant cela, il sacrifie son destin au passage en disparaissant complètement de la série. Si son absence, fort regrettable, au reste de la série est parfaitement compréhensible au vu de l'emploi du temps du comédien (Jamie Dornan était impliqué dans la série The Fall, puis plus tard par son rôle sulfureux dans Cinquante nuances de Grey), son retrait, relativement brusque dans la série, marque à jamais la série. A ce moment précis, on se dit que tout est possible dans Once Upon A Time. Malheureusement, Edward Kitsis et Adam Horowitz ne renouvelleront cette audace qu'une unique seconde fois, préférant généralement les faux-fuyants hasardeux par la suite, quitte à rendre les retours d'anciens personnages fortement foireux.

Si l'inspecteur Graham est particulièrement intéressant dans le monde réel, il en va autrement pour le personnage de Scarlet qui tire son épingle du jeu d'abord dans la Forêt Enchantée, puis ultérieurement dans la série lorsque la malédiction est brisée. Ruby, son alter-égo, n'est au contraire pas fameuse et n'arrive jamais vraiment à prendre de l'importance dans la ville soumise à la malédiction, même si elle est à l'origine d'une folle enquête de meurtre impliquant Marie-Margaret. Scarlett revisite le conte du petit chaperon rouge et, tout comme Graham, est un personnage étonnamment complexe au sein de la série. Dans les premières saisons principalement, car Meghan Ory est plus ou moins obligée de renoncer à son rôle ensuite, occupée à plein temps par les séries True Justice et Intelligence. Dès lors, ses apparitions vont se réduire à peau de chagrin, obligeant les scénaristes à écrire son histoire façon bouche-trou, de manière passablement laborieuse, afin de justifier son absence à l'écran. C'est regrettable dans la mesure où Meghan Ory est un actrice charismatique et sans nul doute un incontournable atout charme dans Once Upon A Time.

Arrivé sur le tard, afin de relancer l'intrigue et emmener le spectateur vers de fausses pistes, August est résolument l'unique personnage présenté dans la première saison à avoir survécu, sans altération aucune, à l'intégralité de la série malgré ses très peu nombreuses apparitions à l'écran. Incontestablement, à chacune des participations de Eion Bailey dont le charisme crève autant l'écran que Meghan Ory, Once Upon A Time est tiré vers le haut. Le personnage sert à chaque fois de point de voûte à l'intrigue, obligeant systématiquement Emma à revoir ses objectifs et prendre la bonne décision. August fait donc parti de ces seconds rôles incontournables.

Dans la foulée de la première, la seconde saison va mettre en lumière deux autres talentueux comédiens. Bien qu'introduit dès la première saison, Jefferson prend réellement du galon au cours de la deuxième saison. Livrant une toute nouvelle interprétation du célèbre Chapelier Fou, très éloigné du comique déluré offert par Johnny Depp, la folie pourtant pleine de sens proposée par Sebastian Stan reste incontestablement inégalé. Un exploit dans la mesure où il existe un rimandelle d'adaptations à l'écran du conte de Lewis Caroll. A tel point qu'on est obligé de regretter amèrement son absence dans la série dérivée Once Upon A Time in Wonderland, bien que son personnage y soit évoqué mais sans jamais y apparaître.

Plus intéressant, la saison 2 offre un beau tremplin à Michael Raymond-James dans le rôle de Neal Cassidy. Improbable à sa première apparition, son personnage se bonifie d'épisode en épisode offrant un magnifique contrepoint au ténébreux Rumplestiltskin et proposant aux spectateurs un formidable jeu de dupes dans sa relation avec Emma. Au centre des deux premières saisons et demi de Once Upon A Time, le destin tragique de l'enfant abandonné que fut autrefois Neal Cassidy fait basculer l'intrigue à un niveau plus intime. Dès lors, la série parvient pour la première fois à se rendre touchante à travers lui. Son obstination, ses regrets, mais aussi les révélations inattendues qui vont lui tomber dessus font résolument progresser Once Upon A Time à un niveau de maitrise que la série n'a plus jamais réussit à atteindre par la suite. Rôle, plus ou moins éphémère, écrit spécialement pour amener à la conclusion du premier arc narratif de la série, le destin de Neal Cassidy apporte incontestablement un second souffle à la série.

Entrevu sous les traits de Tom Ellis dans la saison 2, dans un rôle assez anecdotique, Robin des Bois revient finalement sous les traits de Sean Maguire à partir de la saison 3 ainsi que dans Once Upon A Time in Wonderland. Assez peu intéressant à ses débuts, puisqu'il sert surtout à faire le lien entre Henry, Emma et Neal, Robin des Bois s'impose finalement petit à petit comme personnalité forte tout au long des trois années qui suivent. Malheureusement, les auteurs de Once Upon A Time ne réalisent pas vraiment qu'ils tiennent là un personnage relativement attachant et finissent petit à petit par en faire un peu n'importe quoi. Et à la manière du tout aussi mésestimé Docteur Carson Becket dans la série Stargate Atlantis (mésestimé des auteurs, non du public), les auteurs de Once Upon A Time sacrifient le personnage sur l'autel de la gloire incomprise et le font ensuite revenir, à deux reprises, sous des personnalités différentes qui frôlent le ridicule. Il n'empêche, Robin des Bois reste un second rôle emblématique dans la série.

La saison 4 marque clairement un tournant dans Once Upon A Time où les seconds rôles ont bien du mal à trouver leur place dans la saga. Une constante que l'on retrouvera d'ailleurs dans les saisons 5 et 6 également. Au mieux, les petits nouveaux (Anna, Kristoff, L'apprenti, Merida, Merlin, Jasmine, Lily...) sont les dignes héritiers de leurs prédécesseurs tout aussi dispensables (Prof, Aurore, Philippe, Jiminy...) dont leurs apparitions ne se justifient que pour les seuls besoins du fan service. Au pire, certains personnages attachants à leurs débuts finissent tout simplement par ne faire que les pitres sans consistance aucune (Granny tricotte à tous les conseils de guerre, Leroy passe son temps à râler, courir et hurler, Mulan se morfond de ses amourettes compliquées d'éternelle adolescente célibataire...). Bref, Once Upon A Time se met à jouer au fourre-tout sans âme, dans le but inavoué de fan service au détriment de toute trame de fond qui justifierait véritablement leur présence à l'écran. Malgré tout, quelques personnages de-ci, de-là, parviennent à tirer leur épingle du jeu, tout simplement parce qu'ils ne sont pas surexploités par la série (Ariel, Aladdin, Geppeto, Sydney, Cendrillon...). Je reviendrai à l'occasion sur leurs cas.

A contrario, la saison 7, tout comme Once Upon A Time in Wonderland échappent particulièrement à cet écueil de rôles secondaires laborieux propre à la série mère, tout simplement parce que l'intrigue, plus resserrée, oblige les scénaristes à aller à l'essentiel. Je leur consacrerai un portrait ultérieurement.

Et font front commun face à des méchants hyper-charismatiques !

Si Once Upon A Time a résolument un énorme problème à proposer des héros positifs, la série est étonnamment une incontournable valeur sûre quand elle décide de nous proposer des méchants ! Tout du moins tant que ceux-ci ne décident pas de gentiment retourner leur veste via des intrigues capilotractées qui détruisent complètement leur essence. Zut alors, me direz-vous ! Heureusement pour vous, je délaisserai dans cette partie du dossier leurs multiples revirements émotionnels pour ne retenir que leur charismatique négativité. S'il y a bien une chose qui ne peut être contesté dans Once Upon A Time, et sans doute la seule véritable raison valable pour avoir réussi à me faire rester devant elle toutes ces années, c'est que la série propose systématiquement des antagonistes incroyablement fascinants.

A commencer bien sûr par la seule véritable tête d'affiche du programme interprété par Robert Carlyle. L'acteur y joue le rôle du nain Tracassin, bien que le doublage français a cependant préféré utiliser son nom anglophone de Rumplestiltskin. Robert Carlyle est un comédien qui a toujours mis un point d'honneur à s'impliquer au maximum pour chacun de ses rôles. Il a également l'habileté artistique, mais aussi le physique qui s'y prête, de jouer des personnages fortement complexes. Parmi ses innombrables talents, il a ainsi développé des personnages qui sont capables de passer par toute une palette d'émotions parfois contradictoires. En 2007 par exemple, il interprétait Don Harris dans le long métrage horrifique 28 semaines plus tard. Là, il y campait un personnage couart et pleurnichard qui déclenche, par ses actions de lâcheté, un véritable fléau sur Londres. Deux ans plus tard, et durant deux saisons, il est choisi pour interpréter le rôle du Docteur Nicolas Rush pour les besoins de la série Stargate Universe. Cette fois, il développe un personnage calculateur, manipulateur, menteur, parfois même extrêmement sournois, mais avec suffisamment d'émotion et une fragilité humaine qui finissent par en faire un incontournable de la série. C'est d'ailleurs principalement grâce à lui que j'ai eu la curiosité de regarder Once Upon A Time au début. Pour Rumplestiltskin, Robert Carlyle parvient à mélanger avec brio les deux personnalités précédentes, mais en lui ajoutant une dimension comique supplémentaire. Il n'est pas une seule minute où l'on ne se rend pas compte que Robert Carlyle s'amuse comme un gamin à composer un Rumplestiltskin aux multiples facettes tout au long de la série. Le destin ubuesque que lui ont réservé les scénaristes en est d'ailleurs extrêmement regrettable.

Seconde dauphine sur le podium des méchants, mais principale vedette de Once Upon A Time durant sept années, Lana Parrilla joue le rôle de la Méchante Reine, qui se trouve désormais affublée d'un nom, Regina Mills. Comme elle le dira elle-même dans ses toutes premières interviews, n'ayant jamais été intéressée par jouer un héros, Lana Parrilla fut ravis d'obtenir celui du principal antagoniste de la série, celui là même par lequel toute l'histoire a commencé. A la différence de Rumplestiltskin, dont le traitement à l'écran fut passablement chaotique d'une saison à l'autre, Regina Mills réunit en elle tous les aspects de la tragédie grecque mais saupoudrée de magie disneyenne. Rares auront été les personnages maléfiques de Once Upon A Time à bénéficier d'une qualité d'écriture aussi extrêmement soignée que Regina. C'est peut-être même l'unique personnage malfaisant de toute la série dont la chronologie est la plus délicieuse et la plus percutante. De son enfance joviale à la trahison de sa mère, de la manipulation de Rumplestiltskin à son avènement en Reine ignoble, de la remise en cause de son destin à son amour véritable pour son fils adoptif, sans compter les multiples épreuves qui vont s'imposer sur son chemin, Regina passe petit à petit d'un extrême à l'autre avec une telle sympathie qu'on arrive même jusqu'à lui pardonner ses effroyables exactions passées. Et pourtant, des atrocités, elle a commise !

La saison 2 est surtout constituée comme un prolongement à la première, elle conforte simplement les histoires de Rumplestiltskin et de Regina. Mais elle apporte dans son sillage deux protagonistes qui enrichissent le background de ces derniers. En l'occurrence, Cora (Barbara Hershey), la mère de Regina, et Killian Jones (Colin O'Donoghue), le célèbre Capitaine Crochet qui a pris un sacré coup de jeune pour les besoins de Once Upon A Time. Malgré leur présence respective pour semer la confusion dans l'esprit des héros, les deux protagonistes ne font que ralentir l'intrigue dont on ne comprend pas vraiment où elle veut nous mener. Tout au plus, Cora et Crochet semblent jouer le même rôle que Tamara (Sonequa Martin-Green) et Greg (Ethan Embry) dans le monde réel : apporter un soupçon de mystère et servir de tremplin à la saison 3. Les quatre antagonistes ralentissent principalement le déroulé de l'intrigue de cette saison, mais sans véritablement asseoir leurs personnages dans la série. Si Cora et Crochet réussissent finalement à se forger une identité sur les saisons ultérieures, Tamara et Greg sont vites vus et vite oubliés, particulièrement dans la saison 3 où ils sont vite remplacés par bien meilleurs qu'eux. Car c'est réellement durant la saison 3 que Once Upon A Time va franchir un nouveau cap en proposant non pas un, mais deux inoubliables antagonistes.

A partir de la saison 3, l'intrigue de la série est coupée en deux parties, dont la raison est à chercher auprès de la grossesse de Ginnifer Goodwin difficilement justifiable pour son personnage à ce stade de la série. Afin de pallier la naturelle prise de poids de la comédienne, les scénaristes imaginent de scinder l'intrigue de Once Upon A Time en deux arcs distincts. La première est aménagée de façon à proposer aux spectateurs une intrigue conclusive à la première époque de la série. Tous les héros sont projetés au Pays Imaginaire où ils rencontrent le célèbre garçon qui ne voulait jamais grandir, Peter Pan. Mais celui-ci n'a plus rien à voir avec celui qu'on connaît de la version Disney. Poussant à son paroxysme son besoin de rester éternellement jeune, le Peter Pan de Once Upon A Time est plutôt à rapprocher de celui proposé par Régis Loisel pour la série de bande dessinée française en six volumes qu'il a réalisé entre 1990 à 2004, dans lequel le personnage y est effectivement très perfide. Robbie Kay s'investit corps et âme dans le rôle, livrant un antagoniste tout aussi charmeur que véritablement glaçant, faisant dès lors de Peter Pan un classique de Once Upon A Time.

Dans la deuxième partie de la saison 3, Once Upon A Time amorce sa transition et nous présente l'effrayante sorcière de l'Ouest qui, comme Régina deux ans plus tôt, se trouve désormais affublé d'un nom, Zelena (aucune des deux n'est nommée dans les contes). Au premier abord, ce choix discutable semble dissonant dans l'esprit de la série. D'autant plus qu'il résulte surtout d'un choix opportuniste de la part de Edward Kitsis et Adam Horowitz qui lorgnent à ce moment là sur l'aura du long métrage Le Monde fantastique d'Oz produit par Disney. Ce qu'ils ne manqueront pas de refaire pour la saison 4 avec La Reine des neiges. Il n'empêche, à ce stade de la série, Rebecca Mader s'avère une excellente actrice pour le rôle. Tout comme Robert Carlyle, il est évident qu'elle s'amuse comme un gamine à donner de sa personne pour brosser le portrait d'une femme littéralement verte de jalousie au point de foutre un bordel temporel monstre dans la chronologie de la série. Rebecca Mader est incontestablement charismatique au point de faire oublier l'aspect convenu de l'intrigue de cette deuxième partie de saison. Malheureusement, le personnage fut tellement populaire qu'il finit par être rappelé à l'écran de manière complètement abracadabrante par la suite, passant de l'antagoniste charismatique à une vulgaire figurante burlesque. Seule la saison 7 aura réussi à réhabiliter le personnage, passablement massacré par les scénaristes entre temps.

Durant la saison 4, Once Upon A Time nous refait le coup de la saison 2 en ne proposant pas de méchants franchement emblématiques pour la première partie de son intrigue. Tout au plus se contente-t-elle de prolonger le récit de La Reine des neiges sans qu'il n'y ait de véritables enjeux, j'y reviendrai donc plus en détail dans la partie du dossier consacrée à cette époque de la série. Au delà de cette parenthèse enchantée, les scénaristes vont carrément nous proposer trois antagonistes, Maléfique, déjà entraperçue dès la première saison, Ursula, et Cruella d'Enfer. Des trois, seule la dernière réussira à sortir son épingle du jeu car, à l'image du long métrage animée, c'est une véritable sociopathe. Charmeuse, sournoise, manipulatrice, Cruella est la réplique féminine de Rumplestiltskin, mais dépourvue de la moindre émotion humaine. En cela, elle n'a aucune considération pour la vie humaine et se satisfait du malheur des autres. Cela fait de Cruella d'Enfer la plus folle meurtrière proposée par Once Upon A Time !

A son tour, la saison 5 poursuit sa séparation d'intrigue en deux périodes de temps. Mais le rapport de force est complètement inversée par le basculement d'Emma du côté obscur de la force. Quand bien même, les scénaristes choisissent d'amener deux nouveaux antagonistes dont l'un est le miroir inversé de l'autre. D'un côté, il y a ainsi Arthur, celui qui semblait gentil mais est finalement méchant, de l'autre il y a Hadès, le Roi des Enfers en personne, qui semblait méchant mais était finalement plutôt gentil. Enfin peut-être pas, ou peut-être que si, on sait pas trop. L'intrigue autour des ténébreux se trouvant être la plus insipide de toute la franchise, Liam Carrigan a énormément de mal à rendre son personnage intéressant. Le Roi Arthur est en effet complètement étouffé par le destin d'Emma qui a elle-même toute les peines du monde à faire croire à ses mauvaises actions. A contrario, Greg Germann livre une interprétation à contre-courant de la plupart des personnages qu'il jouait jusque là. On lui connaissait surtout son caractère boute-en-train et déconneur, notamment dans la série délurée Ally McBeal. Tout au contraire, son Hadès est un personnage profondément mystérieux, entouré d'une aura majestueuse et qui espère s'affranchir de sa condition. On regrettera donc énormément sa disparition de la série, très loin de faire honneur à un Dieu immortel de l'Olympe.

Enfin, la saison 6 revient à ses fondamentaux et ne propose donc plus qu'un unique antagoniste, évoqué plusieurs fois dans la série jusque là, la Fée Noire. Malgré tout le talent de Jaime Murray, la Fée Noire est irrémédiablement le plus faible de tous les méchants proposés dans Once Upon A Time. En cause, le caractère grandiloquent du personnage qui passe son temps à faire des promesses et des grands effets théâtraux qui ne sont suivis d'aucune action particulière. Des promesses, des promesses, mais à part ça, les actions d'éclats on les cherche encore. De fait, La Fée Noire semble une menace profondément létargique dont le destin semble scellé dès sa première apparition à l'écran.

A nouveau je laisse de côté les autres antagonistes propres à Once Upon A Time in Wonderland ainsi que ceux des saison 4A et la saison 7 qui bénéficieront d'un traitement propre dans les parties concernées de ce dossier.

À suivre dans le chapitre 2...

Olivier J.H. Kosinski - 17 août 2018

3.5