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Pikachu the Movie
Pokémon

Raikou, la légende du tonnerre

Tout comme Le retour de Mewtwo avant lui, La légende du tonnerre est un téléfilm spécial de fin d'année diffusé en exclusivité au Japon le 30 décembre 2001, un an jour pour jour après le précédent.

Le téléfilm dans son entier n'a jamais dépassé les frontières japonaises, puisqu'il fut découpé en trois parties distinctes, diffusées dans le cadre d'une nouvelle série télévisée dérivée, créée en 2005 par 4Kids aux Etats-Unis, Pokémon Chronicles. En France, les trois parties de La légende du tonnerre ont été diffusées pour la première fois en exclusivité par Gulli les 27 et 28 octobre 2007, six années après la diffusion japonaise originale.

L'intrigue

Les membres de la Team Rocket, Attila et Hun, ont projeté de capturer Raikou, dans le but de contrôler son pouvoir et d'utiliser sa puissance à travers le monde. Pour cela, ils utilisent un cristal, spécialement créé par le Professeur Sébastien, capable d'absorber toute l'énergie électrique du pokémon légendaire...

Analyse de l'oeuvre

Bien qu'il s'agisse d'une production télévisuelle, La légende du tonnerre constitue une petite révolution pour la franchise Pokémon ! Pour la toute première fois de l'histoire de la série télévisée, Sacha Ketchum et l'intégralité de ses comparses sont relégués aux abonnés absents au profit de nouveaux héros pratiquement inédits. Pratiquement ? Parce que La légende du tonnerre ne part pas vraiment de rien, il est élaboré selon trois spécificités. D'abord, il est imaginé afin de réitérer l'expérience d'un épisode spécial de fin d'année diffusé à la télévision un an jour pour jour après Le retour de Mewtwo. Ensuite, il est proposé pour commémorer la fin prochaine du cycle Or/Argent de la série télévisée dont il ne reste plus que quelques mois de diffusion avant le passage de relais vers le cycle Advance Generation. Enfin, il est conçu comme une adaptation éloignée de Pokémon Cristal, pour sa première année de commercialisation au Japon. C'est d'ailleurs à partir de ce dernier jeu-vidéo que vont être adapté les deux protagonistes du téléfilm. Jimmy est inspiré du héros masculin jouable dans Pokémon Or, Pokémon Argent et Pokémon Cristal, tandis que Marina s'inspire du tout premier protagoniste féminin jouable de la saga apparue dans Pokémon Cristal.

Du coup, La légende du tonnerre s'avère être une oeuvre dérivée, une situation qui n'avait jusque là été vue que dans l'adaptation de la franchise au format manga. Un manga qui a d'ailleurs toujours été considéré comme plus fidèle à la trame des jeux-vidéos que celle de la série principale. Au premier abord, on espère donc retrouver une amélioration de la qualité par rapport à la série télévisée. Malheureusement, le téléfilm ne fait finalement preuve d'aucune réelle originalité, puisqu'il change simplement le contexte sans vraiment chercher à révolutionner la franchise. La légende du tonnerre s'avère alors sous un assez mauvais jour, puisque son histoire s'avère à la fois annexe et anecdotique, tout comme elle aurait très bien pu être vécue par les personnages principaux traditionnels. En cherchant à innover, La légende du tonnerre se retrouve au contraire prit à son propre piège, puisque la légitimité de sa canonicité peut tout à fait être remise en cause, malgré la présence de personnages secondaires déjà aperçus dans la série (notamment Eusine, par erreur rebaptisé Eugène dans ce téléfilm, et Vincent, qui fut lui-aussi rebaptisé Jackson dans la série).

Plus gênant encore, La légende du tonnerre, censé commémorer et adapter le jeu Pokémon Cristal, ne s'inspire de rien de particulier du jeu en question si ce n'est le nom japonais du téléfilm qui fait apparaître le mot Cristal, tout comme il est question d'un cristal de pouvoir dans le téléfilm, alors même que celui-ci n'existe tout bonnement pas dans le jeu ! Un drôle de paradoxe qui résulte de la star vedette du jeu Pokémon Cristal, le légendaire Suicune. Le pokémon félin arbore en effet une sorte de cristal sur son front qui n'est qu'une simple représentation artistique de sa principale caractéristique, celle lui permettant de contrôler l'eau sous toutes ses formes, y compris sous celui de cristaux de glace notamment via son attaque fétiche Onde Boréale. Mais cette forme particulière de cristal présente sur son front n'a jamais été exploitée dans le jeu-vidéo. Sans doute conscient de cet épineux paradoxe, les scénaristes du téléfilm vont alors imaginer une intrigue inédite mettant en scène une invention de Team Rocket capable d'absorber l'électricité environnante à travers un cristal. Non content de proposer une histoire un peu tirée par les cheveux, le récit écarte également Suicune (qui a déjà eu les honneurs de figurer dans la série et dans un long métrage) au profit du moins populaire Raikou, le seul du trio légendaire de la deuxième génération qui n'avait jamais eu droit à la moindre intrigue digne de lui jusqu'alors.

Malgré ses quelques atouts, La légende du tonnerre souffre de nombreux problèmes qui empêche le spectateur de vraiment s'impliquer dans l'histoire. Déjà, même si Jimmy et Marina sont des personnages intéressants, leurs caractères semblent tellement répliqués sur celui de Sacha et Ondine en version plus adolescente, qu'on ne ressent pas vraiment d'empathie particulière pour eux. Pire, leur disparition pure et simple de la franchise pokémon au delà de ce téléfilm les rend encore moins populaires dix huit ans plus tard, là où, au contraire, des personnages bien plus mineurs tel que Cathy, la sympathisante de l'équipe de base-ball des Élektek, a durablement marqué les fans au delà des années. Ensuite, La légende du tonnerre souffre aussi de son cruel manque d'humour. Tout comme Sacha et ses amis ont été remerciés le temps de ce téléfilm, le célèbre trio de la Team Rocket n'est lui non plus pas convié. Alors qu'on aurait pu espérer revoir le duo Butch et Cassidy, dont la crédibilité pour les actes criminels a toujours été supérieure au trio, mais avec une touche de comédie parfois bienvenue, le téléfilm préfère proposer un tout nouveau duo peu fameux.

Bien que présumé plus dangereux et plus matures que les autres membres de la Team Rocket, Attila et Hun, qui sont deux hommes dans la version japonaise originale, mais un homme et une femme dans la version internationale (ne cherchons pas à comprendre), n'ont en réalité de dangereux que leurs innombrables échanges vocaux. Dans tout le téléfilm, Attila et Hun passent ainsi le plus clair de leur temps à menacer Jimmy, Marina et Vincent/Jackson en croisant les bras du haut de leur perchoir, tout en leur lançant des regards menaçants. On passe ainsi son temps à admirer d'inoubliables et pénibles longs plans fixes où chacun des protagonistes se toisent, à distance raisonnable quand même (de l'ordre de 20m à 50m au minimum), sans qu'il ne découle de véritable action particulière, mais qui palabrent continuellement. La légende du tonnerre est incontestablement très bavard ! Peut-être osent-ils lancer leurs pokéballs, histoire que leurs gros pokémons hargneux remplissent enfin l'espace vide situé entre chaque protagoniste ! Heureusement que Raikou vient jouer de temps à autre les fauteurs de trouble, cela permet de réveiller les spectateurs de leur état avancé de pure et douce somnolence. On pourrait croire que l'effroyable charcutage, subi par la version internationale du téléfilm, soit la cause de cette bérézina que représente La légende du tonnerre. Sauf que non, même le montage original souffre des mêmes lacunes dans la mise en scène, ceci même si les dialogues sont moins édulcorés que dans la version internationale.

Est-ce pour cette raison que La légende du tonnerre a dû attendre plus de trois ans pour être proposé sur le marché international ? Peut-être bien. Mais fallait-il jusqu'à le charcuter, le remonter, le retravailler, le ré-orchestrer, le censurer pour, en plus de tout le reste, le découper en trois afin d'en faire les trois premiers épisodes de lancement d'une nouvelle série télévisée improvisée ? Il est d'ailleurs important de rappeler que La légende du tonnerre constitue bien les trois premiers épisodes de la série Pokémon Chronicles et non les épisodes 12, 13 et 14 comme le laisse supposer les DVD commercialisés. Les épisodes furent en effet complètement réorganisés de manière thématique en 2 parties bien distinctes (les courts métrages de Pikachu d'un côté, tout le reste de l'autre), avant d'être regroupés en coffret intégrale par la suite dans un ordre complètement erroné. Même si le téléfilm n'était déjà de base pas très folichon, il ne méritait pas d'être aussi malmené pour sa carrière internationale. Bref, on est face à un massacre en règle, même si cela reste parfaitement dans l'esprit de la désobligeante ère 4Kids dont il s'agit, fort heureusement, de l'ultime sacrilège du studio américain envers la franchise.

Aujourd'hui, La légende du tonnerre a inexorablement très mal vieilli, son découpage en trois parties distinctes, imposé dans les versions internationales, arrange d'ailleurs encore moins l'expérience. Même pour quelqu'un appréciant Pokémon Cristal, comme c'est mon cas, il est toujours très difficile de cerner l'intention première ce de téléfilm censé rendre hommage à ce jeu-vidéo bien particulier alors qu'il n'en conserve absolument aucune de ses particularités. Dans les faits, il semble évident que même les artistes de la série animée se sont rendu compte de leur erreur, puisque le principe même du téléfilm spécial de fin d'année est mort avec La légende du tonnerre, alors qu'il était né tout juste un an auparavant avec un bien meilleur Le retour de Mewtwo. Depuis lors, exception faite des aventures annexes, par exemple telle que Donjon Mystère, Le maître des mirages (qui reste un cas particulier cependant) ou beaucoup plus tardivement Pokémon Méga-Evolution, aucun téléfilm du même genre n'a plus jamais été proposé dans le cadre de la série télévisée. Même si une idée est bonne sur le papier, le résultat final n'est pas forcément à la hauteur des intentions initiales. La légende du tonnerre reste, et restera toujours, un bel acte manqué.

Olivier J.H. Kosinski - 23 mars 2018

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (France - 2007)

Jimmy : Gaëtan Wenders

Marina : Delphine Chauvier

Vincent : Jean-Paul Clerbois
(Jackson dans la série TV)

Attila : Alain Eloy

Hun : Marie-Noëlle Hebrant

Professeur Sébastien : Jean-Daniel Nicodème

Eugène : Sébastien Hébrant
(Eusine dans la série TV)

Infirmière Joëlle : Delphine Chauvier

Agent Jenny : Julie Basecqz

Professeur Orme : Jean-Paul Clerbois

Kudo : Jean-Daniel Nicodème

Curtis : Romain Barbieux

Narrateur : Jean-Daniel Nicodème

Pokédex : Jean-Daniel Nicodème

Sources :
Planète Jeunesse

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