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Poster (France) ~ 12 octobre 1988

Touchtone Pictures
Qui veut la peau de Roger Rabbit

Qui veut la peau de Roger Rabbit sort en salle le 22 juin 1988 au Québec et le 18 octobre 1988 en France. En version originale, comme en version française, le titre est dépourvu d'un point d'interrogation. Un choix volontaire des auteurs qui ferait suite à une prétendue malédiction touchant tous les films américains en ayant un. On notera également qu'il s'agit du tout premier long métrage animé Disney bénéficiant d'un doublage propre au territoire québécois. Toutefois, pour une raison inconnue, la version québécoise reste désormais cantonnée strictement aux diffusions télévisées, la version française la supplante dans toutes les éditions vidéos du commerce.

Devant le succès du film, trois courts métrages furent produits mettant toujours en scène Roger, Jessica ou Bébé Erman, tous trois proposés en avant-programme de Chérie, j'ai rétrécie les gosses, Dick Tracy et Chérie, j'ai agrandi le bébé. Le studio Disney exploita aussi, de manière détournée, le succès de ce long métrage en produisant la série Bonkers, de star à agent qui peut être considérée comme une suite spirituelle de Qui veut la peau de Roger Rabbit.

L'intrigue

La ville d'Halloween est peuplée de gens étranges dont le plus grand plaisir est de se livrer à des farces du plus mauvais goût. Le grand ordonnateur de ces rites cassants est «le Roi des citrouilles», Jack Skelington, qui effectue ce métier depuis déjà plusieurs années. Mais aujourd'hui, Jack se lasse de tout ceci, et aspire à de nouvelles expériences. Lorsqu'il découvre par accident la ville de Noël, il est fasciné par ses couleurs chatoyantes et son style convivial. Il retourne chez lui avec la ferme intention de prendre le contrôle de la fête de Noël...

Analyse de l'oeuvre

Il existe d'innombrables possibilités pour réaliser une analyse de Qui veut la peau de Roger Rabbit, l'unique long métrage d'animation Disney qui fait tout son possible pour faire croire qu'il ne l'est pas ! Faut-il se contenter d'évoquer sa filiation Disneyenne et de ses innombrables, tout comme aussi célèbres, invités de marque ? Faut-il y voir un vaste défouloir rendant hommage à la glorieuse époque de l'âge d'or du cartoon au cinéma ? Faut-il au contraire y percevoir une comédie satirique sur les dérives du capitalisme ? Faut-il plutôt sentir l'hommage de jeunes adultes réalisant leur fantasme de porter à l'écran les dessins animés de leur enfance ? Faut-il y saluer l'impressionnante performance en terme d'effets spéciaux jamais réalisée dans un film mélangeant animation et décors réels ? Faut-il plutôt se baser sur l'âge d'or du cinéma d'espionnage mâtiné d'un soupçon de propos sulfureux ? Ou bien alors, faut-il se dire que le long métrage est finalement plus proche du style pulp, un genre très populaire au début du siècle dernier aux Etats-Unis ? Et si Qui veut la peau de Roger Rabbit n'était finalement que la combinaison de tout ça ? Un film sans âge, résolument plus adulte que les films d'animation l'ayant précédés, mais suffisamment délirant pour traversant les décennies sans perdre ce peps irrévérencieux qui le caractérise si bien !

S'il fallait réduire Qui veut la peau de Roger Rabbit à un genre spécifique, il devrait être simplement qualifié de polar catoonesque, catégorie dont il a inventé le genre et dans lequel on peut situer, dans une moindre mesure, son cousin éloigné Les Looney Tunes passent à l'action. Le long métrage regorge en effet de tout ce qui fait le style et le charme de n'importe quelle enquête policière. De l'antagoniste qui opère dans l'ombre à l'inspecteur de police désabusé et alcoolique, en passant par une femme fatale sur qui tous les soupçons se portent, une sombre histoire de corruption, des meurtres abjects, sans oublier bien sûr le principal intéressé dont le grain de folie pousse à émettre de sérieux doutes sur sa santé mentale, le long métrage réunit absolument tous les ingrédients d'une enquête tout aussi classique que captivante. Mais Qui veut la peau de Roger Rabbit renverse également le rapport de force en faisant preuve d'une malicieuse ironie. Chaque élément de l'enquête qui s'avère extrêmement glauque se trouve systématiquement suivi d'une considération irrésistiblement burlesque propre au style narratif des cartoons. Ainsi, le long métrage joue continuellement sur ce succulent double jeu, puisqu'un gag typique d'un cartoon (le coup du piano sur la tête) vire au cauchemardesque dans le monde humain, tandis qu'un règlement de compte entre mafieux (Les fouines) vire au contraire au pur comique.

Qui veut la peau de Roger Rabbit joue un incroyable jeu d'équilibriste entre le caractère extrêmement fouillé et réaliste de son enquête, rondement mené qui plus est, avec la subtilité et l'irrésistible dérision propre à n'importe quel bon cartoon. La majorité des personnages ont même tellement de nuances que absolument aucun d'entre eux, humains ou cartoons, ne peut être comparé à qui que ce soit dans la famille des classiques animés de Disney. Car, il convient de le rappeler, Qui veut la peau de Roger Rabbit est sans l'ombre d'un doute un film d'animation Disney. Si certaines conditions n'avaient pas été imposées, notamment par le studio Warner Bros qui était un farouche concurrent de Disney pour ce qui est des cartoons à l'époque, il n'existerait aujourd'hui pas cette incertitude chez le grand public autour des origines externes supposées, pourtant fictives, du long métrage. En même temps, il faut admettre que le long métrage traite chaque personnage animé comme s'il faisait parti d'une seule et unique famille, aucun n'étant plus mis en lumière qu'un autre, tout en faisant fi de leurs origines respectives. Une performance exceptionnelle qui reste encore aujourd'hui absolument unique en son genre.

Ce qui fait sans nul doute la plus grande force de Qui veut la peau de Roger Rabbit est bien entendu le duo vedette formé par Roger Rabbit et Eddie Vaillant. Comme les deux personnages ont des personnalités radicalement opposées, cela crée obligatoirement des étincelles dans leur relation. Sorte de faux couple mal assorti, Roger et Eddie ne sont rien de plus qu'une variante épicée, voire complètement cinglée, du plus célèbre duo du cinéma américain : Laurel et Hardy. Leur rencontre, tonitruante, fait immédiatement mouche à l'écran, d'autant plus que les interactions avec un personnage animé qui n'apparaissait pas pendant le tournage sont quasi-inexistantes pour le comédien Bob Hoskins. Ce dernier n'ayant d'ailleurs pas l'habitude de tourner sans avoir quelqu'un en face de lui, tout comme il ne savait pas toujours correctement placer son regard, a créé une situation inédite qui a obligé les artistes Disney à avoir recours à un trésor d'idées et d'inventivité pour raccorder convenablement les échanges entre Roger et Eddie. Ainsi, si Bob Hoskins plaçait son regard trop bas ou trop haut, cela forçait les dessinateurs à étirer Roger dans un sens ou dans l'autre, lui faisant même adopter des positions incongrues mais logiques dans l'esprit d'un cartoon. Il en résulte ainsi une ribambelle de plans devenus aujourd'hui résolument cultes, rendant le duo Roger et Eddie tout autant charismatique même après plusieurs décennies.

Un peu plus haut, j'évoquais le fait que Qui veut la peau de Roger Rabbit était un film hors d'âge. Que voulais-je indiquer à travers cette formulation ? En premier lieu, pour simplement évoquer que le récit ne se déroule pas dans notre monde contemporain, tout du moins ne correspondant pas à la période de sortie du long métrage en salle. Mais là où Qui veut la peau de Roger Rabbit propose son autre tour de force, c'est d'avoir remonté le temps afin de proposer une période beaucoup plus proche du fantasme que du véritable réalisme du Los Angeles de 1947. C'est d'ailleurs grâce à ce petit détail que l'on peut par exemple passer outre l'incohérence manifeste des personnages animés normalement nés bien des années plus tard, comme par exemple les célèbres serveurs de Mary Poppins, présent dans le bar où Jessica Rabbit se produit sur scène. Dans les faits, rien n'empêche ainsi que tous ces personnages animés préexistaient déjà auparavant leur premier grand rôle sur Grand Ecran, à la manière de n'importe quel acteur qui vivait sa vie avant de percer et d'être connu du grand public. Bref, tout ça pour dire qu'en choisissant de fabriquer un univers uchronique, les artistes Disney ont rendu Qui veut la peau de Roger Rabbit résolument intemporel et toujours aussi efficace aujourd'hui.

Qui veut la peau de Roger Rabbit regorge d'effets spéciaux franchement toujours aussi bluffant aujourd'hui qu'ils l'étaient au moment de la sortie du film en salle. Près d'une décennie avant le passage au tout numérique, dont l'époustouflante performance originelle a tendance à décroître au fil des années au point d'être plutôt ringardisé aujourd'hui, Qui veut la peau de Roger Rabbit réussit toujours aujourd'hui à conserver son charme à la fois désuet et irrésistible, en raison du choix de l'animation traditionnelle en 2D. Mais à la différence de ces prédécesseurs, comme Peter et Elliott le dragon par exemple, ce long métrage fait résolument le choix d'offrir aux personnages animés un aspect réaliste. En raison d'une habile utilisation d'effets d'ombre et l'ingéniosité des travelings proposés, les personnages 2D bénéficie à l'écran d'un effet de volume absolument parfait. Leurs diverses interactions avec les vrais objets des décors est également tout à fait crédible, malgré quelques petits ratés de-ci de-là inhérents à la technologie des années 1980. Mais qu'importe, la formule fonctionne et, comble d'ironie face à la 3D qui devait la remplacer et faire mieux qu'elle, la 2D n'a pas perdu de sa superbe malgré son grand âge !

Si j'apprécie Qui veut la peau de Roger Rabbit, c'est aussi parce que le long métrage choisit, délibérément, de s'éloigner du cartoon typique du style Disney pour au contraire préférer lorgner du côté du fun décomplexé, irrévérencieux et illogique de ceux de Warner, de Hanna Barbera ou encore de Tex Avery. Je n'ai jamais aimé aucun court métrage de Disney, raison pour laquelle il n'en existe quasiment aucune trace sur le site depuis ses origines. Walt Disney a toujours proposé des récits trop lisses, trop gentillets voire trop merveilleux à mon goût. Au contraire, j'ai toujours adoré le délire et, quelquefois, le sadisme propre à la concurrence, notamment dans la grande famille des Looney Tunes de Warner. Par exemple, j'ai toujours eu un plaisir coupable à voir l'exubérant Daffy Duck perdre continuellement son bec face à un coup de fusil d'Elmer, voire désintégré au pisto-laser par Marvin, ou encore ce pauvre Vil Coyote essuyer de multiples échecs en utilisant le matériel proposé par l'entreprise fictive Acme. On retrouve ce style hyperactif, survolté et irréaliste dans la plupart des personnages principaux du long métrage. Qui veut la peau de Roger Rabbit ironisant même sur le malheureux destin de Marvin Acme, ce pauvre homme qui n'aurait pas pu porter un tel nom de famille ! Mais, en contraste à ses purs moments de délire, le long métrage réussit quand même à offrir une intrigue complexe sans jamais virer à la parodie, contrairement à Les Looney Tunes passent à l'action qui assume, d'un bout à l'autre, son caractère survolté.

Et c'est sans doute aussi cela qui rend Qui veut la peau de Roger Rabbit aussi attachant. Que ce soit du côté des humains que des cartoons, chaque personnage est une magnifique nuance de gris mêlant étroitement un physique atypique, sans réel rapport avec sa personnalité, et qui peut à la fois être intellectuellement limité ou carrément audacieux. Le long métrage joue continuellement sur les contrastes de chaque être apparaissant à l'écran, du poivrot de service au terrible Juge Demort, en passant par l'irrésistible vamp qui n'est pas mauvaise mais juste dessinée comme ça ! Personne n'est vraiment méchant, personne n'est vraiment gentil non plus, y compris l'antagoniste principal de l'intrigue dont les desseins, purement surréalistes a priori, sont dans la droite lignée de n'importe quel cartoon digne de ce nom. La seule différence étant, bien entendu, que les conséquences sont résolument plus mortelles dans le monde réel, qu'elles ne le seraient dans un dessin animé. A contrario, Qui veut la peau de Roger Rabbit, pensé et voulu comme un film au ton adulte, reste incontestablement une oeuvre hypersexualisé et quelquefois même vulgaire (beaucoup plus dans la version québécoise que la version française d'ailleurs). A de nombreuses reprises, le spectateur est abandonné dans sa perplexité face à des sous-entendus franchement vicelards qu'aucun enfant ne peut saisir. Mais c'est aussi pour mieux les piéger quand ils découvrent la réalité des scènes passées sous silence un instant plus tôt (le célèbre "Picoti Picota", malheureusement moins percutant dans la version québécoise, en est un savoureux exemple).

Aujourd'hui, Qui veut la peau de Roger Rabbit reste toujours un subtil film d'animation qui ne peut rentrer dans aucune catégorie particulière. Mais il a le mérite de faire évoluer l'animation Disneyene au delà du sempiternel monde aseptisé qui caractérisait trop souvent les productions de la firme jusque là. Il est même d'ailleurs regrettable que le long métrage ne soit pas sorti sous le label Disney, pour toutes les bonnes et mauvaises raisons que l'on sait, car cela aurait été méritoire d'en faire le fer de lance du dépoussiérage du studio alors encore en pleine période de mal-être. Le nouvel âge d'or Disney n'est en effet survenu qu'après le triomphe en salle de Qui veut la peau de Roger Rabbit, que l'on peut considérer comme élément déclencheur de la décennie de succès qui lui succèdera. Le long métrage a également l'immense mérite d'être né et produit à la meilleure période qui soit, celle des années 1980 qui se cherchaient encore un style, sans forcément être étouffé par le politiquement correct qui sévit assez durement aujourd'hui. On aura rarement vu un film d'animation "grand public" aussi sexualisé, survolté, dépravé, alcoolisé, mature, iconoclaste, intelligent, drôle, sensible et effrayant que ne l'est Qui veut la peau de Roger Rabbit. Qu'on se le dise, le long métrage reste et restera toujours un chef d'oeuvre fabriqué, pensé et animé par et pour la gloire de l'animation, tout simplement !

Olivier J.H. Kosinski - 22 juin 2018

Bande annonce

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Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 1988)
Exploité au cinéma et à la télévision uniquement

Roger Rabbit : Sébastien Dhavernas

Eddie Valiant : Ronald France

Jessica Rabbit : Louise Portal

Dolores : Madeleine Arsenault

Juge Doom : Claude Préfontaine

Bébé Herman : Daniel Lesourd

Benny : Marc Bellier

Bugs Bunny : Sébastien Dhavernas

Donald Duck : Daniel Lesourd

Lena : Anne Caron

Lieutenant Sentino : Hubert Gagnon

Mickey Mouse : Daniel Lesourd

Mme Herman : Chantal Baril

R.K. Maroon : Jean Brousseau

Smart Ass : Sébastien Dhavernas

Doublage (France - 1988)

Eddie Valiant : Marc De Georgi

Juge Demort : Pierre Hatet

Dolorès : Denise Metmer

R.K. Maroon : Michel Modo

Lt. Santino : Michel Derain

Marvin Acme : Yves Barsacq

Raoul J. Raoul : Marcel Guido

Client noir et vétéran du bar : Tola Koukoui

Poupée de Baby Herman : Martine Meiraghe

Policier : Gilbert Levy

Raoul J. Raoul : Marcel Guido

Roger Rabbit : Luq Hamet

Jessica Rabbit : Tania Torrens

Baby Herman : Richard Darbois

Balle Toon : Richard Darbois

Benny le Taxi : Claude Joseph

Sam le Pirate : Claude Joseph

Stupid, la fouine avec sa batte de baseball : Claude Joseph

Balle Toon : Claude Joseph

Smart Guy : Philippe Peythieu

Psycho, fouine à la camisole : Philippe Peythieu

Wheezy, fouine qui fume : Philippe Peythieu

Balle Toon : Philippe Peythieu

Greasy, fouine en costume vert : Gilbert Levy

Bugs Bunny : Guy Pierauld

Woody Woodpecker : Guy Pierauld

Mickey Mouse : Vincent Violette

Betty Boop : Monique Thierry

Daffy Duck : Pierre Trabaud

Titi : Arlette Thomas

Grosminet : George Aminel

Mère de Baby Herman : Martine Meiraghe

Belle Helene : Martine Meiraghe

Porky Pig : Jean Droze

Donald Duck : Michel Elias

Sources :
Doublage au Québec
Forum Doublage France

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