Toy Story 2 sort le 24 novembre 1999 au Québec, puis le 2 février 2000 en France, dans deux doublages francophones propres à chacun des deux publics.
Alors que Mattel avait délibérément snobé Toy Story en 1995, il n'a cette fois pas pu résister à accorder une licence à Disney pour que figure dans le long métrage sa célèbre poupée Barbie. Si Barbie a déjà connue quelques apparitions en animation traditionnelle, c'est bel et bien avec Toy Story 2 qu'elle débute sa prolifique carrière vidéo !
Woody, le cow-boy à la démarche déhanchée, reste le jouet préféré d’Andy, même si aujourd’hui Buzz partage cette amitié. Toujours chef de bande, Woody protège et rassure tous les jouets de la chambre. Kidnappé par un collectionneur sans scrupules, Woody va découvrir qu’il fut jadis une vraie star. Après maintes péripéties, il va être confronté à la décision la plus importante de sa vie: rentrer chez lui pour retrouver Andy et les jouets ou rester pour devenir une pièce rare de musée.
Je ne m'en suis jamais caché, je n'ai jamais été amateur de Toy Story premier du nom, ni à sa sortie en salle, ni plusieurs années après, ni aujourd'hui. Je lui consède tout le mérite qui lui est dû en tant que film pionnier dans l'animation assistée par ordinateur, mais je n'ai jamais réellement pu accrocher à son scénario. Quelques années après, j'ai apprécié 1001 Pattes, mais il ne m'a pas transporté lui non pas. A deux reprises donc, je ne parvins pas à m'émouvoir des productions signés Pixar . Contre toute attente, Toy Story 2 a absolument tout changé ! Il a été le premier film de ma réconciliation avec le studio, qui sera de courte durée puisqu'elle n'ira pas au-delà de Monstres & Cie en 2002. Toy Story 2 est, et restera longtemps, la plus belle claque qui m'a été donné de voir sur grand écran ! A commencer par sa célèbre et déstabilisante introduction qui nous plonge dans l'infini du cosmos, aux côtés d'un inoubliable Buzz l'éclair qui poursuit sans relâche l'infâme Zurg ! Un prologue tout bonnement ébouriffant qui enchaîne, en moins de cinq minutes des dizaines de références tout à fait succulentes. C'est alors que l'ingéniosité Pixar nous ramène soudain à la réalité en bernant totalement ses spectateurs, tout en donnant le ton de ce que le reste du long métrage sera. Une immense aventure qui va aller crescendo jusqu'à sa merveilleuse apothéose. Je n'aime pas Toy Story ? Qu'à cela ne tienne, vive Toy Story 2, son éminent successeur !
A l'époque de sa conception, pourtant, Toy Story 2 a tout de l'entourloupe monétaire. L'immense géant Disney est à cette époque au sommet de sa forme, ne se préoccupant pas encore du virage 3D qu'il va complètement rater peu de temps après. Disney truste également le sommet des ventes vidéos dans des suites qui ne sont, à ce moment là, pas encore perçues comme particulièrement médiocres pour rester poli. C'est d'ailleurs en interne chez Disney que Toy Story 2 est dans un premier temps développé, car Disney détient l'exclusivité des droits sur les personnages, l'univers et les scénarios de toute production en rapport avec eux. John Lasseter s'en inquiète rapidement, il propose alors que ce soit le studio Pixar qui s'en occupe. Problème, Disney considère à ce moment là que ce Toy Story 2 ne peut en aucun cas faire parti de leur contrat initial qui prévoyait une collaboration de trois longs métrages 3D. Ceci en raison d'une belle entourloupe, Michael Eisner jouant sur les mots par rapport à ce contrat qui prévoyait que chaque long métrage devait obligatoirement être contés dans des univers différents. Toy Story 2 réutilisant des personnages et un univers déjà préexistants, il échappe donc à tout contrôle pour le trop jeune studio Pixar qui n'a pas les épaules pour rivaliser avec le géant du divertissement, encore moins lui imposer son point de vue. John Lasseter et Steve Jobs vont cependant réussir à imposer une unique condition : si cette suite doit se faire, qui plus est chez Pixar , elle doit reposer sur une histoire qui tienne la route. Auréolé par le certain succès critique et public de Pixar , Michael Eisner va prendre acte de cette condition mais ses relations avec Steve Jobs vont à partir de là commencer à se détériorer, jusqu'à atteindre un vrai clash quatre ans plus tard.
La conception houleuse de Toy Story 2, accentuée par un délai de production étriqué imposé par Disney (à peine neuf mois!), met clairement le studio Pixar dans un profond embarras. Cela va cependant créer une véritable ébullition parmi les artistes, pourtant éreintés par la double production de 1001 Pattes (version cinéma et version vidéo). Ils souhaitent en effet offrir quelque chose de bien meilleur que la première fois, ils cherchent donc naturellement à atteindre la perfection. C'est à John Lasseter que l'on doit l'idée de base du scénario : quel avenir existe-t-il pour un jouet lorsqu'un enfant se détourne de lui ? Être exposé derrière une vitrine d'un musée, est-ce alors son seul avenir ? A partir de cette première ébauche, Pixar va bâtir tout autour une immense histoire pleine de rebondissements et surtout, baigné d'émotions. C'est en effet cet élément qui m'a ému pour la toute première fois en 2000 chez Pixar . Quelque chose que j'ai beaucoup de peine à retrouver chez la plupart de leurs productions au-delà de Monstres & Cie, qui m'empêche depuis à m'attacher à ce studio et explique pourquoi leurs films auront du attendre dix années pour obtenir des analyses dignes de ce nom ! Toy Story 2 est à mes yeux leur premier film qui dégage une profonde intensité narrative, au point d'obliger le spectateur que je suis à m'attacher définitivement aux personnes, qu'ils soient nouveaux comme anciens. Un exploit que l'on doit à un habile... rembobinage !
Toutes les meilleurs suites ont généralement ce point en commun. Plutôt que de créer un histoire qui se déroule exclusivement après les évènements contés dans l'oeuvre originale, elles préfèrent au contraire insérer des évènements antérieurs pour les raccorder à la nouvelle intrigue. C'est un schéma récurrent dans le monde littéraire, télévisuel et cinématographique, qui permet au spectateur de penser que certaines situations et certains personnages préexistaient déjà auparavant, même si on ne les avais jamais vu jusque là. Dans Toy Story 2, il est ainsi question de la série télévisée Western Woody qui va servir de point d'encrage au récit. Cette série permet de cristalliser le point essentiel de l'idée qu'avait eu John Lasseter pour le film. Elle permet de confronter les différents points de vue que peut avoir un humain sur ses jouets : sont-ils de simple accessoires d'amusement ? Des objets de collection ? Ou bien ont-ils une grande valeur mercantile ? Toy Story 2 tranche bien entendu cette question quand le récit se termine, mais il ne le fait que de manière très subtile, après de nombreuses remises en question des personnages. Même si on ressent au fond de nous quelle sera cette conclusion, Pixar s'ingénie à faire douter ses spectateurs, en multipliant les rebondissements ingénieux. Une vrai prouesse !
En seulement quatre années qui séparent Toy Story de Toy Story 2, la qualité de l'image assistée par ordinateur a fait une impressionnante progression. A la seule réelle exception de la famille d'Andy vraiment trop rigide et qui accuse toujours son âge technique « préhistorique », le studio Pixar a totalement repoussé les frontières de la narration animée en 3D pour son troisième long métrage. Pour y parvenir, Pixar triche quelque peu ! C'est en effet avec Toy Story 2 que le studio a contourné les limites technologiques de l'époque en introduisant pour la première fois un univers à moitié réaliste et à moitié caricatural. Tout au contraire de Toy Story qui s'efforçait d'être aussi proche de la réalité que possible, Toy Story 2 a une approche visuelle que je qualifierai de surréelle, faute de trouver un meilleur qualificatif. L'énorme avantage de cette approche est de rendre le film unique, détaché de toutes considérations réalistes, car celles-ci plombent la perception du spectateur pour un film qui se veut trop réel bien des années après. Plus de seize ans plus tard, la preuve en est que Toy Story 2 tient toujours parfaitement la route, ceci même alors que la technologie 3D a repoussé les limites du possible. Ce que ne peut franchement pas se vanter son prédécesseur Toy Story. En terme de mise en scène, Toy Story 2 est un film virevoltant qui dépasse toutes les possibilités de l'imagination. Plongé, contre-plongée, panoramique, travelling, caméra subjective, montage rapide ou lent, Toy Story 2 expérimente à peu près toutes les possibilités sans que jamais cela ne frise ni l'overdose ni le mauvais goût !
Pour servir son intrigue, Pixar introduit un nombre assez considérable de nouveaux personnages, en tête desquels figurent bien entendu les jouets Western Woody. Alors que l'on aurait pu craindre le pire, en pensant qu'il s'agit d'un banal clone de Woody, c'est sans équivoque Jessy qui remporte la palme du personnage le plus passionnant du récit. Pleine d'entrain, exubérante, voire même caractérielle, Jessy est le premier personnage féminin majeur conçu par Pixar . C'est d'ailleurs l'autre particularité que j'ai toujours trouvé rebutante de la part de Pixar . Dans la majorité de leurs intrigues, les personnages féminins sont systématiquement relégués à des rôles figuratifs, figés dans la caricature, si tant est que Pixar ne les élimine pas dès le début du récit histoire de ne pas s'encombrer d'elles. Jessy est au contraire un personnage de premier plan formidable, qui cache derrière une apparente bonne humeur une profonde blessure. Elle se laisse convaincre par le Chercheur d'or que son avenir est ailleurs. Tout du moins jusqu'à ce que Woody lui fasse entrevoir une troisième possibilité qu'elle n'avait pas imaginée possible jusque là. Pixar fait de Jessy un personnage... profondément humain. Elle qui n'avait jamais été vu jusqu'à Toy Story 2 ne peut qu'être immédiatement adopté par tous les spectateurs, comme si elle avait toujours été là !
L'un des gros travers de Toy Story était sa bande originale. Pixar fait cependant à nouveau appel à Randy Newman pour composer celle de Toy Story 2. Celui-ci va cette fois réaliser quelque chose d'un peu plus discret, une sorte de musique d'ambiance qui se contente avant tout d'appuyer l'action qui se déroule à l'écran. En soit, je trouve que c'est une très belle approche. Cela a certes pour défaut de ne pas rendre ses compositions mémorables (encore que, certains airs restent longtemps en mémoire), mais elles permettent de plonger plus facilement le spectateur dans le déroulement du récit. Toy Story forçait trop sur la dose, tentant de truquer et brusquer si mal la perception du spectateur que la plupart des séquences émotives n'atteignaient pas leur objectif. Par exemple « Jamais plus je ne volerais » ne fonctionnait du tout, car elle était trop faussement larmoyante pour Buzz l'éclair, découvrant qu'il n'était qu'un jouet. Randy Newman reprend le même principe narratif avec « Quand elle m'aimait » mais, cette fois, la portée de la chanson est tout autre. Elle emmène le spectateur dans les pensées profondes de Jessy. On est ému parce que l'on souffre autant qu'elle à son histoire, parce que l'on a tous, un jour ou l'autre, connu ce même profond désarroi d'avoir perdu quelqu'un qui comptait pour nous.
Pour terminer, Toy Story 2 est indéniablement un long métrage qui dépasse absolument toutes les espérances des spectateurs. Il repousse également toutes les limites de la narration animée en 3D, osant même surpasser d'une très large tête son aîné produit à peine quatre ans plus tôt. En cela, Toy Story 2 peut s'enorgueillir d'être une suite formidable, qui peut à la fois vivre par elle-même, tout comme compléter dignement l'histoire du premier film. Toy Story 2 a toutes les caractéristiques du chef d'oeuvre réalisé par le studio Pixar , l'un des deux seuls de cet acabit à mes yeux avec Monstres & Cie (que je lui préfère, mais vraiment de très très peu). Et alors que j'aurais pu craindre un vrai naufrage une décennie plus tard, même l'inoubliable Toy Story 3 n'arrive pas à renouveler l'exploit accomplit par Toy Story 2, ni le trahir une seule fois. Bref, un incontournable !
Olivier J.H. Kosinski - 30 septembre 2016
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Doublage (Québec - 2000)
Woody : Alain Zouvi
Buzz Lightyear : Mario Desmarais
Barbie : Christine Bellier
Jessie the Cowgirl : Violette Chauveau
Stinky Pete : Raymond Bouchard
Madame Patate : Mireille Thibault
Al le Collectionneur de Jouets : Marc Bellier
Mme. Davis : Natalie Hamel-Roy
Andy : Kim Jalabert
Bo Peep : Nathalie Coupal
Wheezy : Bernard Fortin
Hamm : Benoit Rousseau
M. Patate : Louis-Georges Girard
Rex : François Sasseville
Empereur Zurg : Éric Gaudry
Slinky Dog : Carl Béchard
Doublage (France - 2000)
Woody : Jean-Philippe Puymartin
Buzz L'éclair : Richard Darbois
Jessie : Barbara Tissier
Jessie : Myriam Abel Morea (Chant)
Papi Pepite : Dominique Paturel
Zig Zag : Jacques Balutin
Rex : Henry Guibet
Bayonne : Patrick Prejean
Al : Jacques Frantz
L'empereur Zorg : Laurent Gamelon
Andy Davis : Paul Nivet
Mère d'Andy : Isabelle Ganz
Mr. Patate : Jean-Pierre Denys
Mme Patate : Arlette Thomas
Siffli : Thierry Wermuth
Siffli (chant) : Daniel Beretta
La Bergère : Vanina Pradier
Sergent : Marc Alfos
Le Nettoyeur/Alien/Voix Pub : Jean-Claude Donda
Barbie Hotesse : Marie Vincent
Alien : Adrien Antoine
Alien : Christophe Lemoine
Justine : Kelly Marot
Soliste :
- Georges Costa
- Michel Costa