Avant d'obtenir son nom définitif, Disney a beaucoup tatonné pour lui trouver un titre. Initialement annoncé sous le titre tout simple Peter Pan 2, le film est ensuite renommé en Retour au Pays Imaginaire lors de sa campagne promotionnelle. Lors de sa sortie en salle, finalement, Disney décide de rattacher de nouveau le nom du personnage sur tous les posters, le titre devient alors Peter Pan dans Retour au Pays Imaginaire. Ce n'est que pour ses sorties vidéos que le film adopte son titre définitif actuel Peter Pan 2 - Retour au Pays Imaginaire. Il sort en salle au Québec le 15 février 2002, puis le 14 août 2002 en France. Le film dispose de deux doublages francophones.
Notons que c'est dans ce film que nous entendons pour la toute dernière fois Nathalie Fauran, célèbre à l'époque pour avoir remporté avec succès le casting national pour donner sa voix à Mélodie dans la version française de La petite sirène 2 - Retour à l'océan. Elle y interprête la chanson titre qui ponctue le film et son générique de fin. Depuis lors, excepté une assez brève carrière en solo, elle n'a plus été contactée par Disney, ni contribué à aucun autre film d'animation.
Wendy a grandi, elle s'est mariée et a eu deux enfants. Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, elle raconte chaque soir à ses enfants les fabuleuses aventures de Peter Pan. Mais Jane, son aînée âgée de 12 ans, au caractère affirmé, refuse de croire à ces contes de fées. Jusqu'au jour où le Capitaine Crochet l'enlève, pensant avoir à faire avec Wendy, et l'emmène de force au Pays Imaginaire où elle va servir de monnaie d'échange. Arrivée là-bas, alors qu'elle ne le sait pas encore, Jane va devoir apprendre à croire en ce qu'elle n'a jamais voulu croire...
C'est étrange de revoir ce long métrage après d'aussi nombreuses années. Je m'en souvenais encore relativement bien, mais cela reste quand même assez troublant. Pourquoi ? Parce qu'il s'agissait ici de la concrétisation d'une immense tragédie commerciale, totalement invraisemblable quand on y repense, mais ô combien satisfaisante pour les actionnaires du groupe Disney. Aucune réelle ambition, très peu de moyens, mais un retour sur investissement absolument phénoménal, disons même carrément effronté. La stratégie de Michael Eisner s'avérait furieusement intelligente, d'un point de vue purement financier. Et tant pis si le mythique studio de Mickey était écorné au passage, quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, l'opération était totalement rentable. Mais si, au départ, les suites des grands classiques du studio d'animation avaient encore la belle excuse d'être des produits de consommation de seconde zone, relégués au seul marché de la vidéo, le phénomène autour de ces suites est tel que Disney Television Animation ne cache plus du tout son but de produire un vrai film spécialement pour le cinéma. Depuis cette époque, on considère que Peter Pan 2 - Retour au Pays Imaginaire a été la première concrétisation cinéma de cette ambition dévorante du profit Disney en capitalisant sur ses anciennes gloires. Cette affirmation est évidemment à moitié vraie. Il y a déjà eu par exemple Les aventures de Tigrou, deux ans plus tôt, un très bon film d'ailleurs, qui eut l'honneur d'une distribution en salle. Cependant, la saga de Winnie l'ourson a toujours été associée au très jeune public, de fait, on n'a jamais vraiment retenu ce film comme la première vraie entrée en matière. D'abord imaginé comme un film pilote d'une série télévisée animée "Peter et Wendy", le projet initial est finalement totalement repensé : Tigrou est passé par la petite porte, Peter Pan, lui, devait franchir la grande !
Peter Pan, version Disney, est incontestablement une icône auprès du public mondial. Tous les projecteurs se sont donc braqués sur l'annonce d'une première suite officielle au long métrage de 1953. Contrairement à Winnie et sa bande, il était évident que porter une suite au premier film sur grand écran allait attirer vers lui tous les regards, du plus jeune fan, mais surtout des plus vieux qui n'allaient probablement pas manquer d'emmener leurs enfants, voire leurs petits enfants, découvrir la première suite de leur personnage préféré. Le timing était d'ailleurs extrêmement parfait, cela faisait exactement dix ans que le premier film avait été présenté à nouveau en salle, en 1992. Juste assez de temps pour qu'au moins deux générations de spectateurs s'y intéressent, les grands avec leurs enfants, et les enfants qui avaient grandis avec et rêvant de voir cet opus numéro 2. Disney n'hésite d'ailleurs pas à capitaliser sur le personnage, même si la compagnie semble se rendre compte qu'elle marche sur des oeufs, car elle tâtonne un peu autour du titre du film, particulièrement en France, où le film va porter jusqu'à quatre titres différents entre son annonce initiale, sa sortie en salle et sa sortie vidéo. De très nombreux articles de presse sont même consacrés au film, avec une grande majorité d'entre eux indiquant qu'il s'agissait là de rien de moins que la plus belle suite produite par Disney Television Animation ! Est-ce qu'ils l'avaient réellement vu avant d'écrire ça ? Avec 20 ans de recul, on pourrait croire que non. Il n'empêche que la plupart n'avait effectivement pas totalement tort.
En 2002, quand on assistait pour la première fois à une séance de ce long métrage, on avait donc les yeux remplis d'espoirs. Ceux qui ont connu la période se souviennent sans nul doute que, malgré les doutes, on gardait encore en nous une forme d'espoir autour des suites Disney. Sans aller jusqu'à l'aveuglement collectif, nous acceptions presque les yeux fermés ces suites. Ne sommes-nous pas les premiers responsables du triomphe de Le retour de Jafar, rappelons-le, la VHS la plus vendue en 1994 et de tout ce qui a découlé ensuite ? Aujourd'hui, on nous qualifierait d'imbéciles qu'on ne pourrait pas y trouver à redire. Que penserons-nous d'ailleurs dans le futur de la génération actuelle qui vit exactement la même chose, mais en version Live plutôt qu'en forme de suite ? Il n'empêche, Peter Pan 2 - Retour au Pays Imaginaire a énormément bénéficié d'un phénomène d'acceptation généralisé, faisant de ce long métrage Disney Television Animation parmi l'un des rares à bénéficier d'une sorte de passe droit. Extrêmement rares sont ceux qui ne l'apprécient pas. Pourtant, on part vraiment de loin avec ce film, à commencer par son animation pas toujours très heureuse. C'est bien simple, la première chose qui traverse l'esprit du spectateur un peu avisé lorsque Peter Pan apparaît à l'écran, c'est, ni plus ni moins, "Mais quelle sale tête il a !". Par la suite, on se surprend pourtant à suivre les pérégrinations de Jane au Pays Imaginaire sans vraiment le regretter. A tel point qu'on finit par se dire que, aussi inutile soit-il, Peter Pan 2 - Retour au Pays Imaginaire reste étonnamment acceptable.
Un tour de force que l'on doit à deux choses en particulier. La première, c'est le prolongement du mythe du passage à l'âge adulte, reproduit ici avec une extrême habileté par rapport au film de 1953. Peter Pan 2 - Retour au Pays Imaginaire s'inscrit ainsi dans la réalité de la Seconde Guerre mondiale. L'équipe Disney fait l'étonnant choix de ne pas du tout éluder cette sombre époque. Au contraire, le scénario du film fait en sorte de se servir de ce propos pour construire le personnage de Jane, la fille de la célèbre Wendy Darling. Comme il a toujours été de tradition dans toutes les suites Disney, on retrouve ici le propos du premier film légèrement renversé. A l'époque, Wendy refusait catégoriquement de devenir une adulte, mais elle réalisait qu'on ne pouvait pas vraiment lutter contre le temps qui passe. Dans ce film, Jane est au contraire une enfant qui veut absolument devenir adulte le plus vite possible. Mais pour cela, elle étouffe son étincelle enfantine. Tout le propos du film est justement de réussir à la faire briller à nouveau, afin qu'elle arrête de vouloir grandir trop vite malgré toute la tragédie qui se passe autour d'elle. La seconde, c'est parce que Peter Pan 2 - Retour au Pays Imaginaire propose quelques effets de mise en scène savamment orchestrés à l'écran, bien plus ambitieux techniquement parlant que la plupart des anciennes suites qui n'étaient que de purs produits de consommation. Je garde toujours une belle place de choix à la scène d'introduction du film, où le Jolly Roger tente d'échapper aux affrontements dans la ville de Londres. Même si la technique 3D a pris un coup de vieux, cette longue scène reste encore une très belle prouesse visuelle pour Disney Television Animation.
Lorsque tout ce petit monde finit par arriver au Pays Imaginaire, il est vrai que le mirage qualitatif du début du film s'évanouit en un éclair. On se retrouve alors, assez brutalement, renvoyé aux suites mercantiles de peu d'ambition. C'est joli, mais guère mieux. Mais si le film est qualitativement assez limité, il faut admettre que ce défaut est assez bien contrebalancé par les personnages. Jane, notamment, est un tout nouveau personnage vraiment très sympathique. A mille lieu de ressembler à sa mère, la jeune fille se trouve propulsée dans un monde auquel elle ne croyait pas. Rectification, un monde auquel elle refusait de croire. La dynamique entre elle, Peter Pan, les enfants perdus et Clochette s'en trouve donc complètement renversée. De façon assez habile, le film établit même un parallèle entre son refus de croire en Clochette, qui a de lourdes conséquences au Pays Imaginaire, et le coup de colère de Jane envers son petit frère Daniel avant qu'elle ne soit enlevée. Le retour du célèbre Capitaine Crochet est aussi appréciable et, ceci, malgré sa métamorphose psychologique infantile assez mal engagée. Comme pour le pauvre Shang, Crochet se voit ici quasiment transformé en personnage de cartoon. Pourtant, étonnamment, cela fonctionne dans le film. Quand bien même Crochet doive affronter sa nouvelle némésis la pieuvre géante (plutôt drôle à vrai dire), on retrouve parfaitement, le temps de quelques moments, le Crochet qu'on connaissait avant. Particulièrement dans son habituel jeu de manipulation quand il tente de convaincre Jane de se rallier à sa cause, mais, surtout, lors de ce bref instant où une vraie pulsion meurtrière traverse fugacement ses yeux à la fin du film. Je reconnais qu'à cet instant précis, Disney Television Animation m'a totalement bluffé.
Inutile, prétentieux (comme il m'est arrivé de le lire dans certains articles de presse de l'époque), pas totalement mémorable, Peter Pan 2 - Retour au Pays Imaginaire n'est effectivement pas vraiment un long métrage qui arrive à détrôner, ni égaler, le film de 1953. Toutefois, le long métrage parvient à ne pas écorner le mythe, et prolonge, voire conforte, quelques bonnes idées autour du personnage de Jane. Si les chansons souffrent d'une adaptation francophone assez délicate, et qu'aucune d'entre elles ne reste en tête comme celles de l'époque, la bande originale par contre, composée par Joel McNeely, offre quelques très beaux moments musicaux ça et là durant le film. Le long métrage parvient aussi, de temps en temps, à composer de très belles scènes à commencer par le très touchant moment de retrouvailles entre Peter Pan et Wendy qui ponctue la toute fin du film. Dès lors, bon gré, mal gré, Peter Pan 2 - Retour au Pays Imaginaire se construit petit à petit une bonne réputation, rendant difficile de remettre en cause son existence, même aujourd'hui. Dans tous les cas, son succès en salle à travers le monde, n'a fait que conforter l'empire Disney qu'il n'y aurait désormais plus aucune limite à spolier son glorieux passé. De ce succès est ainsi né un tout nouveau département, le bien peu populaire DisneyToon Studios, qui allait s'occuper à plein temps de produire des suites à tout va.
Olivier J.H. Kosinski - 13 mars 2021
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Doublage (Québec - 2002)
Peter Pan : Sébastien Reding
Jane : Kim Jalabert
Capitaine Crochet : Hubert Gagnon
M. Mouche : Jacques Lavallée
Wendy : Isabelle Leyrolles
Edward : François Trudel
Les jumeaux : Rosine Chauveau-Chouinard
Danny : Léo Caron
La Guigne : Maxime Séguin-Durand
Le Bon Zigue : Severa Shannon
La Plume : Théo Riche
Choeur des garçons perdus :
- Arnaud Glounez-Brosseur
- Simon Houle-Gauthier
- France Lefevbre
- Catherine Léveillé
- Alexandre Provencher
Doublage (France - 2002)
Peter Pan : Hervé Rey
Jane : Noémie Orphelin
Capitaine Crochet : Philippe Catoire
Monsieur Mouche : Patrice Dozier
Wendy Adulte : Barbara Delsol
Wendy Enfant : Noémie Orphelin
Danny : Charlie Combette
Edouard : Pierre Tessier
Le Frisé : Mathias Mella
Bon Zigue : Sajan Gardeux
La Plume : Maxime Nivet
Les jumeaux : Kelyan Blanc
Narrateur : François Berland
Soliste : Nathalie Fauran
Voix additionnelles :
- François Berland
- Raoul Delfosse
- Gérard Dessalles
- Bertrand Liebert
- Patrick Guillemin
- Marie-Eugénie Maréchal
- Olivia Mella
- Hélène Otternaud
- Gérard Surugue
Sources :
Doublage au Québec
Planète Jeunesse