Alvin et les Chipmunks est le second long métrage mettant en scène les célèbres tamias chantant, mais le premier tourné en prise de vue réelle. Il sort en salle le 14 décembre 2007 au Québec, puis le 19 décembre 2007 en France. Le long métrage bénéficie de deux doublages francophones. Le film intégre la collection numérotée Gulli le 28 août 2013 où il porte le numéro 4.
À l'approche de Noël, le sapin où vivent trois frères tamias nommés Alvin, Simon et Théodore, est abattu et installé avec ses petits occupants dans le hall d'une maison de disques. Dave, chanteur-compositeur venu proposer une de ses chansons, repart sans le savoir avec les trois joyeux rongeurs dans son sac. Dave découvre rapidement que les trois tamias ne sont pas seulement doués pour semer la panique chez lui, ils peuvent aussi parler et surtout chanter...
Je me suis toujours demandé si l'avènement musical des Chipmunks n'avait, en réalité, pas été inspiré par Disney. D'une part, des tamias excentriques et insupportables existaient déjà dès 1943. Tic et Tac finiront même par avoir une relation chaotique avec Donald Duck qui les avait - déjà - ramené chez lui car ils vivaient sur l'arbre abattu dans la forêt. D'autre part, les voix caractéristiques des personnages, au timbre excessivement élevé, ainsi que leur propension à vouloir chanter à tout va à nous casser les oreilles, on les avaient également eu avec les souris de Cendrillon en 1950. Enfin, les couleurs des Chipmunks ressemblent étrangement à celles portées par Riri, Fifi et Loulou. Pour autant, bien que Alvin, Simon et Théodore soient officiellement nés en 1958, aucune biographie que j'ai lues ne fait la moindre mention à une quelconque filiation Disney. Tout au contraire, celles-ci préfèrent raconter qu'il s'agit du résultat d'expérimentations musicales. Ross Sr Bagdasarian s'amusait ainsi à écrire des musiques en augmentant le tempo de ses propres enregistrements, mais sans corriger la tonalité de sa voix. Son premier succès, qui date d'avril 1958, est alors "Witch Doctor" où, sous le nom de scène David Seville, il demande des conseils amoureux à une sorte de sorcier vaudou qui lui répond, dans le refrain, avec une voix suraiguë. En réalité, la chanson qui semble être un duo, est intégralement chantée par Ross Sr Bagdasarian qui avait modulé sa voix pour interpréter le rôle vocal du sorcier. Ainsi combinées, sa voix normale et sa voix trafiquée se répondent l'une l'autre. Succès inattendu, "Witch Doctor" se classe premier du Top 100 musical Américain, comme Canadien. Deux mois plus tard, en juin 1958, il récidive avec le titre "The Bird On My Head". Le style de cette chanson est cette fois un peu plus "cartoon" que la précédente, puisqu'elle aurait parfaitement pu faire l'objet d'un court métrage humoristique. Dans le texte, un homme et un oiseau chantent en choeur, l'un comme l'autre se morfondant sur leurs vies respectives, le premier n'ayant ni maison ni fondé une famille, l'autre ni arbre où se poser et ayant oublié comment voler. La période de Noël approchant, germe alors l'idée d'un groupe de tamias chantant, les Chipmunks en anglais.
C'est là que les biographies semblent se perdre sur l'origine exacte de leurs conceptions. Toujours est-il que Ross Sr Bagdasarian, toujours caché sous le nom de scène David Seville qui devient dès lors un personnage à part entière de longue durée, entame la création d'une chanson totalement originale "The Chipmunk Song". Paru le 1er décembre 1958, à quelques semaines de Noël, le morceau devient un véritable phénomène de société. 4,5 millions de copies s'écoulent en à peine une semaine. Mieux, pendant quatre années consécutives, "The Chipmunk Song" revient systématiquement dans le Top 100 des plus grands succès chaque année au mois de décembre. Ross Sr Bagdasarian tient alors sa poule aux oeufs d'or, il va rapidement développer toute une mythologie autour des personnages gravitant autour de son personnage de scène, Dave Seville, et ses "fils" Alvin, Simon et Théodore. Sans le savoir, Ross Sr Bagdasarian vient d'inventer le tout premier groupe musical virtuel au monde ! Le phénomène prend une telle ampleur que les Chipmunks se voient très rapidement concurrencés par un autre groupe de rongeurs, The Nutty Squirrels, une bande d'écureuils timbrés reposant sur le même concept, mais qui n'auront pas la même longévité médiatique. On trouve d'ailleurs un beau clin d'oeil à cette bande rivale dans Alvin et les Chipmunks à la toute fin du film. Les années passant, Alvin, Simon et Théodore multiplient leurs apparitions dans tous les médias, spectacles télévisuels, séries animées, même un long métrage animé en 1987. Tous les grands studios de l'époque se les arrachent à tour de rôle, CBS, NBC, The Samuel Goldwyn Company, Sony, Universal, jusqu'à 20th Century Fox (et Disney suite au rachat) qui est le premier à les réinventer sous la forme d'un long métrage à prise de vue réelle. C'est en effet, plus ou moins, pour relancer les compilations musicales de Chipmunks que le premier long métrage est produit. Alvin et les Chipmunks doit servir de grande vitrine publicitaire pour relancer la popularité des Chipmunks. Cela va marcher bien au-delà de toute espérance.
Prenant la forme d'un reboot, Alvin et les Chipmunks revient donc aux sources, mais avec un habillage plus moderne. L'intrigue va s'inspirer de l'histoire fictive concoctée par Ross Sr Bagdasarian pour ses personnages, à savoir que les trois tamias vont débarquer par hasard chez David Seville, désormais surnommé Dave, qui va finir par les considérer comme des membres à part entière de sa famille. Près d'un demi-siècle après leur naissance, l'ensemble est évidemment revu et modernisé en faisant intervenir un nouveau personnage sans scrupules, Ian Hawke. Celui-ci est à la tête d'une maison de disques qui, dans un premier temps, ne croit pas une seconde à la réalité des Chipmunks chantant. Par la suite, voyant à quel point leur succès est astronomique, va très vite tout mettre en oeuvre pour les exploiter et les rentabiliser au maximum. C'est assez amusant de se dire que, dans les grandes lignes, ce personnage est une réplique de celui aperçu dans Garfield, le film, produit à peine quelques années plus tôt par le même 20th Century Fox. Un autre parallèle que l'on peut faire avec le personnage de Claire Wilson, que Dave tente de reconquérir mais dont la romance ne se concrétisera finalement pas vraiment (bonne pioche sur ce point, d'autant plus que le personnage disparaît des volets suivants). Quant au reste de l'intrigue ? Ben, ce sont des chansons qui vont meubler. C'est un peu là où le bas blesse, à titre personnel. Faut vraiment se farcir de longues minutes de voix hautes perchées qui font horriblement souffrir mes tympans. Que ce soit des chansons originales ou bien des reprises de grands titres connus, les voix des Chipmunks sont vraiment insupportables à entendre. Ce qui fait normalement la force et l'attraction principale du long métrage est, tout au contraire à mes oreilles, ce qui en fait son énorme faiblesse.
Pour la partie technique, Alvin et les Chipmunks est à l'image de tous les films du même genre qui ont fleuri dès la seconde moitié des années 1990 : l'intégralité des personnages et des décors sont réels, tandis que Alvin, Simon et Théodore sont animés par l'outil informatique. Après le balbutiement de Disney avec Peter et Elliott, le dragon, puis surtout le mémorable et incontournable Qui veut la peau de Roger Rabbit, qui a placé la barre si haut qu'il reste encore inégalable dans le domaine 2D, l'incursion des personnages 3D animés dans des films de prises de vues réelles sont, depuis le début des années 2000, devenus monnaie courante. Une prise de conscience que l'on doit à Steven Spielberg et son célèbre Casper, premier personnage du genre, qui a ouvert la porte à tous les autres dès 1995. Georges Lucas et sa prélogie ayant fini par enfoncer le clou technologique. De fait, Alvin et les Chipmunks ne souffre d'aucun gros défaut. Les interactions entre les tamias virtuels et le monde réel fonctionnent durant la grande majorité du temps, seuls quelques plans ont quelques petits ratés d'incrustation ou d'animation douteuse, mais rien qui ne soit rédhibitoire. Dans les grandes lignes, visuellement en tout cas, ça reste globalement un sans faute. Les seuls gros bémols : le scénario d'abord, assez basique et peu innovant par rapport à d'autres films du même genre ; les chansons ensuite, joyeusement massacrées par les voix des Chipmunks. Mais comme je m'attendais à ce que ce soit ainsi, puisque c'est tout de même leur marque de fabrique depuis plus d'un demi-siècle maintenant, je ne peux décemment pas condamner Alvin et les Chipmunks sur ce seul critère. Parce qu'en fin de compte, ça se laisse voir même si je n'ai pas trop envie d'y revenir dans mon cas.
Olivier J.H. Kosinski - 09 septembre 2023
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Doublage (Québec - 2007)
Alvin : Hugolin Chevrette (Dialogues)
Alvin : José Paradis (Chant)
Simon : Bernard Fortin (Dialogues)
Simon : Manon Méthot (Chant)
Théodore : François Sasseville (Dialogues)
Théodore : Michel Comeau (Chant)
David "Dave" Seville : Daniel Picard
Ian Hawke : Gilbert Lachance
Claire Wilson : Catherine Bonneau
Doublage (France - 2007)
Alvin : Emmanuel Garijo (Dialogues)
Alvin : Georges Costa (Chant)
Simon : Mathias Kozlowski (Dialogues)
Simon : Michel Costa (Chant)
Théodore : Alexis Tomassian (Dialogues)
Théodore : Pascale Lafarge (Chant)
David "Dave" Seville : Jérôme Pauwels
Ian Hawke : Marc Perez
Claire Wilson : Nancy Sinatra
Amy : Isabelle Leprince
Gail : Martine Irzenski
Maman : Pamela Ravassard