Angry Birds, le film sort au cinéma le 11 mai 2016 en France, puis le 20 mai 2016 au Québec. Contrairement aux habitudes du Canada francophone de toujours traduire les titres dans la langue de Molière, ce long métrage fait exception car il fait directement référence au titre international du jeu-vidéo qui n'existe qu'en anglais. Le long métrage dispose de deux doublages francophones.
Sur une île entièrement peuplée d'oiseaux heureux et qui ne volent pas - ou presque - le colérique Red, le très pressé Chuck, et l'imprévisible Bomb ont toujours été mis à l'écart. Mais l'existence de ce groupe de parias va changer lorsque de mystérieux cochons verts arrivent sur l'île...
Angry Birds, c'est l'histoire d'un jeu-vidéo banal qui va rapidement devenir un véritable phénomène de société dépassant, de très loin, toutes les attentes de leurs concepteurs finlandais, avant que son effet de mode se tasse aussi rapidement qu'il était venu. L'idée tient d'un concept de différents types de puzzles de réflexion très addictifs, des musiques très entêtantes, des bruitages irrésistibles, le tout couplé à un humour particulièrement décoiffant. Une idée originale que l'on doit à un autre concept tout aussi révolutionnaire, celui de l'iPhone présenté par Steve Jobs en 2007. Plusieurs compagnies ont tenté depuis les origines d'intégrer des jeux-vidéo à leur téléphones portables, la plupart de ces jeux étaient évidemment très basiques, on se rappellera par exemple le célèbre Snake ou les diverses déclinaisons de Tetris. Plus proche de nous, c'est surtout la tentative ratée de Nokia, alors le concepteur dominant sur le marché mondial, avec sa N-Gage qui aura marqué les esprits avec son concept de téléphone-jeu-vidéo qui échouait à peu près autant sur les deux tableaux. Bien que le concept de tablettes et d'organiseurs personnels numériques existaient déjà dès le début des années 2000, l'iPhone a bien entendu révolutionné la manière d'utiliser un écran, cette fois entièrement tactile, là où un stylet avait toujours été nécessaire jusque-là.
Lors de sa sortie initiale, exclusivement sur l'iPhone en 2009, Angry Birds tire totalement partie de ce concept tactile en inventant un jeu tout simple : un lance-pierre en guise de propulseur, des oiseaux tout ronds qui ne savent pas voler en guise d'armes et des structures fortifiées bâties par des cochons verts voleurs d'oeufs. Le but du jeu ? Détruire les structures pour se débarrasser de tous les cochons envahisseurs, dans la limite du nombre d'oiseaux en sa possession et selon une limite de temps impartie. Le succès est tel que Angry Birds se décline jusqu'à plus soif : Halloween, Seasons, Space, Epic, Go!, j'en passe, sans oublier les partenariats avec de grands studios, comme le film d'animation Rio 2 ou les deux trilogies Star Wars. Je fais partie de ceux qui ont succombés à l'addiction de certains de ces titres, sur smartphone mais aussi sur la console Playstation Vita. Il n'en faut guère plus pour que l'éditeur Rovio Entertainment décline les Angry Birds sous tous les formats possibles et imaginables, y compris dans le monde de l'animation, d'abord en série télévisée, sans doute inspiré par le même phénomène de société qui avait propulsé les célèbres Lapins Crétins français de simples antagonistes débiles de Rayman en véritable vedettes de scène internationales quelques années plus tôt. Ils imaginent alors voir débouler les oiseaux furieux sur grand écran.
Annoncé dès 2012, au plus fort de la popularité de la franchise Angry Birds, le long métrage n'arrive pourtant sur les écrans qu'après quatre longues années de production. En 2016, Angry Birds est déjà sur la pente descendante, mais reste cependant encore une marque forte à l'international. D'ailleurs, Rovio Entertainment va même faire son entrée en bourse dès l'année suivante avant que la marque ne disparaisse peu à peu du paysage, tout en restant rentable. C'est finalement l'éditeur de jeux-vidéo japonais SEGA qui va croquer la société en 2023. En 2016 donc, Angry Birds, le film va finalement sortir sur tous les écrans de cinéma. Je fais partie de ceux qui se sont révélés sceptiques face au concept et qui ont donc totalement fait l'impasse sur le film durant de longues années. Je ne regrette pas cette décision, mais j'admets m'être beaucoup amusé lors de sa découverte. Je ne me croyais pas capable d'un tel revirement, car mon scepticisme initial est resté tenace pendant une grande partie du film. Pourtant, alors qu'une grande partie du scénario est assez indigeste, il faut admettre que cette longue mise en situation nous amène devant un final ébouriffant et tout aussi réjouissant que le jeu dont il est inspiré. Toutes les lignes narratives, tous les personnages, toutes les situations aussi absurdes soient-elles, sont en réalité conçues dans le seul et unique but d'amener les spectateurs vers cette épique conclusion. En tant qu'amateur du jeu-vidéo addictif, je reconnais avoir été absorbé par ce délirium final. Car ça fonctionne totalement ! Tout du moins, si l'on est fans du jeu, je ne sais pas si ce même délire peut fonctionner chez les non connaisseurs.
Pour un premier long métrage d'animation il faut admettre que Rovio Entertainment envoie du lourd, même s'il semble assez évident que Columbia Pictures, filiale de Sony, a sans nul doute prêté main forte à la conception du film. Le long métrage est qualitatif, ne souffre d'absolument aucun reproche, tandis que l'on apprécie particulièrement de reconnaître chacun des célèbres oiseaux alors qu'ils ont subi une transformation assez radicale. En même temps, ce n'étaient que des petites formes géométriques dans les diverses déclinaisons des jeux-vidéo. Ici, chaque personnage bénéficie d'un design réussi et crédible, leur offrant une personnalité percutante. Le scénario rend également hommage à leur "fonctions" dans le jeu de base, à savoir que chacun des oiseaux avait un rôle spécifique. Aux origines, Red étaient ainsi le personnage de base, tandis que Yellow (Chuck) pouvait accélérer subitement, Black (Bomb) pouvait exploser à l'atterrissage détruisant facilement une large partie des fortifications des cochons, Big Red (Terence) avait une forte inertie mais cassait tout sur son passage tandis que White (Matilda) était un oiseau capable d'éjecter un oeuf ce qui lui permettait à la fois de détruire ce qui était en dessous mais aussi lui offrir une poussée bienvenue dans une nouvelle direction dévastatrice. D'autres oiseaux sont venus enrichir le bestiaire au fil des ans, dont Mighty Eagle (Aigle Vaillant), Pelican (Hal) ou Pink (Stella), on retrouve chacun d'eux dans le film, dans un rôle qui lui correspond, y compris le trio Blue qui sert de running gag tout au long du film.
Au final, Angry Birds, le film est un gros délire assumé, dont l'approche purement mercantile de Rovio Entertainment est cependant diluée par une mise en scène délirante et, surtout, par un long final qui rend totalement hommage au jeu-vidéo dont il s'inspire. On pourra reprocher au long métrage d'avoir une mise en situation particulièrement longue, mais il faut admettre que les personnages sont tellement délurés que l'on finit par se laisser emporter par le délire ambiant. J'ignore vraiment si cela peut fonctionner aussi bien pour les non connaisseurs, mais j'ai finalement pris plaisir à retrouver les mêmes sensations délirantes que sur les centaines d'heures que j'ai pu passer sur les différents opus vidéoludiques.
Olivier J.H. Kosinski - 07 avril 2024
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Doublage (France - 2016)
Red : Omar Sy
Chuck : Julien Crampon
Bombe : Serge Biavan
Matilda : Audrey Lamy
L'aigle Vaillant : François Berland
Léonard : Michel Papineschi
Stella : Marie Tirmont
Le juge : Frantz Confiac
Shelby : Cathy Cerdà
Early Bird : Jean-Marc Charrier
Blue : Aurélie Fournier
Ross : Emmanuel Garijo
Voix additionnelles :
- Guillaume Lebon
- Marie Zidi
- Mathieu Albertini
- Jean-Luc Atlan
- Michael Aragones
- Virginie Caliari
- Simon Faliu
- Max Foviau
- Paloma Josso
- Dominique Lelong
- Fabrice Lelyon
- Richard Leroussel
- Gaëlle Marie
- Jean Rieffel
- Pénélope Siclay
- Jérôme Wiggins
Doublage (Québec - 2016)
Red : Tristan Harvey
Mighty Eagle : Thiéry Dub
Chuck : Rachid Badouri
Léonard : Manuel Tadros
Juge Peckinpah : Guy Nadon
Bombe : Patrick Chouinard
Matilda : Anne-Élisabeth Boss