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Warner Bros Pictures
Animatrix

Animatrix est une compilation de neufs courts métrages supervisés par le duo Wachowski et conçu de façon à étoffer l'univers de Matrix tout en servant de passerelle menant vers Matrix Reloaded et Matrix Revolutions. La compilation sort au Québec le 04 juin 2003, puis le 12 juin 2003 en France.

Le premier court métrage de la compilation, Le dernier vol de l'Osiris, fait l'objet d'une analyse séparée que je vous invite à consulter à l'occasion.

L'intrigue

Plongez-vous dans la genèse de la Matrice et découvrez les dernières villes de l'espèce humaine, la guerre contre les machines et la destruction finale de l'humanité. Soyez les témoins du dernier vol de l'Osiris. Accédez enfin à une connaissance approfondie de la Matrice comme il en existe nulle part ailleurs...

Analyse de l'oeuvre

Lorsque Matrix sort en salles en 1999, il révolutionne la science-fiction et le cinéma d'action. Le duo Wachowski, qui écrit et réalise le long métrage, puise ses inspirations dans le cinéma japonais, particulièrement dans le milieu de l'animation et des arts-martiaux, tout en expérimentant de toutes nouvelles façons de filmer. Bien qu'il ne s'agissait pas d'une nouveauté, c'est bien Matrix qui popularise l'effet spécial bullet time qui consiste, non pas à filmer une scène, mais à en photographier chaque séquence depuis un angle sensiblement différent avec une multitude d'appareils photos. Une fois le montage effectué, cela donne à la fois une impression de ralenti mais, surtout, fait croire que la caméra virevolte autour des acteurs. Un effet spécial alors impossible à réaliser avec une caméra classique, que seuls les films d'animation avaient su produire jusque là. L'apothéose du genre ayant été la magnifique séquence de sauvetage d'Esméralda dans Le bossu de Notre-Dame, où la caméra suivait toute l'action de Quasimodo comme s'il s'agissait d'un grand plan séquence. Auréolé d'un succès sans précédent, surtout pour une toute nouvelle franchise inédite, les Wachowski se voient offrir la possibilité d'enrichir considérablement leur univers. Le duo conceptualise alors ce qui peut être raisonnablement considéré comme la première grande oeuvre cinématographique transmédia : un univers Matrix tentaculaire éparpillé sur différents supports dont il faut tout connaître pour bien saisir l'ensemble de leurs idées. Alors que les Wachowski développent un Matrix 2, qui sera plus tard scindé en 2 films, le duo développe en parallèle deux oeuvres ambitieuses : Animatrix, qui nous intéresse ici, et le jeu-vidéo Enter The Matrix.


Le jeu Enter The Matrix

Chacune des deux oeuvres développent des aspects scénaristiques essentiels qui apportent soit un nouveau regard sur Matrix, soit introduisent des éléments importants à Matrix Reloaded. Enter the Matrix est ainsi une oeuvre parallèle à ce dernier, dans la mesure où l'ensemble de l'intrigue suit exactement la même unité de temps. Les personnages du film se croisent ainsi à des moments clés du récit, tandis que l'on peut ensuite découvrir ce qu'il advient de Niobe, Ghost et Sparks dans le jeu pendant que Morpheus, Trinity et Neo poursuivent leurs aventures dans le film. Même si le jeu s'avère une vrai catastrophe en terme de jouabilité - l'ayant subi à sa sortie, je peux en témoigner -, Enter the Matrix reste une oeuvre atypique mais intéressante d'un point de vue narratif car elle éclaire de nombreuses zones d'ombres que les films ont volontairement laissés de côté à l'époque. Les raccords narratifs entre les deux oeuvres sont d'ailleurs très pertinents, puisqu'ils permettent d'éclairer des moments qui semblent, pour ceux qui ne connaissent que les films, sortir tout droit du chapeau. Animatrix suit la même logique, mais s'intéresse plus particulièrement à "l'avant". Hormis la toute première séquence qui ouvre les festivités, à savoir Le dernier vol de l'Osisis (qui fait l'objet d'une analyse séparée que je vous invite à lire à l'occasion) qui sert de passerelle entre Matrix et Matrix Reloaded, l'ensemble des huit autres courts métrages de cette compilation atypique viennent explorer le passé de tous les protagonistes.

La seconde renaissance, seul double épisode de la compilation, ouvre le bal en remontant aux origines de la Matrice. Les Wachowski invitent les spectateurs à remonter très loin dans le passé, à une époque où l'être humain était encore la seule espèce dominante de la planète. Tout se passe bien, jusqu'au moment où l'humain développe les prémices de l'Intelligence Artificielle, dès lors tout déraille. Dans les grandes lignes, les Wachowski ne développent rien de fondamentalement nouveau dans le concept de l'humain face à la machine. Ce type d'univers dystopique a été mainte fois abordé dans la science-fiction, littéraire, télévisuelle comme cinématographique. Dans tous les cas de figure, l'avènement de l'IA entraîne la dégénérescence implacable de l'humanité. Là où La seconde renaissance innove, c'est dans la façon dont l'IA se rebiffe. Ayant toujours une longueur d'avance sur l'esprit humain, le monde robotique anticipe chacune des actions humaines. Tandis que l'humain développe de plus en plus d'idées insensées, plutôt que de trouver un terrain d'entente, l'humanité toute entière referme le piège sur elle-même. Et chacune de leurs actions d'éclats ne se révèlent au final qu'un clou de plus sur leur propre cercueil. Réalisé par Mahiro Maeda, pour le studio japonais Studio 4°C, La seconde renaissance mêle habilement l'animation 2D et l'animation 3D, principalement en cel shading, avec une bascule progressive vers le tout 3D. L'effet est à la fois réussi et très pertinent, l'ensemble restant d'ailleurs toujours convainquant 20 ans plus tard.

L'histoire de Kid s'intéresse plus particulièrement à un personnage secondaire qui apparaît dans Matrix Reloaded et Matrix Revolutions. C'est le second court métrage, après Le dernier vol de l'Osisis, dont l'intrigue se déroule après les évènements de Matrix. Réalisé par Shin'ichirō Watanabe, également pour Studio 4°C, ce court métrage est le dernier à être spécifiquement écrit par les Wachowski, c'est également le seul qui est relié à Neo. J'aime beaucoup le style graphique employé par ce court métrage, en fausse 2D, particulièrement autour du Kid. Contrairement à tous les autres protagonistes du récit, le Kid bénéficie d'un design tremblotant, faute de lui trouver un meilleur qualitatif. Pour mieux cerner ce que je veux dire, il faut imaginer un beau dessin propre et, là, juste au centre de l'écran une forme brouillonne, dont on devine les contours mais dont il manque encore la mise au net. Cela convient parfaitement à l'esprit torturé du personnage qui se sent constamment en décalage. Quelque chose cloche dans sa vie, il ressent en son fort intérieur l'existence de la Matrice mais n'arrive pas à y mettre le doigt dessus. L'effet est d'autant plus accentué que le Kid est un adolescent, grande période propice aux troubles physiques comme psychiques. Dès lors, il doit faire un choix, choisissant celui de l'acte de foi. Je trouve d'ailleurs le personnage de Kid plus intéressant dans ce court métrage que dans les deux longs métrages, dont le rôle a peu de relief en comparaison. Mais cela permet d'apporter un gros plus vis-à-vis de ses réactions face à Neo tout comme dans la bataille finale de Matrix Revolutions.

Programme est réalisé et scénarisé par Yoshiaki Kawajiri, pour le studio japonais MADHOUSE dont on reconnaît assez facilement l'identité graphique assez adulte, notamment sur la série X de CLAMP. Dans ce court métrage, on revient sur un élément phare de Matrix, à savoir les programmes d'entraînement aux arts martiaux, tout en anticipant un twist qui sera utilisé dans les films suivants. Il s'agit probablement du court métrage le moins utile de la compilation, car il est le seul dont le destin des personnages n'a presque aucune répercussion dans l'univers filmique de Matrix. Toutefois, il s'agit en toute logique d'une grande lettre d'amour pour les Wachowski et leur goût pour les films d'arts martiaux japonais à la grande période des Samourai. L'autre atout de Programme est de dévoiler l'entraînement que reçoivent tous les "éveillés" lorsqu'ils quittent la matrice pour rejoindre le monde réel. Avant de rejoindre les rangs de la résistance, ils doivent tous subir un entraînement particulièrement éprouvant. Malgré son titre, Programme lorgne également du côté du conte fantastique typique des productions animées japonaises. On se réjouira aussi de la grande qualité artistique du court métrage. Sa seule faille restant son scénario par rapport à la grande mythologie Matrix. Mais il n'en démérite pas pour autant.

Record du monde propose une variation du même thème évoqué dans L'histoire du Kid, à savoir que certains humains ont la faculté de ressentir la Matrice. Mais au contraire du Kid, notre sportif n'a que faire du monde réel. Pour lui, seul compte le record du monde qu'il souhaite pulvériser. Du point de vue de la mythologie Matrix, le court métrage est donc particulièrement intéressant dans la mesure où notre sportif n'a que faire du monde réel, tout comme il se moque de la Matrice, pour lui n'existe que l'accomplissement de son objectif. Pourtant, sans le vouloir, il développe la faculté de contourner le programme ce qui s'avère finalement assez ironique par rapport aux accusations de dopages dont il fait l'objet dans la presse. Les célèbres agents des films voient alors en lui une anomalie à éradiquer. Ce court métrage, comme celui qui le suit juste après, propose ainsi de voir comment la Matrice résout ces problématiques. Encore faut-il que l'humain ait envie d'être rendu au silence. Record du monde est une fois encore scénarisé par Yoshiaki Kawajiri, mais réalisé par Takeshi Koike pour le studio MADHOUSE. Il s'agit du court métrage dont le design est le plus surprenant de l'oeuvre, puisqu'il ne suit aucun style classique de l'animation japonaise.

Au-Delà est scénarisé et écrit par Kôji Morimoto pour Studio 4°C. A ce moment de la compilation, Animatrix renoue avec un style graphique plus proche de certains grands longs métrages animés japonais. Comme Record du monde, Au-Delà revient sur les bugs de la Matrice mais en y apportant cette fois un côté merveilleux. Par delà le fait que la zone que vont explorer les personnages est buggé, le court métrage semble surtout pointer du doigt l'émerveillement des personnages pour des choses insolites. D'une certaine manière, plutôt que de se poser des questions sur l'illogisme de ce qu'ils voient, les enfants s'amusent au contraire à jouer avec l'inconnu. Ainsi, plutôt que d'imaginer une explication rationnelle, chacun nourrit au contraire son imaginaire par rapport à un folklore fantaisiste. C'est une maison hantée finissent-ils par en conclure. Il ne faut alors qu'un pas pour se dire que, dans le monde de Matrix, de nombreux mythes et légendes fantastiques sont en réalité nées des bugs dans la Matrice. Pour autant, même si cela a nourri l'imaginaire collectif des humains au fil des générations, la Matrice se doit d'éradiquer ces bugs. En un sens, Au-Delà est un prémisse à la grande révélation que constitue l'Architecte qui se morfond dans le film à ne pouvoir créer une Matrice parfaite sans créer le chaos parmi les humains.

L'avant dernier court métrage de Animatrix se nomme Une histoire de détective. C'est sans nul doute celui qui surprend le plus puisque c'est l'unique histoire de la compilation qui ne s'inspire pas de la fiction japonaise. Bien au contraire, le court métrage s'inscrit dans l'esprit des polars américains des années 1930. C'est souvent un grand classique de la science-fiction américaine qui propose souvent un épisode de ce type. L'une des plus marquantes se trouvant dans la série télévisée Star Trek - La Nouvelle Génération où les protagonistes mènent l'enquête à travers leur célèbre holodeck. Ici, l'intrigue de Une histoire de détective peut se situer à peu près à n'importe quel moment de la saga, juste avant, pendant tout comme après Matrix, voire même Matrix Reloaded. Échouant constamment à mettre la main sur Trinity, les agents décident de mettre un enquêteur sur sa piste. Pour autant, détective intègre, il flaire assez vite qu'il y a anguille sous roche. Le court métrage bénéficie d'une esthétique en noir et blanc très réussie, en fausse 2D, qui sied parfaitement à l'ambiance générale. On doit l'écriture et la réalisation de ce court métrage à Shin'ichirō Watanabe pour Studio 4°C, qui signe sa seconde contribution à Animatrix. Notons au passage que ce court métrage bénéficie en version française d'un atout inattendu : la voix d'Alain Dorval.

Enfin, Animatrix se conclut sur Matriculé, le seul court métrage de la compilation n'ayant pas été réalisé par une équipe japonais. C'est Peter Chung, artiste d'origine sud-coréenne, qui le scénarise et le réalise pour le studio DNA. l'intrigue révise, à sa manière, l'histoire de la belle et la bête, disons même l'histoire de Quasimodo et Esméralda par rapport au destin final des protagonistes. Dans le monde gouverné par les machines, une petite équipe d'humains tente de rallier les machines à leur cause. Mais ils préfèrent employer une méthode douce qui ne les avilit pas. Ils ne souhaitent pas reproduire les erreurs du passé, en ne faisant pas d'elles des esclaves. L'expérience consiste alors à faire découvrir à une machine les plaisirs de la condition humaine. La machine traverse diverses épreuves ésotériques et philosophiques, dans une version extrême du monde d'Alice au pays des bizarreries. Mais l'expérience dérape quand la Matrice découvre leur laboratoire et, surtout, que la machine finit par troquer une obsession malsaine contre une autre qui l'est finalement tout autant. Le court métrage s'achève alors sur une tragédie, tuant dans l'oeuf toute forme d'espoir de l'humanité. Dès lors, aussi étouffant que cela rende Animatrix dans son ensemble, cela fait prendre conscience que le destin de l'élu Neo est finalement extrêmement lourd à porter, et qu'affronter la Matrice exigera un très lourd sacrifice.

20 ans plus tard, Animatrix reste encore une oeuvre compilation pertinente car elle permet de développer de nombreux concepts et idées, tout en étoffant la mythologie Matrix. Elle reste aussi un grand témoignage d'un premier grand concept transmédia, qui était alors quasiment inédit dans le paysage audiovisuel américain. Ayant été produit avant Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, Animatrix gagne aussi à être revu après coup, car on s'aperçoit que les neuf courts métrages dévoilaient, sans qu'on le sache au départ, plusieurs pistes qui ont finalement été abordées dans les films par la suite. Avec le recul, on se rend également compte que les Wachowski avaient fait preuve d'une certaine clairvoyance en s'interrogeant sur les dérives de l'Intelligence Artificielle, qui semble une interrogation très actuelle où l'IA touche désormais tous les domaines. Animatrix est donc une oeuvre indispensable à connaître pour tous les fans de Matrix.

Olivier J.H. Kosinski - 23 juin 2023

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Sources :
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