Bob l'éponge, le film - Un héros sort de l'eau est la seconde transposition cinématographique de la série télévisée à succès. Elle est diffusée en salle le 06 février 2015 au Québec sous le titre Bob l'éponge, le film - Éponge à court d'eau, puis le 18 février 2015 en France. Comme le premier film, celui-ci est dépourvu de doublage propre au territoire francophone canadien.
Bob l'éponge est le meilleur cuistot de Bikini Bottom. Tous les habitants raffolent de ses sandwichs de pâté de crabe qui sont préparés à l'aide d'une recette secrète. Jaloux, Plankton tente de la lui ravir une fois de plus. Lorsque la recette disparaît et que le chaos s'installe, Bob l'éponge et Plankton n'ont aucun autre choix que de faire équipe pour ramener l'ordre et le calme. Ils construisent une machine à remonter le temps et une de leur rencontre fortuite les aide à fouler le sol des êtres humains. Un méchant pirate qui tient un restaurant ambulant pourrait bien être la cause de tous leurs ennuis...
Ne vous laissez pas induire en erreur par les divers matériaux promotionnels qui mettent tous en avant la métamorphose de Bob l'éponge dans une version intégralement en trois dimensions. Bob l'éponge, le film - Un héros sort de l'eau est une nouvelle aventure cinématographique tout à fait classique, majoritairement en 2D, qui reprend bel et bien les principaux codes visuels traditionnels de la série télévisée. Les personnages en 3D ne sont qu'une des multiples expérimentations visuelles que compte en réalité le long métrage. Car il faut reconnaître que, contrairement à son prédécesseur, ce second long métrage ne fait vraiment pas dans la dentelle. Il ne manquera pas de déstabiliser tout un chacun devant ce qui s'avère être un brouillon d'idées mélangées sans réelle concertation des équipes artistiques.
En un sens, Bob l'éponge, le film - Un héros sort de l'eau est plus proche du délire psychédélique qu'une véritable oeuvre pleine et entière. Il est d'ailleurs très difficile d'en réaliser une analyse sans prendre parti sur l'un ou l'autre de ses choix artistiques. D'un côté, l'amoureux transit de l'univers de Bob l'éponge ne pourra que se sentir ouvertement trahi par ce deuxième long métrage sans queue ni tête dans lequel on n'arrive pas à pénétrer. De l'autre, on ne peut ignorer l'audace des scénaristes et animateurs qui livrent ici un long métrage où le non sens règne en maître. Il est absolument évident qu'ils tentent avec ce second long métrage d'expérimenter sur grand écran des idées qu'ils n'auraient pas oser faire dans la série télévisée. C'est d'ailleurs dans le premier acte, très classique dans son approche et qui aurait tout à fait pu servir de nouvel épisode à la série, ainsi que dans le tout dernier acte, quand les héros sont projetés dans notre monde en 3D, que le film s'en sort vraiment le mieux. Entre les deux, et bien, il faut obligatoirement choisir son camp. Je me place plutôt dans la catégorie des personnes déçues par le peu de finesse de ce second long métrage, sans pour autant renier le brouillon d'idées qui le compose.
Le premier long métrage comportait une histoire qui tenait sur un timbre poste, mais elle réussissait à devenir jouissive dans le déroulement de ses divers actes. Bob l'éponge, le film - Un héros sort de l'eau commence d'ailleurs lui-aussi par une intrigue très simpliste avant de complètement partir en vrille par la suite. Durant une très grande partie du long métrage, on passe son temps à se demander quelle substance illicite a été ingérée par les artistes pour livrer une sorte d'exercice de style complètement pété. Ce second long métrage mélange les genres, mélange les styles, mélange différents types d'effets spéciaux, à tel point qu'on ne sait plus vraiment où donner de la tête, ni à réussir à qualifier le genre cinématographique dans lequel placer le film. L'apparition surprise d'Antonio Banderas, complètement en roue libre ici, accentue d'autant plus le malaise ressenti tout au long de la projection. Bob l'éponge, le film - Un héros sort de l'eau mange à tous les râteliers, empruntant ça et là des éléments aperçus chez la concurrence. Il prend toutes les bonnes idées qu'il y trouve, les arrange ensuite à sa sauce et les ressert sous une forme psychotique qui tente de se donner un côté parodique. Bref, on se perd complètement dans ses expérimentations délirantes, oubliant au passage le mince fil rouge qui sert d'intrigue au long métrage, à savoir une nouvelle tentative de vol de la célèbre recette secrète de pâtés de crabe organisé par Plankton.
Bob l'éponge, le film - Un héros sort de l'eau fait tout et n'importe quoi. Or la limite entre le trop et trop peu est souvent très mince dans un long métrage d'animation qui se veut délirant. Le long métrage rate quelquefois le coche dans certaines séquences, ce qui sort automatiquement le spectateur de l'immersion où il se trouvait jusque là, tout en offrant aussi quelquefois des numéros dignes de figurer dans la mythologie de Bob l'éponge, faisant dès lors oublier le segment raté juste avant. Le long métrage s'aventure aussi en terrain miné, en faisant intervenir dans son intrigue une étonnante machine à remonter le temps. Certes, Bob l'éponge, le film - Un héros sort de l'eau casse un peu les codes du genre, mais il n'égale jamais la formidable ingéniosité scénaristique des artistes derrière la succulente saga Futurama, dont les délires temporels sont situés à un tout autre niveau d'excellence.
Pour autant, il faut admettre que chaque scène du film, prise de manière autonome, est globalement soignée alors que chacune d'entre elles embrasse un style graphique unique sans rapport avec ce qui se passe avant ou après elles. Bob l'éponge, le film - Un héros sort de l'eau est ainsi en partie un film d'animation 2D, un film d'animation 3D, mais également un long métrage Live. Tout ceci n'étant pas suffisant, le long métrage recours à diverses formes de trucages et effets spéciaux, qui vont de simples effets animés à l'utilisation de vrais décors, en passant par des maquettes de différentes échelles, des objets préfabriqués factices, tout comme une dose d'effets numériques convaincants, sans oublier quelques plans ayant recours à l'incrustation.
Une chose est certaine, Bob l'éponge, le film - Un héros sort de l'eau pousse le délire tellement loin qu'il finit, à grand regret, par franchir la ligne rouge. Au bout d'un moment, l'aventure devient tellement brouillonne que l'on finit par se détacher des personnages, si ce n'est pas de regarder aussi sa montre et découvrir qu'on est loin d'être arrivé au bout de l'oeuvre. En tant qu'oeuvre unique, le long métrage finit donc inexorablement par décevoir, surtout lors du premier visionnage. Une fois cette information digérée, le second visionnage fait tout de suite apparaître l'intention cachée derrière le film : les artistes se servent du film pour expérimenter et voir, tout simplement, quelle est la réaction du public. Assez ironiquement, en laissant de côté la séquence d'ouverture où tous les personnages sont sous l'eau, on réalise vite que c'est sur l'aspect 3D que le dosage est finalement le plus réussi. Alors que la campagne promotionnelle met totalement en avant cet aspect, négligeant l'habituel environnement 2D qui couvre les deux tiers du film, au point de faire naître en nous un sentiment de méfiance, force est d'admettre que c'est la seule partie du film qui se tient. Comme spectateurs et producteurs semblent s'être accordés sur ce même constat, il est donc logique que le futur troisième film soit envisagé en ce sens, même si cela reste encore non officiellement confirmé, seules de nombreuses rumeurs tenaces semblent indiquer que ce sera le cas.
Là où le premier long métrage était une formidable transposition d'une série tout aussi géniale que loufoque, Bob l'éponge, le film - Un héros sort de l'eau rate complètement la marche même s'il réussit, de justesse, à se rattraper à la balustrade. Oeuvre expérimentale plutôt qu'aventure animée, ce second long métrage n'est vraiment pas à conseiller à tous. Il est d'ailleurs impossible de vraiment déterminer par avance si vous l'aimerez ou non, même en sachant tout ce que j'ai exposé ici. Vous ne pourrez sans nul doute vous forger votre avis qu'après avoir vécu l'expérience vous-même. Par contre, la réaction qui suivra sera facile à déterminer car il n'existe que trois possibilités : soit vous l'acclamerez, soit vous le haïrez, soit il vous laissera totalement de marbre. A vous de voir.
Olivier J.H. Kosinski - 29 mars 2019
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Doublage (France - 2015)
Bob l'éponge : Sébastien Desjours
Patrick Étoile de mer : Boris Rehlinger
M. Krabs : Michel Bedetti
Plankton : Michel Bedetti
Carlo le calamar : Michel Mella
Sandy Écureuil : Hélène Chanson
Bubbles : Dominique Collignon-Maurin
Steak Barbare : Stéphane Bazin
Les Mouettes :
- Cyprien Iov
- Lucas Hauchard
- Nathalie Odzierejko
Sources :
Carton Générique