Coraline est un long métrage d'animation en volume réalisé en 2009 par Henry Selick. Il sort en salle le 6 février 2009 au Québec et le 10 juin 2009 en France. Le long métrage est par ailleurs présenté la même année au Festival international du film d'animation d'Annecy où il remporte le Cristal du meilleur long-métrage.
Une jeune fille pousse une porte secrète dans sa nouvelle maison et découvre alors une version alternative de sa propre vie. Au premier abord, cette vie parallèle est étrangement similaire à la sienne - en bien meilleure. Mais quand cette aventure fantastiquement déjantée commence à devenir dangereuse et que sa fausse mère essaie de la garder avec elle à jamais, Coraline n'a d'armes que son ferme entêtement et son courage, et la complicité de voisins et d'un chat noir parlant, pour venir en aide à ses vrais parents et aux autres enfants fantômes et rentrer enfin à la maison...
J'aime beaucoup la chaine Arte, même si je ne la regarde qu'assez rarement. Dans le peu des thèmes qu'elle met à l'honneur et que je choisis de suivre, je n'ai globalement jamais été déçu par elle. C'est par son intermédiaire que j'ai pu découvrir de nombreux films de Tim Burton et ouvrir la petite porte donnant accès aux 728 itérations télévisuelle et films de Star Trek, mais c'est également grâce à elle que j'ai pu combler ma connaissance des longs métrages du studio Ghibli que je ne connaissais pas encore. Lorsque pour le soir du 12 juin 2013 Arte a décidé de diffuser Coraline, je me suis donc décidé à le découvrir puisque c'était un film d'animation comme l'indiquais un magazine TV, sans plus de précisions. L'expérience fut des plus merveilleuses, je découvrais une petite pépite du cinéma d'animation en volume, réalisé par Henry Selick, bien connu ici pour avoir déjà fait ses preuves dans un tout aussi surprenant L'étrange Noël de Monsieur Jack. Il n'en fallu guère plus au premier visionnage pour avoir un vrai coup de coeur pour Coraline, dont j'achetai dans la foulée une édition vidéo !
Coraline est tout d'abord un roman publié en 2002 par l'auteur britannique Neil Gaiman. Malheureusement, je n'ai pas eu la curiosité à l'époque de lire ce roman. J'avais certes eu un coup de coeur pour son adaptation animée, mais celle-ci n'entrait à l'époque pas dans la ligne éditoriale de mon site. Je l'ai donc laissé de côté. Maintenant que les choses ont évoluées, j'ai naturellement repensé récemment à Coraline que j'ai revu sans aucun déplaisir. Je me suis alors demandé si je devais ou non me procurer le roman, histoire d'avoir de la matière à comparer entre l'oeuvre originale et son adaptation à l'écran. Finalement, j'ai renoncé, non par fainéantisme, mais parce que je trouve que le long métrage se suffit à lui-même. Je ne voulais donc pas découvrir des éléments du roman qui aurait été passé sous silence, d'autant que j'aurais alors inévitablement porté un autre regard à Coraline le film. Je ne voulais en aucun cas désacraliser ce merveilleux film d'animation.
Le long métrage est raconté du point de vue de Coraline Jones. La jeune fille vient tout juste d'emménager dans une très vieille bâtisse, dont les pièces ont été réaménagés de façon à former trois appartements distincts. Au rez-de chaussée, et une partie de l'étage, c'est elle et sa famille qui y élisent domicile. Malheureusement sa mère, Mel, et son père, Charlie, ne vivent que pour leur travail. Tout comme ils négligent considérablement le logement dans lequel ils s'installent, dont il y a peu de meubles, un déluge de cartons non débalés et quasiment aucune nourriture, ils négligent aussi leur fille qui se sent totalement abandonnée. Pour se changer les idées, elle va explorer la maison et les alentours. Elle va d'abord rencontrer Wybie, un garçon de son age un peu bizarre, puis Monsieur Bobinsky, l'excentrique qui vit dans un appartement aménagé dans l'ancien grenier, et enfin le duo de vieilles dames Miss Forcible et Miss Spink, qui vivent au sous-sol au côté d'une collection quelque peu morbide. La rencontre de ces étranges voisins conforte Coraline que personne ne l'apprécie. Quand elle découvre derrière une petite porte, apparemment murée, un monde qui lui ouvre les bras, elle n'hésite pas à y plonger. Mais les plus belles roses cachent souvent des épines, ce qu'elle va vite découvrir à ses dépens.
Bien que Coraline soit avant tout un film d'animation en volume, dont je parlerai de sa qualité tout à l'heure, la toute première chose qui marque le spectateur est la musique. Le compositeur français Bruno Coulais écrit des compositions qui sont à la fois merveilleuses, dérangeantes, entraînantes et angoissantes. Rien qu'en fermant les yeux, en écoutant uniquement les dialogues et la musique, on est capable en un instant de savoir ce qu'il se passe dans la tête de la jeune fille. Bruno Coulais nous propose une vrai musique narrative qui parvient à vivre par elle-même au-delà de l'écran. Chaque personnage dispose par ailleurs de son propre thème, dont celui de Coraline sort clairement au dessus du lot. Son thème, appelé « Exploration » dans l'album, est un amalgame de paroles inintelligibles dont plusieurs mots sont pourtant empruntés à différents langages, le tout accompagné d'un piano et d'une harpe. Cela donne au film un caractère unique puisque la chanson, dont on ne comprend absolument pas les paroles (qui ont sans nul doute un véritable sens caché) semblent capables de résonner dans le coeur de tout un chacun, peu importe sa langue natale. Certains y entendront des mots anglais, d'autres français, d'autres encore italiens, mais finalement tous auront raisons. C'est la plus grande force de ce morceau, que l'on a plaisir à entendre à plusieurs reprise dans Coraline.
Henry Selick n'est pas un inconnu pour les fans de Disney, on lui doit deux longs métrages pour sa filiale Touchstone : le merveilleux L'Étrange Noël de monsieur Jack et James et la Pêche géante, que j'aurais le plaisir d'analyser prochainement. On retrouve inévitablement sa touche personnelle dans Coraline, dont cette ambiance proche du gothique. Mais Coraline est sans nul doute sa meilleure réalisation sur les trois. Non seulement l'animation image par image est une véritable réussite, Coraline respire aussi le soucis du détail à tous les niveaux. Chaque personnage, chaque objet, chaque lieu que l'on découvre à l'écran fourmille de milliers de détails. Coraline atteint même des sommets lors de la mémorable séquence théâtrale où des centaines de chiens aboient à l'unisson ! Pour arriver à un tel niveau d'excellence, Henry Selick et son équipe d'animateurs « trichent » volontairement en ayant recours à l'assistance de l'imagerie de synthèse. Cela ne constitue pas du tout une trahison vis à vis de l'animation image par image, au contraire, cela renforce d'autant plus l'immersion du spectateur dans le film. L'outil numérique vient compléter l'ensemble, en apportant des éléments que le stop-motion aurait rendu impossible (la brume par exemple), ou extrêmement difficile à reproduire (l'étiolement de l'autre monde). Pour tout le reste, Coraline ose des plans séquences très complexes, des travellings inspirés et même un excellent panoramique horizontal lors de la chanson de Charlie !
On pourra reprocher à Coraline d'être moins fluide qu'un film d'animation traditionnel. C'est en partie vrai, car c'est le procédé qui veut ça. Mais en contrepartie, le stop-motion est la seule technique qui offre quelque chose de concret à l'écran. On voit, on ressent, que ces personnages inanimés sont réels, qu'ils prennent vie, qu'ils vivent de véritables aventures. A sa sortie, Coraline était même ce qui se faisait de mieux dans ce domaine, jusqu'à ce qu'un studio britannique, Aardman, ne lui ravisse la couronne trois ans plus tard avec son excellent Les Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout. Malgré tout, Coraline n'a pas prit la moindre ride par rapport à lui, même au vu de tout ce qui est sorti depuis. Car son univers est tout bonnement magnifique, inventif et cohérent. Bref, une oeuvre d'envergure qui avoisine les deux heures sans que jamais il ne lasse le spectateur. En d'autres termes, Coraline a tout du chef d'oeuvre qui mérite amplement sa consécration au Festival d'Annecy de 2009 !
Olivier J.H. Kosinski - 26 août 2016
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27 octobre 2009
Edition Collector 2 DVD Plus de détails
Doublage (Québec - 2009)
Coraline Jones : Catherine Brunet
Wybie Lovat : Xavier Dolan
Mme. Spink : Johanne Garneau
M. Bobinsky : Denis Mercier
Père : Jean-Michel Anctil
Mme. Forcible : Chantal Baril
Mère : Geneviève Brouillette
Le chat : Patrick Chouinard
Doublage (France - 2009)
Coraline Jones : Juliette Buchez
Mel Jones : Claire Guyot
Charlie Jones : Pierre-François Pistorio
Padbol « Padbie » Lovat : Arthur Pestel
Grand-Mère Lovat : Danièle Hazan
Le chat : Saïd Amadis
Mr. Bobinsky : Feodor Atkine
Miss April Spink : Catherine Arditi
Miss Miriam Forcible : Brigitte Virtudes
Enfant fantôme 1 : Aankha Neal
Enfant fantôme 2 : George Selick
Enfant fantôme 3 : Hannah Kaiser
Ami de Coraline : Harry Selick
Amie de Coraline : Marina Budovsky
Libellules en papier : Emerson Hatcher
Déménageur : Jerome Ranft
Jouet 1 : Christopher Murrie
Jouet 2 : Jeremy Ryder
Enfant du magasin : Yona Prost