Descendants est un téléfilm spécialement réalisé par et pour Disney Channel. Il est proposé à la télévision au Québec le 31 juillet 2015 puis le 16 octobre 2015 en France. Comme la plupart des productions produites pour Disney Channel, le téléfilm est doublé en français par la sucursalle Belge de Dubbing Brothers. Ce doublage est proposé sur tous les territories francophones.
De nos jours, dans le Royaume Enchanté, Ben, le bienveillant fils du Roi Adam et de la Reine Belle, s'installe sur le trône. Sa première proclamation est empreinte de compassion : il décide de libérer de l'île des prisonniers les enfants de Cruella D'Enfer, Jafar, Maléfique et de la Méchante Reine, afin de les acceuillir dans son académie. Maléfique y voit alors une superbe occasion d'enfin pouvoir assurer sa vengeance avec l'aide de sa fille, Mal...
Si vous lisez le site depuis plusieurs années, ou que vous y avez passé de longues heures, vous avez dû remarquer qu'il n'y a presque aucune production issue de Disney Channel analysée sur le site. J'ai toujours été un fan Disney assez atypique puisque, hormis les célèbres grands classiques animés, je n'ai jamais été friand de quoi que ce soit d'autre de la compagnie. Ceci incluant même Disneyland, où je suis effectivement allé plusieurs fois, mais plus pour y rencontrer des gens que par passion pour l'ambiance et les attractions (exception faite de Phantom Manor et Big Thunder Mountain). C'est en partie pour ça que j'ai dû élargir la ligne éditoriale aux studios concurrents en 2012, parce que j'estimais avoir fait le tour de ce qui m'intéressait. Pour autant, surtout pour insuffler encore cette filiation avec Disney, je n'ai pas toujours fait la sourde oreille à certaines productions Disney. Je les ai juste reléguées au plus tard possible, me faisant trop souvent des tas d'idées reçues. De très rares fois, j'ai été surpris de mes a priori, plus souvent, j'ai été conforté que leurs productions n'étaient vraiment pas faites pour moi. La saga Descendants était une curiosité que j'ai toujours gardé en tête, sans vraiment oser m'y lancer corps et biens. Il faut dire que j'avais déjà été fortement refroidi par Once Upon A Time, que je trouvais sympathique mais terriblement perfectible. Or, le budget alloué à la série télévisée d'ABC et celui octroyé aux téléfilms produits pour Disney Channel n'étaient sans nul doute pas les mêmes. Si l'une, avec son budget relativement confortable était en partie décevante, qu'en serait-il alors de l'autre ? Cependant, je ne pouvais pas éternellement renoncer à aborder Descendants et ses suites. Après tout, c'était une suite spirituelle aux grands classiques.
Il restait toutefois un énorme problème à régler : mon aversion pour les comédies musicales gesticulantes. Je l'ai déjà évoqué à quelques reprises, car c'est un élément contradictoire chez moi : j'apprécie énormément les films animés musicaux tout en ne supportant pas du tout les comédies musicales. Je fais une différence fondamentale entre les différentes formes de chant. D'un côté, il y a celles que j'appelle des chansons narratives qui apportent en quelques mots et avec une mélodie percutante, des informations riches et importantes. Par exemple, qui pourrait aujourd'hui remettre en question l'ouverture magistrale de Le Bossu de Notre-Dame ? En à peine six petites minutes, notre cerveau ingère tout un tas d'informations : les origines bohémiennes rejetées de tous, une famille qui fuit dans la peur, un malentendu qui conduit à l'un des meurtres parmi les plus effroyables proposé par un film animé Disney, la chanson parvient même à définir en quelques lignes la personnalité froide et perfide de Frollo. Ça, c'est le genre d'oeuvres musicales que j'affectionne. De l'autre, ce sont celles que j'appelle les "gesticulatives". Quand Mary Poppins se met à danser sur les toits londoniens avec une ribambelle de ramoneurs qui gesticulent sans aucun but ou quand Nora monte sur des tonneaux de bière se livrant à des danses folles avec une bande de poivrots, j'en ai des frissons d'effrois. Parce que, pour moi, ça n'apporte rien du point de vue narratif. La plupart du temps, dans le monde de l'animation, ce genre de gesticulation est limité, de fait cela me dérange moins. Dans les films Live, c'est souvent plus problématique car le style est avant tout issu d'un spectacle scénique où se mêlent comédie, chant, danse et claquettes. Cela passe à peu près correctement dans une salle de théâtre, beaucoup moins dans un film.
Si j'ai autant repoussé une analyse de Descendants (presque dix ans dites donc), c'est en partie pour ça. J'ai, depuis le début, surtout retenu que Descendants était une variation costumée de High School Musical - Premiers pas sur scène, le gros succès surprise de Disney Channel en 2006. J'ai d'ailleurs eu l'idée saugrenue de regarder les deux pour comparer avant d'entamer cette analyse. J'ai été extrêmement affolé devant High School Musical - Premiers pas sur scène, version Grease du pauvre, qui s'est avéré une véritable torture scénique au point qu'il ne fera sans doute jamais l'objet d'une analyse sur le site. Descendants s'en tire un peu mieux, mais vraiment pas de beaucoup, justement parce qu'il est thématisé avec les personnages Disney historiques. Il m'a été un peu plus facile d'en avaler les couleuvres. Et comme Once Upon A Time en son temps, j'ai surtout apprécié les à côté du téléfilm, tout comme l'ambiance un peu déconnante, plutôt que les personnages principaux qui sont tous d'une niaiserie affligeante. Parce que oui, il y a bien une petite étincelle dans Descendants qui finit sur la durée par se révéler un joyeux bordel amusant, plutôt que convaincant. Ainsi j'applaudis la formidable idée d'avoir choisi Kristin Chenoweth pour Maléfique. J'ai longtemps connu l'actrice, mais trop tardivement la chanteuse. C'est au détour de son rôle jubilatoire dans Pushing Daisies que j'ai découvert les deux à la fois. Quand elle se met à chanter, car rejetée par son amoureux de toujours, toute sa peine du monde grimée en nonne dans un couvent complètement barré, on ne peut qu'applaudir sa mémorable prestation. Ses apparitions dans Glee ensuite n'ont fait que confirmer mon coup de coeur pour elle.
Avec son rôle à rebours et tout en dérision d'une Maléfique désabusée mais toujours aussi revancharde, Kristin Chenoweth, c'est incontestablement un grand oui et la grosse bonne surprise de Descendants. J'en regrette même qu'elle n'en soit qu'un personnage secondaire, même si l'intrigue tourne en partie autour d'elle. Kristin Chenoweth pétille de joie dans ce rôle taillé sur mesure et son duo fonctionne assez bien avec Dove Cameron qui joue Mal, la fille de Maléfique dans le téléfilm. Mon second coup de coeur concerne un personnage plus anecdotique, à savoir Kathy Najimy en Méchante Reine. J'ai été stupéfié de voir à quel point elle a réussi le tour de force de rendre crédible la célèbre vilaine de Blanche-Neige et les sept nains. Avec son maquillage excessif, son costume qui semble étirer son visage façon abus de botox, elle donne une dimension tragi-comique à la Méchante Reine. Il est clair que Kathy Najimy a totalement conscience de ça, tellement elle cabotine à ridiculiser la toute première grande méchante iconique des nombreux films Disney. Elle parvient à asseoir la réputation de joyeuse idiote enfermée à jamais dans son ancienne beauté depuis longtemps effrité par le temps. Parmi les autres bonnes choses que compte Descendants, je relèverai les nombreux clins d'oeils à l'univers des films d'animation Disney dont regorgent à la fois les décors et les costumes des personnages. Mais cela s'arrêtera là pour la partie enthousiasmante.
Car le reste de la distribution de Descendants est atrocement téléphoné. Malgré toute leur bonne volonté, Dove Cameron (Mal), Sofia Carson (Evie), Booboo Stewart (Jay), Cameron Boyce (Carlos) sont creux et sans charisme. En tant que personnage principal, Mal s'en sort peut-être un peu mieux que les autres, mais reconnaissons que Jay et Carlos ne sont là que pour remplir une parité entre les rôles masculins et féminins, car ils ne servent strictement à rien. Mitchell Hope, qui semble surtout avoir été choisi pour sa proche ressemblance avec Zac Efron, ne lui arrive pas un seul instant à la cheville tant ses talents scéniques et artistiques sont totalement inexistants. Passons rapidement sur le trio amoureux constitué par Jedidiah Goodacre (Chad), Sofia Carson (Evie) et Zachary Gibson (Doug) qui fera rire jaune tout spectateur qui aurait le malheur de faire un rapprochement avec des séries adolescentes d'un autre calibre, tout comme l'insipide duo Keegan Connor Tracy (Belle), qu'il vaut mieux retenir comme fée bleu dans Once Upon A Time, et Dan Payne (Adam/La bête) qui réussit à détruire mon couple Disney fétiche. Ne reste plus que Sarah Jeffery, qui nous propose une jeune Princesse Audrey faisant un caca nerveux, sa grand mère Judith Maxie (Reine Leah) qui ne fait pas mieux, Melanie Paxson qui ridiculise la bonne fée et, enfin, Brenna D'Amico (Jane) dont le seul intérêt est de proposer le twist le plus n'importe nawak de Descendants. J'en ai pleuré de rire tellement c'était mauvais.
Quand on se lance dans la projection de Descendants, il est indéniable qu'on s'attend au moins à y entendre de bonnes chansons. Mes oreilles n'ont clairement pas apprécié l'expérience. Difficilement supportables dans leurs immenses majorités, à l'exception du morceau avec Kristin Chenoweth, la reprise de "Be Our Guest / C'est la fête" m'a littéralement achevé. J'en suis venu à me demander comment un responsable musical avait pu accepter de saccager un immense morceau aussi iconique. Mais quand on voit ce que Disney a été capable de produire comme albums de la trempe des "We Love Disney", il est clair que le vaisseau navigue à vue. Le premier morceau de Descendants, "Rotten to the Core", est à l'image du film en son entier : un morceau bruyant, mélangeant sons électroniques, rap et refrains langoureux et qui colle une étiquette ringarde aux personnages. Ça démarre vraiment bien le film. Plus loin, "Evil Like Me" est principalement sauvé par la pétillante Kristin Chenoweth dont le numéro façon cabaret respire la bonne humeur. Dommage qu'elle doive partager le chant avec Dove Cameron. Vient ensuite le tour de Mitchell Hope, qui est doublé pour le chant même en anglais, et qui étrille "Did I Mention" tout en n'étant pas raccord avec le playback. C'est totalement lunaire d'être aussi mauvais. Heureusement, "If Only" vient un peu sauver la mise, avec un très beau morceau qui me réconcilie temporairement avec Dove Cameron. Ayant déjà évoqué le massacre de "C'est la fête", ne reste alors plus que "Set it Off", chanté en groupe et qui aurait dû être seulement cantonné au générique de fin, même si le morceau "Believe" de Shawn Mendes qui s'y trouve est très bien, tant la dernière chorégraphie joyeuse de groupe ressemble à un mauvais carnaval de gens sans le sous au point d'être fringués avec des costumes Gifi, une idée de génie !
Vous l'aurez donc sans doute compris par vous-même, Descendants n'aura pas été l'expérience joyeuse à laquelle j'aspirai. Je n'irais pas jusqu'à dire que je le rejette en bloc, il y a bien un petit quelque chose qui m'a poussé à m'envoyer la trilogie originale, mais il est clair que j'ai surtout subi le téléfilm comme j'imaginais qu'il était en tant que production originale Disney Channel. Au final, je ne regrette pas de l'avoir vu, mais je ne suis pas du tout la cible de ce genre de programme. Si encore il y avait eu de bonnes chansons, ma foi, ça aurait mieux passé, mais ne retenir que deux morceaux, c'est un peu trop léger.
Olivier J.H. Kosinski - 18 octobre 2024
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Doublage (Belgique - 2015)
Mal : Nancy Philippot
Evie : Séverine Cayron
Jay : Pierre Lognay
Carlos : Maxime Van Santfoort
Benjamin : Pierre Le Bec
Audrey : Laura Masci
Chad : Maxime Donnay
Lonnie : Delphine Chauvier
Jane : Laetitia Liénart
Doug : Alessandro Bevilacqua
Maléfique : Laurence César
Méchante Reine : Jacqueline Ghaye
Cruella : Nathalie Hons
Jafar : Peppino Capotondi
Belle : Maia Baran
Adam/Bête : Philippe Allard
Bonne fée : Marcha Van Boven
Blanche-Neige : Delphine Chauvier
Jenkins : Nicolas Matthys
Mr. Deley : Franck Dacquin
Sources :
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