Dragons 3 - Le monde caché sort en primeur en France le 6 février 2019, puis le 1er mars 2019 aux Etats-Unis et au Québec. Contrairement aux deux films précédents, le titre québécois abandonne le numéro dans le titre qui devient Dragons - Le monde caché. Le film bénéficie d'une version française et d'une version québécoise.
Cela avait commencé comme une amitié improbable entre un jeune garçon et un redoutable Fury Nocturne. Au fil du temps, cette amitié est devenue un idéal qui a dépeint sur tout le peuple de Berk. Mais une sombre menace va venir bousculer l'harmonie qui régnait jusque là. Harold et Krokmou vont devoir puiser la force en eux pour être reconnus comme les leaders de leurs espèces. Quitte à ce que leur lien d'amitié soit à jamais mis à mal...
Cela fait déjà neuf longues années que Dreamworks Animation a proposé un long métrage sorti d'on ne sait où et qui fut l'un des plus intéressants de leur funeste lignée, particulièrement durant cette époque potache du studio. Ensuite, il y a eu un avant et un après Dragons. Rares auront été les films animés de ce studio a être aussi intelligents, touchants, irrésistibles à l'image de la tendresse instantanée qui est née entre Harold et Krokmou. Incontestablement un classique du genre porté à l'écran par le duo Dean DeBlois et Chris Sanders, déjà chargé quelques années plus tôt de proposer à l'écran à peu près le même genre de personnage anticonformiste mais terriblement attachant qu'était Stitch. Pour autant, aussi consternant que cela paraisse, le public américain a réservé à leur long métrage un accueil plutôt froid. Quatre années plus tard, Dean DeBlois, désormais en solitaire, était un peu obligé de bousculer un peu les codes de la franchise afin d'emmener les spectateurs dans un Dragons 2 qui avait littéralement tout du véritable chef d'oeuvre. Subtil, intense, drôle, dramatique, spectaculaire mais pourtant si intime, Dragons 2 surpassait absolument tout ce qui faisait le charme de son aîné. Paradoxalement, le public américain ne lui réserva pas meilleur accueil au box office, conduisant à revoir en profondeur les fondements de la saga. Entre ça, les problèmes financiers de Dreamworks Animation depuis Les cinq légendes et le fait que Jeffrey Katzenberg s'est échiné pendant plusieurs années à se débarrasser du studio qu'il avait lui-même fondé, la saga en cinq volets prévue initialement a été transformé en une trilogie, avec pour principal objectif que le troisième opus soit pensé, conçu et voulu comme la conclusion définitive d'une grande saga.
Pour parvenir à cela, Dean DeBlois n'hésite pas un seul instant à déconstruire complètement le mythe, à commencer par la séquence d'introduction radicalement différente des deux premiers opus, ceci afin de pouvoir avoir le champ libre pour mieux le rebâtir et l'amener vers la fin la plus logique, même si elle semble attendue, afin de récompenser aux mieux les spectateurs qui l'ont suivie avec passion durant près d'une décennie. Dragons 3 - Le monde caché est précisément cela, d'un bout à l'autre, un léger tintement au coeur naît de cette ultime aventure qui résonne continuellement comme un adieu définitif. Toute l'ingéniosité du récit repose d'ailleurs sur la refonte totale de la construction habituelle de la saga. Malgré leurs constructions relativement différentes, Dragons et Dragons 2 étaient finalement très similaires dans leurs approches. L'émotion qui se dégageait des deux opus était juste, touchante et sincère mais, dans les grandes lignes, les deux récits développaient exactement les mêmes mécaniques relatives aux émotions transmises aux spectateurs. Dragons 3 - Le monde caché fait le choix délibéré de complètement changer la perspective, il n'est ici plus du tout question de rapprocher deux êtres, deux tribus, voire des dragons entre eux. Au contraire, tout est prit à revers, le long métrage cherche à dissoudre des liens qui paraissaient indéfectibles. En faisant cela, le long métrage fait naître des sentiments confus, voire perturbants mais, au final, parfaitement cohérents avec ce qu'une conclusion est censée apporter. Une sorte de connivence avec les spectateurs qui, malgré le déchirement de se dire que c'est sans nul doute la dernière fois que nous allons vibrer avec eux, passent alors par le même déchirement affectif que connaissent Krokmou et Harold.
Alors que les plans de la saga devait remplir toute une pentalogie, quand il fut décidé que Dragons 3 - Le monde caché allait devenir le dernier opus de la saga, il a malheureusement été nécessaire de faire de nombreuses concessions. Plusieurs pistes ouvertes par les deux premiers opus sont par exemple balayées d'un revers de la main, à l'image du diabolique Drago qui avait juré de revenir se venger et qui n'est qu'à peine évoqué dans les dialogues des personnages de ce troisième opus. En contrepartie, le long métrage propose un tout nouveau personnage autrement plus glaçant que son prédécesseur : Grimmel. Contrairement à Drago, qui nourrissait des griefs profonds pour les dragons suite à un traumatisme qui l'aura marqué jusque dans sa chair, Grimmel est l'antithèse de Harold. Il prend un énorme plaisir à traquer et tuer ses proies sans aucune raison particulière, si ce n'est de flatter sa propre fierté. Il n'hésite d'ailleurs même pas à retourner à son avantage les dragons qu'il exècre au point de totalement déstabiliser Harold. A commencer bien sûr par la nouvelle venue, l'intrigante Furie Eclair, dont il comprend immédiatement l'intérêt de la placer sur le chemin de Krokmou. Grimmel est un être réfléchi, calculateur, totalement en accord avec ses convictions, il est précisément le miroir inversé de Harold qui se retrouve face à un ennemi hors du commun.
Quand on sort de la salle, on est particulièrement surpris en se rendant compte que seulement une heure trente s'est écoulée, alors que Dragons 3 - Le monde caché est un film extrêmement intense. Du coup, le long métrage passe régulièrement par de nombreux extrêmes qui poussent à penser qu'il est tantinet moins bien équilibré que Dragons 2. Si le premier opus était plutôt taillé pour un jeune public, sa suite était résolument plus mature. Dragons 3 - Le monde caché nage entre les deux, dans une sorte d'ondulation, comme une vague qui ne cesse de monter et redescendre. Parfois le film se révèle particulièrement angoissant, parfois il se révèle infantile, parfois il est épique, parfois il est drôle. Cependant, il faut admettre un certain savoir faire dans la mise en scène de Dean DeBlois qui réussit à ne rendre jamais aucune scène pesante. La dose est scrupuleusement millimétrée de manière à ne jamais en faire trop, ni trop peu. Du coup, si le long métrage semble continuellement osciller comme un bateau pris dans la tourmente, le fil conducteur de l'intrigue tient bon la barre de façon à ce que l'on n'ai jamais le moindre haut le coeur. Au contraire, Dragons 3 - Le monde caché renoue même avec le côté merveilleux de Dragons, sans pour autant renier l'action de Dragons 2, à l'image de cette superbe rencontre amoureuse entre les deux furies qui, d'une certaine manière, nous rappelle la poésie d'un classique comme Bambi. Il y avait vraiment longtemps que l'on avait pas vu une aussi belle romance, aussi tendre qu'amusante, portée avec maestria par un long métrage d'animation.
Bien qu'il se passe énormément de choses à l'écran, Dragons 3 - Le monde caché raconte surtout une seule histoire, celle entre Harold et Krokmou. Par extension, c'est aussi l'histoire qui existe entre nous, spectateurs, et la saga elle-même, que l'on retrouve portée à l'écran. Je doute, en toute sincérité, que le moindre spectateur soit insensible à la justesse des émotions qui déferlent hors de l'écran. Même si certains personnages semblent avoir complètement régressés dans leur cervelle, même s'il y a quelques scènes un petit peu puériles, il est indéniable que l'ensemble fonctionne dans un parfait équilibre narratif. On s'amuse de la parade amoureuse de Krokmou, on sent le désespoir gagner les dragonniers, on ressent le danger à l'approche de Grimmel, on tremble à l'idée de perdre quelqu'un, jusqu'à finalement s'impliquer entièrement avec eux dans leur quête de trouver un refuge aux dragons. Certes, Dragons 3 - Le monde caché n'a résolument pas la même puissance émotionnelle que son prédécesseur mais le long métrage fait quand même un véritable sans faute et, avec une parfaite sincérité, l'intrigue maline nous conduit vers un ultime dénouement étonnamment bien écrit. Dean DeBlois prend même la peine de pousser le vice à proposer un véritable épilogue qui sonne juste et qui, non sans un certain talent, referme une magnifique boucle ouverte neuf ans plus tôt.
Olivier J.H. Kosinski - 27 janvier 2019
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Doublage (Québec - 2019)
Harold : Xavier Dolan
Astrid : Geneviève Déry
Stoick : Sylvain Hétu
Geuflor : Carl Béchard
Morvik : Olivier Visentin
Bâtonnet : Sébastien Reding
Kranedur : Marie-Ève Soulard La Ferrière
Kognedur : Laurent-Christophe De Ruelle
Valka : Anne Dorval
Eret : Frédéric Paquet
Doublage (France - 2019)
Harold : Donald Reignoux
Valka : Isabelle Gardien
Gueulfor : Julien Kramer
Varek : Nathanel Alimi
Kognedur : Émilie Rault
Rustik : Arthur Pestel
Astrid : Florine Orphelin
Kranedur : Pascal Grull
Eret : Jim Redler
Stoïck : Emmanuel Jacomy
Grimmel : Féodor Atkine
Sources :
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