Dumbo sort en salle le 27 mars 2019 en France et deux jours plus tard, le 29 mars 2019, au Québec. Le long métrage est proposé dans deux versions francophones.
Holt Farrier, une ancienne gloire du cirque, voit sa vie complètement chamboulée au retour de la guerre. Max Medici, propriétaire d'un chapiteau en difficulté, le recrute pour s'occuper d'un éléphanteau aux oreilles disproportionnées, devenu en quelques temps la risée du public. Mais quand les enfants de Holt découvrent que celui-ci peut voler, l'entrepreneur persuasif V.A. Vandevere et l'acrobate aérienne Colette Marchant entrent en jeu pour faire du jeune pachyderme une véritable star...
Nous vivons dans une ère cinématographique où tous les grands studios américains privilégient, tous azimuts, d'exploiter jusqu'à plus soif des franchises reconnues minimisant ainsi la moindre prise de risque plutôt que de tenter le diable dans des projets originaux casse-gueules au niveau financier. Cela fait un certain nombre d'années que Disney exploite cette même idée (n'oublions pas la période DisneyToon Studios qui faisait déjà la même chose... en moins bien certes) mais, en même temps, comment l'en blâmer vu que le public se rue en masse dans les salles pour ses remakes et boudent la plupart de ses films originaux ? Sur le papier, la rencontre inattendue entre un éléphant aux grandes oreilles et Tim Burton semble des plus alléchantes. Au final, il est particulièrement surprenant de se retrouver face à un film de commande excessivement formaté de la part de cette illustre artiste qui s'était jusque là toujours efforcé de sortir des terrains battus. Dumbo version 2019 est un long métrage dans la droite lignée de ceux produits par Disney auparavant, mais avec juste une esthétique particulièrement qui n'a malheureusement rien de bien transcendant non plus. Sans être une vrai douche froide, Dumbo est surtout un long métrage qui déplace son héros d'hier en une simple figure secondaire d'aujourd'hui dans une grande intrigue humaine dont il est juste vaguement rattaché, un comble.
Le long métrage animé de 1941 est très loin d'être une pièce maîtresse du catalogue de Walt Disney. Même s'il est aujourd'hui reconnu et apprécié de nombreuses générations de spectateurs, par la tendresse de son récit voire la mélancolie qui s'en dégage, Dumbo reste encore aujourd'hui le parent pauvre de la première lignée des grands films animés de Walt Disney. En cause, les principales restrictions budgétaires provoqués par la Seconde Guerre Mondiale, mais aussi la première grève historique du studio qui couvait déjà largement en coulisses durant la même période. Il en résulte un film beaucoup moins bien fignolé que ces illustres aînés, sans pour autant en renier sa qualité narrative, tout en étant un long métrage très court, tout juste dépasse-t-il une heure. Pour autant, cette heure est bien employée afin de compter une histoire sensible totalement universelle, cela même alors que Dumbo ne prononce jamais le moindre mot durant tout le film. Pour cette version en prises de vues réelles, Tim Burton respecte le cahier des charges en prenant précisément la même durée pour raconter exactement la même histoire, avant de s'en affranchir ensuite, mais en la transposant exclusivement du point de vue des humains. C'est d'ailleurs là où le bas blesse, Dumbo n'est plus capable de la moindre action par lui-même, il ne peut compter que sur les humains pour pouvoir évoluer, apprendre et décider de son envol dans la vie.
Dumbo, c'est donc la sempiternelle histoire Disney de la famille décomposée, la traditionnelle "famille à problèmes", avec une figure maternelle absente, une figure paternelle dépressive et des enfants abandonnées à leurs sorts, que seul un événement fantastique ou fantaisiste va bousculer et faire naître le sentiment que tout le monde doit à nouveau se ressouder. On n'oubliera d'ailleurs pas non plus la gentillette relation amoureuse entre deux adultes brisés chacun à leur manière, comme il est de coutume dans tout bon spectacle convenu à gros budget américain. Ils vont alors traverser, contre vents et marées, tous les problèmes ensemble, sans oublier d'affronter le grand méchant narcissique et cynique typique, et enfin triompher dans l'adversité. Si la première moitié du film suit à peu près le même déroulé des évènements que le long métrage animé de 1941, Tim Burton change complètement le final de l'histoire en délocalisant l'action dans une sorte de parc d'attraction aux monstres, sorte de satire à peine déguisée des grands parcs à thème, où seules les grandes sensations ressenties par les spectateurs prévallent sur la moralité et le bien-être de ses propres artistes.
Si l'intention est louable, la seconde partie du film ressemble malheureusement à un mauvais plagiat de nombreuses oeuvres ayant déjà existé auparavant. L'esthétique visuelle de Dreamland, qui oscille entre le fascinant et le dérangeant, n'offre finalement absolument rien de bien nouveau. Certes, Tim Burton a plus ou moins été l'instigateur de ce genre visuel depuis les années 1980, mais nombre d'artistes ont depuis déjà appliqué cette recette dans des productions plus récentes. Le parc d'attraction fantaisiste et déglinguée, on l'a par exemple déjà vu dans un épisode de la série télévisée Scooby-Doo, voire même dans une certaine mesure, dans le premier film en prise de vues réelles du personnage. On retrouve aussi cet aspect lugubre et anxiogène dans le jeu vidéo Silent Hill 3 où le personnage de Heather comprend, dès l'instant où elle y met les pieds, que quelque chose de malsain couve derrière le clinquant de la belle vitrine. La toute dernière partie du film où tout le monde s'unit afin de sauver Dumbo ressemble également à une réminiscence du monument du cinéma qu'est Elephant Man paru en 1980, d'après la véritable histoire de Joseph Merrick, dont Tim Burton et le scénariste Ehren Kruger ont vraisemblablement puisés leur idée de base.
Malgré tous ces griefs, cette nouvelle version de Dumbo n'est pas vraiment mauvaise en soit, elle se laisse regarder sans pour autant laisser un souvenir impérissable. Non, ce qui gêne vraiment le plus, c'est que la grande tragédie d'un éléphant humilié qui prenait sur soit de renverser sa propre destinée a été entièrement métamorphosée en une banale grande aventure purement humaine avec Dumbo comme toile de fond. N'importe quel autre personnage fantastique, parfaitement interchangeable, aurait absolument pu faire la même chose à sa place. Le Dumbo de Tim Burton dépouille donc Dumbo de sa propre histoire pour en faire un drame purement humain, qu'importe que la dénonciation de la maltraitance animale soit esquissée en toile de fond. C'est probablement là où se loge la plus grande faute de cette version réactualisée.
Olivier J.H. Kosinski - 06 septembre 2019
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Doublage (Québec - 2019)
Holt Farrier : Martin Watier
Collette Marchant : Marika Lhoumeau
V. A. Vandemere : Daniel Picard
Max Medici : Manuel Tadros
J. Griffin Remington : Jean-Marie Moncelet
Milly Farrier : Fanny-Maude Roy
Joe Farrier : Mathéo Piccinin-Savard
Neils Skellig : Frédéric Paquet
Sotheby : Jean-François Blanchard
Miss Atlantis : Annie Girard
Pramesh Singh : Jacques Lavallée
Baritone Bates : Antoine Durand
Doublage (France - 2019)
Holt Farrier : Boris Rehlinger
V.A. Vandevere : Bernard Lanneau
Max Medici : Philippe Peythieu
Colette Marchant : Julie Cavanna
J. Griffin Remington : Patrick Messe
Milly Farrier : Jaynelia Coadou
Joe Farrier : Aloïs Agaësse-Mahieu
Neils Skellig : Laurent Maurel
Sotheby : Eric Legrand
Rufus Sorghum : Laurent Natrella
Baritone Bates : Pierre-François Pistorio
Catherine : Ethel Houbiers
Rongo : Frantz Confiac
Ivan : Emmanuel Garijo
Miss Atlantis : Élodie Menant
Verna : Cathy Cerdà
Hans Brugelbecker : Jochen Hagele
Pramesh Singh : Kamal Kant Panwar
Puck : Vincent de Boüard
Gabriel Bismuth-Bienaimé : un jeune spectateur
Bernard Gabay : la voix de l'attraction de « Dreamland » sur le futur
Julien Crampon : le jeune agent de la maintenance de « Dreamland »
Voix additionnelles :
- Xavier Fagnon
- Jean-Baptiste Marcenac
- Benjamin Bollen
- Axel Auriant
- Jérôme Wiggins
- Sylvie Ferrari
- Amélie Porteu De La Morandière
- Isabelle Auvray
- Julia Olmi
- Sophie Parel
- Tom Jury
- Ghislain Delbecq
- Jean-Luc Atlan
- Gunther Germain
- Yan Brian
- Loïc Hourcastagnou
- Martin Guillaud
- Raphaël Magnabosco
- Julien Chatelet
- Jérémie Bédrune
- Marc Perez
- Isaac Lobé-Lebel
- Thimothée Bardeau
- Lya Ghalaimia
- Bianca Tomassian
- Christine Lemler
- Jean-Marc Charrier
- Bruno Paviot
- Valentin De Carbonnier