Fantastique Maître Renard sort en salle le 25 novembre 2009 au Québec, puis le 17 février 2010 en France sous son titre original anglophone Fantastic Mr. Fox. Il dispose d'une version française spécifique sur chaque territoire.
M. Renard est le plus rusé des voleurs de poules. A la naissance de son fils, son épouse lui demande d'arrêter ce métier trop dangereux. Il devient alors journaliste mais s'ennuie terriblement. 12 ans plus tard, lorsque la famille Fox déménage au pied d'un arbre surplombant les fermes de trois éleveurs aussi prospères que méchants, la tentation devient trop forte et M. Renard reprend ses anciennes activités. Il va alors entraîner tous les animaux de la forêt dans une guerre acharnée contre les fermiers...
Qu'on se le dise, je n'ai jamais vu aucune autre oeuvre de Wes Anderson que son premier film d'animation Fantastic Mr. Fox qui m'avait quand même laissé avec deux impressions : j'avais trouvé ça à la fois très amusant mais aussi complètement barré. Revoir et analyser ce long métrage de 2009 dans la foulée de Le roman de Renard de 1941 s'est imposé comme une évidence lorsque j'ai remarqué la similitude entre les deux oeuvres. Il ne fait aucun doute que Wes Anderson, bien que celui-ci adapte un livre pour enfants écrit par Roald Dahl en 1970, se soit délibérément inspiré du travail de Ladislas Starewitch pour construire l'intrigue et, surtout, l'esthétique visuelle de Fantastic Mr. Fox. Bien sûr, la comparaison s'arrête là, non seulement l'intrigue n'a absolument rien à voir, à l'exception que le protagoniste principal est inspiré des mêmes contes médiévaux de Renart, mais 80 années de progrès technologiques dans l'animation en volume sont passées par là.
Pour autant, Wes Anderson prend à rebrousse poil la philosophie de la plupart des films d'animation du genre car il saborde toute idée de réalisme dans les décors, de cohérence dans les actions des personnages et de fluidité dans les mouvements. Là où un long métrage produit par Aardman va toujours s'efforcer de fignoler le moindre détail pour chacune des 24 images créées par seconde, Fantastic Mr. Fox prend le contrepied en offrant un défilement saccadé qui, au lieu de rebuter, fait incontestablement sa force. Mieux encore, ce choix esthétique sied à merveille à son intrigue extravagante, disons même fantasque. L'intrigue part dans tous les sens alors qu'il n'y a réellement aucun sens aux divers propos tenus, si ce n'est bien sûr que Renard échappe par tous les moyens à ses poursuivants, quitte à leur rendre la monnaie de leur pièce.
Dans les grandes lignes, l'intrigue de Fantastic Mr. Fox pourrait tout à fait être considérée comme une suite aux précédentes aventures médiévales de Renart. Désormais casé, car ayant épousée une renarde qui lui impose un ultimatum lors d'une dernière tentative de cambriolage avortée, notre ami le voleur goûte à une vie candide auprès de sa femme, qui l'adore, et son fils, qui le méprise (il est dans l'âge de la rébellion adolescente). Mais cette vie tranquille commence sérieusement à le lasser, d'autant que son emploi ne permet pas de leur faire quitter le terrier dans lequel ils vivent. Sautant sur une opportunité d'acquérir une maison arbre, il ne tarde finalement pas à être rattrapé par ses démons. Il se lance dans l'idée de terminer sa carrière sur le casse du siècle, en dérobant les meilleures victuailles à trois fermiers qui vivent à proximité. Pour cela il enrôle son inséparable ami au regard trouble, ainsi que son neveu des villes dont les talents athlétiques vont servir son plan. Sauf qu'il néglige un détail dans l'opération, la détermination des fermiers à l'exterminer à jamais lui et sa famille. Dans leur folie, les humains vont provoquer des dommages collatéraux. Tous les autres animaux de la région sont obligés de fuir, notre voleur de renard devant désormais s'expliquer devant eux et tenter de renverser complètement la situation.
De cette intrigue cousue de fil blanc, Wes Anderson livre cependant une véritable satire du genre en exagérant jusqu'à l'extrême l'absurdité de certains comportements humains. Il soigne également la mise en scène qui entrecroise de nombreux styles, empruntant par exemple certaines de ces idées aux Westerns ou encore aux films d'espionnages des années 1930, tout en les broyant afin d'en proposer une délicieuse caricature. Fantastic Mr. Fox fourmille d'un bout à l'autre d'idées excentriques rendant l'expérience tout aussi étonnante que percutante. Il s'agit ici d'un genre d'humour typiquement britannique qui ne peut s'appréhender que si on l'apprécie déjà au préalable mais qui risque de rebuter tous ceux qui sont fermés à cette forme d'humour. Rien n'a véritablement de sens dans ce film, même si l'intrigue reste cohérente malgré tout. Tous les personnages ont tous un grain de folie inscrit dans leur ADN, les poussant à commettre des actions extrêmement exagérées, particulièrement les humains qui finissent par oublier toute logique, aveuglés qu'ils sont par la déclaration de guerre faite à l'encontre du renard.
Comme évoqué un peu plus haut, Fantastic Mr. Fox n'est pas un long métrage en volume qui suit les codes de sa génération. Esthétiquement, le film exagère à peu près tout de ce qui normalement ne devrait plus se faire, dans le seul et unique but de faire rire. Par-ci, par-là, il est fréquent de voir que les personnages ne sont pas à la bonne échelle, qu'il s'agit de petites poupées de plastique rigide dans les plans éloignés, que le défilement des décors et la simulation de la vitesse recourent juste à quelques photos qui tournent en boucle. Mais le spectateur est détourné de ces faux ratés par une mise en scène impeccable, des dialogues qui font mouches, une pointe de dérision savoureuse voire un morceau musical aussi absurde à voir que sensationnel à entendre (on retiendra la jolie comptine enfantine qui sert une drôle de scène d'évasion à bord d'un side-car). D'un bout à l'autre, Fantastic Mr. Fox affiche une volonté évidente de rendre l'ensemble aussi fun que possible, quitte à exagérer et rendre absurde la plupart de ses scènes.
Sans jamais égaler le célèbre non sens d'une histoire comme celle d'Alice au pays des merveilles, Fantastic Mr. Fox reste cependant une étonnante expérience sensorielle à vivre. Invraisemblable dans la forme, malin dans le fonds, le long métrage se savoure pour peu que l'on soit sensible à cette forme d'humour typique de l'esprit britannique. Les personnages sont survoltés, ils ont tous des convictions profondes qui frisent souvent le ridicule, mais on apprécie de voir leur diverses pitreries pour parvenir à obtenir satisfaction. L'antihéros renard se démène comme un diable pour sortir tous ses amis de la panade dans lequel ils les a tous fourrés au départ, mais il ne renonce pour autant jamais à ses travers. Pas une seule fois celui-ci ne se transformera d'ailleurs en héros puisqu'une fois la victoire acquise, il ne trouvera rien de mieux que de continuer à assumer ses magouilles. A plus d'un titre, Fantastic Mr. Fox reste donc une oeuvre particulièrement marquante.
Olivier J.H. Kosinski - 22 février 2019
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Doublage (Québec - 2009)
M. Renard : Daniel Picard
Rat : Pierre Auger
Franklin Bean : Vincent Davy
Badger : Guy Nadon
Ash : Philippe Martin
Mme. Renard : Marie-Andrée Corneille
Kristofferson : Renaud Paradis
Kylie : Gabriel Lessard
Doublage (France - 2009)
M. F.F. Foxy Renard : Mathieu Amalric
Mme Felicity Renard : Isabelle Huppert
Ash Renard : Alexis Tomassian
Kristofferson Silverfox : Emmanuel Garijo
Kylie Sven Opposum : Philippe Bozo
Clive Blaireau : Patrick Floersheim
Franklin Bean : Pierre Dourlens
Mme Bean : Brigitte Virtudes
Rat : Dominique Collignon-Maurin
Skip : Éric Legrand
Rickity : Mark Lesser
Belette : Xavier Fagnon
Pierrot : Olivier Constantin
Castor fils : Christophe Lemoine
Sources :
Doublage au Québec
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