Fievel et le trésor perdu sort directement en VHS durant l'année 1999 en France et au Québec, avec un doublage exclusivement français sur les deux territoires. On reconnait également ce film sous le titre de Fievel et le trésor de Manhattan, une traduction plus ou moins littérale de son titre anglophone, sur certaines plateformes de vidéos à la demande. J'ignore actuellement la raison de cette seconde appellation, puisque le titre officiel du film a toujours été le premier, que ce soit en France comme au Québec.
Réalisé bien avant la démocratisation des téléviseurs 16/9, le long métrage a été produit sous le ratio de l'époque 1.33:1 (4/3). Cependant il est, depuis, régulièrement diffusé dans un format recadré en 1.66:1 (16/9) rognant le haut et le bas de l'image, comme c'est le cas lors des rediffusions sur Gulli dont les captures d'écrans sont extraites.
Au début du 19e siècle, Fievel découvre une carte mystérieuse censée mener vers un fabuleux magot caché sous New York. Il s'aventure alors avec son compagnon de route Tony et son vieil ami Tiger dans un monde secret gourverné par d'étranges souris indiennes. Sur place, il rencontre la ravissante princesse Cholena, la seule personnage détenant les clés d'un vrai trésor...
La toute petite souris Fievel Souriskewitz a cela de particulier que deux des longs métrages où elle apparait ont fait trembler le mastodonte de l'époque qu'était Disney, seul et unique studio ayant eu jusque là une solide réputation en matière de longs métrages animés. Sans être pour autant des oeuvres militantes, Fievel et le nouveau monde ainsi que sa suite Fievel au Far West étaient des oeuvres engagées qui essayaient de dépeindre une réalité plutôt noire sur le célèbre rêve américain. Le premier film, réalisé par Don Bluth, racontait une version légèrement romancée de la véritable vague d'immigration de russes juifs, chassés de leur pays par une lourde politique ségrégationniste et antisémite à la fin du 19e siècle. Comme ce fut vraiment le cas à l'époque, toutes les souris du long métrage sont persuadés que l'Amérique est leur terre d'accueil, un endroit magnifique débarrassé des conflits et des pressions qu'ils subissent, sans compter l'absence de chats. La dure réalité les rattrape cependant très vite, d'abord via les multiples dangers de la traversée en bateau quasiment clandestine et la rude réalité qui les accueille quand ils débarquent à New York. En 1991 Fievel au Far West se voulait un petit peu plus léger dans son approche, principalement parce que Don Bluth n'était pas chargé de sa réalisation, sans pour autant renier la même façon de raconter les difficultés à se lancer dans la conquête de l'ouest américain.
Durant les années 1990, quasiment au même moment que son célèbre concurrent Disney, le studio Universal se lance dans la confection d'innombrables produits dérivés prenant la forme de longs métrages animés spécialement réalisés pour le marché vidéo. A cette époque, les ventes de VHS sont en plein boum et les rentrées d'argent sont plus fécondes via ce "circuit court" que via le circuit traditionnel cinématographique. Ayant sous le coude de nombreuses licences plus ou moins à succès, Universal lance une grande campagne de suites pour tout un tas de longs métrages Amblin qui ont fait les beaux jours du box office en leur temps. Tout le monde y passe, du bien peu épargné pauvre petit dinosaure et ses treize suites, aux deux nouveaux opus venant étoffer la légende de Balto, le pauvre Fievel n'y échappe pas non plus puisqu'il voit débouler un premier nouvel opus en 1999, Fievel et le trésor perdu, un second le suivra quelques mois plus tard. Assez curieusement, Universal fait le choix de ramener Fievel à New York, écartant de fait ses aventures au Far West, probablement parce que la série télévisée de 1992 l'avait déjà explorée, faisant dès lors de cette nouvelle aventure inédite une oeuvre s'intercalant officiellement entre les deux premiers films.
Universal n'ayant jamais vraiment eu la moindre intention d'insuffler la moindre profondeur à ses innombrables suites animées, Fievel et le trésor perdu se montre, dès les premières minutes, nettement moins mature que ses deux aînés. Pour autant, sans véritable raison logique, ce troisième opus tente, assez maladroitement, d'entremêler dans une même intrigue des idées empruntées aux deux premiers films. Il est ainsi question de la dénonciation du capitalisme avec ses souris qui subissent leur travail à la limite de l'esclavagisme, mais également d'une étonnante tribue d'indiens pacifistes cachée sous les tréfonds de Manhattan. Dans les grandes lignes, l'entremêlement de ces idées n'est pas mauvaise en soit, puisqu'il ajoute aussi les problèmes raciaux et la corruption policière, le problème c'est que Fievel et le trésor perdu gratte juste à la surface des choses. De fait, on en est réduit aux petits gentils manipulés qui doivent lutter comme les grands méchants qui manigancent tout, sans la moindre nuance de gris entre les deux. Fievel et le trésor perdu s'échine principalement à proposer tout un tas de péripéties aventureuses qui se montrent, au fur et à mesure, de moins en moins crédibles dans le contexte de Manhattan. Au final, tout se termine bien pour tout le monde, y compris pour les méchants qui ne sont, curieusement, pas punis pour leurs exactions.
Pour Fievel et le trésor perdu, Universal applique exactement la même recette que celle présentée dans la saga du petit dinosaure, le côté catholique en moins, mais principalement parce que le studio a ici fort à faire pour gommer toute référence à la religion juive, contrairement aux deux grands opus cinématographiques qui y faisaient explicitement référence. Production spécialement réalisée pour le marché vidéo, le long métrage reste cependant tout à fait potable pour son esthétique. C'est un hypothèse de ma part, mais il semble probable que le design a été influencé par le réalisateur Larry Latham, qui compte une grande carrière chez Hanna-Barbera mais également chez Disney (La bande à picsou, le film, Bonkers, de star à agent). La plupart des environnements urbains de New York sont convaincants et rappellent assez bien Fievel et le nouveau monde, avec un peu moins de détails évidemment. Globalement, les anciens personnages sont graphiquement assez proches de ce qu'ils étaient auparavant, toutes proportions gardées, contrairement à la ribambelle de nouveaux personnages pas vraiment fameux. Le long métrage compte également trois chansons, somme toutes inutiles dans le récit, ainsi que sur la présence de l'inépuisable Michael Tavera à qui l'on doit déjà une grande partie des bandes originales de films animés d'Universal, dont celles de la saga du petit dinosaure, oui encore elle.
Sans révolutionner la formule éculée des suites mercantiles opportunes produites par Universal, Fievel et le trésor perdu est un petit film mineur sympathique à regarder pour les jeunes spectateurs, mais qui laissera indifférent les plus grands. En même temps, il est impossible de rivaliser face à la profondeur, la noirceur et l'intelligence de Fievel et le nouveau monde, réalisé par un Don Bluth nettement plus inspiré. Universal capitalise juste sur l'aura de Fievel, en livrant une oeuvre formatée qui a, au moins, le mérite de ne pas trop décrédibiliser le jeune souriceau. Dans un sens, tant mieux.
Olivier J.H. Kosinski - 04 octobre 2019
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Doublage (France - 1999)
Fievel Souriskevitz : Elliot Weill
Tanya Souriskevitz : Marie-Charlotte Leclaire
Papa Souriskevitz : Roger Lumont
Mama Souriskevitz : Nathalie Nerval
Tiger : Alain Dorval
Tony Toponi : Dimitri Rougeul
Cholena : Ludivine Sagnier
Professeur Tatillon : Philippe Dumat
McBrusque : Jean-Claude Sachot
Rupin : Henri Poirier
La Ripaille : Pierre-François Pistorio
Visqueux de Rat : Jean-Luc Galmiche
La Ferulle : Benoit Allemane
Chef Wulisso : Saïd Amadis
Sources :
Forum Doublage France