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Walt Disney Pictures
Jean-Christophe et Winnie

L'histoire de Jean-Christophe

L'histoire de Jean-Christophe sort en salle le 3 août 2018 au Québec. Pour une raison inconnue, la sortie du long métrage est repoussée jusqu'aux vacances scolaires de la Toussaint en France, où il sort le 24 octobre 2018 sous le titre de Jean-Christophe et Winnie. Le long métrage est proposé dans deux versions francophones. On notera au passage que Céline Monsarat (Maman Gourou) est vocalement présente dans les deux versions.

L'intrigue

Le temps a passé. Jean-Christophe, le petit garçon qui adorait arpenter la Forêt des Rêves bleus en compagnie de ses adorables et intrépides animaux en peluche, est désormais adulte. Mais avec l'âge, il est devenu sérieux et a perdu toute son imagination. Pour lui rappeler l'enfant attachant et enjoué qu'il n'a jamais cessé d'être, ses célèbres amis vont prendre tous les risques, y compris celui de s'aventurer dans notre monde bien réel...

Analyse de l'oeuvre

Bien qu'il soit né soit la plume de Alan Alexander Milne, le tout petit, tout rond, tout mignon Winnie l'ourson n'a gagné ses galons de superstar internationale que par la volonté de Walt Disney d'en faire un personnage animé comme tant d'autres qui ont intégré la grande famille des " appropriations culturelles " Disney. Malgré tout, Walt Disney l'a finalement peu connu de son vivant, Winnie l'ourson n'ayant prit du galon qu'après son décès dans de multiples franchises, d'abord en tant que personnage animé, puis de personnage costumé en France, ensuite sous la forme de longs métrages et, enfin, décliné à toutes les sauces dans la gamme jeunesse et petite enfance par la filiale Disney Consumer Products. Quand bien même Winnie l'ourson a été surexploité pendant trois décennies, au point de devenir plus connu et plus populaire que Mickey Mouse dans le monde, chaque personne ou studio qui a travaillé pour lui donner vie à l'écran a toujours systématiquement respecté son essence.

Winnie était un gentil petit personnage plein de bons sentiments mais quelque peu benêt, ce qui le rendait attendrissant malgré lui comme aurait le regard d'un adulte devant un tout petit enfant qui découvre à sa façon le monde à travers son jeune vécu. On retrouvait d'ailleurs ce même traitement tendre (version " disneyifié " j'entends) envers tous ses comparses, que ce soit Tigrou, Bourriquet, Porcinet, Maitre Hibou, Coco Lapin ainsi que les deux membres de la famille Gourou. En 2011 pourtant, tout change. Quand John Lasseter décide de mettre en production un nouvel opus produit par Walt Disney Animation Studios, pourtant un évènement en soit, l'historique Disney de Winnie l'ourson est sacrifié sur l'autel de la modernité et de l'infantilité tout perdant au passage absolument toute sa substance. Là où les personnages était traités avec le plus grand soin jusque là par DisneyToon Studios, ils sont cette fois maltraités et complètement redéfinis, le tout enrobé par un sentiment de nostalgie franchement inapproprié dans une telle oeuvre qui s'était évertuée à rester universelle jusque là.

Sept ans plus tard, Jean-Christophe & Winnie saute de prime abord de plein pied dans ce portrait peu flatteur des personnages de la forêt des rêves bleus (le bois des cent acres dans la version originale et québécoise). Pour la première heure, le réalisateur Marc Foster a énormément de mal à instaurer une atmosphère à son long métrage. Durant toute la longue première partie, Jean-Christophe & Winnie aligne sans imagination les lieux convenus, en tentant de remémorer des souvenirs d'enfance de la franchise aux spectateurs. Sauf que chaque scène manque cruellement d'authenticité, alors que le réalisateur a régulièrement recours à une camera Steadicam. D'ordinaire, ce système de prise de vue permet à un réalisateur d'être au plus près de l'action, en transportant une lourde camera sur lui, ce qui lui permet d'offrir des prises de vues proche de l'intimité des personnages. Mais ce système, quand il est mal exploité, crée souvent le problème inverse car le moindre tressautement de la camera donne souvent la nausée au spectateur, face à un écran qui semble avoir sans cesse la bougeotte, ce qui le sort complètement du film qu'il est en train de regarder. En oubliant, volontairement, de jouer avec les traditionnels codes du cinéma, Marc Foster rate toutes les scènes qui devraient normalement faire naître un semblant d'émotion. Ainsi, là où certaines scènes se veulent drôles, par exemple quand Winnie débarque dans la maison de Jean-Cristophe et provoque des catastrophes en série, l'ourson se métamorphose en un pur imbécile enchaînant des actions tout bonnement stupides. Winnie l'ourson a toujours été, comme il l'affirme lui-même, un ourson de peu de jugeote. Toute la franchise Disney avait systématiquement respecté ce trait de caractère qui rendait l'ourson attachant malgré sa bêtise.

Dans Jean-Christophe & Winnie, Winnie l'ourson est, durant la première heure du film, tout bonnement méconnaissable. Son allure, son design, sa démarche clopinante, qui sont pourtant strictement répliqués sur ces comportements " naturels " en tant que personnage animé rendent ici le personnage antipathique. En ajoutant à cela une animation faciale quasiment figée et dépourvue du moindre trait de caractère qui permettrait de ressentir la moindre émotion à travers elles, le Winnie l'ourson tout numérique arrive à se rendre moins crédible à l'écran que n'importe quelle marionnette des Muppets. Plus paradoxal, la première partie de Jean-Christophe & Winnie est la seule des deux parties du long métrage qui veut réellement raconter quelque chose. La réalisation de Marc Foster est, dans cette première partie, incontestablement pauvre, sans âme et sans imagination. Il n'est pas rare de trouver chaque scène particulièrement poussive, longue et non immersive. Un constat qui est aggravé dès les premières minutes par le choix incompréhensible et inapproprié de Disney France d'ajouter un narrateur (aussi bien en version française que québécoise) à toute la séquence d'introduction du film, sacrifiant totalement le peu de poésie de cette longue scène retraçant la vie de Jean-Christophe à travers le temps. Plus gênant encore, la relation qu'entretient Jean-Christophe avec sa famille est tellement prévisible et téléphonée, tout en étant mal proposé à l'écran (Hook ou la revanche du Capitaine Crochet fait incontestablement bien mieux), que l'on a énormément de mal à s'attacher au destin du personnage. Pourtant, un tout petit quelque chose parvient quand même à rendre l'expérience agréable.

Ce petit quelque chose a-t-il un nom ? Oui, il s'agit même d'un nom propre : Ewan McGregor ! Étonnamment, si la première partie du long métrage a toutes les peines du monde à se révéler attachante par son absence totale d'ambiance, c'est tout le contraire pour l'acteur d'origine écossaise. Non seulement Ewan McGregor personnifie avec maestria les tourments de Jean-Cristophe Robin, mais le comédien parvient aussi à déballer à l'écran une grande palette d'émotions toutes plus pertinentes les unes que les autres. Dans la première partie du long métrage, l'acteur joue d'ailleurs habilement sur l'aspect plus ou moins schizophrène de Jean-Christophe dont on s'est toujours douté que les personnages de la forêt de rêves bleus ne vivaient que dans l'esprit de l'enfant qu'il était autrefois. Si la réalisation de Marc Foster a du mal à se révéler convaincante, il faut quand même admettre que la corrélation entre la perte totale de repères de Jean-Christophe et la disparition instantanée de Winnie et ses amis est du plus bel effet dans le film. C'est même un très bel effet de twist qui est ainsi proposé. Dès l'instant où Jean-Christophe se ferme à la dernière émotion qui restait encore en lui, il se retrouve soudain tout seul face au vide qui s'est accaparé de son coeur. Dès lors, Jean-Christophe & Winnie change du tout au tout, délaissant l'aspect pesant et franchement longuet aperçu jusque là. Je doute cependant qu'il s'agisse ici d'un choix délibéré de Marc Foster, plus à l'aise dans les scènes énergiques que les scènes intimes dans sa filmographie, mais une chose est sûre, le réalisateur est ensuite beaucoup plus à l'aise dans la seconde partie du long métrage qui s'avère étonnement plus énergique.

A partir de ce moment précis, qui intervient exactement à la moitié de Jean-Christophe & Winnie, le long métrage abandonne pratiquement tout semblant d'intrigue. Au contraire de la première partie qui essayait de raconter quelque chose, la seconde partie du film se transforme en une quête, un simple but à atteindre, peu importe la manière dont on y parvient. Chacun des protagonistes du long métrage a désormais un objectif spécifique à atteindre, dont la destination finale est bien évidemment la réunion familiale convenue et typique de la grande tradition des comédies sentimentales de Disney. Dans l'intervalle, on assiste à la métamorphose de Marc Foster qui rend incontestablement Jean-Christophe & Winnie beaucoup plus efficace. Les péripéties des personnages s'enchaînent sans fausse note car la réalisation est équilibrée entre les scènes d'actions, le côté intime des personnages et la drôlerie de certaines situations. Un tiercé gagnant qui manquait cruellement à la première partie du film. Par la même occasion, Jean-Christophe renoue petit à petit avec ses propres sentiments ce qui rejailli sur Winnie, Tigrou, Porcinet et Bourriquet comme si, finalement, c'était lui-même qui influençait le destin et la personnalité de ses peluches d'enfants. Tout au long de la deuxième partie du film, on retrouve même avec bonheur les gesticulations et pérégrinations familières des habitants de la forêt de rêves bleus qui, malgré l'incompréhension qu'ils ont du nouveau monde qu'ils découvrent, parviennent en faisant un peu n'importe quoi à réussir à obtenir ce qu'ils veulent.

Je dois admettre que je suis allé voir Jean-Christophe & Winnie en traînant les pieds, trouvant tous les bons prétextes pour repousser le plus longtemps possible sa découverte. Même si j'ai toujours apprécié l'univers de Winnie l'ourson, à l'exception du long métrage animé de 2011, je n'ai pour autant jamais été un fan accompli du personnage. Preuve en est que parfois la première impression n'est pas souvent la bonne. Certes, les personnages numériques de la forêt des rêves bleus n'ont absolument aucun charisme, rien ne peut arriver à la cheville de leurs versions animés on en conviendra. Certes, la première partie est brouillonne, voire même mollassonne, mais c'est pour mieux surprendre le spectateur désabusé qui s'étonne d'apprécier la seconde partie du film alors qu'elle ne se contente finalement que d'aligner clichés sur clichés. Mais c'est là l'un des tours de forces des films qui réussissent à jouer avec la corde émotionnelle de ses spectateurs à l'unisson. Jean-Christophe & Winnie réussit finalement à le faire, alors qu'on n'y croit pas au début, même s'il faut surtout accorder ce mérite au talent d'Ewan McGregor qui personnifie avec sincérité un adulte désabusé réussissant à retrouver son âme d'enfant qu'il croyait avoir perdue.

Olivier J.H. Kosinski - 18 janvier 2019

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05 septembre 2020
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Voxographie Francophone

Doublage Commun (France / Québec - 2018)

Maman Gourou : Céline Monsarrat

Doublage (Québec - 2018)

Jean-Christophe Adulte : Maël Davan-Soulas

Jean-Christophe Enfant : Adam Moussamih

Winnie l'ourson : Pierre Verville

Evelyn Robin : Catherine Proulx-Lemay

Coco Lapin : Denis Michaud

Madeline Robin : Juliane Belleau

Cecil Hungerford : Alain Zouvi

Tigrou : Daniel Picard

Winslow : Hubert Fielden

Bourriquet : Vincent Potel

Giles Winslow : Louis-Philippe Dandenault

M. Hibou : Jacques Lavallée

Porcinet : Daniel Lesourd

Petit Gourou : Elia St-Pierre

Doublage (France - 2018)

Jean-Christophe Adulte : Bruno Choël

Jean-Christophe Enfant : Simon Faliu

Winnie l'Ourson : Jean-Claude Donda

Tigrou : Patrick Préjean

Bourriquet : Wahid Lamamra

Porcinet : Hervé Rey

Coco Lapin : Michel Mella

Maître Hibou : Bernard Alane

Petit Gourou : Simon Faliu

Evelyn : Sandra Valentin

Madeline : Levanah Solomon

Giles Winslow Jr. : Patrick Osmond

Giles Winslow Sr. : Michel Prud'homme

Katherine Dane : Géraldine Asselin

Hal Gallsworthy : Patrice Dozier

Ralph Butterworth : Michel Voletti

Matthew Leadbetter : Xavier Béja

Joan MacMillan : Pascale Chemin

La mère de Jean-Christophe : Frédérique Marlot

Le père de Jean-Christophe : Philippe Siboulet

Cecil Hungerford : Philippe Peythieu

Officier Bobby : Georges Caudron

Le chauffeur de taxi : Frédéric Cerdal

Le vendeur de journaux : Fabien Jacquelin

Le vendeur de ballons : Jerome Wiggins

La prof à l'internat : Chantal Baroin

Nemir Azizi : Jean-François Cros

Le conducteur du train : Cédric Barbereau

La mère à la poussette : Valérie Nosrée

Le Narrateur : François Berland

Sources :
Doublage au Québec
Carton Générique

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