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NTV Japon
Kiki, la petite sorcière

Drama

Kiki, la petite sorcière est un drama adaptant le long métrage animé de Hayao Miyazaki réalisé par Toei et proposé en salle le 1er mars 2014 au Japon. A l'heure actuelle, ce drama est inédit sur tous les territoires francophones.

L'intrigue

Chez Kiki, treize ans, on est sorcière de mère en fille. Mais pour avoir droit à ce titre, il faut subir une épreuve initiatique. Kiki doit quitter les siens pendant un an et leur prouver qu'elle peut vivre en toute indépendance dans une ville de son choix. Un beau soir, accompagnée de son chat Jiji, après avoir embrassé ses parents, elle enfourche son balai et met le cap vers le sud pour voir la mer. Le lendemain, elle atterrit dans une sympathique ville côtière. C'est là qu'elle rencontre Osono, une gentille boulangère qui lui offre un toit et le couvert à la condition qu'elle l'aide dans ses tâches quotidiennes...

Analyse de l'oeuvre

Au Japon, l'adaptation d'un manga ou d'une série animée populaire avec de vrais comédiens est une chose relativement courante. On se souviendra par exemple de Maison Ikkoku, Détective Conan, XXX Holic, Sailor Moon ou encore City Hunter. Le studio Ghibli n'y a d'ailleurs pas échappé non plus puisque Le tombeau des lucioles s'est vu offrir son histoire racontée d'un tout autre point de vue en 2005. Ce genre télévisuel typiquement japonais est plus ou moins populaire, tout comme les diverses adaptations sont plus ou moins fidèles au matériau de départ, la majorité des dramas se contentant juste de proposer une sorte de long épisode télévisé d'une trentaine de minute environ. Les plus fouillés avoisinent généralement les deux heures, génériques compris, deux heures trente si l'on tient compte des publicités lors des diffusions à la télévision japonaise. C'est dans ce registre que se situe cette adaptation live de Kiki, la petite sorcière, sorte de version révisée et augmentée du classique animé de Hayao Miyazaki, mais diffusée en salle où il déloge Le Hobbit de la première place du box-office japonais. Il en résulte une histoire à la fois très proche et complètement différente du long métrage animé de 1989, mais qui s'avère au final plutôt sympathique à défaut d'être parfaite.

Dans les grandes lignes, l'aventure de Kiki suit à peu près le même chemin émotionnel que la version animée, même si la plupart de ses faits d'armes sont ici complètement nouveaux, à commencer par son ultime acte de bravoure qui assoira définitivement sa réputation en ville et qui n'a absolument plus rien à voir avec celui du long métrage de 1989. On commence donc à peu près à la même époque, quand Kiki doit quitter son village natal, pour partir en quête d'un endroit où vivre et se former pendant une année complète. Cependant, cette version de Kiki, la petite sorcière élargit la mythologie de départ en faisant un long focus sur son enfance et plus particulièrement ses parents (au détriment de sa grand-mère absente de ce drama) qui apparaissent à quelques reprises durant les deux heures que compte le programme. Autre détail qui a son importance et qui différencie fortement le drama de 2014 à sa version originale de 1989, c'est le traitement vraiment hostile que rencontre à plusieurs reprises Kiki dans son périple. Si la vision de Hayao Miyazaki était globalement positive, la jeune Kiki de 2014 essuie à plusieurs reprises des insultes anti-sorcières, tout comme elle se fait durement humilier par une jeune fille qui détruira en un claquement de doigt la mince réputation qu'elle avait réussi à se faire pour son service de livraison. Bref, si quelques scènes font évidemment écho à la version de 1989, Kiki, la petite sorcière réinterprète l'histoire d'origine prouvant que le réalisateur Takashi Shimizu s'est complètement réapproprié le récit.

Si le long métrage de 1989 ne souffre d'aucun réel défaut, aujourd'hui encore, Kiki, la petite sorcière souffle malheureusement le chaud et le froid. Dans l'ensemble, le drama offre de bonnes idées, particulièrement parce que Fuka Koshiba est agréable dans le rôle de Kiki, même si on regrettera qu'elle soit un tantinet trop âgée pour le rôle (elle en avait 17 au moment du tournage, alors que Kiki est censée n'en avoir que 13). Pour lui donner la réplique, Ryohei Hirota est dans un premier temps beaucoup moins à l'aise dans le rôle de Tombo, principalement parce que dans ce drama, son personnage développe une farouche, tout comme inexplicable, hostilité envers Kiki. Certes, en extrapolant un peu, on comprend au fil du récit que Tombo est jaloux de la facilité qu'a Kiki de s'envoler dans le ciel alors que lui s'échine à fabriquer des engins hautement improbable sans y parvenir. Il n'empêche que ce défaut empêche réellement d'avoir la même alchimie entre les deux enfants qui existait dans le long métrage animé. En dehors de ces deux là, la plupart des autres personnages de Kiki, la petite sorcière vont et viennent sans consistance aucune, si ce n'est bien sûr Machiko Ono dans le rôle de la boulangère Osono même si son rôle aurait gagné à être mieux écrit.

Concernant l'aspect visuel, Kiki, la petite sorcière fait là aussi dans la demi-mesure car on croise à la fois des décors fabriqués de toutes pièces franchement sympathiques, à l'image du moulin à farine et de la boulangerie, tout comme le drama offre aussi des endroits vraiment neutres (le zoo), si ce n'est pas complètements ratés (le village d'origine de Kiki). En réalité, là où le bas blesse, c'est du côté des effets numériques qui sont, la majorité du temps, vraiment risibles pour un film paru au cinéma. On regrettera particulièrement le gros ratage concernant le fidèle compagnon de Kiki, le chat Jiji, dont on a toutes les peines du monde à croire une seule seconde qu'il s'agit d'un chat. On voit tout de suite tous les effets numériques appliqués par dessus un véritable chat, rendant celui-ci difforme, voire carrément bizarre si l'on tente de regarder son visage. Pour dire à quel point le problème est flagrant, il suffit de vous dire que l'animatronique qui servait à jouer Salem dans la série Sabrina, l'apprentie sorcière en 1996 était autrement plus convaincant que ce Jiji au physique vraiment ingrat. Paradoxalement, Kiki, la petite sorcière offre de splendides vues sur la campagne et le bord de mer japonais, dont de très beaux plans de vol ainsi qu'une visite guidée de lieux visiblement très touristiques qui donne un cachet plus authentique au récit.

Au contraire du drama Le tombeau des lucioles, qui apportait une dimension humaine, émotionnelle et adulte au récit sans pour autant trahir la version originale qui s'intéressait aux regards des deux enfants, Kiki, la petite sorcière préfère au contraire refaire la même chose mais d'une manière complètement différente. De fait, le drama ne parvient jamais à se révéler ni épique, ni particulièrement haletant malgré quelques séquences sympathiques, ni aussi chaleureux que le long métrage animé de 1989. Mais il se laisse regarder, avec un oeil distrait toutefois, car Takashi Shimizu a tenté d'apporter un tout petit peu plus de profondeur au récit de base (notamment la chasse aux sorcières et ses conséquences sur Kiki) tout en réinventant le concept du service de livraison de la jeune sorcière. Il en résulte un drama globalement sympathique et suffisamment différent de la version animée pour ne jamais se sentir complètement lésé. Mais gardez à l'esprit que rien ici n'égale la version proposée par Hayao Miyazaki, bien meilleure en tout point.

Olivier J.H. Kosinski - 30 novembre 2018

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