Analyse de l'oeuvre
Si vous avez déjà consulté mon site auparavant, je pense que vous savez déjà que je n'ai jamais été très fan du conte de Charles Dickens Un conte de Noël. Du moins, ce n'est pas tout à fait juste. C'est surtout que ce conte populaire a été tellement décliné à toutes les sauces dans la fiction américaine que j'en ai aujourd'hui les poils qui s'hérissent rien qu'à l'idée de devoir subir encore une fois la venue des trois horripilants esprits du Noël passé, du Noël présent et du Noël à venir. Comment se renouveler en même temps ? L'histoire est systématiquement la même, elle met toujours en vedette un être acariâtre qui, en l'espace d'une seule et unique nuit, oublie toute une vie de pingre gripsou afin de s'ouvrir enfin aux autres. Le Noël des Looney Tunes est peut-être une des rares exceptions qui confirme la règle car le méchant de l'histoire n'est autre que l'irascible Daffy Duck. Or, quand les Looney Tunes décident de saborder un grand classique de la littérature américaine, forcément cela change complètement la donne.
Car cette fois-ci, les personnages un peu foldingues de la grande famille des cartoons Warner sont bel et bien décidés à saccager complètement le conte de Dickens. Du début à la fin, Daffy Duck subit les affres de ses succulentes affaires commerciales de Noël, mais en gardant constamment son goût immodéré pour les billets verts. Une fois Le Noël des Looney Tunes refermé, on sait pertinemment que Daffy Duck retombera inévitablement dans ses travers. De fait, la perspective de l'histoire originale est radicalement changée pour offrir aux spectateurs un joyeux bordel animé tout aussi savoureux que peuvent l'être n'importe lequel des nombreux cartoons Warner. Le studio s'amuse d'ailleurs à convier absolument tous les personnages phares de la compagnie dans un festival de caméos en tout genre tout aussi savoureux que complètement improbables. En réalité, la seule victime indirecte de cette déferlante animée reste Bugs Bunny dont la présence à l'écran est réduite au maximum, le lapin est noyé par la savoureuse débilité de son éternel comparse à plumes.
Dans l'optique où la fête de Noël vous déprime un peu, et qu'un rien vous amuse ou parvienne à vous dérider, Le Noël des Looney est réellement fait pour vous. Quarante-six minutes de pur concentré de débilité où l'excellent Daffy Duck se prend des claques de toutes parts. Le plus drôle dans tout ça ? C'est que le canard excentrique en redemande à chaque fois, et nous avec ! Car oui, qu'on se le dise, un fan de cartoon Warner est un tantinet sadique, rien ne peut plus nous faire plaisir que de voir Daffy Duck perdre son bec à n'importe quelle occasion. La fête de Noël n'y coupe pas !
Olivier J.H. Kosinski - 24 décembre 2018
