Accueil Rechercher Contact Menu Ξ
x
Chercher dans Analyses Catalogue Dossiers Actualités Petites Renconstres

Hanna Barbera
Le petit monde de Charlotte

Charlotte, l'araignée rigolote

Le petit monde de Charlotte est le premier long métrage original, c'est à dire non inspiré par aucune de leurs oeuvres précédentes, produit par Hanna-Barbera. Il sort au cinéma en France le 11 mai 1974, puis disparait de la mémoire collective jusqu'à ses ressorties vidéos à partir de 2001 en VHS puis 2004 en DVD, sans pour autant briller plus. Aucune information n'est disponible quand à une sortie en salle au Québec. Selon le support sur lequel il est proposé, on croise également le film sous le titre de Charlotte, l'araignée rigolote, titre qui est parfois aussi utilisé pour désigner sa suite, entrainant une certaine confusion nottament sur TFou Max.

L'intrigue

Wilbur est un porcelet vraiment chanceux, il a été sauvé in extremis d'une mort certaine par une jeune humaine prénommée Françoise. Mais ce bonheur est malheureusement de très courte durée. Devenu inutile et encombrant pour le père de Françoise, il décide, contre la volontée de sa fille, de vendre Wilbur à un autre fermier. Alors qu'à nouveau se profile à l'horizon un nouveau sort funeste pour le porcelet, Charlotte, une araignée astucieuse, va mettre à profit son talent de tisseuse afin de lui sauver la vie...

Analyse de l'oeuvre

Saviez-vous que Hanna-Barbera avait réalisé des longs métrages d'animation originaux ? Je dois faire mon mea culpa car j'en étais resté sur l'idée que ce studio portait seulement sur grand écran la plupart de ses grandes séries télévisées d'animation à succès. Le petit monde de Charlotte est évidemment la première exception à cette fausse règle que j'avais établi dans ma tête puisqu'il s'agit de leur toute première création originale. Originale dans le sens qu'elle ne s'inspire d'aucun de leurs personnages animés, bien qu'elle tire son intrigue du roman La toile de Charlotte écrit par Elwyn Brooks White et publié pour la première fois en 1952. Si j'ai finalement découvert l'existence de ce long métrage, c'est ironiquement par le biais de sa suite conçue spécialement sur le marché vidéo en 2003 sur laquelle je suis tombée complètement par hasard. Puisqu'il existait un second opus, il devait forcément exister un premier long métrage. Je me suis donc dépêché de me procurer un exemplaire de Le petit monde de Charlotte sur lequel la jaquette et le générique promettaient de bien belles choses. En dehors de William Hanna et Joseph Barbera, évidemment, on y trouve notamment les noms des frères Sherman, mais également celui qui a été appelé à remanier la partition musicale de Fantasia en 1982, un certain Irwin Kostal. Même la version française y va de ses illustres contributeurs, notamment les célèbres Jean Topart et Lucie Dolène. C'est non sans un certaine fébrilité que j'ai décidé de découvrir Le petit monde de Charlotte. Le moins que je puisse dire, c'est que j'en suis ressorti très décontenancé.

La première sensation qui émerge dès les premières minutes de Le petit monde de Charlotte, c'est une forme de familiarité. Quand vous avez été gavé comme moi de programmes Hanna-Barbera que vous avez particulièrement appréciés, l'aspect visuel de ce long métrage ne peut décemment pas cacher sa filiation. Que ce soit les humains ou les animaux, le constat est sans appel, on se retrouve totalement en terrain connu. Cette façon un peu rêche d'animer les personnages est une caractéristique typique des productions de Hanna-Barbera, notamment des illustres épisodes du célèbre Scooby-Doo. Si Le petit monde de Charlotte a été réalisé en 1973, on n'est très loin d'égaler ne serait-ce que la qualité d'animation d'un long métrage Disney des années 1950. Ni plus, ni moins, le long métrage est un transfuge de ce que Hanna-Barbera proposait sur les écrans de télévisions, avec un soupçon de fignolage pour marquer le coup sur grand écran. On se surprend à rire de certaines scènes involontairement rendues comiques par les choix d'animation étrangement exagérées, particulièrement sur les humains (quand un humain mange, on dirait un vache qui rumine). Le problème est heureusement moins criard sur les animaux qui ont une présence à l'écran un peu plus conséquente.

La seconde sensation qui surgit au fur et à mesure que Le petit monde de Charlotte avance, c'est l'incompréhension. L'intrigue est pourtant d'une simplicité limpide : une araignée tisse des messages dans sa toile afin de sauver de l'abattoir un petit cochon. De là, E.B. White brode un conte enfantin servi par un message de tolérance qu'on ne retrouve pas du tout dans l'esprit du long métrage. Tout au contraire, le long métrage tend à dresser un portrait peu flatteur du cochon Wilbur, le rendant étrangement antipathique. Wilbur est un animal qui ne vit que par l'intermédiaire des autres, gémissant, réclamant, pleurant dès lors qu'il n'est pas au centre de l'attention de son entourage. Au fur et à mesure que le film progresse, on a toutes les difficultés à comprendre pourquoi l'araignée Charlotte tente par tous les moyens de le sauver de son triste sort. Wilbur ne tente jamais la moindre initiative pour s'en sortir par lui-même, il attend que les autres résolvent tous ses problèmes à sa place. Plus gênant, si tant est que vous n'ayez pas gardé une vision d'enfant, les messages tissés par Charlotte sont d'une telle puérilité que l'on a du mal à comprendre comment autant d'humains sont extasiés devant ses messages. Plus gênant encore, on a énormément de mal à comprendre pourquoi Wilbur est unanimement acclamé par la foule pour une action qu'il n'a pourtant pas commise. Personne ne se pose la question de l'ingéniosité d'une araignée capable de tisser des messages dans une toile, seul le cochon en reçoit tous les mérites.

La troisième sensation, et non la plus agréable, est la déception pour la partie musicale. En associant les frères Sherman à Irwin Kostal, d'illustres noms associés à de grandes réalisations pour Disney, on s'attend franchement à une bonne qualité générale. A chaque fois qu'un personnage se lance dans un numéro musical, c'est inévitablement la vrai douche froide. Même la version française n'arrive pas à transformer l'essai prouvant que même lorsqu'on est un excellent chanteur, à l'image de Lucie Dolène (dont le timbre a peu changé depuis sa participation à Blanche-Neige et les sept nains dix ans plus tôt), quand une chanson est mauvaise, une belle voix n'arrive absolument pas sauver les meubles, ni à donner le change. A la sortie du film, E.B. White avait été consterné par les chansonnettes du long métrage adapté de son roman. Je ne peux qu'abonder dans le même sens tant la plupart des chansons de Le petit monde de Charlotte semblent avoir été insérées à la hâte, histoire d'en faire un film chantant comme un bon cru Disney, mais sans une once d'imagination. Quel que soit le moment du film, les personnages chantent parce qu'il a été décidé qu'ils chantent. Mais cela n'apporte rien de concret au film, si ce n'est d'allonger inutilement certaines scènes qui en deviennent passablement risibles (Wilbur est content de savoir parler ? On s'en fout en fait). Quand on s'imagine que ce sont les frères Sherman qui sont derrière ces titres, ceux-là même qui ont imaginé le diaboliquement entêtant "It's a small world", on ne peut ressortir que consterné devant ce complet ratage.

Quand Le petit monde de Charlotte sort en salle en 1973, il est joyeusement conspué par les critiques, boudé par le public américain et vertement critiqué par E.B. White. Paradoxalement, un peu comme le même désamour provoqué par Alice au pays des merveilles, le long métrage atterri très vite sur le petit écran où, au fil des générations et des multiples rediffusions, il finit par rallier à lui de plus en plus de fans. En France, le constat est moins unanime puisque le long métrage disparaît des tréfonds de la mémoire collective. Très peu d'éditeurs vont se risquer à le sortir en vidéo, jusqu'à ce que Warner Bros achète tous les droits des films et séries de Hanna-Barbera, remettant en lumière leur catalogue et poussant Paramount à produire d'abord une suite, puis à la ressortie en catimini du premier long métrage de manière confidentielle en VHS dès 2001, puis en DVD près d'un an plus tard. Mais cette sortie n'est indiscutablement pas faite sous les meilleurs auspices, Le petit monde de Charlotte n'étant proposé que dans un transfert disgracieux, particulièrement du côté de l'audio qui souffre de gros grésillements, craquements et d'un terrible effet de souffle très prononcé, particulièrement sur la version française. Certes, il ne s'agit pas d'un film formidable, il n'en méritait pourtant pas un tel désaveux commercial. Car, en fin de compte, en réservant Le petit monde de Charlotte à un jeune public, l'étrange destin de Wilbur et sa bonne fée Charlotte sauront certainement les satisfaire.

Olivier J.H. Kosinski - 26 avril 2019

Bande annonce

Social eXperience

La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.

J'accepte l'installation
de ces cookies

La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (France - 1974)

Narrateur : Jean Topart

Charlotte A. Cavatica : Perrette Pradier

Françoise Arable : Lucie Dolène

Templeton : Teddy Billis

John Arable : Claude Joseph

Henri : Thierry Bourdon

Homère Zuckerman : Henry Djanik

Edith Zuckerman : Lita Recio

Le bélier : Jean-François Laley

Homme de la fanfare : Jean Violette

Présentateur du concours : Claude Joseph

Sources :
Carton Générique

2.5