Trolls en Boite sort au Québec le 26 septembre 2014, puis le 15 octobre 2014 en France sous le titre Les BoxTrolls. Le long métrage dispose de deux doublages francophones.
Sous le charme de ses rues pavées, Cheesebridge, une ville huppée de l'époque victorienne, se cachent les boxtrolls, d'horribles monstres qui rampent hors des égouts la nuit pour dérober ce que les habitants ont de plus cher : leurs enfants et leurs fromages. Les boxtrolls sont une communauté souterraine de créatures excentriques qui portent des cartons recyclés comme les tortues leurs carapaces. Mais, un jour, ils sont accusés d'avoir kidnappé un petit humain orphelin. Il n'en faut guère plus pour que la communauté humaine se mette à les traquer...
Après quatre longs métrages d'animation abordant le monde des esprits et de l'au-delà, Laïka change pour la toute première fois de thème pour s'aventurer dans celui du film de monstres. Malgré tout, le studio américain reste dans le même schéma narratif que ses précédents films, à savoir comment trouver sa place dans une société qui vous rejette. Toutefois, ici, c'est surtout de filiation qu'il est question : les liens du sang sont-ils réellement importants pour former une vraie famille ? Les BoxTrolls s'amuse ainsi à y répondre de manière fort judicieuse puisque l'espèce monstrueuse, réputée pour sa dangerosité, se voit contrainte d'élever malgré elle un jeune humain. Ce dernier finit par vivre comme eux, à agir comme eux, à avoir peur des humains comme eux, même s'il sent tout de même en son fort intérieur que quelque chose ne semble pas cohérent. On n'est pas loin de l'esprit des romans comme Le livre de la jungle ou Tarzan, bien plus en tout cas que du premier tome pour la jeunesse de Les chroniques de Pont-aux-Rats, intitulé Au bonheur des monstres, et écrit par le britannique Alan Snow en 2005 dont Les BoxTrolls est censé être l'adaptation. Officiellement, c'est effectivement le cas, mais dans les grandes lignes seulement. Ne sont en réalité conservés qu'Arthur (qui se voit attribuer le nom "Oeuf"), le monde d'en-dessous, la guilde fromagère, Grapnard (renommé Archibald) et sa bande ainsi que quelques créatures magiques, les bricoliaux, qui serviront de matière à la création des boxtrolls dans le film. Pour le reste, Laïka construit une aventure presque entièrement originale.
Plus qu'un film d'aventure, Les BoxTrolls cherche avant toute chose à raconter les liens de famille. Du côté du jeune humain et des boxtrolls, c'est principalement une relation parentale qui est développée. Les petites créatures cleptomanes, qui se cachent dans des habits de carton, sont ainsi présentées comme très fusionnelles. Mais alors qu'elles agissent en étroite collaboration entre elles, elles sont pourtant curieusement très individualistes. Alors qu'elles font l'objet d'une traque implacable par la bande d'Archibald et ses sbires, aucune des créatures ne tente quoi que ce soit pour venir en aide à ses congénères. Au contraire, le maître mot chez eux reste le chacun pour soi. Laïka n'explique pas les raisons pour lesquelles les boxtrolls ont ce comportement, qui semble donc inné chez eux. L'arrivée du jeune garçon va complètement chambouler tout cela, déjà parce qu'il est humain, mais surtout, parce qu'une étonnante relation père/fils va se construire entre lui et un boxtroll nommé Poisson. Soudain, un boxtroll prend conscience de l'importance de l'autre, ce qui va bousculer ses acquis et entraîner un effet boule de neige parmi les siens.
De l'autre côté, Archibald est un méchant qui sort un peu de l'ordinaire. Il n'est pas riche, il ne fait pas parti de l'élite, il ne possède aucun fait d'arme, il est également incapable de savourer les succulents fromages présents en grande quantité chez les hautes sphères de la société. Mais Archibald souhaite faire partie du grand monde, alors même qu'il fait l'objet d'un rejet total de ses congénères humains. Ce qui l'a sans nul doute poussé à vouer une haine féroce des dignitaires de sa propre ville, les chapeaux blancs. Aussi va-t-il concocter un plan machiavélique, plutôt futé de prime abord, qui consiste à pervertir la vision de la populace envers les innocents boxtrolls et transformer leur traque nauséabonde en acte quasiment héroïque. A ses côtés, on trouve trois sbires, un plutôt allumé qui aura une destinée toute tracée et deux ahuris quelques peu philosophes qui vont finalement se révéler très sympathiques. Pour compléter la distribution, la jeune Winnie, la fille du chef de la ville, Lord Belle Raclette, joue les troubles fêtes, tantôt comme antagoniste au début du film, puis comme alliée sur la seconde moitié du long métrage. Dans tous les cas de figure, la reconnaissance d'une figure paternelle joue un rôle essentiel dans la vie de tous les protagonistes. Oui, même dans le cas d'Archibald qui cherche avant tout la reconnaissance de ses pairs, ce qu'on lui a refusé toute sa vie.
Pour construire son univers, Laïka s'éloigne pour la première fois du monde des esprits et propose quelque chose de relativement nouveau. Je ne dis pas que leurs précédents films se ressemblaient, ce n'est pas le cas, mais on retrouvait quand même de grandes similarités entre eux. Les BoxTrolls a une approche totalement différente, puisque tout ce que l'on voit à l'écran semble constitué de bric et de broc. Dans les faits, on se rend compte que toute l'architecture de la ville et ses alentours résulte du travail, un peu chaotique, des boxtrolls. On n'est parfois pas très loin des idées farfelues de l'architecte Amonbofis, même si Laïka propose des constructions plus cohérentes qui ont le mérite d'être beaucoup plus crédibles et fonctionnelles que n'importe quelle construction de l'égyptien échappé d'Astérix. Laïka s'amuse également beaucoup avec le jeu des couleurs, puisque celles qui sont de natures chaleureuses sont presque exclusivement concentrées dans le monde d'en dessous, alors que les couleurs froides ne concernent que le monde du dessus. C'est d'autant plus astucieux que les boxtrolls vivent dans la peur permanente, alors que leur foyer est accueillant, disons même bienveillant, tandis que les humains vivent dans l'abondance mais dans un environnement social très austère.
Avec Les BoxTrolls, le studio Laïka emmène l'animation en volume dans une nouvelle direction narrative très appréciable, très touchante et très efficace. L'aventure se laisse suivre sans déplaisir, emmenant les spectateurs dans une folle histoire pleine de rebondissement, le tout appuyé par une technique d'animation toujours de très haute qualité. Et si, en plus, on se laisse séduire par l'étonnante relation parentale qui se lie entre un boxtroll et un humain, il y a de fortes chances que l'on en savoure chaque moment.
Olivier J.H. Kosinski - 28 avril 2023
La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.
Doublage (Québec - 2014)
Eggs : Nicolas Poulin
Winnie : Célia Gouin-Arsenault
M. Pickles : François Caffiaux
M. Trout : Benoît Rousseau
Lord Portley-Rind : Frédéric Desager
Archibald Snatcher : Jacques Lavallée
M. Gristle : Tristan Harvey
Herbert Trubshaw : Pierre Auger
Doublage (France - 2014)
Oeuf : Miljan Chatelain
Winnie : Adèle Ferrier
Archibald Traquenard : Michel Vuillermoz
Lord Belle-Raclette : Alain Lenglet
Lady Belle-Raclette : Laurence Frémont
Monsieur Truffe : Pierre Diot
Monsieur Poireau : Christian Hecq
Monsieur Grattons : Thierry Hancisse
Herbert Trubshaw : Laurent Natrella
Sir Broderick : Christian Gonon