Looney Tunes - Les revoilà sort en salle le 14 novembre 2003 au Québec, puis Les Looney Tunes passent à l'action sort le 10 décembre 2003 en France. Probablement par cohérence vocale sur les Looney Tunes, le film est dépourvu de doublage québécois. Parmi les grands absents de ce long métrage, citons les célèbres Animaniacs qui devaient faire une apparition surprise au tout début du film, s'échappant du château d'eau Warner au moment où celui-ci se renverse.
Luther J. Chairman est à la poursuite d'un diamant bleu légendaire capable de transformer l'humanité entière en primates aisément contrôlables. Sur ses traces, le tout aussi légendaire Damian Drake fait son possible pour lui barrer la route. Lorsqu'il échoue dans sa mission, c'est son fils DJ qui doit reprendre le flambeau, épaulé par Kate, Bugs Bunny et Daffy Duck ! Ils se lancent ensemble dans une folle chasse au trésor autour du monde, pour arrêter l'infâme président de la société ACME dans sa quête de domination mondiale...
Il est particulièrement étonnant de savoir que Les Looney Tunes, tout comme les Mery Melodies, ont été créés principalement pour être une réponse cinglante aux Silly Symphonies de Walt Disney, mais qu'il n'ont jamais eu droit à un seul long métrage d'animation au cinéma. Plus paradoxal encore, il faudra attendre 1988 pour que les Looney Tunes fassent leur première apparition dans un long métrage... de Disney. C'était dans le succulent Qui veut la peau de Roger Rabbit dans lequel Warner avait obligé, par contrat, à ce que ses personnages soient autant présents à l'écran que ceux de Disney. En avait résulté une formidable rencontre entre les anciens frères ennemis, tel que Bugs Bunny et Mickey Mouse, ou plus savoureux encore, Donald Duck et Daffy Duck rivalisant dans une mémorable compétition au piano ! Malgré le succès de ce film, Warner ne retenta l'expérience en solo que huit ans plus tard, dans un exécrable Space Jam, réalisé à la seule gloire de Michael Jordan où Les Looney Tunes n'y étaient que l'ombre d'eux-mêmes. Malheureusement, Space Jam fit cependant un triomphe en salle. J'en cherche toujours l'explication rationnelle... Tout au contraire Les Looney Tunes passent à l'action, réalisé en 2003 par Joe Dante, est en réalité le premier et unique véritable long métrage entièrement assumé à la gloire de leurs tonitruant débuts dans les studios Warner Bros. Pourtant, celui-ci a fait un flop monumental. Ô rage, ô désespoir !
Il faut que je vous fasse un aveu avant de poursuivre : j'ai rarement pu supporter le moindre court métrage de Disney, toutes époques confondues. La faute à Warner, dont j'ai toujours été friand de l'absurdité des leurs ! Un esprit à contre-courant que j'ai toujours eu depuis l'enfance. Tandis que la plupart de mes amis d'enfance étaient branchés Disney Club, j'étais accro à Ça Cartoon en clair sur Canal+. D'autres ne juraient que par le Club Dorothée sur TF1, alors que moi j'étais exclusivement branché sur Hanna-Barbera Dingue Dong sur France 2. Titi et Grosminet, Bip-Bip et Vil Coyote, Satanas et Diabolo, Tom et Jerry, Bugs Bunny et Daffy Duck, Sammy et Scooby-Doo, tous passés dans le giron des licences Warner, sont autant de personnages que j'affectionne toujours autant aujourd'hui ! C'est pour cette raison que je n'ai jamais pu supporter Space Jam, dont la mauvaise intrigue desservait des personnages aussi cultes à mes yeux. Tout au contraire, pour Les Looney Tunes passent à l'action, Joe Dante a choisit de revenir aux sources du caractère des Looney Tunes en produisant un film absurde, dingue, loufoque, sans aucune logique, bref complètement stupide ! Reposant sur un scénario qui tient sur un bout de papier caché dans un biscuit chinois, le long métrage n'est le résultat que d'une longue succession de séquences sans queue ni tête, agrémentées d'une multitude de références pour les seuls connaisseurs, ainsi qu'une ribambelle de comédiens en roue libre qui cabotinent à tout va. Au final, nous voilà devant un formidable nanar qui s'assume à 100 % !
Là où Qui veut la peau de Roger Rabbit avait été conçu et pensé pour être exclusivement un hommage à l'âge d'or des cartoons, Les Looney Tunes passent à l'action n'hésitent pas à combiner ensemble plusieurs époques et plusieurs genres confondus. On y retrouve donc tous les types d'effets spéciaux passé et présent, mélangés à toutes les sauces. Les acteurs de chair et de sang rencontrent des animatroniques ridicules, les maquettes côtoient les faux décors (comme la séquence « parisienne » tournée au pied de la Tour Eiffel... de Las Vegas !) , tandis que l'animation traditionnelle en 2D croise des créatures bizarres en 3D. La combinaison des genres hétéroclites sert complément l'absurdité de l'intrigue, dont l'esprit d'espionnage y est complètement revisité. Malgré tout, si l'on peut reconnaître à Les Looney Tunes passent à l'action une mise en scène extrêmement nerveuse, avec une caméra virevoltant presque dans tous les sens, l'interaction entre les comédiens et les personnages animés est beaucoup moins bien travaillé que dans Qui veut la peau de Roger Rabbit. Le long métrage de Warner triche donc à plusieurs reprises, limitant autant que possible la manipulation avec des objets réels (hormis quelques séquences ça et là), plaçant simplement tables et chaises de manière à ne pas avoir à être bougées. En contrepartie, le film multiplie les gags d'avant et d'arrière plan, ce qui permet de donner l'illusion que chacun des personnages se côtoient bien les uns avec les autres.
Le plus gros reproche qui peut être fait à Space Jam, parmi tant d'autres, c'était la mise en retrait des Looney Tunes au profit de Michael Jordan et des caméos des comédiens invités pour l'occasion. Ici, Joe Dante remet tout le monde sur un même pied d'égalité. Aucun des quatre héros principaux, DJ (excellent Brendan Fraser), Kate (Jenna Elfman), Bugs et Daffy, ne fait de l'ombre aux autres. Mieux, leurs relations sont réellement parfaitement exploitées à l'écran. On retrouve ainsi la rivalité légendaire entre Bugs et Daffy, ce dernier jouant comme toujours le faire valoir incontournable, tandis que la bureaucrate Kate et l'acteur raté DJ se découvrent des qualités qu'ils ne soupçonnaient pas avoir jusque là. De son côté, Timothy Dalton (Damien Drake) s'amuse à s'auto-parodier dans son célèbre rôle de James Bond, Steve Martin (M. Chairman, président d'ACME) exagère son rôle de comique de service, Peter Graves lance le groupe dans une mission impossible, Heather Locklear se transforme en Emma Peel sur une chanson encore plus sulfureuse que celle de Jessica Rabbit, ou encore, on prend un certain plaisir à entendre Sammy et Scooby se plaindre de la piètre performance de Matthew Lillard dans le film Scooby-Doo !
Concernant les personnages animés, on retrouve les Looney Tunes dans leurs personnalités modernes. Certains regretteront sans doute ce choix, ce n'est pas mon cas. Les Looney Tunes passent à l'action s'inscrit comme un hommage aux deux époques des cartoons Warner, tout en conservant leurs caractéristiques modernes avant que le studio relance leur carrière dans un assez moyen passage vers le tout 3D. De nombreux personnages très connus font constamment des apparitions surprises, plus ou moins longues, mais à chaque fois elles restent particulièrement mémorables. Leurs apparitions sont judicieusement amenées dans le récit, sans que cela ne complique l'intrigue. C'est donc assez curieux de se rendre compte que parmi l'absurdité du scénario, l'apparition de tous les personnages Warner est amené de la manière la plus naturelle et logique qui soit. Cela permet ensuite de retrouver ces derniers dans des situations cocasses, comme ils l'auraient fait dans leurs propres cartoons. Accordons d'ailleurs une mention spéciale à l'excellente course poursuite entre Elmer, Bugs et Daffy à travers d'illustres peintures de Maîtres, petit bijou d'inventivité et superbement réalisé !
Pour la bande originale, Jerry Goldsmith, qui livre malheureusement son ultime contribution musicale peu avant de décéder, associe habilement ses propres compositions originales à la réorchestration de thèmes musicaux piochés dans les courts métrages des Looney Tunes. A l'image des emprunts et autres caméos visuels que comportent le film, Jerry Goldsmith glisse également de nombreuses références à ses propres anciennes partitions, notamment un succulent emprunt au très célèbre film Gremlins. Il pense même à glisser une séquence de course poursuite « chantée », comme il en existe dans les récents Scooby-Doo ! Tout aussi savoureux, on retrouve également dans Les Looney Tunes passent à l'action l'intégralité des traditionnels bruitages et gags auditifs des courts métrages de Warner. Un véritable bonheur pour toutes les oreilles expertes ! Le rendu général est donc à la fois épique et comique, nerveux et fluide, bref une réussite. Concernant la version française, on retrouve l'expertise reconnue du studio français Dubbing Brothers. Spécialisé dans les doublages français des longs métrages Disney, l'adaptation n'est donc pas ratée ici non plus. D'autant plus que le studio a fait appel à l'intégralité des comédiens français modernes des personnages Warner (Les Looney Tunes ont en effet fait l'objet d'une réactualisation de leurs voix officielles durant les années 1990).
En fin de compte, vous l'aurez compris, ce long métrage est pour moi un petit coup de coeur. Mauvais film sympathique par excellence, qui s'assume totalement comme tel qui plus est, Les Looney Tunes passent à l'action est une hasardeuse combinaison de styles totalement crétins, à l'image des meilleurs courts métrages Warner. Tant que l'on accepte d'entrer dans cet univers inepte, le film dévoile dès lors toute son excellente saveur. Par contre, si vous n'avez aucune affinité avec l'absurdité du genre, il est probable que vous trouviez Les Looney Tunes passent à l'action tout bonnement ignoble. Heureusement pour moi, ce n'est pas mon cas !
Olivier J.H. Kosinski - 13 novembre 2015
La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.
07 juillet 2004
DVD Plus de détails
Doublage (France - 2003)
Damian Junior « D.J. » Drake : Guillaume Orsat
Kate Houghton : Marjorie Frantz
Bugs Bunny : Gérard Surugue
Daffy Duck : Patrick Guillemin
Luther J. Chairman : Gérard Rinaldi
Damian Drake : Edgar Givry
Maman : Claire Guyot
Dusty Tails : Dominique Dumont
Taz : Benoît Allemane
Pépé le Putois : Patrick Guillemin
Sam Le Pirate : Patrick Préjean
Elmer Fudd : Patrice Dozier
Marvin le martien : Jean-Loup Horwitz
Charlie le coq : Benoît Allemane
Porky Pig : Michel Mella
Mémé : Barbara Tissier
Titi : Patricia Legrand
Sylvestre : Patrick Préjean
Speedy Gonzales : Michel Mella
Scooby-Doo : Eric Missoffe
Sammy : Boris Rehlinger
Matthew Lillard : Eric Missoffe
Sources :
Forum Doublage France