S'incrivant dans la mouvence du "tout remake" du cinéma américain actuel, et sans doute galvanisé par le succès de Alice au pays des merveilles en 2010, Disney s'est lancé dans un vaste projet de films animés adaptés au format Live. C'est dans cet esprit que fut conçu Maléfique qui est sorti en salles le 28 mai 2014 en France et le 29 mai 2014 au Québec. Le film dispose de deux versions francophones, une pour chaque territoire.
Maléfique était une très belle jeune femme au coeur pur, qui menait une existence idyllique dans le paisible royaume de la forêt, jusqu'à ce qu'un jour, une armée d'humains menace l'harmonie de son univers. Maléfique devient alors la protectrice la plus acharnée de son pays, mais une terrible trahison fait d'elle une femme au coeur de pierre. Jurant de se venger, elle affronte au cours d'une grande bataille le roi des hommes, et lance sa malédiction sur sa petite fille, Aurore, qui vient de naître. Mais tandis qu'Aurore grandit, Maléfique réalise que la jeune fille est la clé de la paix dans le royaume...
Peut-on raisonnablement considérer Maléfique comme une adaptation « live » de la version animée de 1959 de La belle au bois dormant, sachant que plus de 90 % du film est en fait constitué exclusivement en animation ? Peut-on également qualifier de Maléfique de « remake » voire même « reboot » de ce long métrage alors qu'ils n'ont rien en commun ? La bonne réponse sera non à ces questions. Mieux, Maléfique se doit d'être considéré comme l'univers miroir de La belle au bois dormant, son antithèse, son opposé. Les connaisseurs de Star Trek qui liront ces lignes comprendront immédiatement ce que je veux dire par univers miroir, pour tous les autres, je me dois d'expliquer plus en détail ce dont il s'agit. L'expérience est toute simple à démontrer, placez-vous devant un miroir et levez une main. A priori, c'est la même main qui va se lever dans le miroir, mais si vous regardez plus attentivement, vous remarquerez un tout petit détail qui cloche. Si vous avez levé votre main gauche, votre reflet aura - lui - levé sa main droite. Maléfique est ainsi le reflet de La belle au bois dormant, tout y est différent, tout y est opposé. Les rôles s'inversent, tout comme les royaumes. L'un est chatoyant, l'autre est lugubre. L'un est empli d'amour, l'autre bercé d'une haine farouche.
Maléfique est donc un film qui cultive à fonds son univers miroir et, ce, dès son introduction où l'on nous apprend que l'étrange démon nommé Maléfique est en réalité une très gentille fée. L'incohérence visuelle et narrative surprend donc forcément le spectateur qui prend immédiatement conscience que rien de ce qu'il verra ne s'approchera de près ou de loin du grand classique animée. Et c'est tant mieux ! Maléfique offre une complète relecture à la fois du conte des frères Grimm que de celui de Charles Perrault. Si le traitement est clairement inédit pour un long métrage Disney, je reconnais que j'ai moyennement été enthousiasmé par le long métrage que j'ai trouvé un brin trop prévisible (merci Star Trek et ses 725 épisodes). D'autant qu'il pioche ça et là des idées aux nombreux films médiévaux-fantastiques, dont le genre connaît actuellement un retour en grâce depuis l'épopée Le Seigneur des anneaux réalisée par Peter Jackson, mais aussi et surtout à l'histoire d'amour tragique déjà longuement exploitée par la série Once Upon A Time.
Malgré tout, Maléfique est tout sauf un mauvais film. Reconnaissons que Angelina Jolie incarne une Maléfique parfaite en tout point. Elle rentre au rang des rares acteurs à réussir à personnifier magnifiquement un personnage autrefois animé, à l'image de l'exubérante Glen Close en Cruella d'Enfer ou bien l'aliéné Johnny Deep en Chapelier Toqué. Angelina Jolie porte ainsi à elle seule tout l'intérêt du long métrage. Heureusement d'ailleurs, car dans le cas contraire, Maléfique aurait été un film caduque. On apprécie de suivre le parcours de cette fée, de comprendre les raisons qui la pousse à jeter sa terrible malédiction et enfin de découvrir comment pourra être provoqué le salut d'une âme tourmentée. Autour d'elle cependant, peu de comédiens valent le détour. Si l'on excepte Elle Fanning dont le rôle d'Aurore reste crédible mais finalement assez restrictif, ainsi que Sam Riley jouant un étonnant Diaval, le reste du casting fait grise mine. Le trio de fées Lesley Manville / Imelda Staunton / Juno Temple cabotine à tout va, tout en ne servant à rien dans l'intrigue (sans compter que leurs noms ne respectent pas la version animée française), tandis que Sharlto Copley (Stéphane) n'est présent à l'écran que pour justifier l'intrigue. Accordons même la mention de l'acteur le moins crédible à Brenton Thwaites coincé dans un Prince Philippe anecdotique.
Heureusement, visuellement, Maléfique rattrape les errements des comédiens vraiment trop sous exploités. L'univers du film y est resplendissant, et ceci en dépit du fait que la majorité des plans sont réalisés en numérique. Seules quelques créatures trahissent le parti-prit disneyen qui veut éviter d'effrayer les jeunes spectateurs. Car oui, en dehors de quelques scènes, ne vous attendez pas à sursauter dans votre fauteuil contrairement à la diabolique version animée de 1959 qui a traumatisé de nombreux enfants à travers les décennies. Musicalement, Maléfique choisit également de s'éloigner complètement du ballet de Tchaïkovski, dont la seule réminiscence n'est présente que pendant le générique de fin. Ne vous attendez cependant pas à une bande originale mémorable, James Newton Howard nous avait habitué à bien mieux par le passé. La musique accompagne dignement des images de toute beauté, mais elle ne les transcende jamais.
Bon film à défaut d'être original (principalement si vous avez une bonne culture du cinéma fantastique et de science-fiction) Maléfique vaut surtout d'être vu pour sa relecture de l'histoire de La belle au bois dormant, lui offrant ainsi une bien meilleure adaptation que la soporifique version animée de 1959. On tient ici un conte de fée dans la pure tradition Disney, dont le scénario est (pour certains) prévisible de bout en bout, mais dont l'approche à contre-courant permet d'éviter de décrédibiliser le personnage de Maléfique. Ce qui en fait sa plus brillante qualité.
Olivier J.H. Kosinski - 29 août 2014
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Doublage (Québec - 2014)
Maléfique : Hélène Mondoux
Princesse Aurore : Ludivine Reding
Prince Phillipe : Xavier Dolan
Roi Stefane : François Sasseville
Roi Henry : Sylvain Hétu
Flittle : Michèle Lituac
Diaval : Maël Davan-Soulas
Knotgrass : Lisette Dufour
Thistletwit : Kim Jalabert
Doublage (France - 2014)
Maléfique Adulte : Françoise Cadol
Maléfique Enfant : Clara Quilichini
Princesse Aurore Adulte : Juliette Degenne
Princesse Aurore Adolescente : Lou Levy
Prince Philippe : Arnaud Laurent
Hortense : Béatrice Delfe
Roi Stéphane : Boris Rehlinger
Roi Hubert : Vincent Grass
Diaval : Xavier Béjà
Flittle : Régine Teyssot
Thistletwit : Leslie Lipkins
Voix additionnelle : Christophe Peyroux