Analyse de l'oeuvre
Mes amis Tigrou et Winnie est une série née en 2007 et destinée au très jeune public, à l'instar de ses grandes soeurs La maison de Mickey et Manny et ses outils. Ces trois séries sont ainsi à classer dans la même catégorie des programmes éducatifs que les pédopsychiatres recommandent régulièrement. Ce dont je n'ai jamais réellement compris l'approche tant j'ai toujours trouvé ces interactions « imaginaires » entre les jeunes enfants et le téléviseur plus abrutissantes qu'éducatives... Mes amis Tigrou et Winnie s'en sort heureusement nettement mieux que La maison de Mickey pour deux principales raisons : la série bénéficie d'un attachement immédiat du public pour l'univers de Winnie l'ourson et - surtout ! - la série est très peu interactive. Mes amis Tigrou et Winnie n'est toutefois pas entachée de défauts.
Le plus gros reproche que l'on puisse faire à Mes amis Tigrou et Winnie, c'est principalement dans son choix d'animation au format 3D. Étrangement, l'univers de Winnie l'ourson ne se marie vraiment pas avec l'animation numérique 3D. L'aspect technique de la série la rend donc extrêmement froide, là où les précédentes aventures de Winnie en 2D étaient chaleureuses et proches des livres de contes. Car, hormis leurs apparitions dans les jeux-vidéo, les personnages n'ont quasiment jamais été vu autrement qu'en 2D. Le cap est donc difficile à passer, car nos repères visuels sont totalement bousculés. Régulièrement, certains personnages semblent même être mal proportionnés (Coco Lapin surtout) et leurs visages semblent figés dans des expressions étonnamment neutres. Cela explique-t-il peut-être pourquoi Mes amis Tigrou et Winnie s'est interrompu au bout d'à peine deux ans ? La question mérite d'être posée.
Globalement, Mes amis Tigrou et Winnie reste de conception classique pour une série de ce type. Chaque épisode est construit exactement de la même manière quel que soit le problème à résoudre : une petite introduction mettant en situation les personnages, la transformation en brigade de supers détectives, l'analyse de la situation, la chanson ritournelle et la résolution du mystère. Disney fait appel à l'ensemble des personnages habituels de la forêt des rêves bleus (y compris le petit dernier Lumpy), tout en faisant preuve d'une certaine audace en introduisant un personnage sorti de nulle part : Darby et son fidèle chien Buster. A moins que l'on soit un fan inébranlable de Jean-Christophe, l'intrusion de Darby dans Mes amis Tigrou et Winnie n'est foncièrement pas une si mauvaise idée. Apportant une touche de féminité évidente dans un univers jusqu'ici exclusivement masculin (Maman Gourou étant la seule, reléguée par ailleurs systématiquement à de la figuration), Darby arrive assez vite à être attachante, même si cela lui a causé quelques petites polémiques lors de la diffusion d'un épisode dont le thème pouvait prêter à forte confusion.
Si l'on parvient à se détacher de l'environnement 3D froid et à accepter le personnage de Darby, Mes amis Tigrou et Winnie reste une série avant tout gentillette et sans véritable prétention. Pas vraiment éducative, ni très interactive, la série est de mon point de vue un ton au dessus de La maison de Mickey dont je ne parviens pas à comprendre l'intérêt. Même si les intrigues de la série ne volent pas bien haut, Mes amis Tigrou et Winnie reste cohérente avec l'univers établit de Winnie depuis les années 1960, très largement plus d'ailleurs que le médiocre Winnie l'ourson sorti en salle en 2011 qui constituait lui une vrai trahison. Toutefois, ce film et Mes amis Tigrou et Winnie se partagent le même objectif : ils sont tous deux à réserver aux tous petits et rien qu'à eux.
Olivier J.H. Kosinski - 15 juin 2012
