Mon voisin Totoro fut doublé relativement tôt en France, en juin 1993 à l'occasion de sa projection en exclusivité au Festival international du film d'animation d'Annecy. Pourtant, ce n'est qu'en mai 1998 que ce doublage fut pour la première fois exploité lors d'une diffusion sur Canal+, puis en vidéo l'année suivante. Il aura fallut attendre le 8 décembre 1999 pour que cette version soit enfin exploitée en salle de manière confidentielle, puis enfin le 28 août 2002 sur toute la France grâce à Disney !
Le saviez-vous ? Du 17 février au au 14 mars 1992 s'est tenu le treizième festival du cinéma pour enfants de Corbeil-Essonnes. Le long métrage y fut proposé en exclusivité en VOST, ce qui constitue officiellement sa toute première diffusion publique sur le territoire français ! A cette époque, il était connu sous le nom de Totoro tout court.
Deux petites filles, Mei et Satsuki, quittent la ville pour s'installer à la campagne avec leur père. Tout les émerveille : la nature, les animaux... et leurs nouveaux voisins... Elles découvrent en effet l'existence de créatures merveilleuses, les Totoro, drôles de personnages au ventre rebondi. Accompagnées de ces gardiens de la forêt, elles vont découvrir des passages secrets dans des arbres géants, voyager en «Chat-Bus» et faire pousser des graines magiques...
Totoro existe-t-il vraiment ? Ou sommes-nous embarqué dans un immense rêve onirique ? Les deux théories tiennent parfaitement la route, car on peut avancer autant d'arguments que de contre-arguments à ces deux questions mystères destinées à choisir son camp. Dans tous les cas de figure, Mon voisin Totoro est une sorte d'histoire tout à fait banale qui est transcendée par l'intrusion du fantastique. Une sorte de long métrage sans scénario, une première qui deviendra habitude pour le studio Ghibli, mais qui parvient à captiver son auditoire du moment qu'il se laisse imprégner par l'ambiance. Réalité ou mystification ? Tout est possible avec Mon voisin Totoro ! Pourquoi n'irions-nous donc pas explorer ces deux thématiques ?
Commençons par la théorie du rêve. Nous allons partir du constat que tout le fantastique rencontré dans le film n'est qu'un vaste rêve provoqué... par Meï. Étonnamment, chaque apparition de Totoro coïncide avec l'endormissement de la jeune fille, qui n'a que 4 ans je vous le rappelle. La première fois que celui-ci surgit, c'est au moment précis où Meï, après avoir longuement jouée toute seule, finit par s'endormir dans un fourré. Dans son « hallucination », elle est alors entraînée par un simili-lapin blanc qui va la conduire dans un terrier dans lequel elle va tomber, tout comme une certaine Alice. La seconde fois, épuisée elle s'endort sur les épaules de sa soeur Satsuki. Comment expliquer alors que Satsuki elle-même parvienne à voir Totoro ? Fatiguée elle aussi d'attendre le retour de leur père , elle aurait très bien pu s'assoupir à son tour. Mais, influencée par les récits extraordinaires que lui a rapporté Meï, elle va naturellement succomber à l'imaginaire débordant de sa petite soeur, rêvant ainsi sa rencontre avec le curieux personnage. Satsuki n'est en effet pas encore totalement sortie de la petite enfance, comme le montre la facette exubérante du personne en de nombreuses occasion. Totoro disparaît ensuite dans la nuit, car c'est le bruit de moteur et les phares du bus qui vont les ramener toutes les deux dans la réalité et ainsi... les réveiller !
Plus loin dans le film, c'est à nouveau au beau milieu de la nuit que Satsuki et Meï vont s'adonner à une curieuse activité en compagnie de Totoro permettant d'accroître la pousse des graines de leur petit potager. Dès le matin, tout ce qu'elles ont vu a pourtant disparu, si ce n'est quelques petites pousses qui auraient pu naturellement pousser. Beaucoup d'autres éléments peuvent être associé à cette théorie du rêve, y compris les noiraudes qui ne sont qu'une transposition des frayeurs enfantines de Meï. A contrario, la théorie basée sur le fait que tout se qui se passe dans Mon voisin Totoro tient du réel semble tout aussi plausible. Car nombre d'éléments rationnels du film ne peuvent être expliqués convenablement. Lors de la rencontre entre Totoro et Satsuki, celle-ci lui remet un parapluie avec lequel il s'en va dans le célèbre chat-bus ! Nous l'avions parfaitement vu l'emporter un peu plus tôt dans le but de le donner à son père. Comment expliquer également la séquence finale où leur mère trouve un épis de maïs à la fenêtre ? Ou l'angoisse ressenti par la grand-mère lorsque l'enfant disparaît ? Et bien entendu, le fait qu'au petit matin il n'y a pas d'arbre gigantesque à la place de leur potager prouve bien que Satsuki et Meï n'ont fait qu'imaginer cette rencontre !
Mon voisin Totoro brouille ainsi d'un bout à l'autre toutes les pistes, égare nos sens et nos repères, et nous fait voyager en alternance dans un monde où réel et imaginaire semblent mutuellement interconnectés. Comme si l'un était simplement indissociable à l'autre, comme s'ils pouvaient s'influencer mutuellement, mais que seule la petite enfance était capable d'entrevoir. Hayao Miyazaki nous embarque ainsi dans le prélude de ce que constituera ensuite l'essence même de Le voyage de Chihiro, une oeuvre subtile emplit de fortes symboliques et de thèmes universels. Curieusement, alors qu'aujourd'hui le film est voué à un certain culte d'une grande majorité des fans, Mon voisin Totoro ne connu pas un véritablement engouement à sa sortie en salle au Japon. Même chose en France où le film ne marqua pas vraiment les esprits alors qu'il fut projeté au Festival d'Annecy de 1993, ni lors de sa diffusion à la télévision sur la chaine cryptée Canal+ en 1998. Ce n'est que petit à petit, année après année, diffusion en rediffusion que Mon voisin Totoro a amassé de plus en plus de fidèles autour de lui. Et c'est dans ce contexte que le film a enfin pu recevoir une diffusion digne de ce nom en France en août 2002 distribué par Disney !
Dépourvu du moindre scénario, le film est pourtant si agréablement travaillé qu'il parvient quand même à se laisser regarder. Film envoûtant plutôt que captivant, Mon voisin Totoro reste avant toute chose une expérience à vivre. Celle-ci va faire appel à cette petit lueur enfantine que vous avez gardé en vous, et à cette corde sensible qui vibrera sans nul doute à l'unisson pendant tout le film.
Olivier J.H. Kosinski - 03 avril 2014
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03 juillet 2013
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Doublage (France - 1993)
Satsuki : Mélanie Laurent
Meï : Marie-Charlotte Leclaire
Le père : Thierry Ragueneau
La mère : Françoise Cadol
Kanta : Donald Reignoux
La grand-mère : Colette Venhardt
Père de Kanta : Bernard Métraux
Michiko : Marine Boiron
L'institutrice : Danièle Hazan
Le garçon à mobylette : Lionel Melet
Voix additionnelle : Bernard Métraux
Sources :
Planète Jeunesse