Initialement annoncé pour une sortie en salle limitée dans le temps en France, Le pouvoir est en nous est finalement diffusé exclusivement sur les plateformes de vidéo à la demande, en primeur sur iTunes dès le 11 décembre 2018, puis sur Google Play deux jours plus tard. Le long métrage n'est actuellement pas disponible en version française au Québec.
Une jeune athlète dont la carrière de coureur semble toucher à sa fin, un menteur invétéré, un chercheur timide, une vieille femme amère, et une petite fille portant un lourd secret. Rien ne lie ces personnages, sauf le Festival du vent annuel dans la ville de Fula. Le festival met en vedette le pokémon légendaire Lugia, qui souffle ce vent vital sur la ville balnéaire. Lorsqu'une série d'incidents menacent non seulement le festival, mais également les résidents et les pokémons de Fula, Sacha et Pikachu réunissent toutes les forces en présence pour renverser la situation ! Chacun pourra-t-il faire abstraction de ses différences et coopérer, ou la destruction est-elle inévitable ?
Il y a un peu plus d'un an, Nintendo, Game Freak et Pikachu the Movie décidaient de commémorer les vingt ans de la franchise animée, débutée en 1997, deux ans après la sortie du jeu-vidéo Pokémon Vert qui allait, au début timidement, propulser la licence au firmament avec un succès jamais démenti depuis. Pour cela, le studio prenait l'étonnante décision de dissocier complètement la série télévisée et les longs métrages en proposant sur le Grand Écran une relecture alternative du départ de Sacha et Pikachu de Bourg-Palette. Exit tous les personnages forts qu'ils avaient tous deux connus jusque là, à commencer par Ondine et Pierre, puisque Sacha débutait une toute nouvelle aventure sans eux. Le résultat était audacieux, convaincant même, sans pour autant égaler la grande période de maturité de la franchise à l'époque de la saison Advance (du 6e au 9e film). Désormais, les longs métrages reprennaient sur de toutes nouvelles bases saines en n'étant plus contraints par les choix scénaristiques imposées par la série télévisée. A cette occasion, Le pouvoir est en nous est également l'occasion d'un passage de flambeau entre Kunihiko Yuyama, directeur de tous les films depuis vingt ans, et le jeune Tetsuo Yajima, 33 ans à peine, qui avait débuté sur quelques épisodes de la saison Noir et Blanc, avant de diriger tout l'arc X/Y. La passation de pouvoir a d'ailleurs des répercussions à la fois heureuses et malheureuses sur le 21e long métrage de la franchise.
Commençons par les choix malheureux qui plombent inévitablement l'ambiance de Le pouvoir est en nous. Durant vingt ans, autant de films et 939 épisodes, la franchise Pokémon, bien que s'adressant depuis ses origines à un jeune public, a toujours habilement évité tout principe ou intrigue moralisateurs. Tout du moins, les préceptes pour devenir un bon dresseur étaient suffisamment dilués dans la masse pour que cela ne dérange pas le spectateur, au contraire d'une saga comme celle de Petit-Pied qui fonde ouvertement son propos sur des bases bibliques. Le scénario de Le pouvoir est en nous, écrit conjointement par Eiji Umehara et Aya Takaha, rate complètement le coche et met directement les pieds dans le plat en proposant à l'écran rien de moins que les cinq commandements Pokémon sans l'once de la moindre subtilité connue jusque là : tu ne mentiras point, tu n'auras pas peur de ton prochain, tu devras toujours avoir confiance en toi, tu ne manipuleras pas la vérité et tu devras toujours puiser la force en toi. Chacun de ces préceptes est, de plus, directement associé, sans imagination aucune, aux cinq protagonistes principaux de l'intrigue dans laquelle Sacha ne sert finalement à rien du tout, si ce n'est conserver le lien avec la licence dont il est l'ambassadeur avec son fidèle comparse Pikachu.
L'autre problème de ce choix opéré par les scénaristes de Le pouvoir est en nous est que la surabondance de personnages principaux oblige le long métrage a faire de longs focus sur chacun d'eux. Malheureusement, déjà qu'il s'agit de personnages fugaces qui n'ont pas pour destin de revenir au delà de ce long métrage, Le pouvoir est en nous ne parvient même pas à rendre leur existence intéressante. Alors même que le long métrage tente par tous les moyens de rendre consistant leur passé, tout en voulant justifier leur présence dans le déroulé de l'intrigue, le scénario du film produit au contraire l'effet inverse. En étirant trop le portrait de chacun d'eux, le film a énormément de mal à démarrer. A tel point que l'intrigue ne se met réellement en branle que durant la toute dernière demi-heure où tout est alors expédié par des facilités et des artifices narratifs vraiment peu convaincants. Sans compter que la majorité de ses idées sont de purs recyclages de choses déjà proposées plusieurs fois par la franchise en vingt ans. Dès lors, Le pouvoir est en nous échoue à se rendre universel et ne peut absolument pas de détacher de son étiquette de pur divertissement enfantin.
Là où réside tout le paradoxe de Le pouvoir est en nous, très puéril dans son approche, c'est que le visuel du film est particulièrement léché et très recherché, voire très adulte parfois. Peut-être même serais-je tenté de dire qu'il s'agit ici du long métrage le plus abouti, visuellement parlant, de toute la franchise si tant est que l'on met de côté l'aspect hasardeux, voire disgracieux, des incrustations 3D souvent ridicules mais qui ont toujours été récurrentes dans tous les longs métrages Pokémon. La qualité des animations 2D fait clairement un sacré bon en avant, elle va même plus loin encore que Je te choisis ! proposé l'année dernière. La plupart des personnages de premiers plans sont soignés et leur animation de qualité, si l'on excepte quelques petits ratages qui font penser que de la rotoscopie a été parfois employée sur le film. On n'est pas plus choqué par le changement de design des personnages, qui s'inscrit à la fois comme une belle continuité et une douce déchirure, là où la saison Soleil & Lune offrait au contraire une complète rupture. En terme de décors, Le pouvoir est en nous fait tout aussi bien, sans doute parce qu'il puise ses sources de la ville de San Francisco idéalisée. La ville de Fulla où échoue Sacha n'est pas étouffante, elle se révèle au contraire chaleureuse et particulièrement vivante. Un sentiment qui est renforcé par l'univers chatoyant et les très nombreuses couleurs vives employées sur le long métrage.
Le pouvoir est en nous fait tout aussi bien en qualité visuelle qu'il fait tout aussi mal en contenu narratif. Là où Je te choisis ! parvenais à créer un amalgame plutôt heureux, sans pour autant révolutionner la formule, ce second long métrage situé dans la continuité alternative de la franchise fait dans la dissociation malheureuse et n'arrive pas à reproduire le mince équilibre du film précédent. Le long métrage en oublie aussi de proposer une bande originale, tellement minimaliste et recyclant à outrance de grands thèmes d'autrefois, qu'on a peine à croire qu'il y en a une tant on l'entend à peine lors des moments clés de l'intrigue. Paradoxalement, l'environnement visuel et l'ambiance générale de Le pouvoir est en nous rend quand même l'expérience globalement positive au point de lui accorder le bénéfice du doute. Qu'on le veuille ou non, Le pouvoir est en nous suit son petit bonhomme de chemin en suivant les pas de son prédécesseur sans que l'on sache vraiment où cette continuité alternative veut vraiment nous emmener. On verra bien au prochain numéro... ou pas !
Olivier J.H. Kosinski - 11 janvier 2019
La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.
Doublage (France - 2018)
Sacha Ketchum : Aurélien Ringelheim
Pikachu : Ikue Ohtani
Jessie : Catherine Conet
James : David Manet
Miaouss : Philippe Tasquin
Infirmière Joëlle : Delphine Chauvier
Agent Jenny : Julie Basecqz
Narrateur : Michel Hinderyckx
Voix additionnelles :
- Alain Eloy
- Brieux Lemaire
- David Scarpuzza
- Déborah Rouach
- Delphine Roy
- Elisabeth Guinand
- Fabienne Loriaux
- Fanny Dumont
- Francis Adam
- Frédéric Clou
- Gregory Praet
- Guy Theunissen
- Héléna Coppejans
- Jean-Marc Delhausse
- Jean-François Rossion
- Marie Braam
- Marie du Bled
- Myriam Thyrion
- Olivier Cuvellier
- Olivier Premel
- Shérine Seyad
- Sophie Pyronnet
- Stany Mannaert
- Thibault Packeu
- Aaricia Dubois
Sources :
Carton Générique