Le sort des Zarbi, Entei est sorti en salle le 6 avril 2001 au Québec et le 13 juin 2001 en France. En France, ce sera le dernier film Pokémon à sortir en salle au niveau national. A l'exception de certains festivals pour quelques films récents, plus aucun autre film n'a depuis eu le droit à une sortie sur l'ensemble du territoire. Le long métrage était précédé du moyen métrage Pikachu & Pichu - aussi bien au Japon que pour la version internationale - dans lequel apparaissait pour la première fois à l'écran de nombreux pokémons de la deuxième génération. Toutefois, depuis l'arrestation de Noriko Sakai en 2009 pour détention de drogue, ce court métrage est désormais banni et n'est plus disponible.
Le saviez-vous ? Considérant qu'un spectateur occidental était incapable de rester durant le générique de fin, 4Kids! déplaça une scène de ce générique où le professeur Spencer revient du monde des zarbi, pour la placer peu avant la séquence finale du film. Ceci afin que les jeunes spectateurs, qui auraient quitté la salle trop tôt, sachent que Spencer et sa fille sont finalement réunis à nouveau.
Le professeur Spencer Hale, spécialiste des Pokemon, a disparu du centre de recherche de Greenfield. Au comble de l'angoisse, sa fille Molly s'en remet à la magie des rêves et se laisse emporter au pays des zarbi, de mystérieux et redoutables Pokemon qui ont le pouvoir de lire dans les esprits. Molly s'engage alors dans une nouvelle dimension et se place sous la protection d'une créature géante: Entei, en qui elle croit reconnaître son père.
Voici venu le temps de la désillusion. Le phénomène mondial autour de la licence Pokémon a fini par se dégonfler aussi rapidement qu'un soufflé au fromage. Pokémon Or et Argent ont désormais été commercialisés, tandis que les critiques assassines pour Mewtwo contre-attaque et moqueuses pour Le pouvoir est en toi ont fini par détourner l'attention du public, le troisième long métrage Le sort des Zarbi, Entei arrive en salle dans l'indifférence générale. Il ne fera en tout et pour tout que 162 861 entrées en France, une misère en comparaison des 2,2 millions engendrées par le premier. Plus aucun autre film n'a donc depuis été distribué en salle dans l'hexagone (le Canada en fera d'ailleurs de même). Le paradoxe est d'autant plus profond que ce film est sans aucun doute le plus proche de la série télévisée mais en fait aussi le moins cinématographique de la saga. C'est en effet ce que le public américain réclamait principalement pour les deux premiers longs métrages Pokémon, alors qu'ils se sont retrouvés face à un univers sombre dans le premier film, puis confrontés à l'héroïsme de tout un chacun dans le second. Pourtant, Le sort des Zarbi, Entei ne démérite pas vraiment, surtout en version japonaise (comme d'habitude) en tenant des propos très adultes, face aux tourments d'une jeune enfant complètement délaissée par ses parents. Bien évidemment, pour la version internationale, 4Kids! va une fois encore se démener pour trahir la version d'origine pour offrir au monde occidental une aventure dénaturée. Ah ça... Quel plaisir de se dire qu'aujourd'hui, 4Kids! ne peux plus toucher aux films les plus récents, mais quel désespoir de savoir que ces mêmes récents films sont les moins qualitatifs de toute la saga... Bref, passons.
A première vue, 4Kids! a été moins destructeur que pour les deux premiers longs métrages : des dialogues aseptisés, une scène déplacée et une bande originale remaniée. Oui, bon, c'est surtout au premier coup d'oeil que l'on va penser cela car c'est peu et déjà beaucoup, du classique venant de leur part. Sauf qu'en creusant un peu la surface, on voit apparaître l'immensité de la partie immergée de l'iceberg. Nous assistons à un naufrage cinématographique comme seul 4Kids! est capable de provoquer sur la licence Pokémon. Commençons par ce qui fâche le plus : la bande originale. Au contraire de Le pouvoir est en toi, dont la partie instrumentale de l'oeuvre fut certes aussi repensée mais proposait quelque chose de grandiose, Le sort des Zarbi, Entei est son exact opposé. La bande originale occidentale du film est une catastrophe ambulante sans la moindre cohérence artistique. La musique semble avoir été composée sans concertation par plusieurs compositeurs amateurs, qui mêlent instrument à cordes, à vent... et bruitages électroniques. Le rendu global, désastreux, va même jusqu'à rajouter des musiques « d'ascenseur » lors de certaines scènes qui étaient originellement dépourvues de tout accompagnement musical (la petite ballade insipide accompagnant les enfants courant vers le centre pokémon est un horripilant exemple). Parfois, la musique s'emporte en prenant des airs de grandes symphonies, pour appuyer un contexte de dramaturgie pourtant inexistant à l'écran. Elle ne réussit donc qu'à faire saigner les oreilles sensibles. Au secours ! Heureusement pour nous, la version japonaise souligne bien mieux les tourments de Molly, avec une vrai musique narrative qui sait même se taire lorsque cela est nécessaire. L'ensemble est plus soigné, plus intrigant, voire plus palpitant.
Côté scénario, la version japonaise nous raconte l'histoire de Molly, une jeune fille d'environ quatre ans qui se sent rejetée par ses parents. Son père, Spencer Hale, est un chercheur scientifique obsédé par une espèce inconnue de Pokémon : les zarbi. Sa passion débordante pour la découverte de cette espèce disparue l'a conduit à négliger aussi bien sa fille que sa femme. Celle-ci a en effet décidé de mettre un terme à leur relation, laissant un immense vide dans le coeur de Molly. Le contexte du film est passablement lourd, le sort provoqué par les zarbi dans le long métrage prenant donc un sens symbolique, celui de l'abandon. La version occidentale change radicalement cette idée : la mère de Molly n'a jamais quitté son père, elle a simplement été aspirée par une force mystérieuse venue d'on ne sait où, ayant plus ou moins conduit Spencer à se réfugier derrière son obsession pour les zarbi (ce n'est pas plus explicite que ça). Si tant est bien sûr qu'on nous laisse presque croire qu'elle est décédée. Évidemment, dans cette version, le scénario de Le sort des Zarbi, Entei perd en cohérence puisque Eintei n'a plus rien à voir avec le désespoir de Molly. Dans la version japonaise, Eintei est un substitut, né de l'imaginaire de la jeune fille, pour remplacer son père. Inconsciente de ce que peut provoquer son imagination, Molly soumet à sa volonté Entei en qui elle voit le seul moyen de reformer sa famille. C'est parce qu'elle désespère aussi retrouver sa mère qu'Eintei va kidnapper Delia Ketchum, la mère de Sacha. A partir de ce moment, Molly va se forger un immense cocon protecteur. Molly est au bord de la dépression, c'est la seule échappatoire qu'elle a trouvé jusqu'à l'instant où elle découvre qu'elle n'a finalement jamais été seule. C'est cette quête de Molly qui est l'objet de l'intégralité de ce long métrage Pokémon tout aussi ambitieux que ces deux prédécesseurs.
Le sort des Zarbi, Entei se montre classique dans sa conception, puisqu'on retrouve peu ou prou la même technique visuelle que les deux films précédents. Le long métrage s'offre cependant quelques très bonnes idées de mises en scène, ainsi que de très beaux effets spéciaux (la cristallisation). Le film propose aussi de nombreux combats pokémons, permettant de donner un petit peu la vedette à Ondine et à Pierre fortement négligés jusqu'alors. Le long métrage donne une place importante à Delia, largement plus impliquée dans les évènements du scénario que dans Le pouvoir est en toi. Au passage, le parallèle entre Molly/Spencer et Sacha/Delia est amusant à constater, puisqu'on ne sait pratiquement rien du père de Sacha, sans doute parti lui aussi pour d'obscures raisons. Beaucoup de fans s'interrogent à ce sujet, car certains d'entre eux sont convaincus que dans les jeux, Giovanni, le leader de la Team Rocket, était en réalité le père du héros (quelque chose qui n'a jamais été suivi, ni affirmé, ni confirmé pour l'adaptation dans la série télévisée). Une idée fortement séduisante il est vrai. Tiens, puisqu'on est en train de parler de la Team Rocket, Jessy, James et Miaouss retrouvent dans Le sort des Zarbi, Entei leur position de faire valoir humoristique, sans réelle utilité particulière dans le film (la version occidentale le soulignant via une ligne de dialogue de Miaouss). C'est un peu dommage car ils ne sont là que juste histoire de ne pas les oublier.
Au delà des considérations artistiques du remontage de la version internationale, au niveau du doublage français (je n'ai jamais eu l'occasion d'entendre la version québécoise dans laquelle joue des comédiens canadiens, contrairement à la série qui reprend les comédiens français), la qualité du travail est dans l'ensemble irréprochable sur le film. Nous y retrouvons l'ensemble des comédiens traditionnels qui travaillent également pour la série télévisée. On relèvera toutefois une petite chose insolite dans la mesure où Antoni Lo Presti et Laurent Sao sont réunis pour la première fois ensemble sur Pokémon. Ils ont en effet tous les deux, alternativement selon les saisons de la série, interprétés le rôle de Pierre, le champion de l'arène d'Argenta qui accompagne Sacha dans son voyage. Ici, c'est Antoni Lo Presti qui reprend le rôle de Pierre, laissant Laurent Sao jouer un personnage un peu plus secondaire, celui de Skyler. Autre fait amusant, Catherine Conet reprend à nouveau le rôle de Delia tout en continuant de jouer Jessy comme elle le faisait dans la série et dans le second film. Ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui où elle n'a conservé que le rôle de Jessy (on s'en contentera, tant elle est excellente dans ce rôle). Pour le rôle de Molly, on retrouve la comédienne Carole Baillien qui se spécialise souvent dans les voix d'enfants (Naruto par exemple). Évoquons enfin un comédien assez mystérieux sur le rôle de Spencer : Marc Ysaye. Absent du carton du doublage du DVD (qui ne crédite tout simplement pas le rôle) et pour celui de la VHS, c'est le nom de son fils, Alexandre, qui est mentionné, ce qui avait de quoi laisser perplexe étant donné que ce dernier était à l'évidence un tout jeune comédien lors du doublage du film (il faisait à la même époque la petite voix de la tortue Franklin) ! Seules de récentes interviews filmées (et donc sonores) ont permis d'identifier le comédien avec précision. Il semblerait qu'il s'agisse là de son seul rôle connu, l'homme étant avant tout musicien et animateur radio (notamment sur Classic 21, dont il a également été le directeur). Je relèverai surtout que, tout comme Walt Disney l'avait fait pour Peter Pan avec Georges Darling et Crochet interprétés par un seul et même comédien (une subtilité réparée dans le second doublage français, contrairement à celui de 1953), Marc Ysaye joue aussi le rôle d'Enteï, personnage qui a un rôle capital dans Le sort des Zarbi, Entei.
Malgré tout ce qu'il avait à offrir, l'effet de mode Pokémon s'était tassé trop tôt pour lui laisser une chance. Le sort des Zarbi, Entei subit donc de plein fouet le désintérêt massif du public pour la franchise. 4Kids! n'est donc pas le seul fautif à mettre au bang des accusés puisqu'il n'est pas le seul responsable de l'échec du film au box office, mais sa contribution n'en est pas pour autant négligeable car 4Kids! n'a fait que renforcer le sentiment général du dédain pour Pokémon de la part du groupe. Le film dans sa version occidentale prouvant qu'il avait été fortement remanié sans aucun état d'âme. Encore une fois, la version occidentale de ce troisième film Pokémon est donc à fuir à toutes jambes. Je ne peux que vous recommander de redécouvrir Le sort des Zarbi, Entei en version japonaise exclusivement, la seule qui sache encore rendre sa splendeur à ce film injustement boudé du public et des fans.
Olivier J.H. Kosinski - 13 février 2015
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22 octobre 2008
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21 août 2001
VHS Plus de détails
Doublage (Québec - 2001)
Ash : Sébastien Reding
Misty : Kim Jalabert
Brock : Martin Watier
Jessie : Christine Séguin
James : Antoine Durand
Meowth : François Sasseville
Pikachu : Ikue Ohtani
Delia : Viviane Pacal
Molly : Line Boucher
Professeur Elm : Pierre Chagnon
Lisa : Stéfanie Dolan
Enteï : Pierre Chagnon
Doublage (Belgique - 2001)
Sacha : Aurélien Ringelheim
Ondine : Fanny Roy
Pierre : Antoni Lo Presti
Spencer / Enteï : Marc Ysaye
Molly : Carole Baillien
Lisa: Julie Basecqz
Jessy : Catherine Conet
James : David Manet
Miaouss : Nessym Guetat
Pikachu : Ikue Ohtani
Delia : Catherine Conet
Professeur Chen : Jean-Marc Delhausse
Jacky : Bruno Mullenaerts
Skyler : Laurent Sao
Journaliste : Guylaine Gibert
Pokedex : Lydia Cherton
Narrateur : Daniel Nicodème
Voix additionnelles :
- Véronique Fyon
- Benoit Von Dorslaer
Sources :
Doublage au Québec
LesGrandsClassiques.fr
Forum Doublage France