Renaissance est un long métrage d'animation français réalisé par Christian Volckman à partir du scénario d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte. Il a nécessité sept années pour pouvoir être porté à l'écran où il sort le 15 mars 2006. Il est actuellement inédit en version française au Québec, mais a été distribué en version anglaise, avec Daniel Craig doublant le personnage principal, par Miramax (alors détenu par Disney).
Malgré ses deux récompenses, dont le cristal du long métrage au festival d'Annecy en 2006, le long métrage a été un gros échec financier pour Attitude Studio, qui déposa le bilan trois ans plus tard. Pour un budget de 14 millions d'euros, il n'en a rapporté que dix fois moins (1,5 million). Bien que l'action du long métrage se déroule dans un futur proche, le récit fait la place belle à des marques contemporaires bien visibles à l'écran, comme Citroën, Coca-Cola, Fnac et Motorolla.
Paris, 2054. Ilona Tasuiev, une jeune scientifique, est mystérieusement kidnappée. Karas, un policier spécialisé dans les affaires d'enlèvement, se lance immédiatement à sa recherche mais, rapidement, il comprend qu'il n'est pas le seul sur ses traces. La jeune femme est l'enjeu d'une guerre occulte qui menace l'avenir de l'humanité...
Qu'est-ce qui constitue un bon polar ? D'abord, il faut un crime et quelqu'un pour le résoudre. Ensuite, il faut un antagoniste dont l'enquêteur doit comprendre le mobile dans l'espoir de l'arrêter. Enfin, il faut un mode opératoire et une victime. Le tout est ensuite enrobé autour d'une intrigue baignée de mystère et d'interrogations afin de conduire le spectateur à une révélation finale particulièrement détonnante. Le genre policier, d'abord né principalement dans la littérature comme c'est le cas pour Sherlock Holmes ou Miss Marple par exemple, est devenu un passage obligé de la fiction en général au point d'abonder sur à peu près tous les supports culturels (cinéma, télévision, littérature, jeux-vidéo...). Le polar noir en est une catégorie plus spécifique, dans laquelle on retrouve toutes les ficelles d'une intrigue policière mais dans un univers fictif plus pessimiste, beaucoup moins idéalisé, dans lequel l'auteur tend à faire une critique de la société et la plupart de ses dérives. Renaissance, unique long métrage produit par le studio disparu Attitude Studio, rentre complètement dans le genre polar noir que son esthétique si particulière rend encore plus évidente.
Dans un futur proche, à Paris en 2054, l'inspecteur Barthélémy Karas est chargé de retrouver la jeune scientifique Ilona Tasuiev kidnappée dans des circonstances troubles après avoir eu une altercation dans une boite de nuit. Son enquête mène ses pas vers la société Avallon, dans laquelle la jeune femme est employée, ainsi qu'auprès de son mentor, le professeur Jonas Muller. Mais dans l'ombre, un groupe d'hommes traque aussi la jeune femme, pour de toutes autres raisons, en faisant tout leur possible pour entraver l'enquête de Karas. Renaissance propose ainsi une intrigue policière des plus classiques, matinée d'une toute petite dose de science-fiction puisque l'histoire se déroule dans l'avenir, sans que cela remette en cause l'aspect polar du récit. L'intrigue fait donc dans le classique, même si elle s'avère quelquefois plus confuse qu'elle ne le devrait. La plupart des personnages sont aussi des stéréotypes communs à toutes les intrigues policières, notamment avec son personnage principal bourru et peu sociable, le frère d'arme empêtré par les actions irréfléchies de son ami, la jolie blonde victime des circonstances, un antagoniste plutôt prévisible et la mystérieuse femme dont on ne sait si elle est ennemie ou alliée au héros.
Mais Renaissance sort quand même son épingle du jeu, par un déroulement du récit efficace qui multiplie les moments de tensions, les courses poursuites et l'infiltration en zone dangereuse. Le tout est particulièrement relevé par une esthétique diablement mémorable. Le long métrage marque les esprits par son absence, quasi-intégrale, de couleurs. Dans Renaissance, seul le noir prédomine : l'action, les personnages et les décors n'étant mis en valeur que par la présence du blanc qui délimite ingénieusement tous les contours. Contrairement aux apparences qui semble faire penser à une bande dessinée monochrome, le long métrage n'est pas du tout réalisé en 2D, mais bel et bien en 3D. Alors que cette dualité noir/blanc (à peine aidée de quelques rares nuances de gris) n'est a priori pas évidente pour retranscrire un univers visuel crédible, Renaissance est particulièrement remarquable dans sa manière d'apporter du volume et une véritable profondeur à tout ce qui est visible dans le long métrage.
Pour réaliser ce film, Attitude Studio a eu recours à la technique de capture de mouvement avec laquelle de vrais comédiens ont été bardés de capteurs et enregistrés en 3D temps réel, durant six semaines consécutives. Si cette technique est aujourd'hui largement utilisée au cinéma notamment, elle reste encore aujourd'hui aussi controversée dans le rendu 3D que l'était auparavant la rotoscopie dans le rendu 2D. Pour une raison peu compréhensible, la retranscription réelle des mouvements du corps humain a toujours semblé peu naturelle à l'écran dès qu'elle était traitée en animation. Les animateurs les plus talentueux se sont donc systématiquement efforcés d'atténuer ce "réalisme" en adoucissant les démarches et les réactions des personnages par des techniques propre à l'animation. Dans Renaissance, on retrouve cet aspect un peu gauche des personnages, mais le rendu bichromatique crée une parfaite illusion et camoufle les défauts inhérents à la technique de capture de mouvement. D'une certaine façon, Renaissance emprunte beaucoup au style clair-obscur pratiqué dans l'art pictural Grec et à la Renaissance (d'où, peut-être, est justement tiré le nom du film).
D'une certaine manière, le choix graphique effectué sur Renaissance tend à rendre le long métrage plus proche d'une longue cinématique de jeu vidéo, dont il reprend les codes narratifs, que d'un film d'animation classique. Ce constat est corroboré par la mise en scène propre à l'univers du jeu-vidéo où, à plusieurs reprises, on s'attendrait presque à reprendre le contrôle des personnages. Du coup, là où un film plus classique aurait peut être mieux arrondis les angles, l'intrigue du long métrage semble ici paraître malhabile et pas assez fignolée. Il faut aussi reconnaître que le découpage de certaines scènes et la bichromie rendent le long métrage particulièrement confus à suivre si on ne parvient pas à y entrer pleinement. Car l'absence de nuance de gris peut créer une certain gêne. Malgré tout, même si l'intrigue s'avère très classique, Renaissance suit un cheminement narratif très précis, dévoilant petit à petit l'ampleur que peut avoir un simple kidnapping. De plus, l'ensemble est rehaussé par les compositions de Nicholas Dodd, qui rend la bande originale parfaitement complémentaire au récit.
Aujourd'hui, le flop historique qu'a connu Renaissance à sa sortie est-il toujours justifié et justifiable ? Franchement non. Rien que son esthétique unique reste encore aujourd'hui éblouissante d'ingéniosité. Mais il faut reconnaître que cette prédominance du noir aura certainement détourné une grande partie du public, tandis que certains de ceux qui l'auront découvert se sont sentis perdus dans une intrigue trop convenue pas vraiment à la hauteur de l'ambition du projet. Il n'empêche, Renaissance mérite d'être réhabilité et d'être redécouvert parmi les étonnantes curiosités du cinéma d'animation !
Olivier J.H. Kosinski - 25 août 2017
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Doublage (France - 2006)
Barthélémy Karas : Patrick Floersheim
Bislane Tasuiev : Laura Blanc
Ilona Tasuiev : Virginie Mery
Paul Dellenbach : Gabriel Le Doze
Jonas Muller : Marc Cassot
Pierre Amiel : Bruno Choël
Nusrat Farfella : Marc Alfos
Dmitri : Jerome Causse
Nakata : Jim Adhi Limas
Goran : Daniel Lafourcade
Di Borgo : Patrick Gosselin
Reparaz : Yumi Fujimori
Nora : Annie Milon
Montoya : Boris Rehlinger
Woeller : Marc Susini
Naghib : Franck Soumah
Sources :
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