Shaun le mouton, le film est sorti en salle le 1er avril 2015 en France et le 08 avril en Belgique. Curieusement, alors que le film ne dispose pas de dialogues, et ne nécessite donc pas de doublage, le Québec n'a pu profiter du film qu'à partir du 05 août 2015, suivant le calendrier nord-américain du film. Le long métrage reposant principalement sur son aspect visuel, la plupart des panneaux et autres indications essentielles à la compréhension du scénario ont été localisés en français. Ce n'est cependant pas le cas des autres enseignes, de magasins notamment, qui ont conservés leurs appellations anglophones.
Shaun est un petit mouton futé qui vit, avec son troupeau, dans la ferme Mossy Bottom sous les ordres d'un chien de berger dirigiste mais bienveillant. Sa vie est quotidiennement planifiée par un fermier myope qui ne prend jamais de vacances. Un jour, Shaun décide de prendre une journée de repos. Pour cela, il imagine un plan qui consiste à endormir le fermier dans sa caravane. Mais son plan fonctionne trop bien, il perd le contrôle de la situation. Une chose en entraînant une autre, tout le troupeau débarque pour la première fois dans la grande ville.
J'avais deux appréhensions, inconciliables entre elles, avant de découvrir Shaun le mouton, le film. Je craignais tout d'abord que l'ingéniosité de la série télévisée, reposant sur l'absence totale de dialogues intelligibles, ne soit pas reproduite dans le long métrage. Ensuite, je craignais par dessus tout qu'un long métrage dépourvu de dialogues intelligibles se révèle au final ennuyeux à mourir... Mais c'était sans compter sur l'habileté légendaire des britanniques du studio Aardman, qui signent ici leur premier et succulent long métrage indépendant, en collaboration avec les français de Studio Canal. Envolées les craintes une fois que j'ai terminé de découvrir le film, un large sourire se refusant même de disparaître de mes lèvres pendant le générique de fin ! Shaun le mouton, le film nous entraîne dans un festival de gags de circonstances follement drôles, sans pour autant oublier de dégager une très forte émotion, lancer des piques contre notre société ou intégrer d'innombrables références. A nouveau, voici une nouvelle pépite en stop-motion dont le studio connaît la formule magique depuis de nombreuses années maintenant !!
Le mouton Shaun apparaît pour la toute première fois en 1995 dans la troisième aventure de Wallace et Gromit : Rasé de près. A l'exception de son caractère, très différent de ce qu'il est devenu aujourd'hui, le personnage y apparaît pour la première fois dans les traits qu'il a conservé depuis et s'appelait déjà Shaun. Dans ce moyen métrage, Shaun était kidnappé par Guendolaine Culdebélier et son chien Preston. Faisant déjà preuve d'audace, il réussissait heureusement à s'enfuir du camion de transport et il trouvait refuge chez Wallace et Gromit. S'ensuivait une gentille satire sur la société de la consommation, mitonnée avec un zeste... de robot cybernétique ! Il faut malheureusement attendre douze années avant de revoir le mouton avec le privilège d'une série télévisée à son nom. C'est là que vont apparaître les caractéristiques finales du personnage, ainsi que de tout son entourage : Bitzer, le chien de berger, le trio de cochons, le taureau sans oublier tous les autres moutons qui passent leur temps à trouver, d'une manière ou d'une autre, une façon de prendre du bon temps au nez et à la barbe du fermier ! Chaque épisode de la série ne dure que six minutes environ mais renferme son lot d'idées à dérider continuellement nos zygomatiques. Succès aidant, Shaun a également fait l'objet d'une série spéciale pour les jeux olympiques 2012, tandis que le petit Timmy s'est lui aussi vu offrir une série dédiée au jeune public.
Plus de 150 épisodes plus tard, le charismatique Shaun débarque naturellement au cinéma, dans une aventure survitaminée qui va le faire voyager, lui et son entourage, dans une ville. Le format plus consensuel de la série s'élargit donc considérablement pour le long métrage, sans qu'aucune fausse note ou qu'aucun mauvais goût ne soit à signaler. Astucieusement, Aardman étire le format court originel en quelque chose de plus long mais qui reste toujours convainquant. Pour expliquer le départ de tous les moutons dans la grande citée voisine, Shaun le mouton, le film met simplement en scène la disparition du fermier, envoyé malencontreusement dans la Grande Ville où il va devenir amnésique. Pour réparer leur bêtise, ils vont devoir le retrouver tout en échappant à la fourrière qui les traque. Le long métrage pullule de dizaine de nouveaux personnages, dont une flopée d'humains (dont certains de la série font un caméo). Conformément à la série télévisée, aucun d'entre eux n'est capable de s'exprimer en langage courant. Ce qui paraissait improbable sur le papier est une réussite incontestable de Shaun le mouton, le film. A défaut de parler, chaque personnage exprime ses idées et ses émotions à travers des onomatopées et des borborygmes, pour appuyer des scènes cocasses reposant pour la plupart exclusivement sur le visuel et le langage corporel. A ce titre, la longue scène d'introduction est un incontournable défouloir ! Le premier, d'une longue liste pendant plus d'une heure.
De façon à ne pas fatiguer l'oreille, de part l'absence de vrais dialogues, Shaun le mouton, le film compense en ajoutant ici et là des chansons, piochées dans la pop britannique, voire dans le hard rock. Pour le reste de la bande originale, intégralement acoustique, on entend régulièrement des instruments à cordes (violon et guitare en majorité) mais également des tambourins, des flûtes et... des sifflements ! La célèbre ritournelle de Shaun le mouton y est audible à de nombreuses reprises, déclinés merveilleusement à tous les rythmes et toutes les circonstances qui s'y prêtent. Le long métrage va même jusqu'à égaler à la perfection le comique de situation d'un Charlie Chaplin. Concernant l'aspect technique, on aurait tort de dire que Shaun le mouton, le film semble afficher une petite régression par rapport aux longs métrages du studio qui l'ont précédé. Certes, les personnages, humains particulièrement, sont beaucoup moins travaillés que dans Les pirates ! Bon en rien, mauvais en tout ! par exemple. Mais ici, la cohérence visuelle avec la série est totalement respectée. Du coup, forcément, elle met particulièrement à l'honneur les animaux. Et contrairement aux apparences, l'animation est largement au dessus de la série. Sans compter que Shaun le mouton, le film multiplie les décors naturels et les maquettes, simplement rehaussés ponctuellement d'effets numériques, ce qui rend tout réel et crédible. Bref, foncièrement vrai. C'est plus agréable, moins froid et plus intemporel que n'importe quel film d'animation 3D qui a la facheuse habitude de veillir prématurément.
Le studio Aardman réussit totalement à transcender l'univers de Shaun le mouton dans ce long métrage, un peu moins accessible pour le jeune public, mais beaucoup plus profond et subtil pour les adultes que la série. Bourrée d'excellentes idées de mise en scène et de comique de situation, Shaun le mouton, le film est le genre de comédie animée succulente à regarder le vendredi soir après une semaine longue et déprimante. Cela vous déridera totalement et apportera du bonheur sur tout le reste du week-end !
Olivier J.H. Kosinski - 13 septembre 2015
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18 août 2015
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