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Sélection Gulli
Sur la piste du Marsupilami

Sur la piste du Marsupilami est à la fois le premier long métrage et la première adaptation pour le cinéma du Marsupilami, le personnage inventé par André Franquin en 1953. Il sort en France le 04 avril 2012, puis le 10 août 2012 au Québec. Le film ayant été tourné en français, la même version est proposée dans tous les territoires francophones. Le film intégre la collection numérotée Gulli le 28 août 2013 où il porte le numéro 17.

L'intrigue

Quand Dan Geraldo, reporter en quête de scoop, arrive en Palombie, il ne se doute pas qu'il va faire la plus incroyable des découvertes. Avec Pablito, guide local plein de ressources, ils vont aller de surprise en surprise au cours d'une aventure trépidante et surtout révéler une nouvelle extraordinaire : le Marsupilami, animal mythique et facétieux, existe vraiment !

Analyse de l'oeuvre

Je ne connais que peu de choses au sujet du Marsupilami, n'ayant que très rarement croisé sa route. Je ne l'ai d'ailleurs longtemps connu qu'en seul personnage animé, sans même chercher à savoir qu'il était en réalité né de l'imagination prolifique du dessinateur Franquin. Je ne l'ai appris que plus tardivement, n'étant pas particulièrement attiré par le personnage, sans le renier pour autant. Pourtant, un peu comme les Schtroumpfs avant lui, le Marsupilami est dans un premier temps né dans une bande dessinée où il n'était alors qu'une simple vedette secondaire. La drôle de bestiole au pelage jaune tacheté, ayant une force herculéenne et, surtout, une queue de huit mètres de long qu'il peut utiliser comme un outil, nait en 1953 pour les besoins de l'intrigue de Spirou et les Héritiers. Spirou et Fantasio partaient à sa recherche au coeur du pays imaginaire de Palombie, car il était considéré comme une créature légendaire. Ce n'est que bien des années plus tard, en 1987, que la bestiole accède à sa propre bande dessinée. Par la suite, Disney achète les droits du personnage pour une faire une série animée en 1992, qui ne rencontre pas du tout le succès, au point que Disney se voit éconduit comme un malpropre par les détenteurs des droits du personnage. Par la suite, une nouvelle série française fait renaître le personnage au début des années 2000, avec plus de succès cette fois. Deux ans plus tard, Alan Chabat triomphe au cinéma avec Astérix & Obélix - Mission Cléopâtre, il envisage alors assez vite de porter le Marsupilami à l'écran. Il lui faudra toutefois près de dix ans pour concrétiser son projet.

Je fais partie de cette petite minorité qui n'a pas spécialement apprécié Astérix & Obélix - Mission Cléopâtre. D'une part, l'humour de Les Nuls n'a absolument jamais réussi à m'atteindre, il me passe très loin au-dessus de la tête. D'autre part, je n'ai pas du tout apprécié le traitement infligé aux personnages issus de l'imagination de René Goscinny et Albert Uderzo. Astérix & Obélix contre César avait déjà amorcé la tendance, mais avec un certain respect du matériau originel, tandis que Astérix & Obélix - Mission Cléopâtre a vraiment plongé les pleins pieds dedans. Le long métrage larguait sur le bas-côté les personnages par la seule gloire de ses interprètes. En d'autres termes, le long métrage est à mes yeux une bande de copains déguisés qui passent leur temps à faire les pitres, au détriment de toute démarche narrative. Les bandes dessinées Astérix ont toujours été drôles mais le côté cocasse était la cerise sur le gâteau des différentes aventures très solides à la base. Les héros vivent leurs aventures, mais leurs auteurs ajoutent des petits détails pour jouer de connivence avec leurs lecteurs. Astérix & Obélix - Mission Cléopâtre a totalement changé cette perspective, ce sont des acteurs incapables d'incarner leurs personnages préférant faire les pitres entre eux. Si vous adhérez à leur délire, alors effectivement oui, vous passez sans doute un bon moment. Ce fut, pour moi, totalement rédhibitoire. Tous les acteurs s'approprient les personnages pour les refaçonner selon leurs propres personnalités, mais aucun ne se glisse jamais dans le rôle qu'il est censé jouer.

Sur la piste du Marsupilami m'a donc fait extrêmement peur dès que j'ai vu que le nom d'Alain Chabat y était associé. Je ne saurais dire si c'est parce qu'il y a moins d'acteurs prestigieux qui se bousculent au portillon contrairement à la saga Astérix, ou si dix années ont été mises à profit pour revoir entièrement sa copie pour ce qui est de diriger une intrigue, mais l'expérience s'est avérée moins horrible que je ne l'avais imaginé. Car, cette fois, le récit prend le pas sur les pitreries de ses comédiens. Même si de nombreux moments sont franchement capillotractés, je dois reconnaître que le scénario du film se tient dans son ensemble. Il garde une certaine cohérence même dans ses moments les plus absurdes. Plusieurs éléments anecdotiques sont d'ailleurs distillés au début, puis sont ensuite réutilisés de façon logique plus loin dans le film, à commencer par cette séquence surréaliste autour de Céline Dion. Pour autant, Sur la piste du Marsupilami souffre du même défaut flagrant que Astérix & Obélix - Mission Cléopâtre, ainsi qu'une grande partie des comédies françaises adaptées de bandes dessinées, le Marsupilami n'est à aucun moment du film le protagoniste principal, ce sont les acteurs qui le sont. Or, on ne parvient pas à avoir autre chose que Alain Chabat et Jamel Debbouze à l'écran, un problème bien franco-français dans une grande majorité de nos productions où les comédiens sont incapables de se fondre dans un rôle. Bref, tout juste le Marsupilami garde-t-il le principe d'être un animal prétexte, justifiant le déroulé du récit, mais dont la présence à l'écran est finalement très secondaire, voire inutile. Il est vrai que cela correspond totalement à ce qu'il était dans Spirou et les Héritiers sauf que, alors que 60 années s'étaient écoulées entre son apparition et le film en salle, le Marsupilami avait considérablement évolué. Reste cependant le gros avantage d'éviter l'écueil du saccage de sa personnalité, plutôt cohérente avec ce que je connais de lui. Mais peut-être ai-je tort, n'ayant connu que sa version animée (où il était le protagoniste principal) qui ne reflète peut-être pas son caractère dans les bandes dessinées.

J'émettrai également un second bémol au long métrage dans le rendu du Marsupilami lui-même. Il est indéniable que le studio Buf Compagnie, spécialisé en effets spéciaux numériques, a fait un travail remarquable sur le personnage. Le comportement, sa gestuelle, son anatomie, son incrustation dans le monde réel, tout fonctionne à un détail près : je n'arrive pas à reconnaître le Marsupilami. Il y a un je-ne-sais-quoi qui perturbe dans sa physionomie, particulièrement au niveau des yeux. Dans la bande dessinée, comme les séries animées, le Marsupilami a de grands yeux globuleux blanc avec une minuscule pupille mobile toute noire. Cela semble avoir posé de gros problèmes aux animateurs qui ont voulu lui donner un regard plus naturel, plus animal. De fait, l'ancienne pupille s'est transformée en un gros oeil incrusté dans une zone poilue toute blanche. Certes, le personnage a considérablement gagné en réalisme, toutefois, là où ses petites pupilles étaient mobiles auparavant, ses nouveaux yeux semblent définitivement figés et inexpressifs. Très vite, on a cette idée fugace qui nous traverse l'esprit : on dirait une peluche. Une fois ce constat fait, c'est terrible à dire, mais l'idée ne nous quitte plus, ce qui dissipe alors presque immédiatement l'illusion de réalité du personnage à l'écran. Un défaut de conception visuelle assez regrettable, mais qui ne remet pas en cause le travail du studio Buf Compagnie dont l'apport reste appréciable.

Dans les grandes lignes, Sur la piste du Marsupilami n'est finalement pas si différent dans l'esprit qu'un film comme Garfield. On se retrouve dans les deux cas devant un film avec acteurs auquel se greffe un personnage numérique dans un registre de comédie enfantine. Mais les ressemblances s'arrêtent là, les approches américaines comme françaises sont radicalement différentes pour ce qui est de la gestion des gags. Côté américain, c'est souvent très puéril mais constant sur la durée, côté français, ça tombe parfois un peu à plat conduisant à un humour en dent de scie. Sur la piste du Marsupilami offre toutefois quelques moments assez bien sentis, en matière de rythme, ce qui permet de ne jamais rendre l'expérience désagréable, même si le gag du moment est raté. En gros, c'est une grande aventure un peu bouffonne qui ne se prend pas trop au sérieux, mais qui ne laisse dans son sillage aucun souvenir impérissable.

Olivier J.H. Kosinski - 07 octobre 2023

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