Tandis que La petite sirène sera l'ultime film d'animation de la décennie au Québec où il est sorti le 17 novembre 1989, il aura fallu attendre un peu plus d'un an pour le découvrir en France, le 28 novembre 1990. Véritable succès mondial, le film va triompher sur grand écran, marquant au passage le le début d'une ère nouvelle pour les Walt Disney Animation Studios. Le film est également inclus dans la collection Disney Héritage depuis 2013, ce qui signifie que chaque salle de cinéma peut désormais choisir, indépendamment d'une sortie nationale, de pouvoir le diffuser quand elle le souhaite.
Le film possède une version québécoise, et deux doublages français différents réalisés en 1990 puis 1998. L'une des raisons officieuses de ce redoublage (il n'a jamais été publiquement expliqué) précise qu'il s'agissait d'une demande expresse de Disney USA qui imposa en Europe le redoublage du film lors de sa ressortie en salle afin de tester leur tout nouveau dispositif de mixage DTS conçu dans leur laboratoire (Explication qui semble plausible car l'Allemagne, tout comme l'Espagne et le Portugal furent aussi touchés la même année). Malheureusement, jamais redoublage n'aura eu autant de critiques négatives unanimes aussi bien dans la presse spécialisée que dans la communauté des fans, jamais un tel furieux débat n'aura touché autant un film Disney, contraignant Disney France a fait machine arrière toute en 2006 où le film a retrouvé depuis son doublage d'origine.
Ariel, une sirène malicieuse et joyeuse, vit dans un paradis sous-marin avec son père le Roi Triton. Elle rêve de la vie terrienne... Malgré les avertissements de ses amis l'adorable poisson Polochon, et Sébastien, le crabe, Ariel conclut un marché avec la sorcière des mers Ursula. En échange de sa voix magnifique, la jolie sirène devient une ravissante jeune fille du monde humain. Mais ce qui ressemblait à un rêve devenu réalité se transforme en course contre la montre pour Ariel qui devra gagner le coeur de son prince et sauver le royaume de son père !
Je fais parti de cette génération qui a vu les films d'animation Disney s'envoler à travers un nouvel âge d'or. Époque aujourd'hui reculée où seul Disney était capable de happer l'attention du public et de créer un buzz monstrueux à la fin de chaque année. Tout ceci, on le doit au succès triomphal, phénoménal même, de La petite sirène. Pour autant, je ne vécu pas du tout la même chose que mes petits camarades du même âge, car je ne suis jamais allé le voir au cinéma ! Bref, je ne suis réellement tombé dans le chaudron Disney que deux ans plus tard avec La belle et la bête (que je préfère d'ailleurs toujours actuellement). Je me souviens d'ailleurs parfaitement des circonstances ayant éloigné La petite sirène de mes yeux. Du haut de mes 10 ans, j'étais déjà quelqu'un de pragmatique. Or, au détour d'un rayonnage vidéo de l'enseigne Continent de ma région en décembre 1990, j'avais repéré une vidéocassette sobrement intitulé La petite sirène.
Économiquement parlant, il m'avait donc paru plus logique d'acheter une vidéo pouvant être vue et revue à volonté, plutôt que d'aller une seule fois en salle voir un film. Mes parents me donnèrent donc le choix : c'était soit la VHS, soit le cinéma. Malheureusement, je fis le mauvais choix, j'achetais ce qu'on appelle aujourd'hui un pastiche destiné à se faire de l'argent sur le dos de consommateurs peu futés. Bref, j'étais donc peut-être pragmatique à cet âge, mais avouons-le, surtout particulièrement stupide d'être tombé dans le panneau ! Imaginez donc l'immense déception que j'eus au visionnage de cette chose sans âme, ne comprenant pas comment La petite sirène pouvait bien triompher en salle (parce que évidemment, il m'a fallu plusieurs mois pour comprendre qu'il ne s'agissait pas du même film...).
Ce n'est donc que deux ans plus tard, confortablement installé devant un téléviseur que je découvrais pour la toute première fois La petite sirène, le « vrai », la version Disney. Je compris immédiatement pourquoi le film fut un tel triomphe en salle, car son scénario habile, ses personnages haut en couleurs, et surtout ses somptueuses chansons, en faisait assurément un chef d'oeuvre du cinéma d'animation. Je fus transporté par le long métrage comme tout un chacun. Disney avait bel et bien réussit avec La petite sirène à renouer avec son succès d'antan, tout en modernisant son concept sans pour autant renier ses racines. Oliver & Compagnie, mais surtout La petite sirène, auront ouvert la voie à la décennie de l'animation musicale.
Je ne dirais pas « comédie musicale » car c'est un style de film que j'ai toujours eu en horreur. Là où la comédie musicale s'évertue à accompagner des chansons de gesticulations à tout va sans consistance dans un scénario, ce que j'appelle « animation musicale » est radicalement différent à mes yeux. Dans La petite sirène, et plus encore dans La belle et la bête quelques temps plus tard, chaque chanson se justifie dans le film sans jamais se révéler pénible au récit. Non content d'apporter de nombreuses informations en quelques minutes rien qu'avec les paroles, l'animation des personnages accentue la cohérence de l'univers. A l'inverse, voir gesticuler Bert sur un toit londonien dans Mary Poppins n'apporte en comparaison absolument rien si ce n'est l'envie que cela se termine au plus vite (une séquence que je rêverai de voir coupée du film, peu importe le sacrilège que ça représenterait).
Tout le découpage de La petite sirène relève de l'exploit tant les quelques films qui l'ont précédé ne semblaient finalement être qu'une succession de péripéties sans réellement cohérence entre elles. Chaque séquence de La petite sirène est importance à celle qui la suit, chaque détail à son importance par la suite. Le spectateur ne peut qu'être emporté par l'ingéniosité dont fait preuve le scénario du film. Pourtant, celui-ci s'évertue à casser tous les codes du conte d'origine, ne conservant que vaguement la trame originale, retenant quelques scènes clefs (à l'image du sauvetage du Prince), mais préférant complètement diverger jusqu'à même trahir le dénouement du conte.
Pour autant, l'adaptation Disney réussit à bâtir une histoire moderne, et surtout, à réinventer le traditionnel conte de fée disneyen. Blanche-Neige, Cendrillon et Aurore étaient en effet des héroïnes passives (osons dire potiches) qui n'attendaient qu'à être secourues peu importe par qui (tout du moins du moment qu'il est beau, riche et Prince). Ariel au contraire prend sa destinée en main, quitte à mettre en péril et sa vie, et sa relation avec son père. La petite sirène réussit aussi l'exploit de rendre accessible le conte de fée aux garçons. Il faut dire que le film ne lésine pas sur les moyens et sur les innombrables effets spéciaux. Même l'informatique est utilisé à de nombreuses reprises apportant avec elle des effets de caméras superbement travaillés (Ariel qui dévale un escalier, la métamorphose d'Ursula...) et pour transcender certaines scènes inoubliables du film.
La petite sirène n'est pour autant pas dénué de défauts, à commencer par l'animation des personnages qui donne quelquefois l'impression d'un fort tâtonnement. Le visage d'Ariel change ainsi du tout au tout d'une séquence à l'autre, la morphologie de Sébastien change constamment de volume, tandis qu'Eric grandit et se tasse selon le besoin de chaque scène. Les Walt Disney Animation Studios auront d'ailleurs bien du mal à se défaire de ce léger défaut récurrent dans leurs films suivants. Il faudra en effet véritablement attendre Le roi lion pour que cela change du tout au tout. Mais ces détails visuels ne sont finalement que des broutilles face à l'ambiance générale qui se dégage de l'oeuvre, et surtout par la richesse vocale du film. Tout particulièrement à la version française d'origine qui est sans aucun doute l'un des meilleurs doublages français réalisés par Disney (je vous invite à consulter mon article au sujet des trois versions francophones en cliquant ici).
A tel point d'ailleurs que lorsqu'en 1998 le film fut proposé à nouveau en salle dans une toute nouvelle version, une impressionnante levée de bouclier fut unanime chez les fans Français. Que ce soit la radio, les magazines ou la presse spécialisée, tout un chacun conspua sans vergogne ce nouveau doublage (somme toute agréable sans être exceptionnel). Les fans et le grand public se sont en effet acharnés sans vergogne pendant 8 ans non stop sur ce redoublage, phénomène largement amplifié par la suite avec la sortie VHS puis DVD du film et, bien entendu, avec l'essor d'Internet. Alors que nombre d'autres films Disney avait subi le même traitement bien des années auparavant, laissant les fans désabusés face à un sourd, Disney France fit donc pour la toute première fois officiellement (et unique à ce jour) machine arrière toute début 2006, restituant dès lors son doublage d'origine au film depuis lors.
Considéré à juste titre aujourd'hui comme un immense chef d'oeuvre et le fer de lance de la décennie du succès, La petite sirène mérite toujours aujourd'hui son statut d'oeuvre culte ayant traversée les décennies sans prendre la moindre ride. Même si je suis incapable de pouvoir élever le film au même niveau que La belle et la bête (peut-être parce que je n'ai jamais eu l'occasion de voir le film en salle à l'époque ?), il reste tout de même absolument incontournable pour tous les fans de la compagnie, mais aussi aux autres. Il se doit donc de rejoindre sans attendre votre collection si vous ne le possédez pas encore.
Olivier J.H. Kosinski - 20 septembre 2013
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Doublage (Québec - 1990)
Ariel : Violette Chauveau (Dialogues)
Ariel : Dominique Faure (Chant)
Prince Éric : Pierre Auger
Sébastien : Ronald France (Dialogues)
Sébastien : Michel Comeau (Chant)
Barbotteur : Inti Chauveau
Ursula : Élisabeth Chouvalidzé
Chef Louis : Bruno Laplante
Amédée : Michel Maillot
Écoutille : Vincent Davy
Carlotta : Arlette Sanders
Murène : Éric Gaudry
Triton : Yves Massicotte
Doublage (France - 1990)
Exploité de 1990 à 1993
Réintégré depuis 2006.
Ariel: Claire Guyot
Eric: Thierry Ragueneau
Ursula: Micheline Dax
Polochon: Boris Roatta
Sébastien: Henri Salvador
Triton: Jacques Deschamps
Eurêka: Emmanuel Jacomy
Carlotta: Claude Chantal
Louis: Gérard Rinaldi
Grimsby: René Briard
Andrina: Carole Bacon
Aquatina: Céline Duhamel
Flotsam et Jetsam: Vincent Grass
La Servante: Jacqueline Porel
Le Capitaine: Jacques Giraud
Le Cheval de mer: Luq Hamet
Le Marin: Pascal Germain
Le Prêtre: Raymond Baillet
Le Loup de mer: Bernard Tixier
Doublage (France - 1998)
Exploité de 1998 à 2000
Indisponible depuis.
Ariel: Claire Guyot
Eric: Thierry Ragueneau
Ursula: Micheline Dax
Polochon: Boris Roatta
Sébastien: Henri Salvador
Triton: Jacques Deschamps
Eurêka: Emmanuel Jacomy
Carlotta: Claude Chantal
Louis: Gérard Rinaldi
Grimsby: René Briard
Andrina: Carole Bacon
Aquatina: Céline Duhamel
Flotsam et Jetsam: Vincent Grass
La Servante: Jacqueline Porel
Le Capitaine: Jacques Giraud
Le Cheval de mer: Luq Hamet
Le Marin: Pascal Germain
Le Prêtre: Raymond Baillet
Le Loup de mer: Bernard Tixier
Voix additionnelles :
- Tony Bonfils
- Eric Bouad
- Olivier Constantin
- Ivana Coppola
- Georges Costa
- Michel Costa
- Claudine Delvaux
- Noam Kaniel
- Jocelyne Lacaille
- Patrick Larzille
- Graziella Madrigal
- Chrystel Montagnon
- Christian Padovan
- Dominique Poulain
- Régis Reuilhac
- Jean Stout
- Catherine Welch