La belle et la bête sort le 22 novembre 1991 accompagné d'un doublage français composé de comédiens uniquement français. Visiblement non satisfait du résultat, le doublage est retouché pour sa sortie française, le 21 octobre 1992. Le film a été un succès international avec six nominations aux oscars, dont celui du meilleur film (c'est encore aujourd'hui le seul film d'animation à y avoir été nommé), et deux oscars remportés pour la musique.
Dix ans plus tard, suite à la ressortie du film en IMAX, le film est métamorphosé et modifié sur de très nombreux segments, dont l'ajout d'une nouvelle séquence musicale. Concernant le doublage, Miss Samovar est entièrement redoublée pour évincer Lucie Dolène du film en représaille de son procès remporté contre Disney. Vous trouverez plus d'information dans le dossiers consacré aux 30 ans de métamorphoses du film. Le film est également inclus dans la collection Disney Héritage depuis 2013, ce qui signifie que chaque salle de cinéma peut désormais choisir, indépendamment d'une sortie nationale, de pouvoir le diffuser quand elle le souhaite.
A la fin du film, l'équipe rend homage au parolier Howard Ashman, décédé pendant la production, sans qui les objets animés n'aurait pu exister : "A notre ami Howard, qui donna sa voix à une sirène et son âme à la bête. Nous lui serons éternellement reconnaissant."
Quelque part dans la France du XVIIIe siècle vit un prince insensible, capricieux et égoïste. Par un soir d'orage, une vieille femme habillée de haillon se présente à la porte du château afin d'être hébergée pour la nuit. Malheureusement, le prince la rejette. Elle le métamorphose alors en une bête monstrueuse qui devra trouver l'amour et être aimé en retour avant son 21e anniversaire pour que le charme soit rompu.
Le conte de La belle et la bête est un énorme coup de coeur, et ce depuis bien longtemps, bien avant même la sortie en salle de l'adaptation de Disney. La belle et la bête c'est d'abord la version écrite par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont qui m'émerveilla étant plus jeune. Ce conte originel est d'ailleurs très loin de ce que proposera finalement l'adaptation portée au cinéma en 1991, l'histoire de Madame de Beaumont faisant par exemple intervenir deux soeurs jalouses de Belle, à l'image d'Anastasie et Javotte dans Cendrillon, ainsi qu'une fée qui donne récompense à la fin de son oeuvre. La belle et la bête c'est aussi la somptueuse et prestigieuse adaptation française de 1946 de Jean Cocteau, magnifié par la présence de Jean Marais interprétant à l'écran trois rôles différents (Avenant, La bête et le Prince) et la belle Josette Day qui lui donne la réplique. C'est une ambiance unique, un film romantique et magique, sans aucun doute la plus belle adaptation de l'oeuvre à ce jour. La belle et la bête c'est enfin une tout aussi merveilleuse série télévisée américaine mettant en vedette un couple d'exception à l'écran : Ron Perlman et Linda Hamilton interprété en français par les superbes voix de Pascal Renwick et Frédérique Tirmont. Oeuvre unique en son genre, elle marqua de son empreinte indélébile la fin des années 80.
Bien qu'il y eu de nombreuses autres versions, autant respectueuses du texte d'origine qu'entièrement réinterprétées, il ne fait aucun doute aujourd'hui que l'équipe qui produisit la version Disney sortie en 1991 fut très influencée par ces trois versions que j'ai énumérées. L'histoire bien évidemment inspirée du conte de Madame de Beaumont, l'ambiance unique avec ces objets magiques de la version de Jean Cocteau et le couple inoubliable à l'écran de la série télévisée. Mais c'est évidemment sans compter sur le génie des Walt Disney Animation Studios qui allaient porter à l'écran l'une de leurs plus belles productions jamais réalisées.
Contrairement à La petite sirène sorti deux années plus tôt, l'équipe de Disney n'est pas obligé de remanier en profondeur la fin de l'histoire. La belle et la bête colle en effet parfaitement à l'esprit Disney et de sa traditionnelle fin toujours heureuse. Bien que naturellement le public connaisse déjà cette fin de l'histoire avant même d'avoir vu le film, l'équipe de scénaristes parvient à capter l'attention des spectateurs par une narration relativement nouvelle et moderne mais parfaitement menée. Les situations s'enchainent avec une grande aisance, et l'on se surprend de la très fine double lecture de l'oeuvre rendu possible par plusieurs personnages. Si l'on croit au premier abord que le film se contente de parler que de la rédemption de la bête, on constate au contraire qu'elle est loin d'être à la seule à évoluer dans le film. Belle y tient une place tout aussi importante, s'affirmant et s'émancipant de plus en plus tout au long du film. Le couple se veut dès lors crédible, et leur histoire ne peut que passionner son auditoire.
Autour de ce couple, tout aussi atypique qu'attachant, gravite une ribambelle de personnages secondaires irrésistibles. Un duo masculin tout d'abord : Lumière et Bigben. Sorte de couple mal assorti mais loufoque, ils n'en restent pas moins qu'ils sont le lien émotionnel entre la Bête et Belle. L'arrivée de celle-ci au château permet de les libérer enfin de la peur de leur maitre, n'hésitant dès lors plus un seul instant à lui tenir tête et essayant de le mener dans la bonne direction. Il semble que ce changement déstabilise un temps la Bête, qui parvient dès lors à nouer de vrais liens émotionnels avec son entourage. Prêt à tout pour réunir la Bête et Belle, Lumière et Bigben jouent un rôle capital tout au long du film.
Miss Samovar quand a elle est une figure maternelle par excellence. Prenant sous son aile Belle dès son arrivée, elle s'efforce de rendre son séjour le plus agréable possible. Belle n'y est apparemment pas insensible, même si elle ne se confit au final jamais à elle. Le rôle de confidente échouant en fait bien plus à l'armoire qu'à Miss Samovar. Miss Samovar chapeaute au final bien plus la Bête, Lumière et Bigben avec bienveillance que Belle. Extrêmement attachante, de par sa nature de théière chaleureuse, Miss Samovar est incontestablement l'un des personnages favoris de l'oeuvre.
Maurice, aussi curieux que cela puisse paraître, est à l'image de sa fille, un homme courageux et sincère mais incompris par les villageois. Il n'hésite à aucun instant de sacrifier sa santé dans l'espoir de sauver sa fille du terrible occupant du château dont il n'a connu que le plus mauvais côté de sa personnalité. Quelque peu excentrique, Maurice tient aussi une place considérable durant la dernière partie du film. Tout le monde se souviendra sans mal de l'éprouvant lynchage qu'il subit par les villageois suite à une manipulation d'opinion faite par Gaston.
Le méchant du film, Gaston justement, est sans aucun doute l'un des personnages forts de l'oeuvre. Tout bon film se doit d'avoir un méchant à sa mesure, et Gaston est à l'image même des plus terrifiants personnages de l'univers Disney. Froid, méthodique, calculateur, il est aussi dangereux que ne le sont Mesdames de Trémaine, d'Enfer et Médusa, ou tout aussi impitoyable que Scar, Sheere Khan ou McLeach. Mais tout comme eux, un défaut de sa personnalité va rapidement le perdre : il est imbu de sa personne. A ses côtés, un dernier personnage nettement plus anecdotique : Lefou. Plus faire valoir et élément comique de l'intrigue, Lefou n'a clairement aucun intérêt particulier dans le film si ce n'est à rappeler l'éternel comparse comique,à l'image de Mr Snoops, qui accompagne le méchant dans de nombreux longs métrages animés de Disney. Il se contente surtout de sortir naïvement des évidences qui déplaisent pourtant constamment à Gaston.
La belle et la bête est avant tout une grande histoire musicale, sans toutefois jamais tomber dans l'extrême des comédies musicales à l'américaine, dont j'ai une certaine répulsion. Ici, chaque morceau musical se justifie dans le film, y trouve sa place harmonieusement et permet de faire évoluer le récit rapidement sans l'alourdir. Le film compte ainsi d'extraordinaires chansons et numéros musicaux tous plus chaleureux les uns que les autres. Deux chansons sont également clefs dans l'évolution de la relation entre la bête et Belle, incontournables donc. Un prouesse que l'on doit avant tout au musicien Alan Menken mais surtout au regretté parolier Howard Ashman qui transcenda l'oeuvre toute entière. C'est ce dernier qui suggéra par ailleurs la présence des objets magiques dans le château. Alan Menken ne retrouvera plus le même niveau sans Howard par la suite, s'il on excepte son intervention dans Le bossu de Notre-Dame par ailleurs des mêmes réalisateurs que La belle et la bête.
Artistiquement, le film est une réussite sur bien des points. Pas étonnant qu'il ai réussi l'exploit, toujours unique aujourd'hui, d'avoir été nommé à l'Oscar du meilleur film. Tout n'y est pourtant pas parfait, mais la magie du film, son histoire et ses personnages rehaussent indiscutablement son niveau. L'équipe d'animation se permet de nombreuses audaces, comme la caméra tournante, un procédé utilisé depuis quelques temps déjà par les Walt Disney Animation Studios et qui trouvera son paroxysme en 1997 pour Le bossu de Notre-Dame. Ils exploitent également des transitions de très bel effet entre chaque scène majeure du film. A commencer par cette belle séquence animée s'éloignant de la chambre de Belle en larmes plongeant dans les flots de neiges et arrivant ensuite sur un plan du village.
Le film fut aussi cité dans de nombreux journaux télévisées pour sa célèbre scène de bal où l'animation 3D (crédité avec la contribution de Pixar dans le générique de fin !) vient en aide à l'animation 2D pour rendre ce passage du film le plus merveilleux possible. Et aujourd'hui, cette séquence toute entièrement marcherai encore si elle n'avait pas été sacrifiée sur l'autel du doublage français. La chanson phare du film y est en effet complètement dénaturée par la mauvaise réinterprétation voulue pour le redoublage partiel du film en 2002. Je ne reviendrais pas plus sur ce redoublage, et vous invite à consulter la fiche consacrée à la version intégrale du film à ce sujet.
Globalement, les voix aussi bien françaises (il n'existe en effet aucune version québécoise) qu'américaines sont toutes judicieusement choisies. Mon coup de coeur va surtout à la version française, par l'habileté des dialogues d'Emmanuel Jacomy mais avant tout pour la superbe voix de Bénédicte Lécroart dont il s'agit de sa plus belle prestation dans tout le catalogue de doublage auquel elle a eu le plaisir de participer. Belle et Bénédicte Lécroart sont ainsi aujourd'hui devenues indissociables dans le coeur du public, et on prend plaisir à l'entendre dans toutes les interventions du personnage sur tous les supports aujourd'hui encore. En France, Belle est ainsi l'une des deux seules Princesses Disney (avec Ariel) a avoir conservé sa voix officielle attitrée depuis toujours. Bénédicte Lécroart poursuit toutefois en parallèle sa carrière musicale dont un superbe album à son actif sur fonds de chants irlandais. Un registre qu'elle reprendra avec bonheur pour les épisodes vidéos consacrées à la fée Clochette. On conte également dans la version française d'origine la contribution magistrale de Lucie Dolène, dont il s'agira malheureusement de son ultime intervention dans un long métrage Disney pour les raisons que l'on connait.
Pour en conclure, même si j'aurais pu encore longtemps faire les louanges de ce film tant il reste encore beaucoup de chose à aborder, La belle et la bête reste, et restera sans doute encore longtemps, le fer de lance d'une décennie de succès et du renouveau de la compagnie Disney dans le secteur animation. A ce jour, les Walt Disney Animation Studios n'ont pas encore réussi l'exploit de faire mieux que la décennie des années 90. Gageons que cela arrivera tôt ou tard, le groupe ayant eu à de nombreuses reprises des périodes de doutes et de remaniement avant de toujours retrouver une certaine vigueur. Encore très moderne dans son propos, au rythme narratif incomparable et à la bande sonore inoubliable, La belle et la bête est un monument de l'animation tous studios confondus. Universel dans son propos, il tient toujours une place de choix dans le catalogue de Walt Disney. Le voir, c'est ne plus jamais l'oublier. Et bientôt, vous en serez aussi l'une des « victimes » si vous n'avez pas encore eu le privilège de découvrir ce conte populaire vieux comme le monde dans une adaptation merveilleuse, magique et intemporelle.
Olivier J.H. Kosinski - 08 octobre 2010
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Doublage "Prototype" (France - 1991)
Exploité au cinéma en 1991
et la 1ère VHS au Québec
Belle : Bénédicte Lécroart
La Bête : Emmanuel Jacomy
Gaston : François Leroux
Lefou : Jean-Claude Corbel
Miss Samovar : Lucie Dolène
Lumière : Daniel Beretta
Big Ben : Georges Berthomieu
Maurice : Georges Aubert
Zip : Clarence Le Prévost
L'Armoire : Claude Chantal
Le Narrateur : Jean Amadou
Plumette : Josiane Pinson
Monsieur D'Arque : Henry Djanik
Le Libraire : René Morard
Le Fourneau : Jacques Giraud
Le Fourneau : Jacques Giraud
La chanson finale est conservée en anglais
Doublage "Finalisé" (France - 1992)
Exploité de 1992 à 2002
Maurice : Georges Aubert
(Tous les dialogues changés)
Zip : Clarence Le Prévost
(Grande partie des dialogues)
Le Narrateur : Jean Amadou
(Interprétation différente)
La Bête : Emmanuel Jacomy
(Mixage audio plus menaçant)
Duo "La Belle et la Bête" :
Charles Aznavour et Liane Foly
Raccords de dialogues :
Belle : Bénédicte Lécroart
Gaston : François Leroux
Lefou : Jean-Claude Corbel
Miss Samovar : Lucie Dolène
Lumière : Daniel Beretta
Big Ben : Georges Berthomieu
Plumette : Josiane Pinson
Retouche du doublage et ajout "Humain à nouveau" (France - 2002)
Miss Samovar : Lily Baron (Dialogues)
Miss Samovar : Christiane Legrand (Chant)
Duo "La Belle et la Bête" :
Patrick Fiori et Julie Zenatti
Nouveaux raccords et ajouts de dialogues :
Belle : Bénédicte Lécroart
Zip : Keylan Blanc
La Bête : Emmanuel Jacomy
Lumière : Daniel Beretta
Big Ben : Gérard Berthomieu (Dialogues)
Big Ben : Gérard Rinaldi (Chant)
L'Armoire : Brigitte Virtudes (Chant)
Sources :
LesGrandsClassiques.fr
Planète Jeunesse
Forum Doublage France