Sens dessus dessous 2 sort en salle au Québec le 14 juin 2024, puis le 19 juin 2024 en France sous le titre de Vice-versa 2. Le long métrage fait suite au film de 2015 et propose deux doublages francophones où l'on retrouve la majorité des voix du premier film.
Parfaitement intégrée depuis deux ans dans son nouveau collège, Riley vis sa nouvelle vie sereinement jusqu'à ce qu'un évènement majeur vienne bouleverser le quartier général de ses émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût sont débarqués du centre des opérations par de toutes nouvelles émotions qui vont complètement chambouler son quotidien de jeune adolescente en quête de nouvelle identité...
Retrouver un long métrage d'animation Pixar sur grand écran est évidemment un grand plaisir. Si l'on excepte Élémentaire dont j'avais heureusement pu avoir une agréable séance de rattrapage pendant les vacances de la Toussaint 2023, bien que le film venait tout juste d'être commercialisé en vidéo, cela faisait plus de quatre ans, avec le film En avant quelques jours avant la fermeture de tous les cinémas, que je n'en avais plus eu l'occasion. J'ai d'ailleurs regretté d'avoir loupé Buzz l'Éclair puisque faisant partie des rares à l'avoir apprécié. Revenir en salle pour y découvrir une suite produite par Pixar ne m'a d'ailleurs pas refroidi, alors même que j'ai toujours eu de grosses réserves vis-à-vis de Vice-versa à l'époque. J'étais curieux de voir comment allait être exploité l'univers originellement imaginé par Pete Docter, surtout par rapport aux toutes nouvelles émissions inédites, alors que Pixar avait farouchement affirmé à l'époque qu'il ne pouvait en exister que cinq. Toutes les autres n'en étant que des formes combinées, apparentées ou dérivées. Je dois reconnaître que j'ai été en grande partie déçue par Vice-versa 2 qui, dans les grandes lignes, raconte exactement la même histoire sans chercher à transcender l'univers. Pourtant, comme Vice-versa avant lui, le final du long métrage rattrape grandement les errements, parfois pénibles, de son scénario. De fait, au sortir de la salle, Vice-versa 2 laisse une impression plutôt positive, mais on ne peut nier que cette suite est malheureusement en tout point inférieure à son aîné.
La faute en revient principalement au scénario, visiblement écrit à quatre mains par Meg LeFauve (qui avait déjà contribué au premier film) et Dave Holstein, et dont la contenance se limite à la moindre prise de risque possible. En caricaturant à l'extrême, Vice-versa 2 donne parfois l'impression d'une intrigue qui aurait tout à fait pu être écrite pour d'innombrables exclusivités vidéos pondues par Disney il y a deux décennies à présent. Pour preuve, il suffit de remettre à plat le contexte du premier film. Riley vit une vie jusqu'ici très heureuse, mais un évènement imprévu vient soudain bouleverser son quotidien. Ses émotions finissent par s'embrouiller jusqu'à prendre le dessus sur sa raison, finissant par la conduire sur un chemin dangereux. Mais finalement, elle a soudain un éclair de conscience, qui lui permet de se forger une nouvelle identité psychique. Je viens ici de résumer l'intrigue des deux films. Seul le contexte change, à peine en vérité, tandis que le scénario s'enfonce dans le psyché d'une jeune fille adolescente en suivant une trame narrative strictement similaire au premier film. Les émotions primaires se retrouvent malencontreusement rejetées, d'autres prennent la relève en faisant un peu n'importe quoi, et c'est finalement Joie qui va remettre bon ordre dans tout ça et réconcilier tout le monde une fois de plus. Vice-versa 2 tente aussi de jouer sur la période compliquée de l'adolescence, sauf que Riley l'était déjà dans le premier film, ce qui rend l'intention nulle et non avenue.
Plus gênant, le scénario fait de la redite par rapport à Mei dans Alerte Rouge, à savoir que le mensonge, la méchanceté et l'hypocrisie sont intrinsèquement liés aux transformations dûes à l'adolescence. Je ne me reconnais pas dans ce portrait, je doute d'ailleurs que beaucoup d'autres personnes s'y retrouvent également. Vice-versa 2 noie le mal être caractéristique de cette période que l'on traverse tous à un personnage fortement antipathique, qui pousse presque Riley sur le chemin de la psychose. A un point qu'on finit par se demander si Meg LeFauve et Dave Holstein n'ont pas plutôt voulu décrire l'humeur dépressive d'un adulte mais transvasé dans celui d'une jeune fille. Le thème est à la fois lourd et intéressant en vérité, surtout pour un studio d'animation d'une telle envergure (car des adolescents dépressifs, ça existe), mais Vice-versa 2 s'échine à ne jamais tenter d'aller au bout de cette idée, préférant constamment torpiller l'esprit des spectateurs par des artifices éculés. Il en résulte tout un tas de gags sur l'enfance, qui ne me parlent pas (je n'ai pas été élevé aux programmes télévisés éducatifs), ce qui fait subir de nombreuses situations pénibles et font tomber à plat la majorité des effets comiques du film. De fait, contrairement à d'autres films d'animation du studio Pixar, je trouve qu'une fois encore Vice-versa 2 n'est pas un film universel dans son approche, laissant de côté certains - probablement rares - spectateurs qui ne se retrouvent pas dans le portrait de Riley. Sentiment que je partageais déjà avec le premier film, par exemple avec Bing Bong, vu que je n'ai jamais eu d'ami imaginaire, alors que j'ai pourtant une imagination débordante.
Paradoxalement, même si Vice-versa 2 a un côté encore plus pesant que Vice-versa, il faut reconnaître que le génie du studio Pixar est à nouveau à l'oeuvre sur le long métrage dans son ensemble. Malgré la pénibilité de certains moments, qui n'apportent absolument rien sur le plan narratif, malgré la sous-exploitation de Peur, Colère, Peur et Dégoût, qui ressemblent à des boulets encombrants dont il fallait bien faire quelque chose dans le récit, malgré l'intrigue générale qui est un clone déguisé de celle du premier film, Vice-versa 2 parvient quand même à provoquer plusieurs fois de forts moment d'empathie pour les personnages. C'est pour cette raison que, malgré ses innombrables défauts à mes yeux, je ne peux nier que Vice-versa 2 reste un bon film dans son ensemble. Comme c'était déjà le cas en 2015, le sprint final remporte forcément tous les suffrages. Ça sonne juste, le montage est excellent, l'enchaînement entre les réactions des émotions avec celles de Riley sont d'une justesse folle. Dès lors, le constat s'avère le même qu'avec Vice-versa, le cheminement du film est vachement rude, mais on finit par ressortir avec une agréable sensation générale pour le long métrage. En même temps, comme il suit le même cheminement narratif que le premier film, bon dans l'ensemble, ça aurait été saugrenu que Vice-versa 2 arrive à se rater sur ce point.
Il faut aussi reconnaître que Vice-versa 2 reste visuellement très beau et coloré. Si l'on peut avoir quelques réticences à découvrir de nouvelles émotions et, surtout, de nouveaux lieux dans le cerveau de Riley, il est indéniable que cela fonctionne. Le studio Pixar invente divers artifices qui vont parfois en contradiction avec ce que racontait le premier film, mais comme il est logique que de nombreuses synapses se créent dans notre cerveau humain au cours de notre vie, on ne peut finalement pas contredire non plus qu'un flux de pensée évolue à travers le temps. Vice-versa 2 s'amuse à jouer sur ce tableau, en proposant un contenu familier, mais finalement agencé différemment. Et les nouvelles zones de l'esprit de Riley, qui pouvaient tout aussi bien pré-exister sans les voir dans le premier film, deviennent naturellement tout à fait logiques à leur tour. Le tour de force animé est franchement réussi, ce qui permet de s'affranchir un peu du fort mimétisme du scénario avec celui du premier film. Je suis beaucoup moins enthousiaste envers Andrea Datzman qui compose la bande originale de ce film. En 2015, Michael Giacchino avait clairement réussi à proposer des thèmes musicaux à la fois iconiques mais aussi qui racontaient à eux seuls une histoire. C'était très flagrant que, même dépourvu du support vidéo, on ressentait rien qu'à l'écoute les moments forts du film. Rien ne ressort de la bande originale d'Andrea Datzman dont j'ai même été obligé d'aller la réécouter séparément tant je n'en ai rien retenu de positif. C'est fade, décousu et rarement en accord avec la thématique du film, d'autant que ça ne raconte "musicalement" rien. L'artiste arrive même à saccager les thèmes mémorables de Michael Giacchino, c'est dire.
Au final, je ressors de Vice-versa 2 à nouveau avec ce sentiment mitigé, avec une légère tendance positive, comme ça avait déjà été le cas pour le premier film. Mais entre ses phases légèrement plus pénibles, ce sentiment de redite plus digne d'un DisneyToon Studios que d'un Pixar, ces nouvelles émotions qui n'apportent finalement rien de neuf à l'horizon, et cette même morale autour de Joie qui doit encore apprendre de ses erreurs, Vice-versa 2 est pour moi totalement en dessous de son aîné. Malgré tout, rien que pour son sprint final d'une justesse folle, le long métrage n'a rien d'un naufrage non plus. Même si je suis allé le découvrir sans attentes particulières, j'aurais vraiment préféré que Pixar transfigure l'essai afin d'étoffer considérablement cet univers unique en son genre. Ici, le studio Pixar semble juste ronronner sur ses acquis, sans la moindre prise de risque, mais preuve en est que c'est ce que demande le public de nos jours. Bref, pour l'originalité, on repassera.
Olivier J.H. Kosinski - 03 juillet 2024
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Doublage Commun (France / Québec - 2024)
Joie : Charlotte Le Bon
Bloofy : Emmanuel Garijo
Doublage (Québec - 2024)
Anxiété : Lauriane S. Thibodeau
Dégoût : Edith Cochrane
Peur : Xavier Dolan
Colère : Réal Bossé
Tristesse : Sonia Vachon
Envie : Emma Bao Linh Tourné
Riley : Ludivine Reding
Valentina : Léa Roy
Grace : Lily Rose Régnier
Bree : Élia St-Pierre
Ennui : Adèle Exarchopoulos
Maman : Catherine Proulx-Lemay
Papa : Patrick Chouinard
Embarras : Charles Sirard Blouin
Coach Roberts : Florence Blain Mbaye
Banana-outils : Nicolas Charbonneaux-Collombet
Lance Slashblade : Jean-Philippe Baril Guérard
Noir Secret : Pierre Auger
Frank : Tristan Harvey
Ouvrier : Tristan Harvey
Dave : Thiéry Dubé
Colère de Maman : Véronique Marchand
Nostalgie : Johanne Garneau
Colère de Papa : Tristan Harvey
Paula : Julie Burroughs
Fritz : Jean-Jacques Lamothe
Margie : Véronique Marchand
Jake : Nicolas Bacon
Bobby : Thiéry Dubé
Annonceur de hockey : Pierre Anger
Voix additionnelles :
- Jeanne Roux-Côté
- Marie-Laurence Boulet
- Ève Mangin
- Émilie Josset
- Catherine Hamann
- Alexandre Fortin
- Alexandre L'Heureux
- Pierre Auger
- Jean-Jacques Lamothe
- Nicolas Bacon
- Raphaëlle Desjardins
- Naïla Louidort
- Camille Cloutier
- Élise Bertrand
- Anna Élise Romagny
- Maya Hegetschweiler
Doublage (France - 2024)
Dégoût : Mélanie Laurent
Peur : Pierre Niney
Colère : Gilles Lellouche
Tristesse : Marilou Berry
Ennui : Adèle Exarchopoulos
Anxiété : Dorothée Pousséo
Envie : Kaycie Chase
Riley Anderson : Jaynélia Coadou
Valentina : Margaux Maillet
Grace : Lana Ropion
Bree : Amélia Ewu
Jill Andersen : Françoise Cadol
Bill Andersen : Alexis Victor
Embarras : Maxime Hoareau
Coach Roberts : Corinne Wellong
Banana-outils : Emmanuel Curtil
Lance Slashblade : Axel Kiener
Noir secret : Paul Borne
Frank, Policier de l’esprit : Boris Rehlinger
Colère Maman : Rébecca Finet
Nostalgie : Marie-Martine
Colère Papa : Emmanuel Jacomy
Paula, femme de mémoire : Isabelle Leprince
Fritz : Francis Benoit
Margie : Béatrice Michel
Jake : Jean-Marc Charrier
Bobby, homme de mémoire : Fabrice Lelyon
Commentateur de Hockey : Éric Peter
Voix additionnelles :
- Geneviève Doang
- Marie-Eugénie Maréchal
- Stevie Tomi
- Charlotte d’Ardalhon
- Coralie Thuilier
- Yannick Jaspart
- Baptiste Marc
- Lauriane Lemasson
- Jean-Alain Velardo
- Jérémy Prévost
- Corinne Martin
- Mélissa Berard
- Pauline Smile
- Christine Lemler
- Alexia Lunel
- Salma Cordier
- Isabelle Auvray
- Babara Beretta
- Elia-Carmine Robbe
- Elsa Davoine
- Stéphanie Lafforgue
- Yannick Lessere
- Thierry Gondet