Analyse de l'oeuvre
Je dois admettre que j'étais particulièrement sceptique lors de la découverte de Angry Birds, le film. J'ai pourtant été de ceux qui ont plongé la tête la première dans l'addiction du jeu mobile lorsque ces oiseaux hargneux ont fait leur première apparition. Il faut dire que l'univers décalé et les puzzles diaboliques étaient très amusants à jouer. Pour autant, j'ai eu de gros doutes quant à leur transformation en personnages d'animation. J'ai fait l'impasse sur leur premier film au cinéma, alors qu'il était sorti presque au plus fort de la popularité des personnages. Ce scepticisme a ensuite accompagné ma découverte récente du long métrage pour, finalement, complètement changer mon fusil d'épaule. Malgré une très longue mise en situation, pas toujours très digeste, Angry Birds, le film allait à fond dans son délire pour une dernière demi-heure particulièrement amusante. D'une façon assez extraordinaire, Rovio Entertainment était parvenu à retranscrire d'une façon aussi jouissive que déconcertante toute l'ambiance propre au jeu-vidéo. La conception même de Angry Birds, le film était intégralement tournée vers ce grand final. Du coup, je me suis pris au jeu de ce film. Et cela m'a forcément influencé quant à ma découverte de Angry Birds, le film 2 - Copains comme cochons. Malheureusement, bien que celui-ci soit plutôt bon dans son ensemble, il lui manque cette étincelle de génie qui avait transfiguré l'expérience de son aîné.
Alors oui, ce second opus reprend une fois de plus l'idée de piocher ça et là dans tous les jeux-vidéo de la franchise. On y trouve une dose de Angry Birds Seasons, une touche décalée de Angry Birds Space, le scénario s'amuse même de placer Silver, l'un des nouveaux oiseaux apparus dans Angry Birds 2 en 2012. Le studio finlandais tente même une approche transmédias, en proposant dès 2019 un évènement spécial à durée limitée permettant d'ajouter Leonard dans l'équipe des attaquants afin de pouvoir affronter Zeta comme dans le film. Il s'agissait bien évidemment d'un gros coup de pub, tout comme cela constituait un bon gros délire à l'attention des fans puisque scénaristiquement parlant, il était assez incohérent de voir le Roi des cochons massacrer ses propres citoyens. Bref, je ne peux nier que Rovio Entertainment a bien cherché à aborder Angry Birds, le film 2 - Copains comme cochons de la même manière que Angry Birds, le film trois ans plus tôt, en essayant d'y intégrer la saveur des jeux d'origine. Sauf que ce coup-ci, ça ne fonctionne pas aussi bien. Cette fois, le scénario ne nous mène vers rien de particulier, par rapport aux jeux-vidéo j'entends, ce qui a le défaut de rendre l'intrigue beaucoup plus banale. Or, sans cet atout majeur qui avait égaillé Angry Birds, le film, Angry Birds, le film 2 - Copains comme cochons se retrouve dans une situation où il n'innove sur rien de particulier, ce qui ne permet plus de le détacher de la masse des oeuvres de fictions similaires.
Il y a pourtant de bonnes idées dans Angry Birds, le film 2 - Copains comme cochons, notamment le traitement de Red qui, durant des années avant les évènements du premier film, était un paria dans sa communauté de volatiles. Ici, il découvre les joies de vivre enfin parmi les siens, mais il y a toujours cette petite voix dans sa tête qui le fait toujours douter. Est-ce que les siens l'apprécient pour ce qu'il est ou bien c'est uniquement pour sa notoriété ? Dès lors, son conflit intérieur se retranscrit dans ses actions et son attitude envers la nouvelle venue Silver. Même si cela reste assez téléphoné, accordons aussi une bonne impression à une meilleure intégration de personnages féminins dans le film, là où elles n'étaient que peu présentes dans le premier. Pas de quoi sauter au plafond, mais au moins, nous en avons cette fois trois femmes qui sont placées au coeur des évènements du film, je peux même aller jusqu'à en écrire quatre si l'on compte les menues contributions de Courtney membre de l'équipe des cochons verts. L'autre point fort de Angry Birds, le film 2 - Copains comme cochons, c'est bien entendu l'alliance inattendue entre les oiseaux et les cochons qui doivent faire face à une nouvelle menace commune. La relation entre les deux clans est assez cocasse, tout comme elle fonctionne étonnamment bien. Enfin, Angry Birds, le film 2 - Copains comme cochons propose quelquefois des envolées drolatiques, dans la droite lignée du premier film. Je pense notamment à une scène particulière dans les toilettes des hommes.
Oui, mais voilà, contrairement à son aîné, Angry Birds, le film 2 - Copains comme cochons n'offre rien de fondamentalement différent de n'importe quel autre film d'animation du même genre. Hormis quelques scènes vraiment drôles, le long métrage reste très basique dans son approche. L'intrigue reste très bateau, comme c'était déjà le cas du premier film cela dit, mais n'apporte aucune forme d'apothéose qui faisait toute la différence en 2016. Les tergiversations de Red sont effectivement intéressantes pour faire évoluer le personnage, mais on connaît déjà ce genre de personnage dans d'innombrables oeuvres de fiction. En ajoutant que Angry Birds, le film 2 - Copains comme cochons est sorti dans une période où le phénomène lucratif Angry Birds avait déjà été oublié (rappelons que leur dernier vrai grand jeu remonte à 2015), il en résulte une très grande désillusion générale. Cela n'en fait pas un mauvais film pour autant, il reste très agréable à regarder, dans la droite lignée du premier, mais voilà, il lui manque sa touche personnelle et décalée, qui laisse ce lourd sentiment de redite et d'acte manqué. Un constat qui semble aussi partagé par Rovio Entertainment qui avait un temps envisagé un troisième opus, annoncé avant même la sortie du second, mais qui n'a jamais plus donné le moindre signe de vie depuis lors.
Olivier J.H. Kosinski - 13 avril 2024
