Astérix et le coup de menhir est le sixième long métrage animé tiré de la bande dessinée écrite par René Goscinny et dessinée par Albert Uderzo. Il sort en salle en France le 04 octobre 1989. Sa sortie initiale au Québec est actuellement inconnue. Ce film fait parti des quelques rares films animés à avoir été distribué sous le format propriétaire UMD, exclusivement dédiée à la console Sony PSP, le 8 février 2006.
Panoramix reçoit par mégarde un coup de menhir sur la tête et ne souvient plus de rien, pas même de la recette de la potion magique. L'occasion est trop belle pour un Devin d'abuser de la crédulité des irréductibles gaulois, mais également une aubaine pour les romains qui voient enfin l'occasion de se débarraser d'eux une fois pour toutes...
Astérix et le coup du menhir est le troisième et dernier long métrage produit durant les années 1980 en collaboration entre Dargaud, Gaumont et les auteurs de la bande dessinée. Albert Uderzo et Gilberte Goscinny, veuve de René, se brouillent en effet dès 1990 avec la société Dargaud, assigné en justice pour dissimulation de recettes effectuées à l'étranger par les 24 premiers albums du personnage. Une pomme de la discorde qui couve déjà depuis près d'une décennie entre les deux parties et entraîne une affaire juridique qui va durer plusieurs années, aboutissant au retrait total des droits d'Astérix pour Dargaud, et éloignant, pour un temps du moins, le personnage des salles obscures jusqu'en 1994. Parallèlement à cela, Astérix et le coup du menhir est également le long métrage du passage de relais. Pour le changement de décennie déjà, le film marque la fin des années 1980 quasiment sans aucun gros concurrent en face de lui, tout juste avant que Disney ne se remette à triompher en salle avec La petite sirène qui se ne sort cependant qu'un an plus tard en France. C'est également en 1989 que meurt le journal Pilote, dans lequel Astérix avait connu ses heures de gloire, ironiquement alors que cette année là était commémoré le 30e anniversaire de la naissance d'Astérix lui-même. Enfin, 1989 met également un terme à l'existence autonome de la maison d'édition Dargaud, en difficulté en ce temps là, car Georges Dargaud a revendu tous les parts de sa société à Médias Participations.
Bien entendu, bien que l'orage gronde en coulisses, Astérix et le coup du menhir reste éloigné de tout ce tumulte. Marquant la fin d'une grande époque et succédant à deux longs métrages vraiment très agréables à suivre, il est assez naturel de placer en lui de grandes espérances. Hélas, Astérix et le coup du menhir est résolument le plus faible des trois films de la décennie. Pour une raison inexplicable, le long métrage abandonne quasiment toute forme de dérision qui faisait le sel des précédentes aventures cinématographiques d'Astérix et Obélix, au profit d'un déroulé lent, poussif et franchement pas drôle. Il y avait pourtant énormément de matière pour en faire l'un des films les plus enjoués de la décennie, mais non, l'ensemble manque inexorablement de peps. Pourtant, il y avait une excellente matière première à exploiter, puisque le long métrage adapte intégralement l'histoire de Le devin (19e album paru en 1972), auquel a toutefois été imbriqué la crise de folie de Panoramix, absent à l'origine de l'intrigue, et emprunté à Le combat des chefs (7e album, prépublié dès 1964). L'amalgame de deux intrigues est d'ailleurs relativement intelligent car, sur le papier du moins, les deux éléments sont cohérents entre eux. Cela permet très facilement d'expliquer la prise de pouvoir du Devin sur le village des irréductibles gaulois car la sagesse du druide est temporairement indisponible.
Sauf que la potion magique ne prend pas, parce que le déroulé des scènes est extrêmement lent et qu'il ne se passe finalement absolument rien de palpitant à l'écran. Le long métrage se contente de coller aux albums, en faisant moins bien qu'eux. L'exemple le plus flagrant concerne justement Panoramix, à mourir de rire dans Le combat des chefs, mais dont les animateurs semblent faire preuve d'un peu trop de retenu à son encontre. La plupart de ses délires psychédéliques sont fades et manquent cruellement de folie, si l'on excepte la toute première fois où Assurancetourix réussit à chanter convenablement dans la saga. Manque aussi à l'appel le succulent Amnésix avec lequel il formait un duo de luxe qui décoiffait dans l'album. Les deux personnages restaient pourtant entièrement en retrait dans Le combat des chefs, mais leur duo comique alimentait délicieusement l'arrière plan des diverses cases de l'album. Ici, très loin d'être un simple figurant croustillant, Panoramix fait parti intégrante d'un récit qui s'éternise en longueur sans aucune grande scène marquante. C'est vraiment dommage dans la mesure où Astérix et le coup du menhir est indéniablement le plus beau des trois films proposés durant les années 1980.
C'est sans doute cela qui contrebalance l'intérêt que je porte à Astérix et le coup du menhir, parce que l'esthétique du film a vraiment du charme. On se trouve à des années lumières de ce qu'avait proposé Belvision pour le premier film, tant décrié par Uderzo et Goscinny en 1967. C'est probablement le mieux travaillé et le mieux fignolé des trois films de la décennie, même si l'on retrouve encore quelques défauts inhérent aux films Astérix, à commencer par l'absence d'animation en second plan et en arrière plan (seul ce qui se passe devant "bouge"). Sans égaler la finesse de l'animation d'un film Disney, même en cette période de disette artistique pour la firme de Mickey sur le point de se réveiller, Astérix et le coup du menhir propose des personnages hauts en couleur et très crédibles, dans le haut du panier de l'animation française de l'époque. Saluons aussi la qualité exemplaire du doublage français, avec une mention spéciale à Pierre Tornade et son irrésistible, tout comme mémorable, ricanement quand Bonemine appelle son cher et tendre Cochonnet ! Il n'y a pas à dire, Pierre Tornade a vraiment été le comédien qui, à ce jour encore, a le mieux incarné le personnage rondouillard depuis qu'il a repris le personnage deux films auparavant. A cette époque, on ne se doutait pourtant pas que ce serait l'avant dernière avec lui.
Finissant la décennie des années 1980 de manière peu glorieuse, Astérix et le coup du menhir reste esthétiquement le plus beau de la période mais en même temps le moins bon à suivre. Son rythme ultra-lent sans aucune grandes scènes qui font mouches, ni la moindre blague ne restant vraiment en mémoire, limite grandement son intérêt à mes yeux, hormis pour ceux qui ont une grande nostalgie des visionnages de leur enfance. Malheureusement, ce n'est pas mon cas, je préfère me contenter des deux albums bien plus désopilants.
Olivier J.H. Kosinski - 09 janvier 2020
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Doublage (France - 1989)
Astérix : Roger Carel
Obélix : Pierre Tornade
Panoramix : Henri Labussière
Bonnemine : Marie-Anne Chazel
Prolix le Devin : Julien Guiomar
Abraracourcix : Henri Poirier
Le centurion : Roger Lumont
Optione : Patrick Préjean
Assurancetourix : Edgar Givry
Blocus : Jean-Claude Robbe
Agecanonix : Paul Bisciglia
Décurion : Gerard Croce
Mme Agecanonix : Jeanine Forney
Gaulois : Yves Barsacq
Mme Cétautomatix : Paule Emanuele
Gauloises : Dominique Chauby
Légionnaire : Bruno Choël
Légionnaire : Jean-François Aupied
la femme d'Ordralfabetix : Danièle Hazan
Cétautomatix : Jean-Claude De Goros
Gaulois : Gilbert Lévy
Voix additionnelles :
- Christine Aurel
- Adrianne Bonnet
- Pierre Carrère
- Alain Christie
- Murielle Deville
- Pierre Forget
- Gilbert Guillaud
- Myriam Moszko
- Christian Schmidt
- Séverine Vincent
- David Ferre
- Dariusz Gogol
- Nick Roberts
- Martin Brisac
Sources :
Planète Jeunesse