FernGully - Les aventures de Zak et Crysta , coproduction australo-américaine est sorti en salle le 10 avril 1992 au Québec. Le film ayant été repoussé de plusieurs mois pour ne pas avoir à affronter La belle et la bête de Disney. En France, le film est sorti le 13 janvier 1993 sous le titre de Les aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de FernGully.
Crysta, une jeune fée, jolie et audacieuse, vit dans la superbe forêt tropicale de FernGully. Un jour, poussée par la curiosité trop forte, Crysta s'aventure au-delà des frontières de FernGully, et rencontre un être étrange, au moins vingt fois plus grand qu'elle : un humain, Zak ! Grâce à ses pouvoirs magiques, Chysta réduit Zak à sa taille et l'emmène à la découverte de sa forêt enchantée. Mais Hexxus, un esprit maléfique emprisonné dans un arbre depuis des siècles est accidentellement libéré par une équipe de bucherons : maintenant la forêt est en danger !
Longtemps avant que Clochette n'obtienne sa propre saga « fairies », bien des années avant que Rio 2 n'évoque la déforestation tropicale, bien avant que James Cameron ne reprenne la même idée du profit avant toute chose pour son passable Avatar, quelque temps avant que Pokémon 2 - Le pouvoir est en toi illustre le thème de l'harmonie entre l'homme et la nature, peu de temps avant que Disney n'emprunte l'idée du couple romantique issue de deux milieux différents avec Pocahontas, une légende indienne, quelques mois à peine avant que Elthon John ne conçoive une bande originale mémorable autour de l'histoire d'un jeune lionceau, il y avait un long métrage produit par la 20th Century Fox proposé en salle en 1992, sous le titre français de Les aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully. Un titre ronflant excessivement long qui n'aura pourtant pas permis au grand public de réussir à le garder en tête, car il fut balayé, expédié, que dis-je, occulté par La belle et la bête, un chef d'oeuvre de Disney, quelque mois plus tôt. Excepté ceux qui l'ont découvert enfants à cette époque, bien peu de personne est capable de se remémorer ce film, pour les autres aucun ne comprendra de quoi on parle. Je n'irais pas jusqu'à dire que le long métrage fit un naufrage au box-office, car il est totalement rentré dans ses frais, ce qui lui a permis de faire l'objet d'une suite exclusivement conçue pour la vidéo quelques années plus tard. Malgré tout, si aujourd'hui on ne peut nier que ce long métrage contient en toile de fonds un potentiel des plus intéressants, la forme qu'il prend contribue souvent à gâcher tout le plaisir de l'ensemble. Bref, un long métrage qui aurait indiscutablement gagné à avoir été porté par un studio beaucoup plus regardant sur la qualité tout en ayant les moyens, tel que Disney, puisque ici le film se borne à ne pas dépasser les frontières des jeunes têtes blondes.
Contrairement à ce que laisse supposer la filiation de Les aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully avec la 20th Century Fox, ce long métrage d'animation laisse aux fans attachés aux détails une impression de style « Disneyen ». Cette impression n'est pas totalement fausse et explique pourquoi on a souvent du mal à trouver à redire à ce film lorsque l'on est fan de Disney, moi y compris. Plusieurs idées de base du film font irrémédiablement écho à certains longs métrages de Disney, de la même façon que l'on ressentait la même chose face à un film de Don Bluth ou de Richard Rich. La raison est toute simple, le réalisateur Bill Kroyer est entré chez Disney en 1977. Il a principalement travaillé sur Rox et Rouky, avant de partir pendant la production de Taram et le chaudron magique. Ils les a donc côtoyés tous les deux à un moment ou un autre. Dans Les aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully on retrouve donc cette même sensibilité, cette même approche d'histoire amenée à interpeller le spectateur. On retrouve la noirceur de l'être humain, sa folie destructrice et le second niveau de lecture comme l'aurait fait Don Bluth, tandis qu'on retrouve aussi la fantaisie, le burlesque et le duo romantique comme pour les films de Richard Rich. A ses côtés, Bill Kroyer s'associe au scénariste Jim Cox qui avait lui aussi contribué sur des films Disney, dont l'excellent Bernard et Bianca au pays des Kangourous. En ajoutant la participation de Elthon John pour la chanson du film, et la toute première contribution de Robin Williams dans un long métrage animé, tout cela rappelle immanquablement la touche Disney.
Autre chose à savoir sur Les aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully avant de poursuivre, ce film est inspiré d'une série d'histoires écrites par l'Australienne Diana Young. Contrairement à la première impression que donne le titre original du film (The Last Rainforest, c'est à dire La Dernière Forêt Tropicale), l'histoire de ce film ne se déroule pas en Amazonie qui est le premier endroit tropical qui nous vient en tête lorsqu'il est question de déforestation. L'histoire de ces fées des arbres est en réalité basée sur les forêts pluviales tropicales dans la région Queensland, au Nord-Est de l'Australie, considérée aujourd'hui comme la plus ancienne forêt de ce type encore présente sur Terre. D'où cette mythologie remontant à des temps anciens, telle qu'elle nous est contée au commencement du film. On y découvre ainsi qu'aux origines, Ferngully était un territoire immense couvert d'arbres. Les hommes et les esprits vivaient dans la paix jusqu'à ce qu'un esprit maléfique ne compromette cette situation. Semant la confusion, une bataille fit rage entre les esprits de la forêt et cet être diabolique. Il fut vaincu et enfermé dans un arbre, mais les humains avaient tous préféré fuir le conflit. Alors, les deux peuples oublièrent leurs existences respectives. Jusqu'à ce qu'une compagnie employant des bûcherons, notamment Zak, ne s'attaque à ce qu'il reste de Ferngully. Celui-ci va rencontrer Crysta, apprendre à comprendre son peuple et, finalement, s'opposer à ses employeurs. Une histoire qui rappelle exactement celle d'Avatar, contrairement à Pocahontas, une légende indienne qui a souvent été évoqué par les critiques lors de la sortie de ce film.
Si le début du film s'annonce comme des plus prometteurs, Les aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully s'empourpre assez rapidement dans un pénible entre-deux où plus rien de réellement palpitant ne va se produire. Contre toute attente, la fin va même complètement oublier le questionnement de départ puisque le film ne résoudra absolument aucune des questions qui y avaient été soulevées. On retrouve ce problème de narration tout au long du film, qui comporte régulièrement des séquences lentes, voire poussives. L'enchaînement des morceaux musicaux est lui-aussi des plus bancals, le soucis étant même accentué par la version française qui a énormément de mal à être rythmée. La faute au style musical typique de la période fin 1980 / début 1990, qui ancre définitivement le film dans son époque de conception sans possibilité d'échappatoire. Tous les pores du long métrage respirent cette odeur aujourd'hui surannée, que l'on retrouve aussi dans un certain Oliver et compagnie. Zak est l'archétype même du héros de cette époque, sorte de croisement improbable entre McGyver et Magnum. Ne vous étonnez pas de voir vos enfants vous demander ce que peut bien être un baladeur (répondez-lui un smarthphone sans fonction téléphone, ni vidéo, ni GPS, ni rien d'autre ! La préhistoire analogique...).
Contre toute attente, alors que j'en dresse jusque là le portrait d'un film brouillon, on se laisse pourtant entraîner par Les aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully. Pourquoi ? Parce que, lorsqu'on ne s'y attend pas, le film propose des séquences fortes, que ce soit émotionnellement parlant, qu'en terme de mise en scène. Parfois, sans crier gare, le film semble vouloir réveiller les spectateurs somnolant afin de les entraîner dans des séquences mémorables. Me viens ainsi en tête des scènes les plus cultes la chanson de Crysta qui dessine une scène amoureuse magnifique entre les deux héros du film, à laquelle lui manque de ne pas avoir été chanté duo. La chauve-souris déglinguée Batty est tout aussi succulente, en raison des exubérances légendaires de Robin Williams, où l'on retrouve au passage le tout excellent Michel Papineschi, sa voix française habituelle. En troisième position, je placerai l'énergique reprise de la chanson Land of a Thousand Dances qui devrait, au minimum, vous inciter à taper du pied en rythme. En dernière position enfin, l'ombre menaçante de Hexxus n'est pas ratée. Ses apparitions risquent même de donner des angoisses aux plus jeunes spectateurs.
Visuellement, Les aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully est relativement bon pour sa catégorie. Il mélange habilement des techniques d'animation empruntés à Disney (Quelques séquences rappelant Fantasia, Les fées et le squelette de Taram et le Chaudron magique...), des scènes effrayantes dignes des longs métrages de Don Bluth, des personnages soignés et des décors qu'Amblimation n'aurait pas reniés et, enfin, un couple de personnage qui fonctionne tout aussi bien que dans Le cygne et la Princesse de Richard Rich. Quelquefois, Les aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully recours aussi à l'animation assistée par ordinateur. Le rendu, bien que géométrique, est dans l'ensemble excellent puisqu'il n'est utilisé que sur les engins mécaniques construits par les humains. Cela permet de rendre d'autant plus menaçant ces engins face à la fragile forêt. Concernant la bande son, le long métrage semble incapable de se décider sur ce qu'il souhaite proposer. Soit il propose des chansons indigestes, censées accompagner le récit, soit il propose des numéros musicaux magistraux... qui n'ont pas la moindre justification d'y figurer ! Dans tous les cas de figure, contrairement à mes recommandations habituelles, il est très largement préférable d'écouter ces chansons en version originale exclusivement. D'un, parce que les choix musicaux sont complètement ancrés dans une décennie révolue. De deux, parce que ce style musical ne s'est quasiment jamais convenablement prêté à une réinterprétation en version française.
Au final, Les aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully n'est pas un mauvais film. Son seul défaut est d'avoir été pensé de manière ambitieuse, mais sans les coûteux moyens pour y parvenir. On n'était pas encore « Disney qui veut » en ce temps là (cela ne changera que trois ans plus tard, merci Simba !). Tout au long du film, on ressent donc que de gros compromis et beaucoup de sacrifices ont dû être effectués pour réussir à concilier l'intention de départ et les impératifs commerciaux de la 20th Century Fox. Dans les faits, seuls les adultes tatillons trouveront à redire, les nostalgiques et les plus jeunes ne se poseront pas autant de questions. Ils l'apprécieront simplement à sa juste valeur.
Olivier J.H. Kosinski - 20 novembre 2015
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Doublage (France - 1992)
Crysta : Véronique Leblanc
Zak : Daniel Russo
Pips : Thierry Wermuth
Hexxus : Rémy Kirch (Dialogues)
Hexxus : José Germain (Chant)
Batty Koda : Michel Papineschi (Dialogues)
Batty Koda : Michel Barouille (Chant)
Magi Lune : Jacqueline Joubert
Ralph : Frank Capilliery
Tony : Patrick Messe
Stump : Michel Fortin
Root : Jean-Loup Horwitz
Goanna : Georges Atlas
Willy : Alain Courivaud
Pete : Daniel Dhubert
Ock : Sidney Kotto
Young fairy : David Martinez
Rock : Patrick Messe
Ash : Jean-Jacques Steen
Sources :
Forum Doublage France