Sherlock Gnomes est la suite de Gnoméo et Juliette, il sort en salle le 23 mars 2018 au Québec et le 11 avril 2018 en France. Les deux territoires disposent de leurs propres versions francophones. Contrairement au premier film qui a été exploité en salle par la filiale Touchstone Pictures du studio Disney, celui-ci est exploité par Paramount Pictures.
Lorsque les nains de jardins se mettent à disparaître mystérieusement un par un, il n'y en a qu'un qui peut voler à leur secours : Sherlock Gnomes. Le célèbre détective, fervent défenseur des nains de jardin, débarque avec son acolyte Watson pour mener l'enquête. Commence alors une nain-croyable aventure au cours de laquelle Juliette et Gnoméo vont faire des nouvelles rencontres et découvrir la face cachée de Londres où ils viennent tout juste d'emménager...
Depuis que ses aventures sont tombées dans le domaine public, plus encore que les ayants-droits ont été déboutés de toutes leurs tentatives de blocages judiciaires, Sherlock Holmes multiplient ses apparitions à l'écran, que ce soit sur la traditionnelle petite lucarne via de multiples séries télévisées ou des téléfilms, qu'au cinéma. En animation par contre, hormis les inévitables caméos, inspirations et autre parodies en tout genre, Sherlock Holmes se fait beaucoup plus rare. En terme d'adaptation pure et dure, on peut évoquer les quatre téléfilms animés australiens, réalisés par le peu glorieux studio Burbank Animation, qui adaptent les quatre romans du personnage : Le signe des quatre (1983), Le chien des Baskerville (1983), Une étude en rouge (1984) et La vallée de la peur (1984). En terme d'adaptation plus fantaisiste, on se rappellera un peu plus facilement de la série télévisée version canine italo-japonaise, sur laquelle travailla Hayao Miyazaki, qui fut marqua durablement la télévision française et les esprits au milieu des années 1980. Et ensuite ? Sherlock Holmes va faire un étrange détour au 21e siècle dans une série britannique de 26 épisodes très bizarres diffusés par Fox Kids entre 1999 et 2000 pour enfin terminer par une série animée en dix épisodes russes au style graphique inhabituel mais plutôt charmant en 2006. On peut vraisemblablement dire que c'est la première véritable grande aventure du personnage animé à l'écran, même s'il s'agit d'un transfuge et que l'on met évidemment de côté le célèbre Basil, détective privé qui l'a précédé il y a déjà trois décennies.
Dans l'analyse de Gnoméo et Juliette, j'évoquais l'étrange fait divers de la disparition de nains de jardins entre 1996 et 1997, en supposant que celui-ci avait probablement inspiré l'intrigue du film. Finalement, il est plutôt amusant de se dire que j'avais eu à moitié raison dans la mesure où une grande partie de l'intrigue de Sherlock Gnomes est calqué, à deux trois détails près, sur quasiment la même histoire que cet improbable fait divers ! A savoir le kidnapping massif des petits personnages de porcelaine et de plastique par un odieux personnage qui ne supporte plus de les voir décorer un jardin. Ni une, ni deux, Sherlock et son fidèle Watson mènent l'enquête, suivis à la trace par Juliette et Gnoméo dont toute leur famille a disparu. Bref, comme Gnoméo et Juliette avant lui, Sherlock Gnomes surfe sur une intrigue basique sans véritable profondeur tout en truffant le long métrage de référence aux classiques de la littérature britannique dont chacun d'eux s'inspirent. Qu'on se le dise, Juliette et Gnoméo aurait très bien pu être complètement supprimés de la trame globale de ce film, ils n'assurent ici qu'un semblant de continuité avec le premier volet, car la seule réelle vedette de ce second opus est incontestablement Sherlock. Et là, forcément, votre affinité avec le personnage va grandement jouer en faveur ou en défaveur de Sherlock Gnomes.
Si vous n'avez absolument aucune affinité avec le personnage d'Arthur Conan Doyle, comme c'est certainement le cas des plus jeunes spectateurs, vous allez forcément passer à côté de quatre-vingt dix pour cent de ce que Sherlock Gnomes veut apporter à l'écran. Il n'est pas une seule scène, une seule réplique, qui ne fait pas allusion aux véritables aventures de Sherlock Holmes ou de l'un des ces innombrables interprètes. De son incontournable palais mental, à ses sempiternels sarcasmes, voire son ton hautain envers la gente féminine, Sherlock Gnomes est à l'image de l'excentricité que l'on aime associer au personnage. Sherlock pense, Sherlock déduit, Sherlock enquête et, dans tous les cas, Sherlock a deux coups d'avance sur ses acolytes. Dommage cependant que Rocket Pictures soit incapable de construire convenablement son récit qui se révèle bien trop prévisible dès les premières minutes. Il n'empêche, Sherlock Gnomes est plus équilibré et plus rythmé dans sa narration que l'était Gnoméo et Juliette il y a sept ans, ce qui permet de rendre l'aventure plus agréable à suivre. D'autant que le dernier tiers du film est plutôt bien amené tout en n'étant pas trop frénétique.
En terme d'ambiance, et ceci pour apporter une touche victorienne au film, bien que se déroulant en période contemporaine, Sherlock Gnomes fait renonce ici totalement à la présence vocale d'Elton John. Même si je n'ai de particulier à redire du répertoire musical de la vedette britannique, il faut tout de même admettre que son absence de ce second volet soulage nettement les oreilles, car les morceaux musicaux du premier film étaient complètement déconnecté de l'intrigue. Ici, on peut entendre nettement deux titres phares de l'artiste tel "I'm Still Standing", en version exclusivement instrumentale cependant (qui était, plus ou moins, le thème principal de Gnoméo et Juliette) et qui fait une apparition surprise au moment d'une amusante scène d'action et ne noie pas l'intrigue, ainsi que "Saturday Night's Alright" au moment d'une folle escapade d'un étonnant quartier chinois. Quatre autres tubes sont aussi présents, mais ils sont tellement bien camoufflés par Chris Bacon qu'on ne les remarque quasiment pas, on croit même qu'elle font partie intégrale de la bande originale du compositeur. Paradoxalement, en perdant la voix d'Elton John, Sherlock Gnomes ne compte plus aucun réel moment auditif marquant. Mais il fallait bien faire une concession pour rendre cette suite plus énergique que son prédécesseur.
Pour ce qui est de l'aspect visuel, Sherlock Gnomes fait incontestablement un grand bond en avant par rapport à son aîné. Nous ne sommes plus cloisonnés à moins de dix décors différents, le long métrage se renouvelle sans cesse du début à la fin. On nous fait visiter Londres d'un point de vue complètement différent, à hauteur de nains de jardin, en passant par autant de lieux improbables que l'intrigue veut nous emmener, à l'image des égouts, du Musée d'Histoire Naturelle, sans oublier le célèbre Tower Bridge où se déroule le final du film. La 3D est propre, l'animation soignée et, il faut le reconnaître, Sherlock Gnomes ne cherche même plus à faire croire que ses personnages sont en porcelaine. Les petits nains de jardin sont définitivement aussi agiles que n'importe quel jouet aperçu dans la saga Toy Story. Mais là où le long métrage détonne, c'est quand il aborde le palais mental de Sherlock. Poussant à son paroxysme le concept associé au personnage, Rocket Pictures propose durant ces moment là une délicieuse 2D délirante. A priori, l'esprit de déduction de Sherlock est affreusement confus, comme semble le prouver ces séquences. Mais en regardant plus attentivement, on remarque l'ordre qui existe dans ce désordre. Une prouesse amusante à souligner dans Sherlock Gnomes.
Même si je reconnais avoir apprécié Sherlock Gnomes, beaucoup plus que son prédécesseur, il faut quand même garder à l'esprit que le long métrage est loin de faire un sans faute. A défaut d'être excellent, c'est surtout un bon film qui cherche surtout à attirer le jeune public et laisser sur la touche les adultes. Mais, étrangement, la subtilité toute britannique entourant les faits et gestes de Sherlock nécessite d'avoir une connaissance pointu du personnage pour en savourer les innombrables références empruntés à Conan Doyle mais aussi à toutes les interprétations des comédiens qui ont forgé sa légende durant plus d'un siècle. En fin de compte, Sherlock Gnomes semble surtout s'adresser aux grands enfants fans du personnage, les autres trouveront sans nul doute l'ensemble brouillon et passablement ennuyeux.
Olivier J.H. Kosinski - 07 décembre 2018
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Doublage (Québec - 2018)
Sherlock Gnomes : Gilbert Lachance
Juliet : Sophie Cadieux
Gnoméo : Maxime Le Flaguais
Dr. Watson : Marc-André Bélanger
Irene : Pascale Montreuil
Mankini : Jean-François Beaupré
Lord Redbrick : Guy Nadon
Rapunzel : Catherine Brunet
Moriarty : Nicholas Savard L'Herbier
Lady Bluebury : Marie-Chantal Perron
Doublage (France - 2018)
Gnoméo : Michaël Gregorio
Juliette : Célia Charpentier
Nanette : Martine Meirhaeghe
Lord Redbrick : Denis Boileau
Benny : Cyrille Artaux
Dame Bluebury : Nicole Favart
Cerf : Emmanuel Curtil
Sherlock Gnomes : Bruno Choël
Irene : Flora Coquerel
Moriarty : Antoine Schoumsky
Rennie : Diouc Koma
Sources :
Doublage au Québec
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