Gnoméo et Juliette est un long métrage d'animation intialement envisagé pour être réalisé par les Walt Disney Animation Studios, avant d'être confié à Miramax, puis réalisé par Rocket Pictures quand Disney s'est séparé du label et, enfin, sorti en salle à l'international sous le label Touchstone Pictures. C'est donc indirectement un film Disney sans pour autant en être totalement un. Il sort au Québec le 11 février 2011 et le 16 février 2011 en France. Les deux territoires disposent de leurs propres versions francophones.
La célèbre pièce de William Shakespeare nous conduit tout droit dans les jardins de la maison rouge et de la maison bleue où vivent deux familles que tout opposent, les nains bleus et les nains rouges. Tout bascule lorsque Gnoméo, de la famille des nains bleus, rencontre la belle Juliette de la famille des nains rouges. Que va-t-il arriver à nos deux nains de jardins? Vont-ils pouvoir s'aimer et vivre leur bonheur sur le même rosier? Vont-ils connaître la fin tragique que nous connaissons tous?
Vous êtes trop jeunes si vous n'avez jamais entendu parler de la folle disparition massive des nains de jardins français entre 1996 et 1997. Tout commence en juin 1996 par une blague dans la ville française d'Alençon lorsqu'un groupe d'étudiants, qui visiblement s'ennuie beaucoup le week-end, se baptise le front de libération des nains de jardin (dont J.K. Rowling s'inspirera sans nul doute pour ses elfes de maison) et décide de kidnapper les nains des jardins de la ville et d'ensuite libérer tous ces petits gnomes dans la forêt adjacente à la ville. La blague devient vite un hobby et prend peu à peu une portée nationale, puis internationale quand la presse fait remonter l'étrange phénomène de disparitions des nains de jardin en janvier 1997. Bien longtemps avant l'avènement de Facebook, l'enlèvement des nains de jardin devient rapidement un sport international, les critiques applaudissent, les collectionneurs de nains s'indigent, les pro et anti nains s'affrontent même à coup de tirades télévisées, jusqu'à ce que le phénomène se tasse aussi vite qu'il est apparu, principalement parce que les procès se multiplient à l'encontre des joyeux kidnappeurs. Paradoxalement, le traditionnel nain de jardin, qui était plutôt marginal jusque là, connaît un boom commercial exceptionnel dans la même période. Moralité de l'histoire, ceux là même qui voulaient tant faire disparaitre ces nains en porcelaine ou de plastique ont tout au contraire permis une explosion commerciale de ces gnomes inanimés.
Même si une décennie s'écoule avant que le projet Gnoméo et Juliette ne commence à prendre forme, il est amusant de se dire que ce fait divers pourrait tout à fait être à l'origine de ce projet qui semble maudit dès le début, car il fait finalement écho à cette affaire, et qui connaît un destin tout autant rocambolesque, alors qu'il est pourtant porté par Elton John en personne. Je vous invite d'ailleurs à en lire ses multiples péripéties car je n'en ferai pas mention ici, tout en plus en précisant que ce film fut dans un premier temps envisagé pour figurer sous la bannière prestigieuse des Walt Disney Animation Studios mais ne l'obtint jamais. Bref, Gnoméo et Juliette tente de revisiter l'histoire tragique de Roméo et Juliette de William Shakespeare, tout en mêlant une bande originale composée par Elton John et une rivalité incongrue entre deux clans de nains de jardin rivaux, les bleus et les rouges. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Gnoméo et Juliette ne joue pas vraiment dans la finesse. L'intrigue est lourde, souvent convenue, parfois décousue, mais ne parvient jamais à décoller. On rentre et on sort du film avec le sentiment d'avoir vu un téléfilm pas si mauvais, pas si bon non plus, dispensable dans tous les cas.
Gnoméo et Juliette a tout pour plaire pourtant, mais la mayonnaise ne prend pas. A commencer par la bande originale dont la voix de Elton John accapare quasi-intégralement les chansons du film. Le long métrage ne sait d'ailleurs pas du tout comment insérer ces morceaux musicaux qui semblent constamment en décalage avec le récit où ils sont pourtant censés apporter un pierre à l'édifice narratif. Gnoméo et Juliette alterne continuellement entre son intrigue de base et des interludes composés de vidéoclips qui ne servent pas le récit. Certes, les chansons sont bonnes, mais on n'arrive jamais à se persuader qu'elles servent à quoi que ce soit dans le film si ce n'est à brosser dans le sens du poil l'égo d'Elton John ainsi que celui de ses fans. Jamais une seule fois on n'arrive à atteindre la puissance musicale de l'incontournable bande originale de Le Roi Lion par exemple. C'est franchement regrettable.
En dehors de ces morceaux musicaux, Gnoméo et Juliette souffle aussi le chaud et le froid dans la construction de ses idées. Alternativement, le long métrage est d'abord capable de sortir une séquence drôle, particulièrement du côté de quelques unes de ses répliques bien senties, voire subversives, pour enchaîner tout de suite après avec un gag qui tombe complètement à plat ce qui ramène durement le spectateur à la réalité. Gnoméo et Juliette n'est pas non plus capable de correctement doser l'émotion entre les divers personnages. Souvent, cela va beaucoup trop vite (le coup de foudre entre Gnoméo et Juliette est quasiment instantané) pour être complètement balayé d'un revers de la main la séquence d'après. Pour réussir vraiment à entrer dans le film, il faut donc accepter tout ce qui se présente à l'écran comme ça vient et ne plus se poser la moindre question de cohérence. On en sortirait frustré dans le cas contraire.
Concernant son aspect visuel,on attribuait bien plus volontier à Gnoméo et Juliette une sortie dans la première moitié de la décennie des années 2000, plutôt qu'en 2011, même s'il faut reconnaître que le tout reste encore très acceptable à regarder aujourd'hui. Les petits personnages de porcelaine et de plastique s'en sortent encore très bien justement parce que la technologie numérique a toujours eu cet aspect froid et lisse qui convient naturellement à des objets non organiques. Une jolie performance pour le studio britannique Rocket Pictures qui signe là son premier film d'animation 3D. En même temps, les nains de jardins aux formes très arrondis et au physique souvent ingrat limitent fortement les déplacements des personnages et le travail des animateurs qui se consacrent sur eux, contrairement aux jouets de Toy Story par exemple qui sont bien plus mobiles. En cela, Gnoméo et Juliette ne cherche pas non plus à donner dans le réalisme, le long métrage compte un nombre incalculable de scènes où des objets de porcelaine se seraient brisés pour beaucoup moins que ça. Pour le reste, l'ensemble est propre, tout autant que lisible, même si le long métrage est limité en nombre de décors différents.
Gnoméo et Juliette est incontestablement un long métrage aussi chaotique qu'a pu l'être son douloureux processus créatif. Mélangeant quelques bonnes idées, tout autant que de mauvaises, le long métrage se suit sans vraiment rechigner mais il ne réussit pas non plus à captiver son auditoire. Trop subversif pour un enfant, trop gentillet pour un adulte, le long métrage ne convainc pas plus dans sa manière de rassembler toutes les catégories d'âge. On n'en retient finalement pas grand chose, si ce n'est quelques répliques savoureuses et deux à trois scènes amusantes. Bref, il avait toutes les chances d'être oublié si son studio de production Rocket Pictures n'avait pas eu l'idée saugrenue de réaliser une suite totalement inattendue en 2018.
Olivier J.H. Kosinski - 07 décembre 2018
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22 juin 2011
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Doublage (Québec - 2011)
Juliette : Sophie Cadieux
Lord Redbrick : Guy Nadon
Featherstone : Manuel Tadros
Nanette : Hélène Florent
Benny : Olivier Visentin
Gnoméo : Maxime Le Flaguais
Paris : Patrice Dubois
Fawn : Patrick Chouinard
Lady Blueberry : Marie-Chantal Perron
Tybalt : Mario Saint-Amand
Bill Shakespeare : Jacques Lavallée
Miss Montague : Johanne Léveillé
Doublage (France - 2011)
Gnoméo : Michaël Gregorio
Juliette : Célia Charpentier
Nanette : Martine Meirhaeghe
Lord Redbrick : Denis Boileau
Benny : Cyrille Artaux
Flamingo : Guillaume Lebon
Dame Bluebury : Nicole Favart
Tybalt : Laurent Larcher
Cerf : Emmanuel Curtil
Paris : Emnanuel Garijo
Shakespeare : Alain Courivaud
Madame Montaguë : Thamila Mesbah
Terrafirminator : Omar Yabi
M. Capulet : Michel Paulin
Dolly Gnome : Delphine Benko
Voix additionnelles :
- Omar Yabi
- Geoffrey Vigier
- Joachim Salinger
- Édouard Rouland
- Olivier Chauvel
- Christelle Billault
- Lucille Boudonnat
- Franck Capillery
- Gaëlle Marie
- Sarah Marot
- Michel Vigné