Horton entend un Qui ! est sorti en salle le 14 mars 2008 au Québec et le 2 avril 2008 en France sous le titre de Horton tout court. Il s'agit de la seconde adaptation animée du conte de Dr Seuss, après celle réalisée par Chuck Jones et Ted Geisel en 1970.
Horton est un éléphant extravagant et plein d'imagination qui coule des jours heureux dans la jungle colorée de Nuül. Lorsqu'il entend un appel au secours émanant des minuscules habitants d'une poussière, son sang ne fait qu'un tour. Aidé par son ami Morton, il va devoir affronter les plus redoutables animaux de la jungle : Vlad le vautour, Madame Kangourou et Yummo le singe pour sauver ses nouveaux amis les Zous...
Imaginez que tout un monde puisse exister dans un grain de poussière. Maintenant que c'est fait, imaginez la meilleure manière de convaincre votre entourage de cette étonnante réalité ! Vous séchez ? Pourtant, à l'échelle cosmique, que peut-on dire de la Terre par rapport à l'Univers tout entier ? Ou d'un atome par rapport à un être humain ? De cette étonnante spécificité Theodor Seuss Geisel, qui signe sous le pseudonyme Dr Seuss, va écrire un conte pour enfant baptisé Horton Hears a Who ! (Horton entend un Zou ! récemment traduit en français), la suite de Horton Hatches the Egg (non traduit en français) mettant déjà en scène le très gentil éléphant Horton qui acceptait de couver l'oeuf d'un oiseau car celui-ci avait besoin de vacances ! Blue Sky Studios adapte donc le second conte de l'éléphant Horton plutôt que le premier, car l'histoire insolite de cette rencontre auditive entre deux êtres que tout séparent est plus propice à l'émerveillement qu'un éléphant cherchant la meilleure solution pour ne pas écraser un oeuf ! En cela, Horton s'avère à la fois un film fidèle et infidèle au conte dont il s'inspire. Notez aussi que le film risque de laisser en plan les adultes qui s'attendrait à y voir autre chose... qu'un conte pour enfants.
Pour leur quatrième long métrage, Blue Sky Studios tente un pari risqué. Si Horton est un personnage très célèbre dans les pays anglophones, il est pratiquement méconnu dans le reste du monde. Preuve en est dans de la difficulté de promotion française faite autour du film avant et pendant sa projection en salle, dans les critiques assassines des spectateurs français totalement non réceptifs pour ce film et de son relatif insuccès au box office en France. Encore fallait-il prendre le film pour ce qu'il était : un film bon enfant, tiré d'un livre illustré pour enfant, principalement à destination... des enfants ! Ce que le public québécois a ainsi mieux accepté, puisque Horton s'est plutôt bien débrouillé là-bas. Je vous recommande donc, si vous ne l'avez encore jamais vu en lisant ces lignes, de prendre en compte ce fait pour mieux apprécier ce long métrage d'animation. C'est la seule manière d'apprécier ce film, dont l'intrigue peut se résumer en une phrase : Horton découvre un monde minuscule qu'il doit mettre à l'abri malgré l'hostilité de son entourage qui le croit complètement fou. Le long métrage développe également une moralité d'une banale simplicité : une personne est une personne, peu importe sa taille. En d'autres termes, il faut respecter les autres pour ce qu'ils sont. Un credo maintes fois répété par Horton tout au long du film.
Bien que le long métrage s'inspire du livre illustré de Dr Seuss, le scénario ne suit pas à la lettre le texte original. Il en reprend la majorité des éléments importants : Horton bien sûr, le monde des Zou (Who en version originale, Qui en version québécoise) pas plus grand qu'un grain de poussière, le champ de fleurs, la rigide Mme Kangourou, la bande de singes, l'enfant qui va tout bouleverser ainsi que le vautour Vlad. Dans le livre, Horton répond à un appel à l'aide lancé par un Zou dès le début du récit. Quelque chose qui ne sera jamais expliqué dans le film (Qui a bien pu crier à l'aide dans le film ? A priori, je pencherai pour le fiston, mais rien ne permet de l'affirmer avec certitude) contrairement au livre où le Maire de Zouville remercie Horton car il est parfaitement conscient de vivre sur un minuscule monde lui-même dans un autre beaucoup plus vaste. Par la suite, il est surtout question que Horton prouve à tous qu'il n'est pas fou. Le Maire l'aidant simplement à prouver leur existence avant qu'ils ne soient détruits dans de l'huile bouillante. Dans le film, le principal intérêt repose sur la relation repensée entre les deux personnages principaux qui ne se croisent jamais. Blue Sky Studios préfère brosser un récit plus recentré sur la quête de reconnaissance, répliquée dans le monde de Horton et celui des Zou.
A aucun moment, Horton et le Maire ne se rencontreront physiquement. Les seules choses qu'ils connaissent l'un de l'autre, ce sont leur voix respectives. Ils doivent d'abord se connaître et se faire mutuellement confiance. Une étonnante et très forte amitié va finir par les lier. Chacun d'eux est ensuite confronté aux mépris de ses congénères et doit lutter pour prouver à tous leur bonne foi. Le long métrage rajoute également une relation père/fils un peu tendue, sans doute greffée au récit pour mieux immerger les parents qui regardent le film avec leurs enfants. Hormis ces légères corrections, Horton reprend la même structure narrative que le livre. Le narrateur intervient donc régulièrement pour expliquer en détail la situation et le contexte, en faisant systématiquement des rimes dans ses phrases. Quelque chose qui semble avoir posé problème aux adaptateurs des versions francophones, qui font donc des choix différents afin de s'en tenir à l'exercice imposé par la version originale.
Au premier abord, Horton semble faire techniquement légèrement moins bien que L'âge de glace 2 et Robots. L'affirmation n'est pas erronée, mais il s'agit d'un faux argument puisque Blue Sky Studios a surtout tenté de reproduire le trait et l'aspect dépouillé des illustrations du livre de Dr Seuss. Un aspect que l'on retrouvait d'ailleurs déjà dans le moyen métrage télévisé réalisé par Chuck Jones et Ted Geisel en 1970. Que ce soit dans le monde « d'en haut », où les personnages ressemblent à des caricatures d'animaux parfois succulentes, parfois étranges, parfois même non identifiables (Katie réunissant ainsi à elle seule ces 3 critères !), que dans le monde « d'en bas » où les formes imaginaires et organiques rappellent les dessins du livre, Horton respire une identité qui lui est exclusivement propre. On ne retrouve aucune similarité visuelle avec les films précédents du studio. Par exemple leurs deux pachydermes n'ont absolument rien en commun : Manny est un mammouth à dominance réaliste, alors que Horton est un personnage plus en accord avec le style des cartoons.
Horton n'est pas exempté de reproches. Parmi certaines sans trop de gravité, il y en a une que je ne peux vraiment pas passer sous silence puisqu'elle concerne principalement la partie sonore du film. Reprochons lui une bande originale pratiquement inexistante. Il vous faudra régulièrement tirer l'oreille pour entendre les mélodies, exception faite de certaines scènes très précises, car elles sont noyées par les conversations des personnages. Horton est un film foncièrement bavard. C'est d'ailleurs à ce niveau que mon oreille n'est pas du tout heureuse. Si d'ordinaire, je suis très bon public concernant les doublages, les voix francophones de Horton sont pénibles à écouter, aussi bien en version québécoise que française. La version française faisant même douloureusement pire puisqu'on retrouve dans le rôle titre Dany Boon qui ne s'en sort absolument pas avec le personnage. En pleine euphorie du succès en salle de son film Bienvenue chez les Ch'tis (plus gros succès populaire du cinéma français à ce jour), l'humoriste oublie que l'art du doublage consiste à se fondre dans le personnage afin de lui donner sa propre personnalité. Ici, Dany Boon n'offre rien d'autre que du Dany Boon. On s'attend même constamment à entendre Horton nous ressortir son sketch du K-way au détour de ses piques humoristiques qui tombent toutes à plat ! C'est pour cette raison que j'en ai eu les poils hérissés lorsque j'ai appris qu'il allait jouer Olaf pour La Reine des neiges (où il a fort heureusement apprit de ses erreurs passés pour s'immerger dans le rôle).
Au final, Horton est un film dans l'entre deux. Dans la mesure où l'on accepte les choix vocaux du long métrage, Horton s'avère être un film bon enfant qui réjouira plus particulièrement les plus jeunes spectateurs. Suivant de manière assez fidèle le conte dont il est inspiré, le long métrage s'avère efficace et plein de poésie. Pour les adultes, il est dommage que le long métrage soit desservi par le choix douteux des comédiens pour le rôle titre dans les deux versions francophones, qui gâche beaucoup l'immersion, en particulier sur la version française pénible à écouter alors que tout repose intégralement sur les dialogues de Horton. Cela dit, j'avoue quand même avoir été conquit par le long métrage pour son ambiance, pour le monde des Zou, pour son animation, pour son humour et pour son parti-pris graphique. Ce n'est donc certes pas le chef d'oeuvre de l'année 2008, mais il reste correct et sympathique à découvrir.
Olivier J.H. Kosinski - 01 mai 2015
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03 décembre 2008
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Doublage (Québec - 2008)
Horton : Guillaume Lemay-Thivierge
Maire de Quiville : Joël Legendre
Angela/Helga : Aline Pinsonneault
Kangourou : Élizabeth Chouvalidzé
Tommy : Nicolas Charbonneaux-Collombet
Katie/Hildy : will vigneault
Morton : Hugolin Chevrette
Dr Larue : Johanne Garneau
Vlad : Jean-Luc Montminy
Jojo : Romy Kraushaar-Hébert
Rudy : Alexandre Bacon
Jessica/Heidi : Mélanie Laberge
Doublage (France - 2008)
Horton : Dany Boon
Morton : Richard Darbois
Kangourou : Annie Milon
Ned/Le maire : Jérôme Pauwels
Le narrateur : Xavier Fagnon
Secrétaire du maire : Maïk Darah
Sally/Femme de Ned : Claire Guyot
Docteur Mary Lou Larue : Ariane Aggiage
Jojo l'enfant du maire : Donald Reignoux
Vlad : Pascal Casanova
President du Conseil General : Gerard Surugue
Les Singes Wickersham :
- Bruno Guillon
- Camille Combal
- Florian Gazan
Sources :
Doublage au Québec
Voxofilm