La tombe des lucioles est la troisième adaptation de la nouvelle en partie autobiographique Hotaru no Haka écrite par Akiyuki Nosaka en 1967. Elle succède ainsi à Le tombeau des lucioles produit par le studio Ghibli en 1988, puis au drama diffusé exclusivement sur NTV en 2005 au Japon. Ce film est sorti le 5 juin 2008 au Japon et reste inédit dans les territoires francophones.
A noter : Étant donné l'importante différence narrative qui existe entre ce long métrage et les deux précédentes adaptations, j'ai volontairement choisi de baptiser ce film en français La tombe des lucioles pour le différencier des deux autres analyses présentes sur le site. En toute logique cependant, rien n'empêche ce long métrage d'être nommé lui-aussi Le tombeau des lucioles.
Une bombe incendiaire tombe sur un refuge tuant la mère de Seita et de sa petite soeur Setsuko. Les deux enfants sont contraint de fuir la ville de Kobe pour rejoindre leur tante éloignée. Celle-ci ne leur réserve cependant pas un accueil des plus agréables, mais finit par les accepter en voyant les bonnes victuailles qu'ils ont emportés avec eux. Mais lorsque la nourriture vient à manquer, elle les chasse de chez elle. Ils se réfugient alors dans un abri près d'un lac, avec pour seule compagnie des lucioles.
La tombe des lucioles est la seconde adaptation live de la nouvelle écrite par Akiyuki Nosaka en 1967, après le drama Le tombeau des lucioles réalisé exclusivement pour la télévision japonaise en 2005. Contrairement à ce dernier, l'histoire s'éloigne considérablement de la version animée réalisée par le studio Ghibli en 1988 se rapprochant ainsi beaucoup plus de la véritable vie de Akiyuki Nosaka. La fin du film est donc complètement différente des deux précédentes adaptations, puisque dans cette version Seita survit à la guerre. Ce long métrage y est également beaucoup plus concis puisqu'il a une durée relativement classique de 1h30, contrairement au drama qui dure une heure de plus.
Lorsque l'on découvre pour la première fois cette version, et plus encore lorsque l'on connaît déjà au préalable les deux précédentes adaptations, le seul sentiment qui vient à l'esprit nous déconcerte. L'histoire, complètement décousue, alterne en effet entre présent et passé sans aucun signe annonciateur. Il faut en effet quelques secondes pour réaliser que nous venons soudain de faire un court voyage dans le passé. Malheureusement, ces voyages dans le temps ne servent relativement à rien à l'intrigue si ce n'est à embrouiller totalement le spectateur. La tombe des lucioles se révèle également beaucoup plus hermétique aux spectateurs occidentaux, car le film multiplie des références exclusivement japonaises dont on ne saisit absolument pas la portée. Le long métrage comporte aussi plusieurs chansons, aux consonances parfois patriotiques, qui noie complètement l'histoire de scènes redondantes assez pénibles à suivre. Oui, le mot est lâché, cette version est clairement poussive et empêche de fait de s'immerger dans le récit.
La tombe des lucioles délaisse pourtant la surenchère que pouvait contenir le drama. Ici, il n'y a pas d'effets spéciaux un peu kitch ni de débordement éploré. Il n'y a pas non plus la moindre trace de poésie, contrairement à la version animée du studio Ghibli. Rien que de voir Setsuko écrasant les lucioles à les frappant brutalement des deux mains casse complètement la magie des scènes dans le refuge ! Cette version s'avère aussi un peu plus crue, car elle compte quelques passages sanguinolents (rassurez-vous, cela ne vire pas au gore) qui malheureusement sont desservies par une mise en scène douteuse. De fait, au lieu d'être sensibles aux sorts des personnages, ces scènes nous laissent totalement de marbre.
Le film est également handicapé par un casting peu convaincu par les rôles qu'ils occupent. Rina Hatakeyama n'est pas du tout attendrissante dans le rôle de Setsuko dont le jeu est totalement neutre. Rien à voir avec la tout aussi jeune Sasaki Mao dans le drama qui arrivait à vous déchirer l'âme et le coeur. Reo Yoshitake ne convainc pas plus dans le rôle de Seita, se contentant d'aller et venir au grès du scénario sans jamais chercher à étoffer son rôle, pourtant crucial dans cette histoire tragique. La sanction tombe aussi pour Keiko Matsuzaka qui nous dessine une tante opportuniste sans aucun égal avec l'immense performance de Matsushima Nanako dans le drama.
Au final, en voulant complètement s'éloigner de ses aînés, La tombe des lucioles rate complètement sa cible. De nombreux facteurs sont en cause, un scénario beaucoup trop alambiqué et peu compréhensible, une mise en scène peu soigné, et des personnages quelconque aussi nombreux que d'une importance aucune. Piochant, qui plus est, l'une des plus célèbres scènes du film Jeux Interdits, La tombe des lucioles perd la seule et unique originalité qui aurait pu lui rester. De fait, on ne retient rien de ce long métrage qui ne fait pas le poids ni face à l'immense chef d'oeuvre du studio Ghibli, ni face au brillant drama de 2005.
Olivier J.H. Kosinski - 05 septembre 2014
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