Le Coq de St-Victor est une adaptation du roman Le Coq de San Vito, écrit par Johanne Mercier qui co-scénarise également le long métrage au côté du réalisateur Pierre Greco. Le long métrage sort en salle le 21 février 2014 au Québec. Ce qui n'est pas le cas en France où le distributeur Universal préfère le remiser presque anonymement dans le rayon DVD jeunesse de son catalogue le 1er juillet 2014.
En France, l'exploitation grand public des deux premiers films de 10th ave Productions a été inversée. Le Coq de St-Victor a été commercialisé dès juillet 2014, alors que La légende de Sarila a d'abord été diffusé à la télévision en juin 2015, puis commercialisé en octobre de la même année.
À St-Victor, le maire s'enorgueillit du dynamisme économique et de la discipline des citoyens de son village. Il attribue l'effervescence de son patelin et donne tout le crédit de cette situation florissante à un seul joueur : son Coq. Son cher Coq qui, tous les jours, qu'ils soient de semaine, de fêtes, de relâche, réveille inlassablement les villageois à grands cris dès 4 heures du matin. Mais certains en auront marre. Et la tête du Coq sera mise à prix. Pourtant, après son départ, un groupuscule formera un escadron pour récupérer la volaille !
En 2013, La légende de Sarila établissait une grande première : il s'agissait du premier long métrage d'animation 3D entièrement canadien, financé à hauteur de 70% par la province québécoise. C'était la concrétisation d'un rêve de plus de dix ans pour Nancy Florence Savard qui réalisa le film pour 10th ave Productions. Malgré sa carrure de film mythologique plein de bravoure et un soucis du détail somme toute remarquable, La légende de Sarila souffrait tout de même d'un énorme handicap : l'animation de ses personnages. En voulant être trop proche du réalisme, leur allure avait tout de la démarche robotique. Un soucis que Nancy Florence Savard regrettera par la suite. Le vieil adage voulant que l'on apprend toujours de ses erreurs, la seconde oeuvre du studio réalisée par Pierre Greco, Le Coq de St-Victor, va alors être façonné comme une sorte d'antithèse à La légende de Sarila. Là où ce dernier cherchait à être un compromis entre onirisme et réalisme, le second est son exact opposé. Il n'est certes pas le chef d'oeuvre de l'année 2014 mais Le Coq de St-Victor est un bon gros cartoon d'un heure vingt, délicieusement stupide et adorable à la fois. Si tant est que l'on accepte le parti-pris artistique de ce long métrage, cette fois 100% québécois, doublage inclus !
Le Coq de St-Victor ne cherche jamais à être réaliste. Tout au contraire, il se dégage un pot-pourri de styles, de formes et de couleurs qui rend le long métrage tout à fait unique. Il compte un véritable mélange des genres en faisant se côtoyer vrai 2D, fausse 2D, vrai 3D et fausse 3D se rapprochant de la vrai 2D. Bref, le film brouille les pistes, et embrouille les yeux des spectateurs, pour servir son intrigue agréablement idiote. Les arrières-plans sont souvent de petits bijoux de peintures paysagers alternant entre la 2D et la 3D, dans un style relativement diversifiés entre classique et modernisme, prouvant que les artistes ont une grande maîtrise de cet art pictural. Les objets, le mobilier et les véhicules sont la plupart du temps en 3D, mais avec un esthétique en fausse 2D qui permet de les fondre parfaitement avec les décors. Tous les personnages sont en vrai 3D par contre. Au premier abord, ils peuvent causer une certaine gêne car on remarque facilement qu'ils se détachent de l'environnement autour d'eux. Mais c'est un choix volontaire et assumé de 10th ave Productions qui permet aux regards de bien marquer leur importance dans le récit. C'est d'autant plus agréable que leur animation, typiquement dans le style des cartoons, est d'une fluidité exemplaire comparativement à La légende de Sarila. On finit donc assez vite par s'accommoder à ce design qui s'avère vraiment agréable à regarder.
Le scénario de Le Coq de St-Victor est une farce, une très grande farce, bien qu'il soit inspiré du livre Le Coq de San Vito écrit par Johanne Mercier, qui co-écrit le scénario de cette adaptation cinématographique. Le récit fait régulièrement sourire, s'esclaffer parfois, à défaut de faire rire aux éclats. Il faut dire que le long métrage regorge de scènes franchement cocasses. Entre un âne abruti envahissant, un coq dépressif, une lutte à coups de promotions mathématiques entre boulangers, l'exaspération des villageois qui ne jurent que par la casserole, sans oublier une mission d'infiltration qui tourne court et un tango qui ne parvient pas un seul instant à faire diversion, il y a une vrai matière à la drôlerie ! Certes, on n'est pas devant un long métrage à destination des adultes, mais peu importe, quand bien même cela s'adresse aux plus jeunes, la sauce prend et elle fonctionne dans chacune des situations improbables que compte le long métrage. Les personnages, tout comme les comédiens québécois, s'en donnent à coeur joie pour offrir un vrai spectacle de qualité. Cependant, dans toute cette folie, 10th ave Productions se permet tout de même quelques piques à l'encontre de notre société contemporaine avide du moindre effort. Le Coq de St-Victor se termine même sur un joli twist qui conclut l'intrigue de manière habile, puisque les villageois vont prendre conscience de leur tort et le retourner à leur avantage.
Pour la bande originale, composée par Olivier Auriol, Le Coq de St-Victor offre de très belles musiques avec une dominante pour des airs joués à l'accordéon. Tout de suite, St-Victor fait penser à un petit village reclu quelque part dans la France d'autrefois. Un choix auditif qui n'est trahi que par l'affichage des prix en dollars canadiens dans les diverses boutiques aperçues dans le long métrage. Mais qu'importe, cela donne un petit cachet francophone bienvenu à un film réalisé entièrement au Québec. C'est d'autant plus agréable que les enseignes et autres textes visibles à l'écran sont intégralement écrit en français, là où les films américains (à l'image de ceux de Pixar) ne traduisent que ce qui est essentiel au récit, laissant tout le reste en anglais. Pour en revenir à la bande originale, celle-ci propose plusieurs musiques tout aussi drôle que l'est le film, à l'image de celle du rituel journalier du lever après le chant du coq. Quand le farniente et l'automatisme s'installe à St-Victor, c'est presque une boîte à musique que l'on se met à entendre. La scène du cauchemar du Maire est aussi une belle surprise tant elle contraste avec le reste du film. On gardera aussi en mémoire la folle bataille pour du pain, digne du cinéma muet, et encore plus la désormais culte ritournelle de l'ivrogne (gouli-gouli-goula) !
De près comme de loin, Le Coq de St-Victor se démarque donc intelligemment des grosses productions des géants de l'animation anglo-américains. On n'y croisera pas une seule fois la sempiternelle histoire d'amour entre les héros du récit, pas plus que la force de l'amitié ne saura résoudre les problèmes, ni même l'incommensurable pouvoir sacré de la famille typiquement américaine. Plus étonnant encore, le long métrage n'offre pas non plus de méchant caricatural, puisque le film n'en compte tout simplement aucun, même parmi la communauté rivale de Saint-Benoît ! Tout au plus sont-ils de fins stratèges et de gros opportunistes. Bref, le long métrage offre une brochette de personnages tout simplement attachants car ils sont tous profondément humains. Du coup, malgré sa folle ambiance et son orientation vers le jeune public, 10th ave Productions réussit un coup de maître avec Le Coq de St-Victor, au charme désuet mais terriblement sympathique !
Olivier J.H. Kosinski - 10 février 2017
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01 juillet 2014
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Doublage (Québec - 2014)
Narrateur : Benoït Brière
Le coq : Gaston Lepage
Le Maire : Guy Jodoin
Bertrand : Luc Guérin
Florence : Anne Dorval
Vieux Joseph : Martin Boily
Gustave : Alexis Martin
Petit Paul : Raymonde Gagnier
Thomassin : Guy Nadon
Antonio : Martin Drainville
Mlle Anne : Noémie Yelle
Marceline : Mariloup Wolfe
Xavier : Jeff Boudreault
Emile : Réjean Vallée
Jasmine : Raymonde Gagnier
Dr Milot : Gaston Lepage
Léon Francoeur : Paul Ahmarani
Jules : Carol Cassistat
Lulu : Raymonde Gagnier
Boulanger de St-Benoît : Frédérick Bouffard
Epicier de St-Benoît : Martin Boily
Ebéniste de St-Benoît : Martin Boily
Maurice : Martin Boily
Belle : Raymonde Gagnier
Chef de gare : Martin Boily
Sources :
Carton Générique