Le monde magique de Belle sort directement en VHS au Québec le 17 février 1998. Il faut attendre l'hivers 1998 pour que le film soit ensuite distribué en France, sous le titre de Le monde magique de la belle et la bête. A l'origine, il ne compte que trois histoires : Un dictionnaire à la page, Quand tout bat de l'aile et Plumette en fête. La quatrième histoire Madame Samovar fait la fête, jusqu'alors inédite, est dans un premier temps distribuée exclusivement en France en VHS via le magazine TéléStar au printemps 1999, puis ajouté en bonus de fin des toutes dernières rééditions VHS de La belle et la bête 2 : Le Noël enchanté. Finalement, il faut attendre la première édition DVD en 2003 pour que les quatre histoires soient réunies ensemble pour la première fois. A cette occasion, le segment Madame Samovar fait la fête est rebaptisé Madame Samovar broie du noir. Dans toutes les déclinaisons vidéos, seul un doublage exclusivement français est proposé.
Comme il a été difficile pour Belle, à une époque où elle n'était pas encore amoureuse de la Bête, de vivre avec un tel personnage. Sa toute puissance sur les êtres qui l'entouraient et ses mauvaises habitudes prises au fil des années faisaient de lui un individu haïssable. Durant cette époque charnière, tous deux tentent mutuellement de s'apprivoiser tant bien que mal, mais chacun campe tout de même sur ses positions. Il incombe donc aux objets magiques de parvenir à les réunir une fois pour toutes...
Entre vous et moi, on a vraiment échappé au pire. Quel pire me demandez-vous ? Celui d'avoir eu droit à une série télévisée dérivée du seul long métrage animé Disney ayant été nominé à l'oscar du meilleur film, la catégorie animation n'existant pas encore à l'époque car elle fut créée spécialement pour faire sortir Disney du palmarès à l'époque. L'animation faisait déjà tâche en ce temps là, un peu de la même manière que la catégorie du meilleur livre jeunesse qui fut inventée spécialement pour torpiller J.K. Rowling car la saga Harry Potter faisait de l'ombre à de vieux auteurs un peu trop grincheux de voir une femme leur chiper la première place du podium des mois durant. La belle et la bête est, incontestablement, l'une des plus grandes oeuvres proposées par le studio Disney, l'une des plus emblématiques aussi. A tel point que le malheureux conte de la jeune fille tombant amoureuse d'un monstre est depuis lors exploité jusqu'à la moelle, quasiment jamais de la meilleure façon qui soit d'ailleurs. Entre le long métrage de 1991 lui-même, qui est continuellement retouché, remanié, renumérisé, recoloré d'un support à l'autre, voire réadapté, depuis trente ans, tout une ribambelle d'enfants non désirés lui sont désormais associés.
Cela commence d'ailleurs dès 1995, lorsque la chaîne Disney Channel américaine propose un programme totalement inédit intitulé Sing Me a Story with Belle. Une Belle amoureuse des livres, en chair et en os, prenant les traits de Lynsey McLeod, s'installe en effet à l'écran et propose, 26 épisodes durant, de raconter des histoires aux enfants. Le programme qui dure environ trente minutes, publicités comprises, mélange chansons et courts métrages Disney de tout horizon. Deux ans plus tard, c'est La belle et la bête 2 - Le Noël enchanté qui lui succède. Cette suite proposée exclusivement sur le marché vidéo, tout aussi discutable qualitativement parlant mais dont j'avoue, sans honte, éprouver un plaisir coupable à l'apprécier quand même, rencontre un énorme succès auprès du public. Il n'en faut guère plus à Disney pour lancer la mise en chantier d'une série animée télévisée qui finira toutefois par être annulée, sans réelles raisons officielles, au bout de trois épisodes et demi. Disney m'aimant pas laisser en plan du matériel non exploité décide donc, en 1998, de réunir les trois épisodes achevés sous la forme d'un vidéofilm Le monde magique de la belle et la bête. A cette occasion deux scènes additionnelles sont ajoutées, servant de transition entre les épisodes, dans lesquelles Belle déambule dans le château tout en fredonnant des chansons.
Tout aurait très bien pu s'arrêter là. Malheureusement, Disney est décidément très tenace. En 1999, il est en effet décidé de commercialiser aux Etats-Unis les épisodes de la série Sing Me a Story with Belle en VHS. Deux épisodes sont soignement sélectionnés pour intégrer un nouveau vidéofilm Belle's Tales of Friendship auquel y est rajouté le quatrième épisode, désormais achevé, de la série avortée. Le temps continue sa course et Disney continue encore de faire mumuse avec La belle et la bête. De l'autre côté de l'Atlantique, Disney France s'associe avec le magazine TéléStar pour proposer en exclusivité VHS ce fameux quatrième conte inédit, Madame Samovar fait la fête, réservé bien sûr uniquement aux nouveaux abonnés. Une VHS devenue extrêmement rare, même si elle n'a plus aucune valeur pécuniaire aujourd'hui si ce n'est affective pour ses rares collectionneurs qui la possède encore. Puis Disney le rajoute en tant que bonus des dernières rééditions VHS francophones de La belle et la bête 2 - Le Noël enchanté, juste avant que le support ne meure, ne sachant visiblement pas quoi en faire d'autre. On pourrait croire que le destin des quatre épisodes allait enfin connaître l'apaisement. Que nenni ! L'avènement du DVD passant par là, en 2003, Le monde magique de la belle et la bête ressort une dernière fois dans une version "intégrale" qui réunit, finalement, ensemble les quatre épisodes de la série télévisée pour la première fois. Depuis lors, exception faite d'un détour sur les plateformes de vidéo à la demande et, plus récemment, sur Disney+, Le monde magique de la belle et la bête n'a plus été modifié. Tant mieux (tant pis ?) pour nous.
Ce rapide historique terminé, plutôt burlesque quand on y repense, que nous réserve Le monde magique de la belle et la bête ? Vous ne l'avez encore jamais vu ? Grand bien vous fasse ! Dès les premières minutes, le premier dialogue pose une incohérence. Walt Disney Television Animation n'a visiblement même pas potassé un tant soit peu son sujet puisque le château, pourtant effacé de la mémoire du pays par l'Enchanteresse, continue, comme si de rien était, à envoyer des missives au village voisin pour des cargaisons de bois de chauffage. Durant dix longues années, le pauvre livreur ne s'est donc jamais posé la moindre question sur l'absence d'humains pour recevoir sa cargaison. Ne parlons même pas du paiement. Et même en imaginant que certaines conditions aient été imposées par la bête (déposer le chargement, prendre son dû sans parler à personne), comment ce dernier a-t-il gardé bouche close auprès de son entourage ? La belle et la bête posait pourtant comme base que le château était complètement oublié de tous. On pourrait passer sur ce genre de désagréments, trop nombreux pour être détaillés ici, si l'emballage graphique était un tant soit peu agréable à regarder. Malheureusement, tout ce qui apparaît à l'écran écorche littéralement les yeux. Absolument rien ne peut être sauvé du marasme dans lequel le vidéofilm se trouve.
Plus grave encore, les quatre intrigues s'avèrent absolument insipides, affreusement moralisantes et servies par des personnages effroyables. Chacun s'échine à briser le mince lien affectif qui existe entre Belle et la bête. Il faut donc les rabibocher à trois reprises sur les quatre histoires. Autant le reconnaître, c'est tout aussi lourdingue à suivre que débile à regarder. Les réactions des personnages sont affligeantes, toujours tournées vers l'excès, mais de la pire manière qui soit. On dirait deux enfants de maternelle qui se disputent, l'un tirant les cheveux de l'autre parce qu'il est méchant, l'autre finit par bouder dans son coin, mais, heureusement, ils finissent par se réconcilier sans qu'on puisse comprendre la logique. Ils s'aiment bien peut-être ? La vache, en gros, c'est qui aime bien chati bien alors ? C'est vraiment limite comme propos. Si cela ne suffisait pas, Le monde magique de la belle et la bête rajoute des personnages insignifiants tout droit sortis de l'imagination très tordue de l'équipe artistique. Un érudit dictionnaire (qui nous récite les homonymes comme s'il était à l'école...), un chandelier dur d'oreille (qui aurait pu épouser le professeur Tournesol...), un tas de feuillets qui prend vie (Il se passe quoi quand il n'y a plus de feuilles, il meurt ?), une baignoire parlante (ouh la la, je veux même pas imaginer la gêne quand quelqu'un s'y baigne !), des gants de cuisine (Ainsi font, font, font, les petites marionnettes...) et une plume d'oie qui parle (ben oui, elle a une bouche, avec laquelle elle marche en sautillant d'ailleurs...), on aura tout vu. Le summum du mauvais goût étant atteint lorsque la Bête va se mettre à dévorer... des Doritos.
Consternant est sans nul doute le mot qui qualifie le mieux ce désastre animé. Né pour de mauvaises raisons, sans aucun moyen, sans une once d'imagination créative, Le monde magique de la belle et la bête est le témoin vivant de tout ce que Disney a été capable de produire de pire durant les folles années 1990 quand Michael Esiner a ouvert la boîte de pandore. L'énorme chef d'oeuvre de l'animation se trouve donc, depuis, entaché de cet effroyable rejeton qu'on aurait préféré ne jamais connaître. Et dire, qu'en plus, cette horreur animée a pourtant quand même failli, un temps, renaître à travers la collection DVD Disney Princesse, les histoires merveilleuses, puisqu'il était prévu à travers elle de consacrer de nouveaux épisodes à Belle. Une belle frayeur dont John Lasseter a, heureusement, tué le projet dans l'oeuf avant concrétisation ! Dans tous les cas, même si vous aimez les personnages, si vous n'avez jamais vu Le monde magique de la belle et la bête, abstenez-vous. Vraiment.
Olivier J.H. Kosinski - 13 mars 2020
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04 mars 2015
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22 novembre 2011
DVD Edition Spéciale Plus de détails
Doublage (France - 1998)
Belle : Bénédicte Lécroart
La bête : Emmanuel Jacomy
Lumière : Daniel Beretta
Big Ben : Georges Berthomieu
Lord Robert : Bernard Dhéran
Lapage : Jean-Claude Donda
Mme Samovar : Lily Baron
Baignoire : Benoit Allemane
Chef Bouche : Christian Pelissier
Mimine : Marie-Martine
Mine : Gérard Surugue
Zip : Julien Bouanich
La Plume : Gérard Loussine
Chandellina : Évelyne Grandjean
Tante Frou-Frou : Hélène Vanura
Plumette : Josiane Pinson
Frappe : Jean-Claude Donda
Concertina : Jean-Claude Donda
Tuba : Jean Stout
Sources :
Forum Doublage France