Le roi lion sort en salle le 17 juillet 2019 en France et deux jours plus tard, le 19 juillet 2019, au Québec. Le long métrage est proposé dans deux versions francophones dont certains acteurs sont communs sur les deux versions, notamment Jean Reno qui reprend le rôle de Mufasa qu'il tenait déjà en 1994. Contrairement à mes habitudes, où je n'ai d'ordinaire pas de préférences particulières, la version québécoise est à privilégier pour une meilleure immersion dans la langue de Molière.
Au fond de la savane africaine, Simba idolâtre son père, le roi Mufasa, qui prend à coeur de lui faire comprendre les enjeux de sa royale destinée. Mais tout le monde ne semble pas de cet avis. Scar, le frère de Mufasa, l'ancien héritier du trône, a ses propres plans. La bataille pour la prise de contrôle de la Terre des Lions est ravagée par la trahison, la tragédie et le drame, ce qui finit par entraîner l'exil de Simba...
Personne ne sait réellement ce qu'est ce nouveau Le roi lion réactualisé puisque même Disney n'est pas capable de le qualifier avec certitude, un coup film d'animation, un coup film d'effets spéciaux, un coup expérience visuelle, un coup un film réinventé, bref, on ne sait pas trop si l'on s'en tient aux sources officielles. Même constat du côté des fans et du grand public, qui se déchirent tout autant sur la question et la meilleure manière de qualifier le long métrage. Seule différence marquante entre le groupe Disney et son public, c'est que de nombreuses voix trouvent finalement que ce n'est qu'une copie calque d'un film qui n'avait finalement pas besoin d'être remanié, tout du moins recopié plan par plan. La démarche n'est pourtant pas nouvelle, on compte d'ailleurs un autre remake ayant procédé de la sorte, le célèbre Psychose d'Alfred Hitchcock dont les seules choses qu'avaient apportées Gus Van Sant dans sa version recopiée en 1998 était un nom plus court, Psycho, et l'apport de la couleur. C'est à peu près tout, hormis deux trois modifications discutables et une modernisation de l'intrigue.
Dans les faits, c'est indéniable, Le roi lion premier du nom se suffisait à lui-même, cette nouvelle version n'était donc pas plus utile que ne l'était Psycho, alors que la démarche des deux est pratiquement la même. Le grand film d'animation de 1994, dont tous les pronostics internes annonçaient qu'il ne serait pas un grand succès, avait créé une énorme surprise devenant, en son temps, le plus gros succès animé qui réveilla dès lors la convoitise de tous les concurrents endormis. Les films d'animation pouvaient donc rapporter de l'argent, ils n'étaient pas forcément réservés qu'aux seuls enfants ! Tous les autres studios américains se sont donc engouffrés dans la brèche, avec plus ou moins de succès depuis lors. Toujours est-il que si ce bouillonnement animé a été une vrai bénédiction, offrant énormément de variétés et d'oeuvre de qualités en 30 ans, jusqu'alors exclusivement dominé par Disney. Pourtant le géant aux grandes oreilles s'est rapidement retrouvé dépassé par la concurrence, notamment par l'ancien frère-ennemi Pixar qui avait totalement ringardisé la formule Disney.
Jusqu'au tournant des années 2000, Disney avait toujours été clamé comme le seul grand studio d'animation capable de livrer des oeuvres à la qualité graphique indéniable car le groupe expérimentait et repoussait sans cesse ses limites. Disney avait même, très souvent, un coup d'avance sur la concurrence, s'engouffrant plus ou moins avec bonheur dans la brèche des nouvelles possibilités technologiques, comme ce fut le cas de Tron en 1982, le film révolutionnaire de l'époque qui était le tout premier à ouvrir vraiment la brèche de la technologie numérique. Les films animés des années 1990 avaient continués sur la même lancée, anticipant des choix de mises en scène avec de nombreuses années d'avance sur les films traditionnels. Qui ne se rappelle pas le bluffant plan séquence où Quasimodo se lançait du haut de Notre-Dame pour secourir Esméralda ? Une mise en scène riche qui ne pu être véritablement reproduire avec les technologies traditionnelles que seulement trois années plus tard, par un certain Matrix en 1999. Mais les années 2000 sont passées par là, Disney a raté la marche du tout 3D et s'est considérablement laissé distancer ensuite.
Cette longue introduction était nécessaire pour replacer le contexte et comprendre que Disney a clairement voulu marquer le coup avec cette nouvelle version de Le roi lion. Le géant américain longtemps resté amorphe s'est considérablement rattrapé ces dix dernières années, depuis Raiponce pour être tout à fait exact. Il lui fallait donc trouver un moyen de montrer au monde qu'il était revenu dans la cour des grands. Qu'on l'accepte ou non, Le roi lion version 2019 est avant tout autre chose une intention, une vitrine technologique, une volonté appuyée de démontrer au monde que Disney sait à nouveau faire de grandes choses à l'écran, bref que Mickey en a dans le ventre sans qu'on puisse désormais venir lui chercher des noises. Avec un peu de recul, la démarche se comprend et, d'une certaine manière, peut même être acceptée. Car cette version réactualisée est véritablement une grande expérimentation en matière de technologie numérique offerte au monde. Si la démarche artistique semble louable, l'intérêt d'avoir recours au photoréalisme devient malheureusement bien vite problématique car le long métrage se retrouve totalement piégé le cul entre deux chaises, tiraillé entre son intention de toujours plus repousser l'hyperréalisme, jusqu'à presque toucher du doigt une photographie proche du documentaire animalier, et sa nécessité de respecter fidèlement la fantaisie, et disons même l'irréalité nécessaire pour convenablement raconter son histoire, de son illustre aîné.
D'une certaine manière, Disney a vraisemblablement voulu reproduire la même expérience technologique que Square Pictures il y a déjà plus de 18 ans pour son Final Fantasy - Les créatures de l'esprit. A ceci près que toute l'action du film de 2001 se déroulait dans un monde humain, ce qui rend encore crédible son intrigue aujourd'hui, mais aussi parce que Square Pictures avait volontairement triché dans sa démarche. Là où un certain Le Pôle Express, qui repose exclusivement sur la technologie de motion capture, semble affreusement irréaliste à l'écran alors que ce sont bel et bien des acteurs qui avaient interprétées leurs versions numériques, Final Fantasy - Les créatures de l'esprit avait entièrement embrassé les codes de l'animation traditionnelle. Aussi curieux que cela puisse paraître, plus l'animation tente d'atteindre la perfection au niveau des comportements de ses personnages, plus tout semble alors clocher et l'incongruité des personnages ne fait que nous sauter au yeux. Cette nouvelle version de Le roi lion tombe entièrement la tête la première dans ce qu'il ne fallait pas faire. Si tant est que l'on est familier avec le comportement animalier, sans forcément chercher bien loin puisqu'avoir simplement un animal de compagnie suffit, cela permet de graver en mémoire le moindre de leurs comportements. Or, dès que le premier animal numérique apparaît à l'écran, on ressent tout de suite que quelque chose ne va pas, notamment dans leurs yeux désespérément dépourvu de toute âme, même virtuelle. Tous les animaux semblent immédiatement grotesques, dans leurs mouvements, leurs attitudes, leur masse et, pire que tout, leurs expressions purement humaines. Dès ce constat fait, tout nous explose à la figure et il n'est alors plus possible de rentrer émotionnellement dans le film.
Bref, si la démarche technologique est louable, la démarche artistique est nettement plus contestable. Disney veut montrer au monde qu'il a désormais rattrapé son retard technologique, devançant de nouveau tous ses concurrents dans le domaine, mais il le fait avec la plus minimale des prises de risque. D'abord il reprend quasiment image par image le long métrage animé de 1994, chansons comprises, à tel point que Le roi lion n'offre absolument aucune surprise, hormis son enrobage graphique. Ensuite, si Disney affiche son ambition d'offrir aux spectateurs rien de moins que des animaux hyper réalistes, la compagnie se retient d'aller jusqu'au bout de sa démarche réaliste au point que tous les animaux du film sont totalement dépourvus du moindre attribut sexuel, ce qui en devient risible, disons même totalement ridicule. C'est qu'il ne faudrait surtout pas choquer la puribonderie américaine ! Enfin, l'histoire nécessitant que tous les personnages puissent parler, le réalisme des animaux se heurte à l'illogisme de les voir s'exprimer à travers leurs expressions purement humaines qu'ils sont pourtant incapables de reproduire dans la réalité. Le rendu final est donc complètement bancal, là où l'animation traditionnelle du film de 1994 pouvait se livrer à des effets psychédéliques sans jamais heurter la sensibilité du spectateur.
Dans les grandes lignes, le film n'est pas foncièrement mauvais, il est surtout très douteux en terme d'approche narrative, en terme d'ambition, en terme d'expérience cinématographique, en terme d'intérêt artistique comme commercial, mais également en terme de pertinence tout court. En gros, Le roi lion est surtout complètement inqualifiable.
Olivier J.H. Kosinski - 08 décembre 2019
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Doublage Commun (France / Québec - 2019)
Simba Adulte : Michaël Lelong (chant)
Simba Enfant : Lorik Saxena (Dialogues)
Simba Enfant : Ismaël El Marjou (chant)
Nala Enfant : Lévanah Solomon (Chant)
Mufasa : Jean Reno
Soliste : China Moses
Doublage (Québec - 2019)
Simba Adulte : Aliocha Schneider (Dialogues)
Nala Enfant : Charlotte St-Martin (Dialogues)
Scar : Frédéric Desager
Timon : Nicholas Savard L'Herbier
Pumbaa : Tristan Harvey
Zazu : Benoît Brière
Sarabi : Pascale Montreuil
Shenzi : Camille Cyr-Desmarais
Kamari : Fayolle Jean Jr
Choeurs :
- Alain Couture
- Marie-Christine Depestre
- Gardy Fury
- Julie Leblanc
- Catherine Léveillé
- Vincent Morel
- José Paradis
- Vincent Potel
- Dominique Primeau
Doublage (France - 2019)
Simba Adulte : Rayane Bensetti (Dialogues)
Nala Adulte : Anne Sila
Nala Enfant : Lévanah Solomon
Scar : Michel Lerousseau
Timon : Jamel Debbouze
Pumbaa : Alban Ivanov
Zazu : Sébastien Desjours
Sarabi : Juliette Degenne
Rafiki : Daniel Kamwa
Azizi : Jean-Baptiste Anoumon
Shenzi : Sabrina Ouazani
Kamari : Diouc Koma
L'Impala : Gauthier Battoue
Voix additionnelles :
- Caroline Maillard
- Damon Berry
- Hervé Rey
- Fanny Bloc
- Pierre Margot
- Claire Guyot
- Benjamin Penamaria
- Fanny Fourquez
- Florine Maréchal
Choeurs :
- Stéphanie Mériaux
- Magali Bonfils
- Tess Hedreville
- Keh May
- Falone Tayoung Ita Ngando
- Olivier Constantin
- Jean-Michel Vaubien
- Virginie Hombel
- Florence François
- James Noah
- Emmanuel Vincent
- Jean-Marc Reyno
- Christian Jazzy