Les contes d'Arcadia est un ensemble d'oeuvres animées nées de l'imagination du réalisateur-producteur Guillermo Del Toro comptant trois séries animées, Chasseurs de trolls, Le trio venu d'ailleurs et Mages et sorciers ainsi qu'un long métrage servant de conclusion, Le réveil des titans. Toutes sont produites par Dreamworks Animation en collaboration avec Netflix et diffusées à partir du 23 décembre 2016 à raison d'une vingtaine d'épisodes par an jusqu'au long métrage final proposé sur la plateforme le 21 juillet 2021.
Un matin sur le chemin de l'école, un adolescent ordinaire nommé Jimmy Dulac met la main sur une mystérieuse amulette et pénètre un monde sous-terrain peuplé de trolls. Destiné à jouer un rôle d'envergure dans un combat entre le bien et le mal qui s'éternise et risque de tout détruire, Jimmy doit sauver le monde...
Ne vous laissez pas abuser par les algorithmes de Netflix qui mettent en avant ce long métrage comme une oeuvre totalement indépendante, ce serait une grossière erreur tant vous n'allez rien y comprendre. Le réveil des titans est en réalité le dernier volet d'une quadrilogie qui parachève une grande aventure animée comptant 88 épisodes débutée en 2016 et produite par Dreamworks Animation à partir d'une idée du réalisateur-producteur mexicain Guillermo Del Toro qui, à l'origine, envisageait de réaliser une série télévisée avec de vrais acteurs. Beaucoup trop chère à produire en raison des nombreux effets spéciaux et maquillages qui auraient été nécessaires, sans compter sur la problématique du vieillissement naturel des acteurs jouant les divers adolescents, Guillermo Del Toro transforme alors son idée originelle en un livre intitulé Chasseurs de trolls en collaboration avec Daniel Kraus. Dès 2010, Dreamworks Animation approche Guillermo Del Toro pour porter son oeuvre en film d'animation en parallèle de la conception du livre, mais entre-temps le studio se ravise en raison de la richesse du matériau de base et lui propose à la place de concevoir une série animée, ce qu'il accepte. Il faut dire qu'à cette période, Dreamworks Animation était dans la tourmente, allant jusqu'au rachat par Comcast en 2016, et que l'idée de concevoir une série était plus avantageuse qu'un unique film. Car, depuis Les cinq légendes en 2012, le studio fondé par Jeffrey Katzenberg, était sur la pente descendante. Pour sortir un peu la tête de l'eau, Dreamworks Animation s'était alors mis à se diversifier, en produisant de plus en plus de séries animées dérivées, la plupart en collaboration avec Netflix. Chasseurs de trolls était, sans nul doute, une belle opportunité d'avoir, pour une fois, une grande série totalement inédite dans leur catalogue. Mieux, Chasseurs de trolls va vite prouver que Dreamworks Animation en avait encore dans le ventre en proposant rien de moins qu'une grande fresque animée en quatre chapitres.
Je dois reconnaître que j'étais très dubitatif face à Chasseurs de trolls. D'une part, je ne connaissais que très peu d'oeuvres de Guillermo Del Toro et n'avait donc pas de point de référence auquel me raccrocher, d'autre part, l'idée de devoir m'envoyer 88 épisodes pour mieux cerner Le réveil des titans me rebutait tout autant. Ce qui explique pourquoi j'ai mis tant de temps à me pencher sur cette oeuvre qui s'est finalement révélée très ambitieuse sur le long terme. Car Chasseurs de trolls surprend son monde à de multiples reprises. Si la série animée cible en priorité le jeune public, l'intrigue se révèle au contraire très mature dans l'ensemble. Plus étonnant, Chasseurs de trolls multiplie les références et les clins d'oeils aux adultes, rendant de fait l'aventure étonnamment universelle et intergénérationnelle. C'est d'autant plus perturbant que la série n'offre en réalité rien de bien nouveau dans le milieu de la fiction, qui surfe sur le thème de la fantasy, mais Chasseurs de trolls réussit à se faire apprécier au fur et à mesure que les épisodes vont se succéder.
Comme toute oeuvre de fantasy qui se respecte, Chasseurs de trolls débute avec un inévitable élu, en l'occurrence le jeune Jimmy Dulac, adolescent tout ce qu'il y a de plus ordinaire qui se voit attribuer un étrange médaillon magique créé par le célèbre Merlin et faisant de lui un chasseur de trolls. Problème, jusqu'ici, le médaillon magique n'avait choisi des porteurs que parmi les trolls, Jimmy devenant donc le tout premier humain de cette noble lignée. Totalement dépassé par cette étonnante et éprouvante destinée qu'il va devoir porter contre vents et marées, Jimmy va devoir s'allier avec des partenaires inattendus. Du côté des humains, il y a d'abord son meilleur ami Toby "Tobs" Domzalski, traditionnel faire-valoir du héros qui dépassera très vite sa condition initiale, ensuite son coup de coeur Claire Nuñez, qui se verra impliquée bien malgré elle dans de mystérieux évènements à Arcadia. Du côté des trolls, Jimmy va rencontrer Blinky, une encyclopédie sur pattes équipée de multiples yeux, AAARRRGGHH (oui, c'est bien son nom) la montagne tout en muscles de la bande et le très entêté Draal, fils du précédent chasseur de trolls qui voit d'un très mauvais oeil sa destinée volée par Jimmy. En gros, chaque personnage ressemble à des stéréotypes très classiques du genre fantasy, mais Chasseurs de trolls va très rapidement les balayer pour en faire des personnages forts attachants.
Pour sa première salve d'épisodes, la plus longue à ce jour toutes séries confondues, Chasseurs de trolls va proposer 26 épisodes en décembre 2016 dans ce qui va constituer la saison 1. Bien qu'elle ait été conçue et puisse être visionnée d'une seule traite, cette saison 1 se décompose en réalité de deux périodes. La première partie, principalement introductive, met en place les tenants et aboutissements d'une première grande intrigue où Jimmy va devoir faire face au perfide Bular et son inattendu acolyte. Multipliant les mystères et les moments de tensions, l'intrigue va progresser de manière assez classique sans aucune réelle fausse note. Rapidement, on se laisse happer par les mésaventures de Jimmy et ses étranges stratégies, souvent foireuses, pour réussir à s'en sortir. A ces côtés, Tobs joue constamment la carte de l'humour, envoyant des vannes improbables servant, le plus souvent, à dédramatiser l'action pour le jeune public. Etonnamment, cela fonctionne très bien, même avec un regard adulte. Durant la seconde partie de la saison 1, Chasseurs de trolls prend un tournant plus dramatique et renverse les rapports de forces entre les personnages, même si elle reste dans un schéma classique avec un nouvel ennemi à affronter, en l'occurrence Angor Rot. D'anciens ennemis vont devenir d'étonnants alliés, tandis que certains héros vont devoir faire face aux conséquences de leurs choix. Plus étonnant, la mort, implacable, va planer sur le destin de nombreux personnages, faisant prendre une tout autre dimension à Chasseurs de trolls. Avec audace, la saison 1 se termine en apothéose et se permet même un audacieux cliffhanger, avec Jimmy désormais perdu dans le royaume des ténèbres.
Un an plus tard, en décembre 2017, Chasseurs de trolls revient dans une saison 2 constituée de 13 épisodes et reprend exactement là où s'était terminée la saison 1. Hormis le sauvetage de Jimmy par ses amis, toute la fine troupe doit désormais faire face au Seigneur déchu Gunmar, troll monstrueux qui rêve de dominer le monde des humains. Désormais bien implanté dans le coeur de son public, et succès aidant puisque la série croule sous les prix internationaux, Guillermo Del Toro décide alors d'étoffer son univers en inscrivant la série télévisée dans un univers bien plus vaste qu'il va dès lors baptiser Les contes d'Arcadia, mentionné désormais en sous-titre lors du générique d'ouverture. La saison 2 de Chasseurs de trolls développe plusieurs nouvelles idées qui vont prendre de l'importance bien des années plus tard dans les deux autres séries, ainsi que dans la saison 3, qui lui succèderont. Plus intéressant, la saison 2 de Chasseurs de trolls va s'offrir plusieurs moments expérimentaux (pépites que sont les 2x08 et 2x09 racontant deux histoires vécues en parallèle par divers personnages), lorgnant aussi du côté burlesque (2x07), ou ne racontant pas grand chose mais servant à mieux étoffer le background de plusieurs personnages (2x10) qui auront leurs heures de gloire par la suite. De fait, peu importe ce que la saison 2 propose, elle réussit adroitement à proposer des enjeux variés et de qualité. Et, à nouveau, la saison 2 se voit offrir un nouveau cliffhanger haletant, impliquant cette fois Claire qui doit faire face à sa part sombre en évitant, si possible, d'y succomber totalement.
A peine cinq mois plus tard, en mai 2018, Chasseurs de trolls entame sa dernière ligne droite en 13 épisodes pour conduire les spectateurs vers un final très attendu. Pour cela, la fine troupe doit désormais affronter le Seigneur déchu Gunmar et son commanditaire, la célèbre fée Morgane. Pour autant, Guillermo Del Toro utilise la saison 3 pour distiller progressivement les premières pièces de son nouveau grand vaste univers. Plusieurs nouveaux personnages vont ainsi apparaître, sans réelles explications, en s'intégrant avec une certaine harmonie au milieu de tous les autres. Guillermo Del Toro jette en effet les prémices des deux autres séries qu'il a désormais en tête, Le trio venu d'ailleurs et Mages et sorciers, au milieu des intrigues habituelles de Chasseurs de trolls. Pourtant, à nouveau, la saison 3 ne néglige aucun détail pour faire avancer une intrigue globale d'excellente qualité. Les nerfs de Jimmy sont mis à rude épreuve jusqu'à atteindre un point de rupture. Malgré le soutien de ses amis Tobs et Claire, il n'a d'autre choix que de devoir renoncer à sa part d'humanité pour espérer triompher de l'adversité. Un choix nécessaire qui aura de très lourdes conséquences bien des années plus tard, notamment dans Le réveil des titans. Malgré tout, Chasseurs de trolls se conclut sur une note relativement positive, même si sa fin reste très ouverte. Rien n'indique d'ailleurs à ce stade que la série allait se poursuivre tant les plus gros enjeux de Chasseurs de trolls ont pour la plupart été résolus.
Sept mois plus tard, en décembre 2018, Netflix, Dreamworks Animation et Guillermo Del Toro proposent non pas une suite à Chasseurs de trolls, mais carrément un spin-off. Contre toute attente, le second volet de Les contes d'Arcadia va totalement abandonner le thème de la fantasy pour plonger à plein pied dans la pure science-fiction. Visiblement, Guillermo Del Toro est un fan des productions des années 1980, puisque la série, qui semble de prime abord très anachronique et incongrue par rapport à Chasseurs de trolls, puise la plupart de ses inspirations de cette période. D'un point de vue esthétique et musical, Le trio venu d'ailleurs s'inspire sans équivoque de Tron produit par Disney, mais ne fait l'impasse sur quasiment aucun grand film ou série américains de la décennie en question. On y croise donc d'innombrables références à Indiana Jones, Retour vers le futur, Star Wars, Star Trek, Rencontre du troisième type, Doctor Who, voire même The X-Files - Aux frontières du réel et j'en passe. La bande originale fait de même, cherchant à reproduire des sonorités synthétiques, très proches des films des années 1980, mais aussi des jeux-vidéo du début des années 1990.
Entre l'aspect esthétique, sonore et sa prédisposition à la science-fiction qui ne s'accorde généralement jamais avec la fantasy, Le trio venu d'ailleurs propose également une approche narrative des plus étonnantes : toute la saison 1 se déroule en parallèle des évènements de la saison 3 de Chasseurs de trolls, tandis que la saison 2 racontera l'après. Un gros travail est fait pour rendre les deux oeuvres très cohérentes entre elles, même si on finit par se demander, avec tout ce que vivent les héros des deux séries, comment les deux groupes n'ont jamais eu le moindre soupçon les uns par rapport aux autres. Mais, dans les grandes lignes, Le trio venu d'ailleurs propose une intrigue totalement nouvelle, dont les prémices débutent d'ailleurs dans une galaxie lointaine, très lointaine, enfin presque. Là-bas, les deux jeunes héritiers de la Maison Tarron s'apprêtent à recevoir les honneurs royaux afin de devenir la princesse Aja et le prince Krel. Mais un coup d'état de Val Morando vient briser la cérémonie, pulvérisant - littéralement - au passage leurs parents. Heureusement pour eux, leurs essences vitales n'ayant pas été détruites, ils ont encore une possibilité d'être ramenés à la vie. Mais Val Morando ne leur laisse pas une minute de répit, ils doivent alors fuir loin de leur planète, Akiridion-5, à travers la galaxie en compagnie du Commandant Varvatos Vex. Mais leur vaisseau est durement touché, leur noyau d'énergie réduit à néant, ils échouent alors sur Terre où trois objectifs les attendent : se fondre dans la masse des humains alors qu'ils ne comprennent rien à leurs étranges coutumes, récupérer un noyau d'énergie pour sauver leurs parents et, enfin, trouver un moyen de rentrer chez eux pour destituer Val Morando. Tout un programme !
Passé le double épisode introductif, Le trio venu d'ailleurs ne laisse presque aucun répit à ses spectateurs. La série compte en effet deux fois moins d'épisodes que sa grande soeur, à peine 26, répartis en deux saisons. Pour raccrocher les wagons avec Chasseurs de trolls, comme tout spin-off qui se respecte, Le trio venu d'ailleurs fait naturellement appel à deux personnages secondaires plus ou moins en retrait autrefois, à savoir Steve Labrute, le grand blondinet à la chevelure immaculée qui se la pête ainsi que le binoclard et froussard Eli Pepperjack, grand adepte de la théorie du complot qui finira évidemment par avoir raison. Comme Chasseurs de trolls l'avait fait auparavant, les deux personnages vont très vite s'émanciper par rapport aux stéréotypes dans lesquels ils sont présentés pour devenir, eux aussi, des héros à part entière. Il faut dire que Le trio venu d'ailleurs pousse un peu plus loin le concept de la série précédente, les notions de sacrifice, de culpabilité mais aussi de trahisons sont tout autant monnaies courantes que dans Chasseurs de trolls. Tout comme Jimmy avant eux, Aja et Krel doivent affronter de dures épreuves, dont certaines sont de vrais cas de conscience mettant leurs nerfs à rudes épreuves.
Au fur et à mesure, on se laisse à nouveau happer par une intrigue ponctuée par divers rebondissements, globalement bien amenés qui plus est, où nos deux extra-terrestres doivent résoudre diverses problématiques avec les moyens du bord. Car le jeune couple princier doit lutter sur trois fronts en même temps, cacher leur véritable nature aux humains même s'ils commencent à les apprécier au fil du temps, affronter les divers sbires de Val Morando, avant que lui-même ne rapplique sur Terre, mais également faire face à une sombre organisation militaire avec, à leur tête, une woman-in-black pour qui la fin justifie les moyens. Bref, on ne leur laisse quasiment aucun répit. Or, certaines décisions, nécessaires mais parfois immorales, doivent être rapidement prises. Aucun des personnages n'en ressort épargné. Ce qui amène Le trio venu d'ailleurs vers un très bon climax suivi d'une fin douce amère qui entrouvre, à son tour, une porte vers un nouvel univers.
Quand il s'agit de raconter la fin d'une histoire, souvent dans le cadre d'une trilogie, il est de coutume de revenir aux sources. En d'autres termes, on remonte le temps vers une époque antérieure à ce qui est raconté au début de la fiction en question. Mages et sorciers n'échappe pas à cette sacro-sainte règle narrative, même si elle s'offre quand même quelques petites libertés. Cette toute dernière série, de seulement 10 épisodes proposés en 2020 est ainsi, à la fois, une suite directe de Le trio venu d'ailleurs, puisque se situant chronologiquement juste après la fin de cette dernière, mais également une préquelle pour Chasseurs de trolls. La boucle est bouclée en somme. Si cette dernière envoutait ses spectateurs avec sa fantasy, alors que la seconde nous plongeait dans la science-fiction, Mages et sorciers choisit la voie du milieu en mélangeant les deux genres, puisqu'elle lorgne du côté du steampunk rehaussé d'un soupçon de conte mythologique. Plus particulièrement, sans réelle surprise, dans les mythes arthuriens où Camelot, Merlin, Richard et Morgane se retrouvent mêlés aux aventures des autres personnages plongés, malgré eux, dans ce lointain passé fantasmé.
Bref, Guillermo Del Toro semble là encore aimer la période des années 1980 puisqu'il s'inspire, cette fois, d'un style très récurrent à l'époque au Japon. On n'est donc pas vraiment étonné d'y trouver quelques inspirations de Nausicaa de la vallée du vent, Le château dans le ciel, un soupçon du Seigneur des anneaux ou, même, les jeux dans la lignée de Tail Concerto ! Vaisseaux qui flottent dans les airs, créatures anthropomorphes, quêtes pour des objets magiques, sombres magiciens et malicieux comploteurs, tout y est ! Il est flagrant que Guillermo Del Toro puise dans ses souvenirs de jeunesse. A cela s'ajoute les paradoxes temporels, puisqu'il est question d'un voyage dans le temps. Pour autant, Mages et sorciers reste un peu moins intéressante à suivre que les deux précédentes séries. Principalement par la faute de Merlin lui-même, personnage haut en couleur mais hautement antipathique qui nous sort un peu trop souvent de l'intrigue. Autre bémol concernant Mages et sorciers, la série semble surtout destinée à servir de pivot entre les deux séries précédentes et le film de conclusion, ce qui l'empêche un peu de briller par elle-même. Bien plus que les deux autres séries, Mages et sorciers est totalement dépendante de Chasseurs de trolls et de Le trio venu d'ailleurs. Ces dernières peuvent parfaitement être appréciées indépendamment l'une de l'autre, Mages et sorciers est totalement tributaire de Chasseurs de trolls, tout autant que de Le trio venu d'ailleurs, car quasiment tous les personnages essentiels de deux séries y sont présents. En gros, Mages et sorciers est l'oeuvre de la réunion des univers, disons même transitoire juste avant le grand bouquet final proposé par le long métrage.
Malgré tout, Mages et sorciers prolonge à son tour les thématiques chères à Guillermo Del Toro, puisqu'une fois encore les personnages doivent dépasser leurs limites, faire fi de la souffrance et de la perte souvent brutale de leurs amis pour servir un but bien plus grand. Mieux, en sa qualité de suite et préquelle, les héros de Mages et sorciers prennent connaissances de la force qui les habite et plus Merlin tente de brider leur élan, plus ces derniers se serrent les coudes et prennent conscience qu'ils n'ont plus réellement besoin de lui. Tous les personnages finissent inévitablement par s'affirmer par eux-mêmes. Comme avec les deux séries précédentes, cela fonctionne parfaitement. Passé les sept premiers épisodes, qui réussissent avec habileté à expliquer les origines de Chasseurs de trolls, Mages et sorciers se métamorphose alors en faisant apparaître un tout nouvel antagoniste, en l'occurrence un trio de divinités primitives. Après avoir abordé le désespoir, le déshonneur, la culpabilité et la haine, la série tente d'amorcer la rédemption de ses principaux personnages. Il faut reconnaître qu'ils ont vécu beaucoup de choses, graves pour la plupart. Cependant, dans ses trois épisodes conclusifs, Mages et sorciers va prendre le temps de proposer un dernier grand combat épique baigné d'une très grosse dose d'émotions. Les contes d'Arcadia se concluant alors quasiment sur un dernier happy ending, bien qu'un ultime cliffhanger vienne mettre son grain de sel dans la toute dernière scène du dernier épisode. La trilogie initiale n'attendant plus qu'à être définitivement conclue.
Après plusieurs longues semaines à suivre, sans aller jusqu'à dire par passion mais par vrai intérêt ludique pour l'univers foisonnant de Les contes d'Arcadia et ses différentes propositions, il est enfin venu le moment de m'intéresser à son tout dernier chapitre : Le réveil des titans. Qu'allait donc bien pouvoir raconter Guillermo Del Toro pour son grand final alors qu'il avait finalement déjà poussé ses personnages dans leurs derniers retranchements ? En vérité, pas grand chose, tout a déjà été raconté ! Alors que propose Le réveil des titans, en dehors de la bête lutte du bien contre le mal me direz-vous ? De faire tout en plus grand pardi. On quitte désormais les allées étriquées de la petite ville provinciale d'Arcadia pour proposer un tout nouveau terrain de jeu de dimension planétaire. Le réveil des titans propose un condensé de quatre années animées, mais en bien plus grand, tout y est démultiplié jusqu'à la démesure. Tant pis que l'histoire soit capilotractée au possible, qu'importe que le film compte bien trop de personnages, on se rend assez vite compte que le long métrage n'est rien de plus qu'un succulent sucre d'orge, simplement conçu pour satisfaire ses fans.
Le réveil des titans est-il un film d'action, un film comique ou un film d'introspection ? La question mérite d'être posée tant le long métrage mélange furieusement tous les genres. A tel point qu'à un moment donné, on assiste presque à la foire au n'importe quoi. Guillermo Del Toro semble par moment vouloir proposer sa vision de ce que doit être un Avenger à destination du jeune public. Le plus énigmatique dans tout ça ? Et bien, c'est que cela fonctionne au point d'en redemander ! Sa proposition tient la route, l'intrigue est cohérente avec tout ce que Les contes d'Arcadia avaient proposés jusque-là, tandis que les différents personnages s'entremêlent avec perfection. A tel point qu'au bout d'un moment, on ne prête plus la moindre attention à tout ce qui semble invraisemblable. Le réveil des titans parvient à rendre l'expérience palpitante, disons même trépidante. D'autant plus que Dreamworks Animation ne lésine pas sur les moyens techniques. La qualité de l'animation est très largement au dessus des précédentes séries, bien meilleur aussi que Spirit, l'indomptable notamment, le long métrage aurait largement mérité une sortie en salle. Le réveil des titans n'oublie pas non plus d'être épique, amenant crescendo les spectateurs vers un final des plus spectaculaires, accompagné d'une bande originale de très haut vol. Sous nos yeux, tout ce qui a été proposé en quatre longues années dans Les contes d'Arcadia prend finalement tout son sens. Et alors que le long métrage s'approche de sa conclusion finale éblouissante, Le réveil des titans dérape soudain complètement !
Pour une raison qui m'échappe, Guillermo Del Toro va étonnamment commettre un énorme impair : il met en place un épilogue qui remet absolument tout en cause. Dès lors, Les contes d'Arcadia défaille totalement. Jusqu'ici, chaque personnage avait accompli son destin, certains ayant même volontairement décidé de se sacrifier pour le bien des autres. Il est vrai que si Le réveil des titans s'était terminé aussi brutalement, cela aurait probablement frustré une grande partie des jeunes spectateurs. Pour autant, celle-ci, aussi pénible qu'elle aurait pu être, était réellement la seule conclusion logique à toutes leurs aventures. Malheureusement, Guillermo Del Toro préfère réécrire une nouvelle fois le passé, effaçant par là même tous les actes héroïques qu'ils avaient tous accomplis. Dès lors, même si le choix final de Jimmy reste très beau face à l'amitié et l'amour qu'il porte à ses camarades, il provoque par la même la désunion de cette fine équipe qui avait mis quatre années à se construire. C'est franchement regrettable, laissant en bouche un très frustrant sentiment d'inachevé, sans pour autant remettre totalement en cause la qualité générale de l'ensemble des chapitres composant Les contes d'Arcadia.
Au final, malgré ce gros raté final, j'avoue avoir très agréablement apprécié de suivre, durant plusieurs semaines, l'ensemble des aventures proposées par Guillermo Del Toro. C'était finalement une bonne chose que Dreamworks Animation ait inclus ce film dans la liste officielle de ses longs métrages d'animation. C'était également une très bonne décision de ma part de prendre la peine de voir tour à tour Chasseurs de trolls, Le trio venu d'ailleurs, Mages et sorciers avant de pouvoir apprécier à sa juste mesure Le réveil des titans. Sans cela, je serais probablement passé à côté de séries animées dans l'ensemble très qualitatives. Les contes d'Arcadia ne pouvant s'apprécier pleinement qu'en étant considéré comme un seul ensemble cohérent et indissociable.
Olivier J.H. Kosinski - 24 novembre 2022
La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.
Chasseurs de Trolls
Doublage (France - 2016/2018)
James "Jimmy" Dulac Jr. : Gauthier Battoue
Toby "Tobs" Domzalski : Benjamin Bollen
Claire Nuñez : Alice Taurand
Blinky : Philippe Vincent
AAARRRGGHH : Michel Vigné
Bular : Thierry Murzeau
Gunmar : Sylvain Lemarié
Walter Strickler : Serge Faliu
Barbara : Danièle Douet
Vendel : Philippe Catoire
Nomura : Sandra Valentin
Angor Rot : Patrick Béthune (Voix 1)
Angor Rot : Loïc Houdré (Voix 2)
Draal : Pierre Tissot
Reine Usurna : Anne Plumet
Merlin : Jean-Claude Donda
Morgane : Guylène Ouvrard
Dictatious : Frédéric Souterelle
Kanjigar : Constantin Pappas
Pas-Enrique : Yann Guillemot
Otto : Yannick Bellissard
Steve Labrute : Thibaut Lacour
Eli : Gabriel Bismuth-Bienaimé
M. Nuñez : Jean Rieffel
Mme Nuñez : Ingrid Donnadieu (Voix 1)
Mme Nuñez : Christiane Ludot (Voix 2)
Mémé Domzalski : Cathy Cerda
Mme Jeannette : Guylène Ouvrard
Coach Lawrence : Paul Borne
Shultz : Jérémie Covillault
Chompsky : Pascal Germain
L'amulette : Nicolas Justamon
Darci : Valérie Decobert
Mary Wang : Sandra Valentin
Shannon : Youna Noiret
Unkar : Pierre-François Pistorio
M. Molaire : Gérard Sergue
Gladys : Cindy Tempez
Douxie : Romain Altché
Aja Tarron : Diane Kristanek
Krel Tarron : Benjamin Pascal
Brocantia : Caroline Jacquin
Gatto : Saïd Amadis
Le trio venu d'ailleurs
Doublage (France - 2018/2019)
Princesse Aja Tarron : Diane Kristanek
Prince Krel Tarron : Benjamin Pascal
Commandant Varvatos Vex : Achille Orsoni
Général Val Morando : Yann Sundberg
Mater : Dominique Vallée
Steve Labrute : Thibault Lacour
Eli pepperjack : Gabriel Bismuth-Bienaimé
Stuart : Yann Guillemot
Lieutenant Zadra : Marie Giraudon
Ricky Èrsatz : Philippe Chaine
Lucy Èrsatz : Diane Kristanek
Roi Fialkov : Julien Meunier
Reine Coranda : Josy Bernard
Alpha : Jérémie Bedrune
Oméga : Michèle Buzynski
Madame Bertha Flanagan : Armelle Gallaud
Piou-piou : Armelle Gallaud
Magma-tron : Fabrice Lelyon
Gwendoline : Véronique Augereau
Tronos : Fabrice Lelyon
Colonel Kubritz : Isabelle Leprince
Loth Saborian : Philippe Siboulet
Shannon : Youna Noiret
Darci : Valérie Decobert
Mary Wang : Sandra Valentin
Lieutenant Scott : Yann Sundberg
Nancy Domzalski : Cathy Cerda
Mme Jeannette : Guylène Ouvrard
Coach Lawrence : Paul Borne
Sénior Shultz : Jérémie Covillault
James "Jimmy" Dulac Jr. : Gauthier Battoue
Toby "Tobs" Domzalski : Benjamin Bollen
Claire Nuñez : Alice Taurand
Blinky : Philippe Vincent
AAARRRGGHH : Michel Vigné
Douxie : Romain Altché
Archie : Jim Redler
Mages et sorciers
Doublage (France - 2020)
Hisirdoux « Douxie » Casperan : Romain Altché
Archie : Jim Redler
Merlin : Jean-Claude Donda
Bellroc : Claudine Grémy
Skrael : Patrick Delage
Nari : Kahina Tagherset
Morgane : Guylène Ouvrard
Roi Arthur Pendragon : Gérard Darier
James "Jimmy" Dulac Jr. : Gauthier Battoue
Claire Nuñez : Alice Taurand
Steve Labrute : Thibaut Lacour
Toby "Tobs" Domzalski : Benjamin Bollen
Messire Galaad : Pascal Casanova
Messire Lancelot du Lac : Laurent Maurel
Callista : Marie Bouvier
Charlemagne le dévoreur : Jean-Loup Horwitz
Charlie le père d’Archie : Jean-Loup Horwitz
Blinky : Philippe Vincent
Dictatious : Frédéric Souterelle
Vendel : Philippe Catoire
Draal : Pierre Tissot
AAARRRGGHH : Michel Vigné (Voix 1)
AAARRRGGHH : Florian Wormser (Voix 2)
Bular : Thierry Murzeau
Gunmar : Sylvain Lemarié
Prince Krel Tarron : Benjamin Pascal
Ricky Ersatz : Philippe Chaine
Le réveil des titans
Doublage (France - 2021)
James "Jimmy" Dulac Jr. : Gauthier Battoue
Toby "Tobs" Domzalski : Benjamin Bollen
Blinky : Philippe Vincent
Hisirdoux "Douxie" Casperan : Romain Altché
Claire Nuñez : Alice Taurand
Aja Tarron : Diane Kristanek
Bellrock : Claudine Grémy
Steve Labrute : Thibaut Lacour
Charlemagne : Jean-Loup Horwitz
Krel Tarron : Benjamin Pascal
Walter Strickler : Serge Faliu
Nari : Kahina Tagherset
Stuart : Yann Guillemot
Coach Lawrence : Paul Borne
Skrael : Patrick Delage
Archie : Jim Redler
AAARRRGGHH : Michel Vigné
Nomura : Sandra Valentin
Barbara Dulac : Danièle Douet
Eli : Gabriel Bismuth-Bienaimé
Sources :
Cartons Génériques