N'ayant jamais cru aux Muppets, Disney France saborde la sortie du long métrage dans tous les pays francophones. Quasiment doublé en catimini, Opération Muppets est relégué à une diffusion télévisée en France le 23 juin 2015, qui plus est, sur la chaine à péage Canal+ Family. Il n'est cependant commercialisé sur aucun support vidéo en version française, même au Québec. Il est cependant distribué sous forme numérique à partir du 16 avril 2016. Il faut donc attendre l'arrivée de Disney+ pour que le long métrage devienne plus facilement accessible. Notons également que, contrairement au film précédent qui possède un doublage québécois mais pas français, celui-ci dispose d'un doublage français mais pas québécois.
Suite à leur comeback réussi, toute la bande des Muppets part en tournée mondiale, jouant à guichet fermé dans les plus grandes capitales d'Europe dont Berlin, Madrid, Dublin et Londres. Mais bien malgré eux, ils se retrouvent bientôt mêlés à une affaire criminelle d'envergure internationale, un complot dirigé par le redoutable bandit Constantine - qui se trouve être le sosie parfait de Kermit -, et son malfaisant complice Dominic, alias Numéro Deux. L'agent d'Interpol Jean Pierre Napoléon mène l'enquête alors que le véritable Kermit la Grenouille tente de s'échapper du goulag surveillé par la redoutable gardienne de prison Nadya pour déjouer le complot de son sosie malfaisant qui a pris sa place dans la troupe...
Suite au rachat des droits des personnages, et après la longue traversée du désert, les Muppets connaissent enfin un retour triomphal en salle en 2011. Aux Etats-Unis, le long métrage fait un triomphe. Il détrône même les résultats au box-office du tout premier film de 1979, devenant alors le plus gros succès d'un film américain mettant en scène des marionnettes. Il ne fait dès lors absolument aucun doute que Disney allait produire rapidement un nouvel opus, afin de capitaliser sur ce succès inespéré. C'est chose faite en 2014, trois années après le premier film, avec Opération Muppets qui va tenter de poursuivre l'intrigue du renouveau des personnages. Problème, Jason Segel, à l'origine de la relance des Muppets sur grand écran, décline l'offre de rempiler pour la suite. Il délaisse à la fois son personnage, mais également celui de co-scénariste du long métrage. Première conséquence de ce choix, Amy Adams n'a plus aucune légitimité non plus de retourner dans le film sans lui. En même temps, cela ne pose pas vraiment de problème de continuité car leur couple à l'écran, Mary et Gary, n'avait effectivement plus aucune légitimité à revenir, si ce n'est la valeur ajoutée de retrouver les deux comédiens. Car la seule chose qui mettait un peu d'huile sur le feu entre eux n'était autre que Walter. Or, à la fin de Les Muppets, le retour, Walter vole désormais de ses propres ailes. De fait, Opération Muppets doit s'affranchir totalement du récit originel et s'envoler lui aussi vers de nouveaux horizons. Et là où le bas blesse, c'est que tout ce que Jason Segel avait insufflé au scénario du premier film s'est complètement émoussé dans le second. Il en résulte alors un énorme ratage où les Muppets ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Récit d'un naufrage cinématographique inattendu.
Incompréhensible est le premier mot qui vient en tête lorsque Opération Muppets s'achève. Comment le retour tonitruant des personnes a-t-il pu accoucher d'une suite aussi complètement à côté de la plaque ? Pourtant, on retrouve au moins deux noms associés au long métrage, James Bobin, déjà réalisateur du premier opus, et Nicholas Stoller qui co-signait le scénario du précédent opus. Opération Muppets ressemble à s'y méprendre à un horrible pastiche sans queue ni tête. C'est d'autant plus abracadabracant que le scénario du film reprend, peu ou prou, celui déjà proposé par Les Muppets dans l'espace, à savoir la comédie d'espionnage. Mais rien n'y fait, la mayonnaise ne prend pas car, visiblement, personne n'y croit. Tout y est si artificiel et forcé qu'on a simplement l'impression que les auteurs ont coché toutes les cases d'une liste des ingrédients constituant le concept des Muppets, mais en oubliant de trouver un liant qui aurait fait la différence. Il en résulte un long métrage qui semble bricolé et rafistolé de toute part, mais sans que personne n'arrive à réitérer l'exploit accompli par le premier opus. Tous les acteurs surjouent leurs rôles à un point que cela en devient risible. De fait, cela accentue d'autant plus le contraste avec l'intrigue qui se veut plus mature que dans le film précédent. La frontière entre la contrefaçon et la parodie est extrêmement mince dans un film comique. Opération Muppets plonge littéralement dans la contrefaçon mal fagotée, mais avec les Muppets historiques dans les premiers rôles. Extrêmement gênant.
Si Opération Muppets fonctionne aussi mal, c'est parce que, pour la première fois, les Muppets oublient totalement la dimension émotionnelle des personnages. Qu'il y ai eu des hauts et des bas durant plus de quarante ans, chacun de leurs longs métrages a toujours apporté une relation très étroite avec ses spectateurs. Cette fois, le spectateur est entièrement exclu de l'intrigue, tout comme le pauvre Walter qui ne sert absolument plus à rien dans ce second opus. Preuve que ce second opus ne fonctionne pas ? Ses chansons. Certes, prises séparément, plusieurs morceaux musicaux sont assez amusants. Malheureusement, il n'y a aucune cohérence entre elles et aucune corrélation avec l'intrigue. Ça chante simplement parce qu'il faut que cela chante, point. Il y avait une vraie progression narrative dans les numéros musicaux du film précédent, ce n'est absolument pas le cas ici. Un défaut d'autant plus accentué que la version française s'avère ici vraiment très médiocre, là où la version québécoise du premier film était d'une fascinante fraîcheur. Disney France semble avoir tellement en horreur les Muppets qu'il a vraisemblablement sabordé la sortie francophone du film en économisant à tous les niveaux. De fait, il n'y a même pas d'adaptation française des chansons, désespérément laissées en versions originales et, visiblement, refusé de doubler le film au Québec. Même les comédiens français historiques des années 1990 semblent avoir précipité le doublage sans une once de conviction. Désespérant.
Il est généralement assez rare qu'une suite directe d'un film soit à la hauteur de l'opus précédent quand celui-ci est énorme succès. Chez les Muppets, il y a toujours des exceptions à ce principe... jusqu'à Opération Muppets. Pas drôle, forcé, sans une once d'imagination, le long métrage semble vouloir s'inscrire dans une parodie de parodie, genre assez surreprésenté durant les années 1980 par de bons gros navets cinématographiques tels la saga Police Academy ou celle des Y'a-t-il.... Or, justement, Les Muppets, le retour avait su totalement s'émanciper de cette ancienne époque pour s'inscrire dans la modernité. Opération Muppets replonge malheureusement les personnages dans un genre qui ne leur convient définitivement plus. Cruelle désillusion.
Olivier J.H. Kosinski - 23 janvier 2022
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Doublage (France - 2015)
Kermit : Edgar Givry
Constantine : Patrick Béthune
Miss Piggy : Éric Metayer
Fozzie : Jean-Claude Donda
Gonzo : Jean-Claude Donda
Walter : Thierry Kazazian
Beefeater Vicar : Féodor Atkine
Livreuse de journaux : Lisa Caruso
The Usher : Grégory Quidel
Danny Trejo : Antoine Tomé
Sean Combs : Olivier Cordina
Salma Hayek : Déborah Perret
Christoph Waltz : Olivier Destrez
Sam l'aigle : Henry Guybet
Bunsen : Jean-Claude Donda
Chef suédois : Jean-Claude Donda
Sources :
Forum Doublage France