Le tombeau des lucioles est la première adaptation live du film d'animation du même nom sur les deux qui existent à ce jour, diffusé le 1er novembre 2005 sur NTV au Japon pour commémorer le 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Il est actuellement totalement inédit en France et au Québec.
Yokokawa Seita, quatorze ans et sa petite soeur Setsuko agée de quatre ans, sont orphelins. En cet été 1945, la ville de Kobe, où ils habitaient avec leur mère, a été rasée par les bombardements américains. Les 2 pauvres enfants sont receuillis par une tante éloignée à Nishinomiya. Malgré les souffrances dues à la la guerre, leur séjour s'annonce bien. Ils ont pu apporter quelques provisions avec eux à la grande satisfaction de leur famille d'accueil. Cependant, au fil des jours, les relations avec leur tante se dégrade. Elle devient de plus en plus tyrannique et les considère comme des enfants paresseux, sans reconnaissance à son égard...
Le tombeau des lucioles, première adaptation live du film d'animation du même nom sur les deux qui existent à ce jour, est un drama qui fut diffusé pour la première fois le 1er novembre 2005 sur NTV au Japon pour commémorer le 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Un drama est un type de production typiquement japonais, exclusivement conçu pour la télévision, qui consiste à diffuser une adaptation d'un manga ou d'un animé sur un nombre précis d'épisodes. Il se diffèrencie ainsi du format des séries américaines - qui sont généralement continuellement renouvelées par une nouvelle saison tant que les audiences suivent - en ne faisant l'objet d'aucune suite. Un drama est donc systématiquement une histoire complète ayant un début et une fin, dont la répartition entre les deux dépend du nombre d'épisodes créés. Le tombeau des lucioles diffère donc quelque peu de ce format classique car il peut très bien être perçu comme un seul et très long téléfilm de 2h30. Toutefois, celui-ci est tout de même coupé en plusieurs actes bien spécifiques entre lesquels étaient diffusés des publicités (mettant bien en avant les sponsors ayant participé au financement du drama, dont Toyota), ramenant donc la longueur totale de projection à près de 3h lors de sa diffusion initiale.
A la fois remake, préquelle et suite directe, Le tombeau des lucioles version 2005 choisit d'offrir une histoire parfaitement complémentaire au long métrage animé du studio Ghibli. Sans jamais trahir cette version, Le tombeau des lucioles cherche ainsi à explorer un point de vue jusqu'ici inédit : celui de la famille de Hisako, la tante de Seitsuko et Seita. Personnage horriblement odieux pour nombre de spectateurs de la version de Ghibli, ce drama nuance considérablement ce personnage. On assiste ainsi petit à petit à la transformation d'une femme heureuse et serviable en une femme abominable et sans coeur. Mais plus le drama progresse, plus on se rend compte que ses motivations ne sont pas aussi diaboliques qu'on ne pouvait le croire. Elle fait des choix horriblement cruels dans le seul but de survivre. Et lorsque l'on a comprit cela, on en est encore plus déchiré par la tragédie qui se joue sous nos yeux, d'autant plus touché par le destin déjà scellé de Seita et Setsuko. D'autant que Seita lui-même ne peut être exempté de reproches, car il a lui aussi cumulé des décisions malheureuses.Vient alors à l'esprit la terrible question : qu'aurions-nous fait dans cette situation ? Hisako et Seita ont chacun fait leur choix, ni bon, ni mauvais, le seul possible qui semblaient s'offrir à eux.
Le tombeau des lucioles met beaucoup de temps à mettre en place les divers protagonistes et le contexte des bombardements américains. Le drama rend hommage à la version animée en étant globalement construit de la même manière en démarrant exactement là où s'arrêtait l'histoire de Seita dans la version du studio Ghibli et se terminant sur la colline surplombant Kobe. Dans les deux cas, la fin est donc connue par avance, tout le reste constituant un immense flash-back expliquant comment tout le monde en est arrivé là. Si le drama semble vouloir prendre son temps, cela ne constitue pas en soit un lourd défaut. Car chaque personnage y est méticuleusement présenté, de ses petites qualités à ses principaux défauts. On assiste ainsi à leurs rencontres respectives longtemps avant le bombardement qui réduira en cendres la ville de Kobe et déclenchera une succession tragique d'évènements. L'empathie avec les personnages est donc totale au point que ces derniers finissent irrémédiablement par vous bouleverser chacun à leur tour, jusqu'à vous effrayer face à leur passivité.
Du fait de son statut de drama, Le tombeau des lucioles accuse un manque de moyen financier flagrant par rapport à un vrai film de cinéma. Entre quelques décors en toc, quelques effets spéciaux dignes des meilleurs sentai, quelques acteurs de troisième plan exagérés dans leurs rôles et un sentimentalisme parfois quelque peu larmoyant, la réalisation parvient quand même à offrir un rendu cohérent, immersif et poignant. Une dynamique qui repose majoritairement sur une superbe bande originale, qui sait se rendre discrète lorsque c'est nécessaire, et sur des rôles principaux réellement magistraux. A commencer par la jeune Sasaki Mao - cinq ans au moment du tournage - qui est déchirante dans le rôle de Setsuko. Difficile à transcrire, la toute jeune comédienne parvient à balayer un immense spectre d'émotions à son personnage qui passe de l'insouciance à la dure réalité de son sort. S'en est même effroyable ! Ishida Hoshi - 15 ans - donne vie à un très réaliste Seita, tandis que Mao Inoue - 18 ans - interprète la bouleversante cousine Natsu. Semblant être la seule dont il reste encore un soupçon de conscience, elle est le personnage dont on s'attache le plus vite. Jusqu'à ce qu'elle soit obligée à son tour de faire un terrible choix. Elle en est irrémédiablement blessée, nous avec elle ! De Le tombeau des lucioles, on retiendra enfin Matsushima Nanako dans le rôle de la tante Hisako, réussissant l'impossible de faire d'elle un réel personnage tragique.
A défaut de poésie, cette première adaptation live de Le tombeau des lucioles, évoque sans concession la réalité crue de la guerre vécues par les adultes. Dans la mesure où vous vous laissez imprégner par le message en filigrane, ce drama vous bouleversera tout autant que la version produite par le studio Ghibli car il choisit volontairement d'adopter un point de vue différent. Setsuko et Seita deviennent alors les personnages malheureux d'une histoire funeste. Véritable relecture alternative, Le tombeau des lucioles se révèle ainsi tout aussi déchirant. Je n'avais d'ailleurs jusqu'ici jamais cru qu'un long métrage live de cette histoire puisse être aussi émouvant. La preuve est désormais faite du contraire.
Olivier J.H. Kosinski - 05 septembre 2014
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