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20th Century Fox
L'île aux chiens

L'île aux chiens sort en salle le 11 avril 2018 en France accompagné d'un doublage local. Par contre, bien qu'il soit distribué au Québec dès le 28 mars 2018, celui-ci n'est proposé qu'en version originale sous-titrée sur tout le territoire. Actuellement, pour raison inconnue, le doublage français du film n'est toujours disponible qu'en Europe.

L'intrigue

En raison d'une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyés sur une île qui devient alors l'île aux chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l'île pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville...

Analyse de l'oeuvre

Il y a déjà six ans, j'évoquais à travers Fantastic Mr. Fox qu'il s'agissait de mon tout premier long métrage réalisé par Wes Anderson. Ai-je entre-temps eu la curiosité de voir d'autres de ces oeuvres ? Que nenni. Je ne fais d'ailleurs même pas le rapprochement lorsque je mets la main sur L'île aux chiens quelques années plus tard. Particulièrement distrait lors de sa découverte, je ne prête pas plus attention aux noms qui défilent durant le générique, il me faut bien quelques minutes pour me dire que cette oeuvre, qui a tout l'air d'être une satire cynique et grinçante, me rappelle finalement quelque chose. C'est là que mes neurones se sont mises correctement en ordre de marche et m'ont rappelé à l'ordre : oui, j'étais à nouveau face à une oeuvre atypique signée Wes Anderson pour la seconde fois. A ma décharge, six longues années entre les deux films et en comptant une moyenne de cinquante films analysés par an, il n'est pas étonnant que cela se soit enfoui dans les tréfonds de ma mémoire. De fait, une fois réalisée cette relation avec Fantastic Mr. Fox, j'ai immédiatement compris que j'allais vivre une fois encore une expérience des plus nébuleuses. Car, sous couvert d'un conte simpliste où un jeune garçon fait tout pour secourir son chien adoré, L'île aux chiens aborde des thèmes particulièrement durs comme le racisme, l'autoritarisme, l'autarcie, la propagande, le génocide, sans oublier le totalitarisme. Pour autant, le film le fait avec une telle désinvolture qu'on parvient à rire de la caricature, sans pour autant passer à côté de ce que le film dénonce sous sa couche humoristique.

Sorti en salles en 2018, il est assez amusant de constater que le pitch du long métrage s'est avéré en partie prémonitoire, puisque l'intrigue démarre avec une pandémie mondiale, bien qu'elle ne soit ici réservée qu'aux canidés. Pour autant, on peut s'amuser à faire quelques parallèles avec les conséquences sanitaires de la pandémie mondiale survenue deux ans plus tard, en remplaçant simplement les pauvres chiens par des êtres humains cloîtrés chez eux de longues semaines. Toujours est-il que L'île aux chiens s'inscrit dans une ville fictive et dystopique japonaise où le maire Kobayashi, descendant d'une longue lignée familiale détestant les chiens mais adorant les chats, décide de proclamer la bannissement de tous les chiens en raison d'une grippe truffoïde, prétendument transmissible aux humains. Et voici alors tous les pauvres toutous éjectés sur une île fictive voisine, une île jonchée d'ordures, où ils sont tous abandonnés à leur sort. Usant et abusant de désinformation, Kobayashi parvient à rallier tout le monde à sa cause, imaginant même de les éradiquer de la surface de la Terre. Tous ? Non, un irréductible enfant prénommé Atari va se lancer dans une quête absurde : celle de retrouver son chien adoré parmi une multitude de chiens dont la grande majorité est redevenue sauvage dans cet environnement pollué et inhospitalier.

L'une des particularités du long métrage est d'avoir rendu la compréhension de L'île aux chiens très confuse. A l'exception, bien entendu, de ceux qui pratiquent le japonais (si tant est que les personnages s'expriment réellement dans cette langue), Wes Anderson a délibérément choisi de rendre compréhensible principalement les chiens. Tout le reste est en grande partie éludé, résumé ou réécrit par des présentateurs qui embrassent en grande partie la propagande du maire Kobayashi. De fait, le long métrage est pratiquement dépourvu de sous-titrage, même en version originale anglaise. Cela crée un très fort inconfort pour le spectateur qui se sent dans un premier temps démuni face aux nombreux dialogues incompréhensibles ou inintelligibles du long métrage. Mais l'astuce est habile, car elle renverse le rapport de force par rapport à la fiction traditionnelle, où généralement on ne comprend pas les animaux. Ici, on est forcé de suivre le destin funeste des chiens qui, eux-même, ne comprennent pas forcément ce que racontent les humains. Il en ressort même un gros effet comique quand, brièvement, les deux arrivent soudain à s'entendre sur des mots clés bien connus comme "assis", "couché" ou "bon chien". Dès lors, L'île aux chiens se livre à un subtil jeu de pantomimes qui fonctionne à merveille.

Pour ce qui est de l'animation, nous sommes à nouveau devant un film en stop motion complètement barré, avec exactement le même style que Fantastic Mr. Fox. L'île aux chiens ne cherche jamais à avoir une animation fluide, comme savent si bien les produire Aardman ou Laïka. Tout au contraire, l'animation parfois hachée sert entièrement le propos du film, accentuant à la fois les effets comique et dramatique de l'intrigue. C'est bien simple, on se croirait presque dans le même univers que Fantastic Mr. Fox, si ce n'est que dans celui-ci, les animaux étaient anthropomorphes. De façon assez audacieuse, Wes Anderson tort à peu près tous les principes filmiques, abusant de toutes sortes d'artifices visuels qui, parfois, font ressembler le long métrage en un manège à sensations fortes. Son équipe artistique évite d'ailleurs au maximum l'usage d'artifice numérique, allant même jusqu'à employer des boules de coton pour animer des explosions. C'est assez bluffant. Le long métrage compte aussi plusieurs séquences animées plus traditionnellement à la main. La bande son est tout autant déroutante que le reste du film accentuant cette impression que L'île aux chiens semble avoir été tourné alors que toute l'équipe carburait à des substances psychotropes. Tout le monde est bizarre, tout le monde est fou, mais pourtant, la satire fonctionne.

En fin de compte, L'île aux chiens est une oeuvre tout aussi atypique que l'était Fantastic Mr. Fox. Même si vous êtes un très grand amoureux des chiens, il n'est pas certain que vous parviendrez à entrer dans cet univers particulièrement frénétique. Toutefois, on ne peut pas dire que le long métrage passe à côté de son sujet. Bien au contraire, sous son déluge de scènes parfois hystériques, il livre une intrigue particulièrement pertinente pour laquelle on pourrait parfaitement remplacer les chiens par n'importe quel peuple opprimé. L'île aux chiens se livre avec une certaine malice à une caricature à la fois drôle et pertinente des dérives du sectarisme. De fait, cette aventure s'avère tout autant marquante et décalée que la première proposition animée de Wes Anderson.

Olivier J.H. Kosinski - 10 janvier 2025

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (France - 2018)

Chief : Vincent Lindon

Atari Kobayashi : Aloïs Agaësse

Rex : Romain Duris

Spots : Louis Garrel

Tracy : Greta Gerwig

Jupiter : Daniel Auteuil

Nutmeg : Léa Seydoux

Interprète Nelson : Isabelle Huppert

Duke : Mathieu Amalric

Boss : Hippolyte Girardot

King : Yvan Attal

Scrap : Nicolas Saada

Gondo : Jean-Pierre Léaud

Oracle : Aurore Clément

Maire Kobayashi : Kunichi Nomura

Narrateur : Frantz Confiac

Chirugien en chef : Ken Watanabe

Hiroshi : Adrien Larmande

Ernie : Oscar Douieb

Major-Domo : Akira Takayama

Peppermint : Emilie Alexandre

Watanabe : Akira Ito

Yoko-ono : Yumi Fujimori

Traducteur simultané : Patrick Osmond

Tata : Mari Natsuki

Igor : Bernard Métraux

Chien du groupe d'Igor : Damien Boisseau

Sources :
Forum Doublage France

4.5