Migration sort d'abord en salles en France le 06 décembre 2023, puis le 22 décembre 2023 au Québec. Le long métrage dispose de deux doublages francophones.
La famille Colvert est en proie à un dilemme d'ordre domestique. Alors que Mack est totalement satisfait de patauger paisiblement et définitivement avec sa famille, dans leur petite mare de la Nouvelle Angleterre, sa femme Pam serait plutôt du genre à bousculer un peu cette routine pour montrer à ses enfants - Dax qui n'est déjà plus un caneton et sa petite soeur Gwen - le reste du monde. Lorsqu'ils accueillent, le temps de leur halte, une famille de canards migrateurs, c'est l'occasion rêvée pour Pam de persuader Mack de les imiter et de se lancer dans un périple en famille : destination la Jamaïque...
Ce qui est intéressant avec Illumination Entertainment, c'est la constance avec laquelle ils produisent leurs films : ce sont presque tous des plagiats. Le mot est peut-être un peu fort, mais une chose est pourtant évidente, hormis le tout premier opus de la saga devenue éprouvante Moi, moche et méchant, plutôt bon, le studio fondé à l'origine par des français avant de virer 100% américain n'a pas pondu un seul scénario original ni même un tant soit peu convenable en 14 ans. Chacun de leurs films d'animation sont de gros fourres-tout sans aucune âme, piochant allègrement dans tout ce que la concurrence a produit longtemps avant lui. En gros, Illumination Entertainment est aujourd'hui au même stade que Dreamworks Animation était autrefois, en produisant une multitude de longs métrages kleenex qui marchent plus ou moins bien sur l'instant, mais qu'on a tôt fait d'oublier aussi vite qu'on les aura vu. Leurs intrigues sont aussi pertinentes que nettoyer sa maison avec un balai sans manche, tant tout ce qui s'y passe est convenu au possible. La plupart des scènes de leurs films sont des successions de sketchs qui ne font jamais avancer l'intrigue globale, comme si tout était finalement inventé au fur et à mesure. Migration est franchement l'apothéose de tout ce que Illumination Entertainment a pu produire jusqu'ici : une dose de Rio pour la plupart des protagonistes, un repiquage malvenu de la scène d'envol de New York des deux aventures de Bernard et Bianca, un antagoniste aux faux airs névrotiques d'un Gordon Ramsay dans le corps d'un athlète décérébré et un énorme pompage de Destination Pékin pour l'aventure générale et la majorité de ses rebondissements. Et ensuite ? Ben, c'est tout, Migration n'ayant absolument rien d'autre à raconter.
De fait, il est difficile de pouvoir analyser un film comme Migration dont la majorité des rebondissements ne servent jamais un grand tout. On a une grande ligne principale, celle de migrer vers une nouvelle destination, mais rien de réellement constructif entre les deux. Le film parle-t-il de problèmes écologiques justifiant le départ des personnages ? Non, ils s'envolent sur un pur coup de tête. Rien à voir avec Le monde Nemo par exemple où l'aventure bigarrée était justifiée par la recherche d'un enfant disparu. Le film parle-t-il de malbouffe et de surconsommation animale ? Encore moins, puisque l'épisode de cuisine dans New York n'est qu'un grand prétexte à gags comme la plupart des interactions avec les humains. L'antagoniste est-il intéressant ? Même pas, car rien n'explique cette quête maladive de retrouver une vingtaine de canards fugueurs tout au plus par des moyens techniques démesurés (un chef cuistot les poursuit avec un hélicoptère militaire…). Le chef cuistot, amateur de canard laquais, mais à la physionomie pas du tout chinoise pour ne pas froisser le grand pays asiatique seul capable de rentabiliser les films de nos jours, a tous les atouts d'un mauvais personnage de cartoon. Tout ce qui se passe dans Migration est totalement absurde, tandis que les personnages n'évoluent pratiquement pas, dont Mack, la plus grande esbroufe du film, qui troque une obsession au début du film pour une autre à la fin. Migration est un long métrage en complète roue libre.
A contrario, il n'y a absolument rien à reprocher sur la partie technique du film. Migration reste un film maîtrisé dans son ensemble, même s'il lui manque peut-être un soupçon de folie qui aurait peut-être pu transformer l'expérience. Quitte à avoir un film sans saveur à dominance cartoonesque, Illumination Entertainment aurait sans doute du barioler son film un peu plus qu'il ne l'est. Sauf que le design nage un peu à contre-courant du thème du film où presque tout se veut souvent réaliste, à la seule exception du cuistot. Cela ne fonctionne pas aussi bien que Ratatouille par exemple, où le côté élastique de Linguini avait une réelle utilité narrative, justifiant l'improbable contrôle de Remy sous son couvre-chef, ni comme Dracula dans Hôtel Transylvanie qui assume son côté absurde. Migration ne fonctionne pas aussi bien, parce que le film n'est pas du tout construit de la même manière. Migration est avant toute chose un film à sketches, où le design global d'une scène est étroitement lié à l'action du moment, mais jamais harmonisé sur la globalité de l'intrigue. De fait, au lieu d'une "migration", on traverse quelques tableaux bariolés qui ne semblent pas appartenir au même univers. Il n'y a d'ailleurs aucun contraste entre la ville de New York, l'océan, les plages ou les plaines alentour, on n'a jamais l'impression de vertige par exemple, même quand les personnages sont en vol. Car tout cela reste finalement très secondaire, très factuel, du coup, ça n'émeut jamais le spectateur qui ne se sent pas concerné par ce que vivent les personnages. Quant à la bande originale, j'avoue n'en avoir rien retenu du tout, bref à l'image du long métrage dans son ensemble, elle est passablement oubliable. Migration est donc de nouveau une déception de plus pour moi de la part d'Illumination Entertainment. Rien à faire, je n'affectionne vraiment pas du tout leur style.
Olivier J.H. Kosinski - 02 mars 2023
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Doublage (Québec - 2023)
Mack : Alexandre Fortin
Pam : Viviane Pacal
Dax : Noé-Henri Rouillard
Gwen : Marianne Chénier
Delroy : Fayolle Jean Jr.
Uncle Dan : Manuel Tadros
Chump : Pascale Montreuil
Erin : Johanne Garneau
Champion : Pascale Montreuil
Chef : François Sasseville
Doublage (France - 2023)
Mack : Pio Marmaï
Pam : Laure Calamy
Dax : Simon Faliu
Gwen : Pia Gimenez-Bonfils
Oncle Dan : Patrick Raynal
Kim : Manon Grange
Erin : Dominique Frot
la Cruche : Olivia Dalric
Delroy : Waly Dia
Googoo : Nicolas Marié
Chef : Boris Rehlinger